C'est la nuit sur l'île de Dürmstrang (et sur l'ensemble de la Scandinavie, d'ailleurs), et tous les jeunes sang-purs dorment. Tous ? Bien sûr que non ! Kirsten Vondr vadrouille -comme à son habitude- dans les couloirs de l'institut de sorcellerie, dissimulée sous la cape magique offerte par son père inconnu. Armée de son bâton magique et de sa carte qu'elle complète régulièrement, Kirsten arpente donc les couloirs de Dürmstrang en pleine nuit, sûre de ne pas être trop gênée par la présence d'autres élèves. Elle a quitté son dortoir où dormaient ses camarades, sans faire de bruit, et s'est glissée dehors. Avançant pieds nus sur le sol en pierre des couloirs, Kirsten est à la recherche d'une armure qui ouvrira un passage secret. Résultat, pour une personne extérieure, un esprit invisible s'est amusé à secouer les armures du 4e étage.

Mais, alors que Kirsten tend la main pour serrer la pince d'une énième armure, un bruit de pas se fait entendre. La mimine de la gamine repasse immédiatement sous la cape d'invisibilité et l'héritière Vondr attend de savoir qui vient se balader à cet étage. Elle redoute la présence de Selma Laguz, qui l'a déjà croisée une nuit lointaine, n'avait rien dit mais s'était contentée de fixer l'endroit où elle s'était immobilisée pour sourire. Comme si elle savait où Kirsten était. Comme si elle la voyait.

Un sourire s'esquissa sur les lèvres de la sale gosse lorsqu'elle reconnut la jeune fille qui arrivait dans les environs, à l'autre bout du couloir. Une rouquine qui s'était déjà attirée les foudres de la brunette, persuadée que Uweson avait fait partie de ceux qui la persécutaient et affirmaient qu'elle n'avait pas de papa et qu'elle était sans doute extraite de basse naissance, ou pire que son père n'était autre que celui qu'elle appelait tonton. Dès lors, la guerre avait fait rage entre les deux jeunes sorcières, entre maléfices minimes et agressions verbales.
Et ce soir, Kirsten avait l'avantage : elle voyait sans que l'autre ne la voie.
Sourire mesquin, donc, vengeance douce à portée de main. Kirsten se décida à secouer l'armure à côté de laquelle elle s'était figée, dans le simple but de faire hurler de peur Sunniva.

Et prenant la plus grosse voix qu'elle pouvait -c'est à dire, en imitant Dagmar Raudi, ou Thormund Öfugr- elle se mit à tonner :

« QUI OSE DÉRANGER MON SOMMEIL ?! »

Une chance qu'il n'y ait pas de dortoirs à cet étage : si cela avait été le cas, Kirsten/Armure aurait sans doute réveillé bien des gens.

La dernière des Vondr (en âge, hein, pas en valeur) jubile lorsque son ennemie déguerpit sans demander son reste. Qu'elle quitte les lieux, oui ! Fuis, petite Uweson ! Fuis et ne reviens jamais ! La gamine ricane, fière de son stratagème diabolique, presque s'en fendre les côtes, toujours dissimulée sous sa cape. Brillant ! BRIL-LANT ! Il faudra qu'elle fasse ça plus souvent, tiens.
Elle n'a cependant pas fini de se réjouir que la victime de sa farce revient sur ses pas. Mordiable, elle joue la farouche et pense pouvoir affronter seule le fantôme des couloirs du 4e étage ? Un sourire qui découvre ses incisives et ses canines fend le visage de Kirsten tandis qu'elle se frotte les mains de nouveau, et tient fermement son bâton de magie. Elle va s'amuser ce soir, oh que oui.
« Qui ... Qui m'a parlé tout à l'heure ? » Uweson est pas très très futée, il n'y a pas à dire. Et la gamine Vondr se réjouit de la voir craintive et à deux doigts de partir de nouveau en courant, ou presque. « Je ne voulais pas vous dérangez vous savez ... Ne criez pas s’il vous plaît ... » Kirsten, facétieuse enfant intenable, colle bientôt un coup de pied dans l'armure, qui choit au sol dans un fracas épouvantable. Et la voilà qui reprend sa grosse voix de Thormund Öfugr et menace sa camarade : « Tu crois que tu peux me donner des ORDRES ? »
Et elle se déplace, furtive, pour être bientôt à quelques pas de Sunniva. Cruelle enfant, que celle qui profite de son invisibilité pour rendre fous ses compatriotes. Elle se positionne derrière Sunniva, et lui tapote l'épaule, avant de faire un bond en arrière pour éviter de se faire repérer.

Sauf que le bond en arrière lui est fatal : elle s'empêtre les pieds dans sa cape, tombe sur les fesses et une partie de sa cape glisse et la dévoile. Par l'œil d'Odin, la voilà faite comme un rat ! Elle se rétablit, et n'attend pas que Sunniva comprenne à quoi elle a affaire. Kirsten Vondr, fière gamine, détale ainsi sans demander son reste, cape roulée sous le bras, bâton de magie dans l'autre.
Elle court vite, et elle connait les passages secrets. Aussi, au détour du couloir du 4e étage, elle frappe le mur de son bâton, ouvre une trappe et s'y glisse. Elle ne referme pas complètement la trappe, ne serait-ce que pour voir la tête que va faire Sunniva en arrivant dans un embranchement désert.