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 Older men declare war. But it is youth that must fight and die.

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Asta Raudi
Asta Raudi

Pseudo : Lyn
Crédits : Arté & Tumblr
Avatar : Rose Leslie
Ici depuis le : 19/11/2013
Messages : 133

Âge du personnage : 25
Ascendance : Sang-pur
Statut : Exploratrice, combattante, commerçante itinérante, aussi.
Particularités : Hein? C'est quoi ça?
Dédoublement de personnalité : Silke la Sauvage
Points : 35

Feuille de personnage
LOCALISATION : Quelque part au fond du Noregr, ou sur un knörr
JE COMPÉTITIONNE POUR : Skuli
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(#) Dim 24 Nov - 18:44



Older men declare war.
But it is youth that must fight and die.


Participants • Sejer Utanlands & Asta Raudi
PNJ ? Frode, un guerrier et Didda, une marchande.
Statut du sujet • Privé.
Date, mois, année • 15 Haustmánuður 1295
Lieu • Sur la place publique, en plein marché.
Moment de la journée • Un peu après midi.
Météo • 12°C - Soleil par épisodes, fond de l'air frais..

Je ne souhaite pas que les Nornes interviennent dans ce sujet
(à noter que dans le cas d'un sujet d'intrigue, vous n'aurez pas le choix)
photographie ©tumblr
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Asta Raudi
Asta Raudi

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(#) Dim 24 Nov - 18:45

 « Par Thor, il y a un de ces mondes aujourd'hui... » Asta soupira alors que l'espèce de montagne qui l'accompagnait se mit à rire. Frode, lui, n'avait pas peur de la foule ; la Raudi non plus, mais il y avait tellement de gens qu'elle risquait bien de croiser quelqu'un de sa connaissance, et elle n'avait guère envie de se montrer sociable en ce jour. C'était pour ça qu'elle l'aimait bien, Frode. Il ne parlait pas des masses, et se contenter de rire, avec ce bruit caverneux qui lui était propre et qui l'amusait, elle. Un comble d'affubler un type pareil de ce prénom. Intelligent, lui ? A sa manière, certainement, mais même Asta se savait plus futée, et pourtant, elle n'était pas dupe sur ses propres capacités intellectuelles.  «  Tu voulais manger, non ? Je vais à la forge. »  « Bien sûr, échappe-toi ! Fichu crétin. » Elle n'entendit que vaguement le grognement de celui qui pouvait être considéré comme un de ses amis. La rousse n'avait jamais été délicate, et ce n'était pas un trait de caractère qui allait venir avec l'âge. Les insultes étaient, dans son vocabulaire, aussi communs que les noms ou les verbes, et elle préférait de loin un bon juron à un poème. A moins qu'il soit épique, récit de bataille, ode à un valeureux viking mort pour les siens, cruelles histoires de créatures magiques faisant des ravages ici et là... Oui, ça, elle aimait bien. Une fois de temps en temps.

La silhouette massive du guerrier était visible, même à des dizaines de mètres, et Asta ne put retenir  une  grimace. Ils venaient de passer plusieurs heures à s'entraîner, elle avait décidé de manier de mieux manier la masse d'armes, et s'était décrétée trop lente à l'épée. Si elle n'était pas la plus intelligente de sa famille et que les potions avaient encore bien des secrets à lui dévoiler, la Raudi savait être horriblement critique envers ses capacités au combat. Le jour où son évolution semblait stoppée, qu'elle ne progressait plus comme elle le souhaitait, elle s'entraînait plus dur. Plus longtemps, aussi. Frode, qui lui maniait la masse comme s'il s'agissait d'un simple bout de bois, s'était proposé; s'il ne s'agissait bien que d'un entraînement, quelques plaies étaient à recensées. Une magnifique écorchure sur la joue, encore rouge et fraîche, et une plaie déjà bandée au bras, là où sa chemise de toile s'était déchirée sous les assauts. Le bonhomme avait été sympa, à ce rythme, elle aurait bien pu finir avec un trou dans le crâne.

Se mettant enfin en marche, la rouquine chercha un truc à se mettre sous la dent. Parmi toutes les échoppes du marché, elle savait plus ou moins celles qu'il fallait éviter. Quelques minutes suffirent pour qu'une odeur de tourte chaude et bien grasse ne viennent lui mettre l'eau à la bouche; elle crevait de faim et n'était certainement pas du genre à minauder devant les plats de Didda. La marchande avait certainement les meilleures tourtes à la viande du coin; elle les préparait de bon matin, pendant des heures, et venait les vendre jusqu'à épuisement du stock – ce qui ne tardait guère. En approchant de son pas vif, ce n'est pas le visage rougeaud de la cuisinière que Asta aperçut en premier, mais la ganache d'Utanlands. Ce pouilleux était en train d'attendre derrière quelques clients, ayant lui aussi envie d'une tourte, apparemment. D'un rapide coup d'oeil, la Raudi remarqua que ses acolytes n'étaient pas là. Tant mieux. Si elle n'avait rien de particulier contre le Brandr, elle détestait cordialement Kaja Heill. Cette garce n'était qu'une vipère manipulatrice, terriblement fourbe, et ce n'était pas des caractéristiques que la rousse avait l'habitude d'admirer. Du moins semblait-elle mener parfaitement ses deux suiveurs par le bout du nez, un pouvoir féminin qu'elle-même ignorait encore.

Voyant en cette situation le moyen de se divertir, Asta ignora ostensiblement le groupe de patients acheteurs, et se dirigea droit vers Didda.  « Qui vois-je ! La gamine de Dagmar ! Dis-donc, tu t'es encore battue ce matin ? Viens par là, regarde ce qu'il me reste. Celles là, tu les aimes bien ! » La vieille se pencha pour mettre sous le nez de la rousse une magnifique tourte bien dorée, à la taille parfaite pour être mangée dans les galeries, avant de retourner s'entraîner. La « gamine de Dagmar » afficha un grand sourire ravi, et hocha la tête.  « Ça sera parfait Didda, elle sent vachement bon. Tu peux m'en mettre une autre avec ? Celle avec les racines là, que j'ai pris la dernière fois. » Elle indiqua du bout du doigt une autre tourte, et hésita un instant à en prendre une autre pour Frode. Le connaissant, il était en train de s'enfiler un bout de gibier avec le forgeron et elle n'était pas prête de le revoir. Elle tira finalement sa bourse en récupérant son précieux repas dans un petit baluchon, et régla la somme due malgré les protestations de Didda.  « Fais un peu attention tu veux, tu auras plus d'écorchures que de taches de rousseur à ce rythme ! » Asta ne put retenir un rire franc, avant de remercier la cuisinière, particulièrement satisfaite de son effet – il ne restait presque plus de tourtes. Les grognements ne s'étaient pas faits attendre à l'arrière, et elle se retourna, prête à reprendre son chemin, pour se retrouver nez à nez avec Sejer Utanlands. Qui d'autre ? Ses lèvres s'étirèrent  en un sourire amusé.  « Bah alors, Utanlands, qu'est-ce que tu fous là ? Je vois pas la Heill dans les parages. » Elle se pencha, fit mine de regarder à droite et à gauche un instant, avant de revenir à la drôle de face de ce crétin.  « Un vrai chien perdu, tu m'ferais presque de la peine. » Tout sourire, elle lui adressa un signe en s'écartant pour s'éloigner, croquant dans sa tourte ; et sachant pertinemment qu'ils n'allaient pas en reste là.
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Sejer Utanlands
Sejer Utanlands

Pseudo : fried tofu (tiff)
Crédits : castamere rains (avatar), Northern lights (signature), LOTR (citation)
Avatar : Alfie Allen
Ici depuis le : 18/11/2013
Messages : 351

Âge du personnage : 25 ans.
Ascendance : Sang pur.
Statut : Chasse, entre autres bestioles, le lièvre et la Kaja des bois (mais celle-là, il est pas près de l'attraper).
Particularités : Son seul don, c'est la loose ; personne dans tout le pays ne peut rivaliser dans la catégorie pauvre type. Techniquement, il devrait être métamorphomage, mais il faut croire que même la génétique lui en veut. Bon et puis sinon, il est toujours dans les basques de Kaja, qui le monte régulièrement contre son meilleur poto Esben. Bonne ambiance. (Un jour, il tournera sûrement cinglé.)
Dédoublement de personnalité : La douce bergère (non) et Odinn l'allumé.
Points : 78

Feuille de personnage
LOCALISATION : Les jupes de Kaja.
JE COMPÉTITIONNE POUR : KAJA. (mais Dürmstrang, en fait.)
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(#) Mar 26 Nov - 17:45

L’odeur lui léchait les narines depuis maintenant de longues minutes. De longues minutes à attendre, planté dans le courant d’air des souterrains, coincé entre un guerrier à la mine patibulaire et une vieille chèvre tassée sur elle-même. Devant l’étal de tourtes, comme tous les jours, c’était la cohue. La ligne d’affamés se mouvait selon les allées et venues de l’efficace Didda, swinguant entre rires gras et plaisanteries cordiales ; quand elle allait servir à droite, la vague de clients s’y pressait, quand elle allait servir à gauche, ils allaient s’y écraser. Sejer, ballotté par les flots de la faim, se révolta en invectivant un gamin aux bras interminables, mais ce dernier s’enfuit avant qu’il puisse lui asséner un coup de poing en plein estomac. Le fils de braell, avait-il retenu entre ses dents, avant de tenter de glisser une épaule un peu plus près des tourtes –en vain, la montagne sur sa gauche investissait désormais le devant de l’étal, et Utanlands dut prendre son mal en patience. Il entendait déjà Kaja et Esben le houspiller pour sa lenteur.

Comme pour approuver, son estomac se mit à gronder, couvert par le brouhaha des souterrains. Quel était l’abruti qui avait creusé Skuli sous terre ? Les voix se répercutaient dans la roche et lui rentraient en plein dans le tympan. Personne n’avait jamais pensé à y graver Ansuz, et transformer ainsi le boucan en une douce mélodie ? L’éclair de génie disparut aussi vite qu’il était survenu, englouti par un ventre sans fond. « Didda, y en a qui meurent de faim par ici ! Selma et Harald Laguz auraient eu le temps de bâtir trois autres écoles, nom de Thor ! » « Il se croit né de la barbe d’Odin celui-là ? J’suis là depuis plus longtemps que toi, abruti ! » C’était un crétin aux cheveux filasses qui avait ouvert la bouche, de l’autre côté du stand ; immédiatement, oubliant un instant sa divine mission, Sejer avait alpagué le responsable : « Que Hel t’emporte, abruti de Lindgren ! » « Tout doux Utanlands ! Tu vas l’avoir, ta tourte ! », fit Didda en  partant d’un rire, prête à recevoir, enfin, sa commande ; mais le temps que Sejer se refasse une place parmi les acheteurs, la cuisinière pivota et accueillit la nouvelle venue avec un sourire sincère.

D’abord, ce fut la voix rocailleuse qui lui parvint. Il recula la tête, se dégageant de la ligne d’acheteurs, et aperçut la crinière de feu. Cette carrure, ce timbre, ce maintien inexistant, cette grâce absente... En réalisant qui venait de le doubler, il pâlit de colère. La garce. La vipère ! Il attendait depuis près d’une demi-heure ! L’insolence de ses yeux bleus se ficha dans les siens lorsqu’elle se retourna ; dans son baluchon, elle avait la dernière tarte au mouton. Il subit les insultes,  mais explosa quand elle lui fit signe de s’écarter.  « Va te faire prendre par Fenrir, Raudi ! », beugla-t-il en lui écrasant la tourte encore chaude au visage, qui éclata dans un chuintement de gras sur la face hâlée d’Asta. « UTANLANDS, MES TOURTES ! » Le hurlement outragé de Didda ne lui parvint pas ; Sejer venait d’agripper la Raudi par le col de sa fourrure. « Traite-moi encore une seule fois de chien, sale garce, parle encore  une fois de Kaja sans mon autorisation, et je te ferai avaler chaque cheveu que tu as sur le crâne ! », menaça-t-il à quelques centimètres du visage maculé d’Asta. Frappera, frappera pas ? L’audience n’avait pas à s’interroger ; quand Utanlands et Raudi étaient dans les parages, ils finissaient toujours par trouver un sujet de discorde –et, presque toujours, un prétexte à l’échange de coups en tout genre.

« Mets-lui en une, Raudi ! » « Colle-lui une droite dans la mâchoire, Utanlands ! » Sejer ne se souciait pas de la répercussion de ses gestes, ni du courroux de Dagmar, réputé pour protéger les siens comme Isildr Öfugr se protégeait des hommes ; il ne s’en était pas inquiété à leur premier accrochage, dont le souvenir était toujours vif. Kaja invectivant Raudi, Raudi invectivant Kaja. Il avait bondi sur la rouquine et avait débuté une bagarre mémorable. Sans vouloir pourtant se rappeler de son ardeur au combat, et de la fougue dans ses uppercuts dignes d’une ourse.
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Asta Raudi
Asta Raudi

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(#) Sam 30 Nov - 16:22

Asta était particulièrement fière d'elle ; la situation était certes ridicule, mais Sejer Utanlands ne mérita que ça, une bonne leçon. Depuis des années maintenant, ils se cherchaient à chaque rencontre. Ce crétin était collé à la Heill comme une tique à une sale bête, même si Kaja ressemblait plus à l'horrible insecte suceur de sang que le Sejer. Lui n'était qu'un stupide amoureux éperdu, prêt à se battre avec son meilleur ami de Brandr pour les yeux de poisson crevé de la Heill. Asta détestait cette fille, pas difficile de s'en rendre compte. La garce avait osé s'en prendre à sa famille, et plus particulièrement à Elin, la plus jeune. La supposée changelin, l'enfant que Berit n'aimait pas autant que les autres, celle que l'on osait penser brûler un jour. Elin était adorable, une petite merveille, comme Solveig ; pas une Raudi comme on l'entendrait au sens commun du terme, mais une rouquine comme les trois autres, ça oui. Elle-même n'en avait jamais vraiment discuté avec Damara, mais elle ne comprenait comment l'on pouvait penser une horreur pareille. Elle se souvenait encore des mots que la sale Heill avait prononcé, et elle comptait bien se venger dignement dans un futur pas si lointain. Il n'était pas aisé de mettre de tels plans en action, avec Esben Brandr et Sejer Utanlands dans les parages. Pires que des chiens de garde, ils protégeaient la Heill becs et ongles. C'était au dernier qu'elle avait eu affaire à Dürmstrang, avec le dernier qu'elle s'était battue, et qu'elle se battait encore de temps en temps. Aujourd'hui ne ferait pas exception.

Son air, lorsqu'il la reconnut, lui donna terriblement envie de rire, et elle eut bien du mal à se retenir. Le sourire passa tout de même ses lèvres, fier et certainement arrogant, elle n'en avait que faire. Sans avoir le temps de protester ou même de répondre, Asta sentit une chaleur moite heurter son visage, endolorir son nez et un tas de viande lui boucha la vue. Cet imbécile osait gaspiller les délicieuses tourtes de Didda, qui ne tarda pas à rageusement le réprimander. D'une main, la Raudi dégagea son visage dans un rire qui ne présageait rien de bon. «  Qu'est-ce que tu sais de Fenrir, chasseur de lapin ? » Les menaces ne semblaient pas avoir d'effet sur elle, elle y était habituée, il fallait bien l'avouer ; surtout à celles d'Utanlands qui défendait Kaja comme s'il s'agissait de son honneur de viking. «  J'arrêterai de t'appeler chien quand tu cesseras de coller ta truffe au cul de la garce de Heill.  » Cella là risquait de lui valoir quelques coups de plus, et peut-être qu'elle cherchait un peu. Beaucoup. Un homme n'effrayait pas une Raudi, encore moins Asta qui, malgré les provocations, se croyait encore dans son bon droit. Après tout, c'était lui l'aveugle, le pauvre type.

Asta n'était amoureuse de personne, ne courrait après personne ; vivait pour sa famille, et pour elle, sans dépendre d'un homme comme Utanlands dépendait d'une femme. Elle ne pouvait s'empêcher de trouver ça énervant : elle, indépendante, aussi forte qu'un de ces fichus mâles, était constamment remise en question par son sexe alors qu'elle ne subissait même pas les affres de l'amour et toutes ces sottises. Lui et Brandr courraient après le beau sexe comme des animaux stupides. Perçant le brouhaha de son cerveau mis en surchauffe par l'adrénaline, les encouragements d'un camp ou de l'autre lui parvinrent ; ça aurait pu la faire rire, à vrai dire, si elle ne sentait pas la colère grimper, et l'envie d'en découdre avec. Toutes les insultes du monde scandinave avaient envie de passer ses lèvres mais elle n'en fit rien. Les mains sur son col, la proximité trop grande du visage d'Utanlands, les morceaux encore chauds de tourte qui lui collaient au visage... Sans même qu'elle ne réfléchisse, Asta lança sa tête en avant, et heurta de son front le nez de cet horrible type. Elle n'était pas bien sûre d'avoir entendu un craquement ou non, mais espérait bien lui avoir casser un os ou deux. Les coups fusèrent avant qu'elle n'ait le temps de penser plus aux dégâts infligés à Sejer. Les poings, les genoux, les coudes, les pieds, tout était bon pour arriver à toucher la cible ; ils évitèrent de justesse le stand de Didda, repoussés par les spectateurs bien heureux d'avoir droit à un tel affrontement. Le dos de la Raudi heurta le sol terreux de la place, et elle sentit sa lèvre éclater sous les phalanges du pouilleux.

Il n'y avait que dans ces moments là qu'elle se souvenait à quel point il pouvait être doué dans ce domaine ; il avait cette hargne et cette agressivité qu'elle admirait toujours, même chez les sang-mêlés. Il savait utiliser ses poings, et certainement qu'il savait y faire avec les armes, mais ils n'en étaient pas à ce point là, heureusement. Elle ne l'avouerait certainement jamais, mais malgré l'agacement que provoquait Sejer Utanlands, elle le respectait plus que certains crétins de sang-purs ; n'allez pas lui dire, il ne faut pas pousser non plus. Du pied, elle repoussa le bonhomme au bout d'un moment bien plus long qu'elle ne l'aurait jamais imaginé, se dégagea pour pouvoir essuyer son visage où se mêlaient sang, boue, et restes de tourte. La respiration courte et sifflante, sentant la douleur se répandre dans ses membres et son buste, elle fixa le fils Utanlands avec cette détermination farouche propre aux Raudi. «  T'en as assez ? Tu commences à avoir une sale figure, tu sais. » Sa main désigna son propre visage, avec une grimace presque comique malgré la situation. « Vous avez bientôt finis oui ? Sales gamins, mes tourtes ! Mes clients ! » Asta jeta un coup d'oeil à Didda qui tentait de protéger les quelques tourtes qui lui restaient ; son propre baluchon était au sol, écrasé et elle ne retint pas un grognement de mécontentement en direction d'Utanlands. «  Mon déjeuner ! Ton horrible postérieur a écrasé mon déjeuner ! »
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Sejer Utanlands
Sejer Utanlands

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(#) Sam 7 Déc - 9:05

Sejer ne ressentit de soulagement que lorsque ses jointures allèrent se planter dans l’oeil gauche de la Raudi ; du soulagement, et la rage sourde qu’elle avait provoquée de ses estocades. Lui, un chien ? Kaja, une chienne ? Il outrepassait les insultes qui lui étaient adressées avec une aisance qui faisait parfois douter de son estime de lui ; mais dès lors qu’on s’en prenait à l’intégrité de Kaja, qu’il érigeait en véritable déesse depuis qu’il avait posé les yeux sur elle -elle le visage en sang, elle qui le transperce de ses yeux charbon-, Utanlands voyait rouge. Et Asta Raudi venait de la traiter de chienne.
Il était le seul à pouvoir le faire. Les jours où l’orage pesait sur le trio, il était l’un des premiers à se laisser dépasser par sa colère ; s’il préférait régler les histoires intestines de ses poings, comme il réglait généralement ses affaires, il se laissait parfois séduire par la comparaison facile de Kaja aux putains de la hutte close. C’était souvent Esben qui l’attrapait le premier à la gorge pour aller chatouiller son estomac de son épée, grand guerrier à la botte de la Heill. Et d’autres fois, c’était elle qui se chargeait de lui faire ravaler son irrespect. Son visage proche du sien, et la chaleur de son corps à portée de ses paumes.

Echauffé par les encouragements confus de la foule, qui s’était arrondie en demi-lune autour de leurs corps entremêlés, il beuglait ce qu’il avait sur le coeur, les dents teintées du sang qui lui coulait sans discontinuer du nez probablement brisé. Les insultes, les hurlements barbares, dans un langage qui trouvait écho dans celui de la rousse. Ce n’était pas la première fois, et ça ne serait probablement pas la dernière ; il leur fallait à peine quelques secondes, un bref échange et un long regard pour déclencher l’offensive. Kaja était généralement le déclencheur. Parfois, Sejer parvenait à retenir ses poings et insulter l’une de ses soeurs -même s’il évitait soigneusement de cracher sur Solveig. Il y avait d’abord Elin et les changelins, grand favori parmi son répertoire de saloperies ; puis il y avait sa mère, une égorgeuse de lycanthrope et folle en devenir. Il lui éclata la bouche et heurta ses incisives de ses phalanges ; elles se précipitèrent ensuite sur son plexus, puis sur ses côtes -il espéra lui en briser, ou au moins en fêler-, mais il préféra se focaliser sur son visage hâlé de sumar. La vue de ces traits suffisait à raviver la flamme de rage qui lui brûlait au fond du palpitant, qui s’agitait de concert avec le corps bouillonnant du débris de Lokabrenna. Asta Raudi. La rage était d’autant plus forte qu’il ne pouvait réfréner une once de respect, née près de la noirceur de ses entrailles suite à la ténacité de la rouquine. Car cette ardeur était associée à la Heill, et il se refusait obstinément à tout amalgame entre les deux Vikings. Au fond de lui, il savait pertinemment que dans une autre vie, une vie où Kaja ne répandait pas son venin, ils se seraient entendus.

Tout s’arrêta en une seconde. Le souffle court, Sejer se redressa en vacillant, le torse douloureux, le visage en feu. Il avait encore de la tourte que la putain lui avait barbouillé sur tout le corps ; il ne prit même pas la peine de se débarbouiller ses vêtements ocre, et laissa une longue trace de sang sur la peau en essuyant le dessous de son nez. « J’aurai toujours meilleure mine que toi, tête de troll. », vociféra-t-il en crachant le goût de fer qu’il avait dans la bouche, sans se départir des yeux de glace de la Raudi. La gueuse n’était même pas attirante. Il se pencha pour récupérer sa besace, abandonnée dans la bataille, sans plus se préoccuper des protestations de la sang pur. « Tu pourras toujours donner les restes à la chienne de la famille. Ton père ne l’a pas encore répudiée, à ce qu’on raconte ? » Il ne lui jeta qu’un malheureux coup d’oeil, qui suffisait pourtant pour déchiffrer toute sa colère et sa haine ; il remit son sac de cuir sur son épaule, et s’apprêta déjà à tracer sa route.
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Asta Raudi
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(#) Lun 16 Déc - 20:44

Cet homme – si on pouvait appeler ça un homme -, n'avait aucun honneur ; aucune dignité, rien pour le faire se tenir droit dans ses bottes devant l'ennemi. Il n'était qu'une larve, une espèce de crétin fou d'un amour futile pour cette garce de Kaja Heill. Asta en était persuadée, sur l'instant : il n'était qu'un sous-homme, un moins que rien, une chiasse puante. Si elle avait de garder la face et son sourire arrogant aux lèvres, bien vite la colère avait aveuglée la rousse. Raudi un jour, Raudi toujours, elle sentait monter la rage, plus fort encore que lors de leur dernière altercation, qui lui donnait des envies de meurtre. Avec tout ça, elle en oubliait l'ardeur qu'il mettait dans ses coups. La façon dont il visait juste, les côtes, le nez, puis plus aveuglément, lui aussi en proie à cette haine qu'ils se vouaient depuis maintenant quelques années. Elle en oubliait qu'il était une bon combattant, qu'il était de ceux qu'elle appelait « hommes », « vikings », « guerriers », quand il n'était pas en train de courir après sa saleté de Heill. Asta ne voyait en lui qu'un pantin, un pantin ridicule et difforme, sans volonté, sans force et sans courage ; rien de vrai, mais elle n'était pas du genre à chercher plus loin que son échauffement immédiat.

Du sang chaud tombait sur son visage alors qu'elle était allongée sur le sol terreux ; pas à elle. Un coup d'oeil lui certifia qu'il s'agissait bien du sang d'Utanlands provenant de son nez possiblement brisé. Si elle lui laissait cette marque, si elle avait réussi à lui refaire le portrait, à tordre cette gueule déjà de travers... Il risquait d'en entendre parler longtemps. Asta n'eut pas le temps de s'attarder plus sur les traits de Sejer, elle n'en avait pas envie, de toute façon : la foule ne cessait de les encourager, criant ici et un nom et un autre là, un craquement, provenant de sa propre cage thoracique , se mêla aux hurlements, grognements, et autres bruits du combat. Certainement qu'il venait de lui briser une côté, ce qui n'était pas bien étonnant vu la force qu'il mettait dans ses poings serrés. L'adrénaline engourdissait ses sens et lui permettait de ne pas sentir la douleur, pas encore. De longues minutes s'écoulèrent ainsi avant qu'elle ne se décide à le repousser, à défaire son corps du sien ; une lourde vague descendit de sa tête à ses pieds, manquant de lui couper le souffle et lui tirant une grimace. Ne pas lui montrait qu'elle avait mal, qu'il avait réussi à lui casser ou lui fêler quelque chose, malgré son visage en sang, ses dents rougies et sa lèvres éclatée.

« Mieux vaut ressembler à un troll qu'avoir ta tronche, Utanlands. » Les insultes physiques ne la touchaient plus vraiment. Trop de fois Asta avait entendu qu'elle était bien laide, qu'elle ne ressemblait à rien, et qu'elle ne trouverait jamais mari pour la prendre. Étrangement, entendre Sejer la traitait ainsi la prenait à l'estomac et lui donnait envie d'écraser sa face bizarre sur l'étal de Didda. La Raudi préféra s'offusquer de son déjeuner perdu, plutôt que de s'attarder sur quelques mots sans intérêt – rien de ce que pouvait dire cet imbécile ne l'atteignait. Normalement. Normalement. Normalement, quand il ne s'attaquait pas à sa famille comme Kaja le faisait trop aisément. Quand il ne se mettait pas à insulter sa mère, à proférer des horreurs qu'elle avait envie de lui enfoncer au fin fond du gosier de son poing serré. L'ordure comptait s'en tirer ainsi et partir ? Asta ne prit pas une minute pour réfléchir et tira de sa taille le poignard gravé qui ne la quittait jamais. Son corps heurta le dos d'Utanlands après quelques enjambées, alors qu'elle glissait le lame contre la gorge mal rasée, pressant le tranchant contre la pomme d'Adam de l'impudent. « Tu as bien appris les mauvaises manière de ta garce de Heill à ce que je vois, Utanlands. Que disais-tu, alors ? Parle donc de ma famille, que je te tranche la langue, ou peut-être la gorge. »

Au milieu des hurlements de la foule, Asta avait soufflé ses menaces à l'oreille de Sejer, d'un ton posé, vibrant d'une colère sourde qu'il avait su raviver, attiser, transformer en quelque chose de dangereux. Oh oui, elle avait envie d'enfoncer sa lame dans la peau dure de ce bonhomme. Un coup, vile mais puissant, dans ses côtes déjà blessées l'empêcha de pousser plus loin leur petite discussion ; si sa lame lui échappa sous la surprise et la douleur, son poing repartit chercher la mâchoire d'Utanlands, son ventre, ses côtes, son nez, tout ce qu'elle pouvait frapper. Certainement qu'elle aurait pu continuer des heures, jusqu'à l'épuisement, certainement qu'ils auraient pu aller loin et finir défigurer. Des bras puissants l'enserrèrent alors qu'elle se démenait comme une furie pour échapper à cet étau. Le sol humide coupa court à ses protestations. « Si je vous revois ici aujourd'hui, je vous fiche ensemble dans un tonneau. » La besace de la Raudi s'écrasa à côté d'elle, ainsi que son arme. Le tintement métallique lui fit relever la tête, douloureuse ; elle se rendit compte alors du corps d'Utanlands, lui aussi dans la terre. Ils venaient de se faire purement et proprement virer du marché public, balancés dans une ruelle vide. Au moins les habitants en avaient-ils eu pour leur argent, aujourd'hui.

D'un geste vif, Asta récupéra son arme dont elle essuya la lame sur son pantalon sali, lançant un coup d'oeil meurtrier à Sejer en serrant ses doigts autour de la garde. « Méfie-toi, Utanlands, je ne lance pas de menaces en l'air. » Sa prise se détendit difficilement, et la rousse finit par glisser le poignard à sa taille, commençant à se relever, difficilement. Il ne l'avait pas loupé, le bougre.
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Sejer Utanlands
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Ascendance : Sang pur.
Statut : Chasse, entre autres bestioles, le lièvre et la Kaja des bois (mais celle-là, il est pas près de l'attraper).
Particularités : Son seul don, c'est la loose ; personne dans tout le pays ne peut rivaliser dans la catégorie pauvre type. Techniquement, il devrait être métamorphomage, mais il faut croire que même la génétique lui en veut. Bon et puis sinon, il est toujours dans les basques de Kaja, qui le monte régulièrement contre son meilleur poto Esben. Bonne ambiance. (Un jour, il tournera sûrement cinglé.)
Dédoublement de personnalité : La douce bergère (non) et Odinn l'allumé.
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LOCALISATION : Les jupes de Kaja.
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(#) Dim 22 Déc - 9:47

Il ravala ses insultes en sentant le froid de l’acier lui mordre la gorge ; les menaces lui sifflèrent à l’oreille comme un vent de tempête, et il redressa le menton pour se soustraire à la menace de la dague qu’elle venait de tirer. D’un geste, elle pouvait lui trancher la gorge, comme elle le lui racontait avec tendresse. D’un geste, elle pouvait mettre fin à leur querelle qui durait depuis presque dix ans. Mais Asta Raudi, si elle était aussi délicate qu’un troll et sans aucun doute aussi atteinte que son paternel, ne se risquerait pas à assassiner un sang pur, aussi peu considéré soit-il, sur la place publique. Fort de cette certitude, Sejer déglutit, sa pomme d’Adam remontant dangereusement contre la lame. « Essaie pour voir. », souffla-t-il en une ultime provocation, avant d’enfoncer son coude avec violence dans la poitrine de la Raudi, et de les condamner tous deux à un accroc qui semblait sans issue. Les coups volèrent, hargneux, au milieu d’obscénités tout autant véhémentes ; un affrontement qui, après de longues minutes, se solda par une conclusion honteuse. Les deux combattants proprement virés du marché, par deux montagnes agacées par leurs insanités et leur acharnement semblable.

Le cul dans la terre, Sejer  se redressa, un œil clos par les phalanges de la sale margygr qui avait échoué non loin de lui, encore groggy des directs qu’elle lui avait enfoncés dans tout le corps ; en se rasseyant proprement, il sentit une douleur lancinante lui transpercer le côté. Il récupéra sa besace en grognant, manifestation sonore qui passa un mécontentement bougon –admettre qu’il avait mal devant la garce ? jamais de la vie !-, et releva un visage ensanglanté vers son adversaire, qui peinait à se relever. « Tu n’as que ce que tu mérites, Raudi de malheur. » C’était elle qui l’avait provoqué le premier, elle qui était allé titiller la corde sensible d’Utanlands, connue de tous, et surtout de Raudi, qui connaissait le trio depuis leur toute première altercation. Elle n’avait pas le droit. Comme lui n’avait pas le droit de jeter Elin en pâture aux changelins. L’un ne valait pas mieux que l’autre, et cette constatation ne faisait que renflouer sa hargne.

La regardant faire, il puisa dans ses dernières forces, leva une jambe meurtrie par les coups de talons, et tacla Asta qui tentait de se remettre debout ; il l’attrapa par le col pour l’attirer à lui, et la plaqua contre le mur de l’allée comme il l’aurait fait avec une vulgaire poupée de chiffon. L’unique œil qui fonctionnait encore luisait d’un éclat revanchard, un éclat trahissant la douleur qui lui scindait le côté droit en deux ; il serra les dents et continua, entêté, blessé dans sa fierté de chien galeux, décidé à lui rendre la monnaie de sa pièce au centuple. « Je te trancherai la gorge le premier, fais-moi confiance. Je te trancherai la gorge, et je m’en prendrai ensuite au reste des tiens… Je leur enfoncerai une lame dans le ventre un à un, jusqu’à ce que les Raudi ne soient plus qu’un mauvais souvenir. », fit-il sur un ton menaçant, un ton grave qui dépeignait à merveille le tableau funeste, prenant sa source en son cœur, gangréné par la frustration et les rancoeurs qu’il accumulait depuis la naissance. « Tu as tout  à perdre, et moi rien à redouter. », acheva-t-il en la regardant toujours droit dans l’œil. Etait-ce, au vu de la place que tenait Kaja dans son cœur, un horrible mensonge, une confiance excessive en les capacités de la Heill, ou un sursaut de lucidité, où il savait qu’un jour ou l’autre, leurs destins se sépareraient ? Peut-être seulement le début de la folie, qui prenait racine dans sa souffrance ; une folie qui lui ferait oublier Kaja et Esben, Dita, Sigvard, sa mère-fantôme, les connaissances sympathiques et les rares amis dont il était parvenu à s’entourer.

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Asta Raudi
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(#) Lun 23 Déc - 9:41

Asta ne réfléchissait pas, ne pensait pas à mettre ou non sa menace en action ; sa lame était pressée contre la peau fine, elle sentait la respiration courte d'Utanlands contre sa propre poitrine. Peut-être avait-elle réussi à lui briser une côte ou deux, et elle en était plutôt satisfaite. Aveuglée par sa colère, tirée des horreurs qu'il avait pu prononcer au sujet de sa mère, elle n'imaginait même pas que quelqu'un puisse l'arrêter, à cet instant. Qu'on envisagea ne serait-ce que quelques secondes de l'obliger à suspendre son geste, qu'on l'empêcha d'ouvrir en grand la gorge de ce chien d'Utanlands ; le marquer d'un magnifique sourire sanguinolent et funèbre. Pourtant, Asta ne voulait pas, foncièrement, le voir mort. Elle n'avait jamais fantasmé sur le sang de Sejer sur ses mains, sur la façon dont elle pourrait le faire souffrir jusqu'à finalement l'achever. Non, ce n'était pas dans ses plans même si à l'instant même, elle aurait pu se poser la question : ne le méritait-il pas ? Après ses propos, ne méritait-il pas de crever, là, tout de suite,àsespieds ? Non, certainement que non, et les quelques secondes qui lui prirent cette réalisation suffirent à Sejer pour lui coller un magnifique coup de coude. Les minutes filèrent sans même qu'elle ne s'en rende compte, et c'est le sol froid de la ruelle qui la rappela à la réalité, au petit monde qui existait en dehors de leur bulle de violence.

L'entendant tout à coup proférer quelques menaces ou quelque chose de ce genre, Asta tourna la tête pour le regarder, avec un sourire sans joie. Si elle l'avait mérité ? Certainement. Mais lui aussi, avait mérité ces coups, il avait même cherché ce dénouement terrible, cette issue qu'ils n'avaient pas encore approchée, malgré les affrontements réguliers. Il y avait quelque chose d'horriblement plus sérieux, cette fois-ci, de plus vrai. Non pas que leurs bagarres habituelles n'avaient pas des motifs qu'Asta trouvait tout à fait justifiés, mais ce jour... Ce jour était différent. « C'est vrai que tu es l'innocence même, Utanlands. » L'acidité de son ton la surprenait elle-même ; Asta était de nature joviale, sympathique, mais pas avec lui. Ils n'avaient jamais réussi à s'entendre, parce qu'il y avait cette Kaja. Certainement que dans d'autres circonstances, ils auraient pu trouver des atomes crochus, s'entraîner ensemble ou partir en expédition elle ne savait où ; partager une bière à la taverne, chasser quelques créatures ou petites bêtes ensemble. Mais non. L'idée disparut aussi vite qu'elle était apparue lorsqu'Asta rencontra le sol une nouvelle fois, alors qu'elle tentait lamentablement de se mettre debout.

Rapidement, elle sentit son dos et l'arrière de son crâne heurter le mur de pierre et de terre, grogna sous la douleur diffuse qui se diffusa sous ses cheveux roux et emmêlés. Déglutissant, elle ouvrit les yeux pour voir Sejer, la figure en sang et en mauvais état, lui faire face, l'air menaçant et enragé, sombre, plus sombre qu'elle ne l'avait vu jusqu'alors. « Alors on en est là ? Hein ? On en est là Sejer? » D'un geste brusque, Asta repoussa les mains qui s'étaient accrochées à son col, et si elles affichèrent une quelconque résistance, elle se débattit de plus belle en finissant par heurter son épaule sans s'en prendre plus à son visage déjà amoché. Elle ne devait pas être belle non plus, à vrai dire, elle le savait bien. Elle sentait sa paupière gonfler et son arcade brûler ; sa lèvre avait pris du volume aussi, malgré l'entaille nette, et il lui avait possiblement casser une dent. Sentant la colère remonter, tel un feu vicieux, elle serra les mâchoires pour se contenir un tant soit peu et ne pas lui sauter au cou, pour ne pas l'étriper, au vu de ce qu'il venait de prononcer. Ce qu'il avait osé dire. « Et ta vie, espèce d'imbécile ? Tu t'en fous de ta vie ? De ta sœur ? De ton Brandr, ou même de ta vipère de Heill ? » Asta ne savait pas sur quel terrain elle était en train de s'aventurer, et l'acidité de son ton contrastait avec ses paroles qui, au fond, n'étaient pas mauvaises. Elle qui était prête à mourir pour sa famille, pour une cause qu'elle trouvait juste, pour un combat digne de son sang de viking – plus que de son sang-pur de Raudi – ne pouvait admettre un tel raisonnement. « Qu'est-ce que tu crois ? Que tu vas m'effrayer ? Tu n'as pas compris encore ? Tu touches un d'entre nous, un seul Raudi, un seul Freknur, un seul membre de notre famille, et tu n'auras pas le temps de battre des cils. » Les mots sortirent bas, pas tant sous la forme d'une menace que d'un fait : s'il osait tuer l'un d'entre eux, s'il osait tuer Asta, c'est Dagmar lui-même qui se chargerait de lui arracher les yeux avant de lui trancher la gorge et de le pendre tête en bas sur la place publique. Ils marchaient ainsi, les Raudi, unis, jusque devant les portes des terres maudites de l'au-delà.

Asta ne se releva pas, pas tout de suite, et continua de fixer Sejer malgré la douleur qui se diffusait dans son corps tel un venin. « Je pensais que tu avais plus d'honneur que ça. » Elle ne pensait pas à l'origine de son sang, à l'aspect mineur de leur branche ; les Raudi ne jurait pas par cela, mais par leurs mages, et leur honneur. Prononcer ces quelques mots c'était admettre cette sorte de respect qu'elle éprouvait pour l'Utanlands depuis leur première rencontre. « C'est ta Heill, que tu défends encore? » Est-ce que c'est elle ou ton honeur ? Est-ce que ce sont quelques insultes rabachées depuis dix ans qui te mettent dans une telle rage ? Du revers de sa manche, Asta essuya le sang qui lui coulait sur la joue et le menton, sans le quitter des yeux ; ultime provocation qui lui vaudrait peut-être encore quelques coups qu'elle attendait sans les craindre. Son souffle s'était fait plus court, comme si elle retenait son corps de la trahir, de réagir instinctivement aux horreurs qu'il avait prononcé, qu'elle avait imaginé, une demi-seconde. On ne touchait pas aux Raudi, et il aurait certainement suffit qu'ils s'entendent, qu'ils deviennent amis, pour qu'elle le défende de la même manière.
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Sejer Utanlands
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(#) Mer 25 Déc - 15:37

Ses doigts furent arrachés avec violence du col d’Asta ; il s’y était agrippé pour lui cracher quelques morceaux de cette haine qui lui rongeait le corps depuis des siècles, faisant prendre à leur accroc une tournure plus dramatique que prévu. D’ordinaire, ils se chamaillaient assez pour en venir aux poings, se refaisaient mutuellement le portrait et se quittaient ensuite en proférant les dernières insultes, une habitude directement héritée de leur première rencontre, et de leurs caractères de trolls. A vrai dire, ce n’était pas la première fois qu’il insultait son sang et menaçait les siens ; en revanche, il n’avait jamais regardé la Raudi de cette manière –comme s’il allait concrétiser ses dires, et perpétrer le premier génocide scandinave en annihilant jusqu’au dernier des rouquins, en égorgeant jusqu’au dernier des moutons de la cousine perdue dans les Îles Glacées. Au fond de lui, il savait qu’Asta n’était pas la cause d’une telle déferlante, que le déclencheur en avait été la lame glacée contre sa gorge –et il s’était avéré qu’elle appartenait à la Raudi ; mais les vannes de cette froide folie, cette folie qui remuait, et remuait encore le fond de ses synapses, s’étaient entrouvertes d’un claquement de doigt, et elles déversaient maintenant leur bile infernale, chamboulant l’ordre établi dans leurs rencontres musclées*. La donne avait changé, et Asta Raudi en avait immédiatement pris conscience. Oui, ils en étaient là. Oui, il était prêt à aller chercher Kvar, à se constituer un véritable arsenal, et mettre à exécution ses menaces morbides.

La douleur qui lui ouvrait le ventre trempait sa tunique et coula jusqu’au sol boueux ; sa souffrance en imbiba la terre, en imprégna la rue, et Sejer, d’une main, tentait de la faire rentrer jusqu’à l’intérieur de lui, jusqu’à l’étouffer comme il le faisait depuis ses premiers cris. Mais ses maux continuaient de s’épancher, en de longs filets d’écarlate, aux yeux de tous, aux yeux d’Asta ; il souffrait tellement qu’il manqua de rire en l’entendant ériger sa vie et celles des autres en dernier rempart contre l’insanité. La sienne ne valait rien et les autres continueraient leur chemin sans lui ; seul un Vif-Höd n’aurait pas relevé cette évidence qui régissait depuis son commencement l’existence d’Utanlands. « Peu importe. », siffla-t-il avec un air mauvais, tant aveuglé par le trou béant dans son flanc qu’il ne voyait plus les tentatives de raisonnement de la rouquine. Asta Raudi, éprouver pour lui autre chose qu’une hostilité farouche ? Le reconnaître aurait été admettre que leur relation, en apparence faite de coups et de violence, cachait une certaine forme de respect et de sympathie ; il préférait pour l’heure se terrer dans son égarement, oubliant de se rendre compte qu’il exposait ainsi la noirceur qui lui mangeait le palpitant.

Il tremblait. Cloué par sa propre démence, qui enflait comme les voiles d’un knörr, il tremblait devant le regard de son adversaire, qu’il avait cloué en retour contre le mur crasseux de la ruelle. « Je n’ai aucun honneur, Raudi. », répondit-il de manière mécanique, renvoyé aux Utanlands, aux Lokabrenna, propulsé jusqu’aux marques de mépris d’Esben et Kaja. Sigvard Utanlands avait-il un honneur, en hurlant sur les fruits de sa chair, en s’enivrant d’asphodèle, en se soumettant à une ombre dont il ne se saisissait que tous les dix ans ? Dita Utanlands avait-elle un honneur en mimant le don des Lokabrenna, comme un vulgaire pantin soumis à l’héritage de leurs maudits cousins ? « Aucun Utanlands n’a d’honneur, l’ignores-tu donc ? Ton crétin de père ne t’a-t-il jamais raconté l’histoire des dégénérés qui peuplent notre famille ? » Il avait saisi sa mâchoire avec violence, et enfoncé dans ses joues ses doigts plein de sang. « N’as-tu jamais compris que nous sommes tous voués à crever comme des braells, les uns après les autres, jusqu’à l’extinction de notre espèce ? » Ta Heill. Il avala sa salive, et avec elle toute les tensions, l’affection vérolée et la jalousie terrible qui régnaient entre Kaja, lui et Esben ; elle lui retomba lourdement dans l’estomac, et commença à se diffuser dans sa chair, à l’instar d’une maladie virulente, insidieuse, qui s’empara de ses sens et lui remonta dans la gorge. « Kaja viendra assez vite te tordre le cou elle-même, maudite Raudi. », vomit-il en relâchant brusquement son visage, comme s’il ne supportait soudain plus cette conversation qui lui alourdissait la carcasse, et il se releva plus prestement qu’il n’aurait fallu, se forçant à maintenir les apparences en retenant un profond gémissement de douleur ; dans leur lutte confuse, Asta lui avait tranché le ventre de sa dague. « Ne compte pas sur moi pour voler à ton secours cette fois-ci. » L’aveu lui brûla la langue –il ne connaissait avec elle que la hargne et la bagarre, et, en s’appuyant contre le mur, il récupéra sa besace de sa main libre, l’autre compressant toujours la plaie.



*Mais pas autant qu’Arté, ça va sans dire.
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Asta Raudi
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(#) Mer 25 Déc - 17:15

Peu importait. Asta avait du mal à comprendre la réaction d'Utanlands, et encore plus à assimiler que comprendre, à cet instant, semblait lui importer. Jamais, dans leur improbable relation, la Raudi ne s'était posée ce genre de questions à son sujet. Sejer Utanlands n'était pour elle, depuis plus de dix ans, qu'un amoureux stupide, épris d'une garce sans limites qui ne cessait de manipuler les gens. Évidemment, il se battait bien, se débrouillait pas si mal avec un arc ou une lame, avec de la hargne à revendre lorsqu'ils décidaient qu'il était temps de se taper dessus. Si cette hargne avait fait naître une forme de respect chez l'un comme chez l'autre – ce qu'Asta ne soupçonnait pas vraiment -, leurs échanges étaient devenus habituels, habitués, étaient d'une simplicité affolante. Il suffisait d'un mot malheureux, et ils n'en étaient pas avares. Et malgré ses questions, malgré cette sorte de réflexion qu'elle avait réussi à mettre en marche, elle ne pouvait cesser de se demander si au fil des années il n'avait pas appris à réellement la détester. A la haïr si fort, si fort, elle et son caractère, elle et sa rousseur toute Raudi, elle qui rendait coup pour coup... A la haïr si fort qu'il désirait aujourd'hui la voir morte, comme tous les membres de sa lignée. Est-ce que leur jeu de guerre avait mené à une telle issue ? Est-ce qu'elle avait un jour voulu voir les choses tourner de cette manière ? Asta n'était certaine de rien, incapable de penser, tant colère et incompréhension se mêlaient à présent pour envahir son esprit et brouiller sa conscience. La façon qu'il avait de la fixer, de la brûler de ses yeux comme si elle n'était rien d'autre qu'un changelin avéré, était toute nouvelle ; était-ce sa réaction, toujours instinctive, impulsive, le froid de sa lame, qui le poussait à une telle folie ?

En était-ce une, d'ailleurs ? Etait-ce une manifestation d'une folie étrange, insufflée par Kaja, à force de les monter l'un contre l'autre ? « Peu importe ? Peu importe ? Mais tu t'entends, Sejer, par Odin? » Elle n'avait pu s'empêcher de hausser le ton, manqua de lui hurler dessus de sa voix un peu éraillée, d'autant plus mise à mal par leur bagarre. Rivés à ce visage plein de sang, ses yeux n'avaient pas encore remarqué la tache pourpre qui grandissait, peu à peu, sur la tunique terreuse ; elle n'avait pas remarqué que sa lame avait dérapé, dans son acharnement à libérer ses mains ; elle n'avait pas remarqué que la blessure était sérieuse, bien plus que celles provoquées par les quelques coups qu'ils avaient pu échanger. La réponse mécanique d'Utanlands laissa un masque de surprise glisser sur le visage de la Raudi qui ne savait pas bien dissimuler ses émotions. Les doigts poisseux se refermèrent sur sa mâchoire et elle manqua de ruer, rencontrant le mur contre lequel il l'avait plaqué quelques instants auparavant. Les dents serrés, elle l'écouta sans bouger tout de suite, jusqu'à ce qu'enfin, enfin, il relâche sa peau, laissant la marque nette de ses doigts sur sa peau. « Tu ne sais rien, rien de Dagmar Raudi, rien de moi, Sejer Utanlands. Mon père ne dirait jamais mot contre un vrai viking, qu'il soit braell ou sang-pur. » La détermination se mêlait à la rage, dans sa voix, alors qu'elle n'était plus bien sûre de parler des convictions de son père ou des siennes ; au fond, n'était-ce pas la même chose ? Etait-ce bien vrai ? Oui, certainement. Ne frayait-elle pas avec des sang-mêlés, elle, Asta Raudi ? « Un homme se battant ainsi ne peut pas manquer d'honneur, Utanlands, quel que soit son nom. Je n'affronte pas des moins que rien. » Elle lui cracha à la figure les quelques mots qui firent couler un peu de sang au coin de ses lèvres. L'honneur n'avait ni nom, ni racines, aucun ancêtres pour assurer la pureté de sa lignée, aucun visage. Voilà qu'elle se trouvait à insinuer des choses ; ce courage, cet honneur, elle le sentait aussi fort que sa rage et sa violence, elle sentait, oui. Voilà qui était douloureux à admettre, bien plus encore à prononcer.

Voler à son secours ? L'incompréhension marqua une nouvelle fois ses traits ; non, il n'avait pas pu chercher à l'aider, à cette époque, et sa fierté pris le dessus sur cette possibilité, sur cette drôle d'idée. « Je n'ai besoin de personne. Qu'elle vienne, je l'attends de pied ferme. » Et cette haine là était bien réelle, profondément ancrée, née de la méchanceté même de la Heill à qui Asta aurait fait payer bien plus cher ses insultes si elle n'avait pas rencontré Nasrin. Ne bougeant pas tout de suite, la Raudi observa l'homme se lever et fronça les sourcils en voyant le sang filer entre les doigts pressés sur la plaie. Dans sa main, son poignard était taché de sang ; bien trop pour qu'il ne s'agisse que d'une écorchure ; bien trop pour qu'elle ne fasse rien. Quelques courtes secondes s'écoulèrent pourtant avant qu'elle ne trouve le courage de faire un geste ; ce geste qui allait lui valoir de nouvelles insultes mais contre lequel elle ne pouvait rien faire. « Kenaz » La première rune passa ses lèvres sans même qu'elle ne s'en rende compte, alors que son bras s'était difficilement dressé, paume ouverte vers l'ennemi. S'appuyant au mur, elle se leva plus rapidement qu'elle n'aurait du le faire, s'approchant avant qu'il ne proteste. Kenaz franchit à nouveau ses lèvres, suivit de quelques autres runes alors qu'elle appuyait sa paume, sans délicatesse mais avec détermination, contre la main, contre le flanc, non loin de la plaie. Pratiquer un sort dans un tel état n'était certainement pas le meilleur de le rendre efficace, mais il était hors de question de laisser cette plaie sans soin alors qu'elle ne l'avait pas souhaitée. Ses côtes, son œil, sa bouche, ses poings, il se débrouillerait. Il ne fallut que quelques instants avant que la plaie ne commence à se refermer ; Asta retira prestement sa main, levant un bref instant les yeux vers Sejer et ajouta avec moins de conviction qu'elle l'aurait souhaitée mais avec une dureté protectrice : «  Comme ça on est quitte. »
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Sejer Utanlands
Sejer Utanlands

Pseudo : fried tofu (tiff)
Crédits : castamere rains (avatar), Northern lights (signature), LOTR (citation)
Avatar : Alfie Allen
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Âge du personnage : 25 ans.
Ascendance : Sang pur.
Statut : Chasse, entre autres bestioles, le lièvre et la Kaja des bois (mais celle-là, il est pas près de l'attraper).
Particularités : Son seul don, c'est la loose ; personne dans tout le pays ne peut rivaliser dans la catégorie pauvre type. Techniquement, il devrait être métamorphomage, mais il faut croire que même la génétique lui en veut. Bon et puis sinon, il est toujours dans les basques de Kaja, qui le monte régulièrement contre son meilleur poto Esben. Bonne ambiance. (Un jour, il tournera sûrement cinglé.)
Dédoublement de personnalité : La douce bergère (non) et Odinn l'allumé.
Points : 78

Feuille de personnage
LOCALISATION : Les jupes de Kaja.
JE COMPÉTITIONNE POUR : KAJA. (mais Dürmstrang, en fait.)
INVENTAIRE :

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(#) Jeu 26 Déc - 13:57

Etait-ce une façon de lui dire, en le mettant au même niveau qu’un braell, que les Raudi l’estimaient ? Sejer, lui, n’entendit que l’insulte ; s’il était considéré comme le fond du panier des sang-purs, il restait toujours mieux placé que ces impurs, qu’il méprisait d’autant plus que le regard de certains sorciers réputés ne différait pas entre un Utanlands et un sans-nom.  Kaja Heill passerait-elle ses journées avec un braell ? Eric Vondr l’accueillerait-il toujours chez lui si sa mère avait frayé avec du sans-pouvoir ? Malgré ce qu’elle pouvait bien lui dire, avec ses idéaux et son honneur, prendrait-elle la peine de croiser son chemin pour le cogner, s’il avait été esclave ? Il payait déjà la faute de cet ancêtre qui avait dérogé à la tradition des Lokabrenna, quelques siècles plus tôt ; s’il n’était pas tombé sous le joug de cette sang-pur lambda, les Utanlands n’auraient jamais existé. Et lui, Sejer, porterait le nom de ces cousins qu’il haïssait du plus profond du palpitant ; il aurait pu être le fils de Harald Lokabrenna, le frère d’Ingrid, une langue de serpent à la hauteur de Norell.

Il s’était relevé, comme s’il n’avait rien entendu de ces histoires d’honneur, qui, au lieu d’apaiser ses maux, semblaient lui appuyer sur le ventre et faire éclater la plaie qui lui lacérait le flanc ; car Asta Raudi venait d’admettre qu’elle lui trouvait de la noblesse. De son œil encore valide, il regarda son visage fier même maculé de sang, le menton relevé, une expression de Raudi fichée au visage. Il fallait que ce soit elle qui voie en lui autre chose qu’un rebus de sang pur, qu’un vulgaire crétin tout juste bon à se battre et à s’accrocher à des rêves de gloire –et à cet amour aveugle qu’il vouait à Kaja ; elle, la Raudi qui avait fait l’erreur de répliquer à la Heill, elle, la combattante qui ne reculait devant aucune offense. D’une voix claire et forte, avec la sincérité qu’il connaissait au clan de rouquins, on venait de reconnaître sa valeur. Là où Kaja, toujours, usait tour à tour d’une hypocrisie suave et d’un mépris blessant. C’était ce contraste qui lui enfonçait une lame d’un autre genre au fond de la blessure involontaire.

Dans un mouvement qui lui fit prendre conscience d’un corps meurtri par les coups, il repassa sa besace, et il s’apprêta à reprendre sa route, sans plus la mettre en garde contre la haine de Kaja qui, à en voir sa réaction viscérale, lui serait un jour fatale ; il fut arrêté par une vive douleur qui lui enrobait le flanc jusqu’au ventre, qui lui tira un râle d’entre ses dents serrées. « Ne me touche pas, maudite Raud… », commença-t-il pour mieux terminer sa phrase dans un borborygme étouffé, manquant de flancher alors qu’il subissait les runes réparatrices de la Raudi, aussi brutes qu’il les avait imaginées. C’était le dos au mur qu’il avait fini, le front en sueur, vaincu par la brûlure salvatrice de Kenaz et la magie sauvage qui pulsait de sa paume ouverte ; il posa sur elle un regard où se mêlaient colère et trouble, alors qu’elle assénait une phrase où perçait encore une insupportable camaraderie. Elle et lui, quittes ? « Rêve toujours. », maugréa-t-il avec mauvaise volonté en lui donnant un coup d’épaule pour l’écarter de son chemin, aussi délicat qu’un troll au réveil ; il sortit de la ruelle en gardant ses phalanges ensanglantées sur la plaie autrement moins maligne, pour mieux retrouver l’artère du marché, qui, indifférente à leur discussion mouvementée, continuait de vomir des dizaines de badauds. La tête encore bourdonnante de la voix éraillée d’Asta, il s’y mêla pour s’en purifier les tympans ; mais son esprit, lui, ressassait encore les fières paroles de la Raudi, qui trouvaient en lui une résonnance inattendue.
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