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 « Souvent le désespoir a gagné des batailles. »

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Fënyr Viggrinirr
Fënyr Viggrinirr

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(#) Jeu 19 Déc - 23:32



Souvent le désespoir...
Plutôt que de tout voir s'effondrer, j'ai préféré tout détruire.


Participants • Hella, Vyro et Fënyr Viggrinirr.
PNJ • Vaetida (guide de Fënyr).
Statut du sujet • Privé.
Date, mois, année • Ýlir 1295.
Lieu • Un sous-bois à flanc de colline.
Moment de la journée • Nuit.
Météo • Ciel dégagé, vent sec.

Je ne souhaite pas que les Nornes interviennent dans ce sujet.
BUBBLE SHAKER © TUMBLR


Dernière édition par Fënyr Viggrinirr le Sam 25 Jan - 18:04, édité 2 fois
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Fënyr Viggrinirr
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(#) Jeu 19 Déc - 23:32

« Il gèle, putain. » C'est Fënyr qui grogne, les poings enfoncées dans les poches. Les braises ont pris mais elles sont timides, vacillantes, et elles se recroquevillent sous quelques branches de bois sec. C'est une chance qu'il n'ait pas plu depuis deux jours ; l'humidité cristalliserait le froid, en plus d'enterrer leurs pas. Le Viggrinirr se félicite de cette modeste fortune et allonge le regard jusqu'à son guide ; elle s'affaire à polir la pointe d'une flèche, bien que l'entreprise soit moins destinée à s'armer qu'à se réchauffer. Il faut occuper ces quelques heures de repos. Dormir serait d'une bêtise indécente, mais poursuivre, sans boire ni manger, serait du suicide. Aussi en ont-il décidé, une heure plus tôt : jusqu'au zénith de la nuit, ils reposeraient leurs corps endoloris par l'effort. Vaetida a bien proposé de rejoindre un village, qu'elle sait sûr et à seulement  quelques lieues de là, mais Fënyr, fidèle à sa sombre paranoïa, a refusé de croiser âme-qui-vive. Ils se sont ainsi enfoncés plus encore dans un sous-bois, suffisamment à l'abri du vent et du passage. Leur camp est rudimentaire, à la croisée de trois branches épaisses, dont la guide utilise les inclinaisons afin d'estimer les heures filantes de la nuit : « Dans deux heures. » C'est le temps qu'il leur reste pour jouir du confort offert par les peaux et les ersatz d'armure qu'ils traînent en permanence sur leur dos rompu. Il faut nettoyer, coudre et recoudre, et débarrasser les tuniques des surplus de neige et de crasse. C'est une mécanique fine, quotidienne, qu'ils entreprennent pour survivre au jour suivant. Et encore au suivant. Encore un.

« On devrait y aller. Maintenant. » Vaetida lève les yeux de son ouvrage et, les iris figés sur les branches, hoche négativement de la tête. Elle en est déjà à fourrer l'essentiel de ses effets dans son sac, mais ce n'est pas pour courir la montagne. Il faut simplement être prêt. Elle ne sort jamais plus de deux ou trois outils à la fois, et elle n'en pose jamais sur le sol qu'elle soit capable d'abandonner : pour ainsi dire aucun. Elle connaît trop bien le Noregr, et ses pièges. Si elle n'a pas peur, elle a le bon sens que Fënyr n'a plus. Alors, quand il ouvre de nouveaux ses lèvres pétrifiées par le froid, elle le coupe d'un ton sec : « On le rattrapera. Mais si tu ne prends pas le temps de te reposer, de te détendre, ce sont les deux loups que j'ai vus, plus bas, qui te rattraperont. » Le Viggrinirr boude sa répartie en silence. Il entend tout ce qu'elle dit, mais il se moque de ce discours aux effluves sensées. Ce qu'il veut, lui, c'est attraper le fuyard, et chaque minute de repos le ronge intensément. « Tu ne ne veux pas que je le rattrape, souffle soudain Fënyr, d'un timbre nappé d'acier. Tu ne veux pas parce que... » Les volutes s'éteignent dans l'air quand Vaetida daigne de nouveau lever les yeux de son occupation, et cela pour lui accorder quelques secondes de sa pitié. « Je me moque de ce que tu feras de ce Vyro, qu'elle rétorque. S'il peut réellement t'amener à ta sœur, je serais même heureuse d'en finir. » Leurs regards se pénètrent un moment. Il pense au garçon. Et il réalise qu'elle n'y songeait pas avant de voir cette lueur redoutable dans ses yeux. Il sent qu'elle ravale sa rancœur, et un peu de sa crainte, quand la main attrape une dague qu'elle rengaine à son flanc. Ils se taisent enfin, parce qu'il n'y a rien à dire qui ne puisse les amener à s'entre-tuer dans l'instant. Fënyr fait bien de respecter ce vœu, car l'absence de leur conversation lui fait prêter l'oreille alentours. Là, il entend. Il n'en manque pas un souffle.

Il n'a pas besoin de consulter Vaetida. Elle sait aussi. Elle l'a peut-être même su avant lui. Pour autant, ils ne font rien. Ils se murent dans cette épaisse surdité. Ils ont le temps, et Fënyr, bien que natif d'un autre continent, reconnaîtrait un animal de la région entre nous. Non, cela, ce n'est pas un animal.
C'est le vacarme silencieux d'un être humain.
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Hella
Hella
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Âge du personnage : Vingt-et-une sordides années
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Statut : Femme au foyer
Particularités : Mariée à Herluf • Relation incestueuse avec son frère malgré elle • Magie dangereuse car reliée à ses émotions, incontrôlable • A envoyé les Nornes se faire foutre •
Dédoublement de personnalité : Rhaegar le Conquérant /o
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(#) Dim 22 Déc - 22:15



Les sourcils froncés, Hella réfléchissait. Elle revenait de son rendez vous avec Eric, qui logeait dans le Noregr. Une fois de plus, elle avait bénéficié des connaissances du sorcier. Ce jour là, il lui avait parlé de son bâton magique. Si elle était tout à fait honnête, elle n’avait pas tout compris au fonctionnement de la chose. Les subtilités d’une telle magie étaient souvent floues dans l’esprit de la sang-mêlée qui ne connaissait de la magie que les explosions impromptues qu’elle provoquait sous le coup de l’émotion. Elle ne croyait pas être un jour capable d’oublier le visage de son père quand étant petite elle l’avait immolé par le feu, après qu’il ait porté la main sur sa mère une énième fois. Avec le recul, cela avait certainement marqué le début de l’enfer pour elle. Et pourtant… Elle ne regrettait pas une seule seconde de l’accident. Son géniteur était mort de paille, un déshonneur ultime. Parfois, au creux des longues heures de la nuit, elle remerciait silencieusement son frère pour cette ultime infamie, ce patricide tabou.

Alors l’idée de se servir d’une branche pour mieux contrôler sa magie, cela lui passait complètement par-dessus la tête. Pourtant le concept semblait intéressant. Vondr avait promis de lui en dire plus la prochaine fois. Cependant, elle ne se consumait pas d’impatience ; en échange, elle avait juré de lui confier un de ses souvenirs. Eric était curieux à propos d’elle, et ils avaient conclu ce marché des semaines auparavant. Connaissances contre connaissances. Odin savait pourquoi, mais il était réellement intéressé par sa personne, sa condition et son sang. Sa vie quotidienne. Ca aussi, c’était tout nouveau pour la fille de bourreau.

Elle tentait de se questionner silencieusement. Le sang-pur lui avait appris de nouvelles runes. Elle avait moult problèmes à les tracer, mais elle s’améliorait de semaines en semaines. C’était seulement le commencement. Apprendre ces choses là à vingt-et-un ans n’était pas facile, toutes les chances d’apprendre cognitivement étaient presque nulles. La jeune femme poussa un soupir à fendre l’âme. Qu’est-ce qu’ils allaient tous s’embêter avec les runes. Aller directement coller son poing dans la figure de son voisin exprimait bien plus la colère d’un petit gribouillis, par exemple.

Cela faisait un long moment qu’elle marchait. Hella releva la tête brusquement. Avec le rythme qui était le sien, et la distance entre la demeure d’Eric et le portail qui devait la conduire dans le Wends, elle devait déjà être arrivée au niveau de ce dernier depuis de longues minutes. Elle s’arrêta, perplexe, et regarda autour d’elle. Par Thor, déjà que son sens de l’orientation était mauvais en temps normal, mais dans un pays qui n’était pas le sien… Son palpitant commença à battre la chamade dans sa poitrine. Elle ne reconnaissait pas le paysage autour d’elle, pour la bonne et simple raison qu’il n’y avait pas de paysage ; seulement des arbres mourants à perte de vue. Accueillant comme un Ofügr. Elle eut soudainement très froid. Comment avait-elle fait pour dépasser le portail. Il était bien assez gros, et elle l’avait utilisé souvent. Satané bâton de magie et satanées runes. Hella pesta à voix basse. Vif-Höd qu’elle était. C’était vraiment la cerise sur cette semaine interminable.

De toute évidence, elle ne pouvait rester plantée là. Elle pouvait retourner sur ses pas, mais avait-elle marché complètement droit ? N’avait-elle pas dévié ? Aucun moyen d’être sure. Et s’enfoncer un peu plus dans le bois était également dangereux. Elle ne connaissait pas le Noregr si bien que ça, et encore moins ces bois. Au lieu d’apprendre l’histoire comme une affamée, elle aurait pu s’informer sur la géographie.
Elle scrutait dans l’obscurité. Une lumière semblait briller à moins d’une lieue. Un feu. Elle en connaissait assez bien les danses pour reconnaître sa lumière sans pareille. Elle n’était pas seule dans ce bois. Cette découverte força sa décision ; et d’un pas déterminé, elle se hâta de rejoindre la source de la lumière.
Une fois arrivée assez proche, Hella se dissimula derrière un arbre. Elle était frêle, et l’obscurité était son alliée. Avant de rejoindre les inconnus (puisque deux silhouettes étaient visibles), elle voulait être certaine de se pas se mettre en danger. Elle était téméraire mais pas stupide.

La demoiselle resta plusieurs minutes, cachée par son arbre, à essayer d’entendre des bribes de la conversation. Les deux interlocuteurs étaient un homme et une femme, de cela elle était persuadée. Mais elle n’arrivait pas bien à comprendre leur discussion. Elle tendait pourtant bien l’oreille, mais en vain. Et pourtant, au bout de quelques minutes d’efforts infructueux, elle entendit un mot. Un nom. Un nom qui la frigorifia sur place. Qu’est-ce que son frère avait à voir dans cette conversation. Elle ouvrit grand les yeux, sa curiosité subitement piquée au vif, et se rapprocha, tentant tant bien que mal de ne pas se faire remarquer. Mais l’enjeu était devenu plus grand que ce qu’elle n’avait imaginé. S’il était question de Vyro, elle ne pouvait pas repartir tranquillement comme elle était venue. « heureuse d’en finir ». Cette simple bribe lui faisait froid dans le dos. Elle avait un mauvais pressentiment. Mue par un instinct de protection, la sang-mêlée entreprit de faire un pas de plus en direction des deux individus. Grand mal lui en fit ! Elle posa son pied sur une pomme de pain. Le maudit objet s’écrasa sous son pied, tout comme ses espoirs de discrétion.

Son sang se glaca dans ses veines. Ils l’avaient repéré. C’était sur et certain. Même pour elle qui ne connaissait absolument rien à la chasse et la traque, autant de bruit ne pouvait passer inaperçu, et elle devait absolument rentrer prévenir Vyro. Peut-être que si elle se dirigeait vers la maison d’Eric, elle arriverait à trouver le portail. C’était ce qu’elle aurait du faire depuis le début. Elle fit volte face et commença à courir. Les mages soient loués, elle était légère et rapide, mais elle manquait de souffle. Le bruit derrière elle l’informait qu’elle avait été officiellement prise en chasse. La demoiselle accélérait le pas, essayant de semer celui qui venait de devenir un ennemi. Mais elle se fatiguait rapidement, et aussi sûrement elle sentit une main de fer se refermer sur son bras, déboitant son coude et la faisant tomber à terre.

Son coude la faisait souffrir, mais elle se mordit la lèvre. Elle était habituée à pire. Sans prendre la peine de regarder son interlocuteur en face, elle siffla d’une voix sèche et sans réfléchir :

« Maintenant que tu as réalisé que je n’étais pas du gibier, tu peux me lâcher. »

Ses prunelles étaient brûlantes.



Dernière édition par Hella le Mer 15 Jan - 17:51, édité 1 fois
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Fënyr Viggrinirr
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(#) Jeu 2 Jan - 17:06

En quatre années de longues errances à travers toute la froide province, Fënyr et sa comparse ont été pris en chasse à tant et tant de reprises qu'ils ont cessé de décompter – d'abord pour la salubrité de leur courage. Tantôt voleurs, tantôt animaux monstrueux ; des hommes ou des créatures, tous plus avides, plus affamés ; d'implacables prédateurs, maîtres de leur terrain et si impitoyables qu'ils ont souvent pensé fléchir. Vaetida la première, et pourtant native, a, plusieurs fois, tenté de raisonner son compagnon de voyage. En vain. Car s'il doit y avoir quelque chose de plus fort, de plus pénétrant, que la peur, ce doit être l'espoir désespéré. Et cela, Fënyr en est empli, jusqu'aux limites du supportable. L'espoir de retrouver, bientôt, un jour, jamais, sa sœur, a suffi à tenir son orgueil, et sa témérité avec. Vaetida en a gagné en courage, elle le sait, mais elle a probablement sacrifié quelque substance qui lui aurait permis de vivre plus longtemps. Elle mourra, elle aussi, un matin proche, ou un soir plus lointain. Mais elle n'aura plus peur. Car, à force d'y regarder avec les yeux du Viggrinirr, elle a réalisé, elle a admis : ce qu'il y a de plus dangereux à dix, vingt, cent lieues alentours, ce qu'il y a de plus terrifiant, c'est peut-être eux... c'est sûrement lui.

Alors quand ils l'entendent, ils ne ramassent pas leurs affaires pour s'enfuir. Ils sont prêts. Comme à chaque seconde du jour et de la nuit. Prêts à se battre. A tuer. Pour survivre. Il faudrait une armée pour les voir s'enfoncer dans le sous-bois. Or, c'est bien l'inverse qu'ils font. L'air de rien, ils patientent. Le moment sera propice. Car un homme – car il est seul, c'est aisé à sentir, quand même bâti dans la chair d'Odin, ne saurait les entailler sans en mourir. Vaetida, l'enfant du Noregr, est fine chasseresse. Mais lorsque le gibier prend la silhouette d'un homme, Fënyr est plus habile encore. Son guide abhorre, non sans horreur, ce goût   qu'il a pour la prédation de ses pairs. Mais il faut bien lui reconnaître cet affreux talent : il débusque un être humain comme on piège un lapin. Cet instinct primitif, impropre à la société dite civilisée, le rend bestial. Et, dans ce Noregr hostile, aux faibles traces d'Humanité, c'est un grand avantage de déchirer sa peau humaine pour se fondre tout dans la Nature, tout dans l'animal.

La course a débuté si vite que Fënyr en a le souffle coupé. Au moment d'entendre la proie détaler, son cœur s'est rétréci à l'envergure d'une baie sauvage, et il court, et il court, avec toute la force que le manque de sommeil ne lui a pas ravi. Ces quatre années ont endurci ses muscles, sa stature. Il est plus maigre qu'avant, mais son endurance s'est accrue. Avant, il lui fallait attendre que l'ennemi vienne à lui puis l'abattre, de deux ou quatre coups secs. Maintenant, il peut courir, agile, prompt. Vif. Ce n'est plus ce lourd combattant. C'est un chien, jadis domestiqué, revenu à la barbarie ancestrale, qui montre les dents à l'heure de mordre. Et quand il se saisit de la silhouette – débile, malléable, ce n'est pas pour l'épargner. Il stoppe la course du lapin d'un revers puissant, et le sèche sur le sol. Il aurait fait bonne mesure d'enfoncer aussitôt sa hache dans l'abdomen s'il n'avait pas vu ce visage juvénile. Mais il crache, ce visage : « Maintenant que tu as réalisé que je n’étais pas du gibier, tu peux me lâcher. » Alors, certes, il la lâche, mais d'une gifle qui la retourne dans l'amas de boue, de branches et de feuilles glacées. « Ferme-la pour le moment. » Il réfléchit. L'idée lui prend d'emmener la gamine dans un sous-bois et de l'interroger immédiatement. Elle lui répondrait certainement au bout d'un ou deux coups. Mais il se dit que Vaetida sera bientôt là - elle était sur ses pas. C'est pénible d'épargner la faiblesse de son guide. Puis il imagine que tuer la gosse suffirait. Que, même sans réponse, ce serait divertissant. Plaisant. Toutes ces pensées sont fugaces et refusent de s'organiser. Il n'y a rien de clair, de déterminé, entre ses tempes. Et ces secondes suffisent à voir paraître la redoutée. Elle renifle, sans suffoquer – cette course réveille ses sens. Elle lâche une partie de ses effets sur le sol – sa hache, une bourse d'herbes et son carquois. « C'est tout ? » Ses yeux tombent sur la jeune femme. Difficile de déterminer son sentiment ; même Fënyr hésite. De la déception, dirait-il. Un peu de peur, aussi. Elle perd patience, en tous les cas. C'est tout ce voyage, bien sûr, pas seulement cette pauvre fille jetée au sol. « Je m'en occupe, d'accord ? » Fënyr n'objecte rien. Que lui importe le détail du chemin, puisqu'il sait déjà ce qu'il se produira à l'issue. Ce que Vaetida tente probablement d'épargner à l'inconnue au moment même où elle ouvre les lèvres d'un murmure : « Pourquoi tu nous suivais, au camp, là-bas ? » C'est un de ces moment que le Viggrinirr chérit par dessus tout ; ceux où son guide et lui sont faits du même alliage, ceux où elle parle de ce ton dur, et carnassier, tous ces moments où il a un même un rien d'affection pour elle.  
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Hella
Hella
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(#) Ven 17 Jan - 18:25





Hella n’eut pas le temps de se rendre compte que l’inconnu l’avait lâchée, qu’elle se prenait déjà une gifle brûlante en travers du visage. Elle fut plus frappée de surprise que par la douleur du coup, réellement. Prise de court, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il réagisse aussi vite. Fort bien, se dit la jeune femme, les mains égratignées par les branches en dessous de ses doigts. Lui aussi aimait frapper avant de parler ; il était désormais sur la même échelle que son frère, dans la catégorie des têtes de loups. « Ferme-la pour le moment. » Lui dit-elle. Elle avait envie de lui répondre d’aller se faire voir chez les trolls, lui et son ton de Jarl, mais quelque chose lui disait que ce n’était pas la meilleure tactique à adopter. Il n’avait déjà pas l’air de quelqu’un ayant besoin d’une excuse pour malmener les gens, c’était quelque chose dans ses yeux, dans son aura. Quelque chose de noir. Hella opta pour une approche différente, et resta silencieuse. Les dernières secondes avaient prouvé qu’il la battrait à la course, elle était donc coincée ici. Autant profiter au maximum de la situation. Il était question de Vyro.

Une deuxième silhouette arriva, quelques instants à peine après. Une femme. L’acolyte du sauvage devant elle. Elle ne semblait pas essoufflée, mais se soulagea de la plupart de ses effets.  « C'est tout ? » Hella aurait pu se sentir offensée si elle avait réellement eu quelque chose à faire, mais ce n’était pas le cas. Elle n’était pas des plus fortes, pas des plus impressionnantes, et sa carrure frêle avait vite fait de convaincre la plupart de ses compatriotes vikings qu’ils pouvaient la pousser dans tous les sens comme une simple poupée de chiffon. Odin soit loué, elle était bien plus que cela. Mais il était bien plus amusant de les laisser prendre le dessus, de la pousser à bout. Puis elle explosait. « Je m'en occupe, d'accord ? » La sang-mêlée tint sa langue, à grand regret. « Pourquoi tu nous suivais, au camp, là-bas ? » Le ton de la femme n’était pas plus doux que celui de son compagnon. Hella songea que pour c’était surement indispensable, pour arriver à se trouver en sa compagnie.

Elle leur lança à tous les deux un regard mauvais. Dans son propre intérêt, elle n’avait de toute façon pas d’autre choix que de parler, que ce soit pour leur dire merde ou pour répondre réellement à la question que l’acolyte lui avait posée. Et plutôt que de se faire exploser la tête contre un rocher, elle décida de délier sa langue. Elle savait quelle stratégie accepter. C’était bien dommage d’être apparue comme une sauvage, lorsque la course avait prit fin, cela rendrait les choses plus difficiles. Mais elle pouvait prétendre, et elle correspondait au profil de la petite chose fragile. Il suffisait que ça marche. « Je ne vous ai pas suivi » dit-elle en insistant sur le dernier mot. « Je me suis perdue et j’ai vu du feu, j’étais curieuse. Et puis… » rajouta t-elle d’une voix tremblante « j’ai eu peur. » Elle avait perdu trois bonnes années d’un coup, en parlant ainsi.

Elle avait baissé les yeux tout le long de son explication, pour feindre un semblant de soumission. Elle avait un mauvais pressentiment par rapport à toute cette situation. Elle sentait les vents du Wends souffler, mais elle n’avait aucune idée de pourquoi. Elle était véritablement inquiète pour son frère, car elle le savait intrinsèquement lié à tout cela. La jeune femme essayait de calmer le rythme de son palpitant, mais c’était en vain. Elle n’avait jamais eu peur pour elle, mais elle avait peur pour lui, de la manière la plus tordue qui soit. On ne pouvait pas effacer leur lien, leur connexion. Il l’avait marqué comme sienne, et le même sang coulait dans leurs veines. Elle le haïssait pour cela, mais il était sa propre chair, et il était en danger. Pour expliquer la nature de ses sentiments envers son bourreau de frère, elle s’était toujours dit que si jamais Vyro devait tomber, ce serait de sa main à elle et pas une autre.

Hella releva la tête, essayant de ne pas croiser directement le regard ni de l’un ni de l’autre. Mais elle décida de jouer sur l’inquiétude et le mal être qu’elle ressentait. Avec un petit peu de chances ils la prendraient pour une créature effrayée et ne tenteraient pas de porter atteinte à sa vie. « Je veux juste rentrer chez moi » déclara t’elle d’une petite voix pour ajouter du réalisme à la scène, avoir l’air de l’enfant terrifiée qui a quelques corbeaux de retard sur la situation. Et elle attendit le verdict.





Dernière édition par Hella le Lun 3 Fév - 22:04, édité 1 fois
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Fënyr Viggrinirr
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(#) Lun 27 Jan - 10:30

Quelques mots qui échappent aux lèvres juvéniles, et Vaetida qui tressaille sous le grognement de Fënyr. Les muscles sont tendus, la fatigue omniprésente, et la patience n'est qu'un souvenir. Il ne la croit pas, cette gamine. Il n'accepte pas le moindre mot qu'elle leur confesse. Nul ne peut réellement l'en blâmer ; elle est fragile, jolie, trop jeune pour voir s'engouffrer le trépas tout au fond de ses entrailles. Elle sanglot, à moitié, avec une prudence convaincante qui n'agace qu'un peu mieux son geôlier. Elle ne réalise pas, bien entendu, c'est nécessaire, mais c'est qu'elle creuse sa tombe avec les doigts. Il n'y a pas de sentiment, alentours. Ce n'est pas Skuli. Ce n'est même pas un pâle ersatz de civilisation. Et s'il y a la moindre justice dans les cents lieues qui les renferment, il entend bien la rendre.

« Je me suis perdue et j’ai vu du feu, j’étais curieuse. Et puis… » « Conneries, siffle Fënyr. » Le voilà qui commence à faire aller et venir, tout autour. Son cercle est maladroit, sa vision asphyxiée par la nuit. Vaetida ne pose jamais un seul regard sur lui, de crainte de l'appeler. Il s'emporterait sur l'heure, et viderait les entrailles de la prisonnière sans procès. « Quelle genre de curiosité pousse une gosse à s'approcher d'un camp en plein milieu du Noregr ? » Il se surprend lui-même de la perspicacité dont il fait montre. Il discute. Bien sûr, c'est tout relatif, mais il discute. Il n'attend pas non plus de réponse mais son objection ricoche dans l'esprit de son guide. « Tu ferais mieux de nous dire maintenant pourquoi tu nous suivais, déclare Vaetida d'un ton égal. » Elle est froide, Hel qu'elle est froide. C'est probablement ce qui tient Fënyr dans ses chaînes. S'il l'entend céder, s'il entend ce maudit ton qui vacille, et c'en sera fini de cette nuit calme et vierge de tout sang. Mais l'inconnue ne comprend pas, elle ne réalise pas l'extrême précarité de sa situation. Elle n'est pas seulement captive, elle est tout à côté de sa mort prochaine ; comme un couteau dont la lame lèche la peau, pour tout préliminaire : « Je veux juste rentrer chez moi, » « Oh, tu vas y rentrer, par Thor ! enrage Fënyr qui, tout à coup, la saisit par le col, et les mains coupées dans les poches. » Il la secoue, et la rejette contre le sol. Il est à moitié penché sur elle, presque aussitôt : « Qu'est-ce que tu imagines ?... que tu vas filer ? » Il est sur elle, à présent. La lame dégainée, il s'épanche sur le diaphane de sa peau. S'il n'entaille pas encore, c'est d'un plaisir pervers. « Tu ne te rends pas compte... de la merde dans laquelle tu t'es foutue, gamine. » Vaetida tend un bras pour l'interrompre, mais c'est trop tard.

Il l'attrape encore, et la bascule, le visage tout contre le sol. Son poids d'homme aidant, il la maintient tandis qu'il bloque le bras, au plus haut du dos qu'elle peut le supporter. Le guide tente une nouvelle approche, que Fënyr repousse de son poing libre. « Arrête, souffle-t-elle. » Il n'écoute pas. La lame s'approche du poignet, et presse contre les os saillants. La chair aura tôt fait de répandre le sang, et c'est l'ultime menace qu'il fait peser sur l'étrangère. « Je ne le répéterai pas, murmure-t-il de colère (son étreinte se resserre en même temps qu'il susurre) et que la réponse soit convaincante, cette fois. Pourquoi... tu nous suivais ? »
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(#) Mar 4 Fév - 17:37




L’homme décida de s’éloigner un petit peu, et de faire les cent pas. Hella sut d’emblée qu’elle ne l’avait pas convaincu. Un sale sentiment la prit aux tripes, et elle tentait autant que possible de surveiller à la fois les gestes du gueux, et de sa compagne. L’histoire allait mal finir. Elle avait déjà croisé ce genre de type, et il semblait bien similaire à son frère. C’était une pensée récurrente depuis le début de leur entrevue, la comparaison avec Vyro. Un cœur de margyr, pour sûr. Cela ne lui disait rien qui vaille, mais si elle voulait avoir le fin mot de l’histoire, elle devait rester calme. « Quelle genre de curiosité pousse une gosse à s'approcher d'un camp en plein milieu du Noregr ? » Hella doit se retenir pour ne pas lui rire au nez. Si c’était le seul détail qui sonnait faux pour lui, elle était une bien meilleure actrice qu’elle ne pensait. Mais la femme continua dans la lancée de l’inconnu, et cracha  « Tu ferais mieux de nous dire maintenant pourquoi tu nous suivais. »

La jeune femme persista pourtant à user de son ton innocent, ce qui fut assez pour déclencher définitivement la colère du sauvage. « Oh, tu vas y rentrer, par Thor ! Qu'est-ce que tu imagines ?... que tu vas filer ? » Le temps qu’il avait mis pour enchaîner ses deux phrases lui avait permis de jeter la sang-mêlée à terre comme une poupée de chiffon. Hella, qui s’était attendue à ce que sa première stratégie ne marche pas, n’avait pas pour autant anticipé cet accès de violence. Alors qu’il bloquait son bras derrière elle jusqu’à l’insupportable, elle essayait de ne pas flancher, mais l’effet de surprise lui avait fait perdre l’avantage.  « Tu ne te rends pas compte... de la merde dans laquelle tu t'es foutue, gamine. » Ca c’était certain. Et pourtant, elle avait dit la vérité. Seule la curiosité l’avait poussée à aller fouiner près du camp au départ. Une simple erreur d’orientation. Et pourtant quelque chose lui disait que le type n’était pas du genre à croire aux coïncidences. Plus les secondes défilaient, et plus elle perdait patience. La violence, elle connaissait. Les coups, les insultes, il aurait été dur pour le sauvage de trouver quelque chose qu’on ne lui avait pas déjà fait. Mais elle en avait assez d’être considérée comme une gamine sans défense.  Fatiguée que les hommes pensent tout se permettre sous prétexte que l’envie leur prend.  

Il sortit une lame, et vint l’appuyer contre son poignet. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. « Je ne le répéterai pas, et que la réponse soit convaincante, cette fois. Pourquoi... tu nous suivais ? » Le sang menaçait de couler, alors que la lame s’enfonçait doucement dans son épiderme. Lorsqu’Hella releva les yeux pour croiser le regard de son agresseur, ses prunelles étaient noires, et pleines de rage. « Tu comptes prendre le trésor sans voir le Draugr, mon pauvre. » Un craquement sinistre se fit entendre lorsque l’attaquant se fit projeter en arrière brusquement, et atterrit contre le tronc d’arbre derrière lui. Hella se sentait déborder de magie. A nouveau. La dernière fois que cela lui était arrivé, elle avait failli détruire sa propre maison. En repensant aux conséquences que cela avait entraîné, elle aurait du avoir peur. Mais elle se sentait forte, et fatiguée. Et dans tous les cas, assez grande pour prendre soin d’elle. La colère suintait par tous les pores de sa peau lorsqu’elle se jeta sur son assaillant, légèrement assommé par le coup, et attrapa ses cheveux pour le cogner contre le tronc d’arbre. « Tu veux savoir pourquoi je m’intéresse à ton cas ? Parce que tu menaces quelqu’un qui m’appartient. » Deuxième coup. Troisième coup. Du fer d’Islande devait couler dans son sang, se disait-elle. Il l’avait clairement sous-estimée. La plupart des gens le faisaient ; leur plus grosse erreur.

Profitant d’une demi seconde de léthargie du coté de l’homme, elle s’empara du couteau tombé à terre, et lui fit sentir à son tour le froid de la lame tout contre sa gorge. Le palpitant de la jeune femme menaçait de s’échapper de sa poitrine. « Essayer de t’en prendre à Vyro ? Mauvais choix, mauvais choix. Il est ma chair et mon sang et je brûlerais sur un bûcher avant de te laisser l’approcher. » Elle était enragée, tellement que ses pensées s’embrouillaient. La contrepartie de sa magie commençait à se faire sentir, et ce n’était absolument pas le bon moment. La jeune femme se sentit faiblir, mais tenta de ne pas le laisser transparaître. C’était trop important, se disait-elle. Elle était trop téméraire, pourtant, trop irréfléchie, elle en avait presque oublié la gueuse avec eux. Mais il était déjà trop tard lorsqu’elle se rappela de son existence.
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Fënyr Viggrinirr
Fënyr Viggrinirr

Crédits : Moriarty.
Avatar : Charlie Hunnam.
Ici depuis le : 10/12/2013
Messages : 60

Âge du personnage : Vingt-neuf ans.
Ascendance : Sang-pur.
Statut : Botteur de cul.
Points : 15

Feuille de personnage
LOCALISATION : Dans le Noregr.
JE COMPÉTITIONNE POUR :
INVENTAIRE :

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(#) Ven 7 Fév - 21:52

Comme il va pour entailler la chair juvénile, furieux et même dément, Fënyr n'imagine pas les ressources qu'elle abrite. Il n'a aucune raison, affreuse, de la soupçonner. Lui-même d'une médiocrité étrange pour quelqu'un de son rang, il ne flaire pas ce péril fort différent, repoussant, des haches et autres lames acérées. Alors il se moque bien, d'elle et de tous ses manèges, il se moque bien, d'ailleurs, qu'elle lui révèle ou non ses véritables motivations. Il la tuerait, ne serait-ce que pour soulager cette furie ancré à ses entrailles. Un meurtre. Un meurtre crasse, barbare, bâtard, le soulagera sûrement. Et il ne pense plus qu'à la chaleur du sang répandue sur ses mains quand les iris de la gamine croisent encore les siens. « Tu comptes prendre le trésor sans voir le Draugr, mon pauvre. » Il va pour l'injurier un peu, mépriser toutes ces conneries mystiques, ces grandes phrases comédiennes, qu'il déteste tant entendre. Mais le choc est soudain, et il dévale comme la moitié d'une lieue sans jamais pouvoir s'en défendre. Le bois qui heurta son dos, ou plutôt le dos qui heurta le bois, lui vrilla littéralement les reins. Et sa tête, qui n'est pas épargnée, se met à lui provoquer des vertiges. Il sent une sorte d'appétit s'insinuer dans son corps. Le véritable appétit, celui-là. Celui qui grogne, qui croque depuis l'intérieur, et qui rappelle les exigences, les conditions, de la vie. La raison pour laquelle il a faim, à cet instant critique, lui échappe parfaitement. « Tu veux savoir pourquoi je m’intéresse à ton cas ? Parce que tu menaces quelqu’un qui m’appartient. » Elle l'atteint si bien, tant de fois, et alors qu'il n'y peut rien, que Fënyr sent un sursaut de dignité l'envahir. C'est une sang-mêlée, si puissant parait-elle. Et toutes les histoires qu'elle lui conte l'indifférent, ou le révoltent. Mais c'est quand elle s'empare du couteau, et le plaque sur sa gorge, que le Viggrinirr sent comme un orgueil malvenu émerger de ses propres abysses. « Essayer de t’en prendre à Vyro ? Mauvais choix, mauvais choix. Il est ma chair et mon sang et je brûlerais sur un bûcher avant de te laisser l’approcher. » Une seconde. Et la mort qui s'approche. Une seconde. Et Vaetida qui s'approche. Alors Fënyr qui presse sa peau contre la lame, qui n'a pas peur de mourir, de saigner. Il célèbre déjà sa victoire, comme un fou qui étreint tous ses maudits périls. « Un conseil, sale tarée, qu'il siffle entre ses lèvres furieuses. Si tu veux tuer quelqu'un, fais le, tout de suite... au lieu de faire des monologues à la con. »

Voilà Vaetida qui le relève, les doigts enroulés autour de son poignet. Elle le soutient un moment, tentant d'oublier qu'il titube. Elle a le visage grave - il l'aperçoit, celui des fatalistes qui ne veulent plus se battre. C'est que ça ne plaît pas aux femmes comme elle d'en attaquer d'autres, de fragiles, au destin égaré. Mais il y a un peu de l'enfant du Noregr, qui surgit dans ses yeux, quand elle se rappelle de craindre tout autant les loups que les louveteaux. Ils sont maigres. Ils sont beaux. Ils sont peints d'un blanc immaculé. Mais leur apparence ne doit jamais tromper que les moins avisés et elle, elle n'a pas fait cas de sa conscience en frappant la gosse à la tempe. Mais Fënyr serait mort sans son intervention et, sans se féliciter d'avoir sauvé un monstre d'un autre, elle retrouve le calme qui l'habite aisément. Il la protège, lui aussi. Ils se protègent l'un l'autre. Contre les créatures comme la gamine étendue à leurs pieds. Toutes les créatures, quelle que soit la forme qu'elles se prennent à revêtir. « Il faut la tuer. » Ce sont les premiers mots qu'il lâche, le timbre secoué par la crainte. Aussi médiocre soit-il dans sa magie disciplinée, Fënyr sait encore reconnaître celle qui le menace. « Hors de question, que rétorque la sang-mêlée. Tu n'as pas entendu ? » « J'ai entendu !... » Tout cela s'est écoulé de ses lèvres tel une plainte, qu'il s'efforce de ravaler presque aussitôt. Le manque de sommeil. La faim. La folie, aussi. Tout prête à détraquer son esprit abîmé. « Tu n'as pas vu... ce qu'elle a fait ? » Vaetida grogne un moment, harnache ses effets à sa ceinture ou à son dos. « Vyro. Elle a dit Vyro. Et qu'elle était de sa famille. C'est notre meilleure chance. » Il ne répond rien, se masse et les côtes et la tempe. Il oublie d'où la douleur veut bien naître, et se concentre uniquement sur son besoin de subsistance. Cette fille, toute gamine soit-elle d'apparence, recèle suffisamment de puissance pour les anéantir. C'est d'une folie, sinon d'une stupidité, incroyable de vouloir l'emmener. L'interroger demanderait déjà trop de périls qu'il ne se sent plus le courage de tenter. « C'est notre seule chance, reprend-t-elle. Regarde autour de toi. Vetr est déjà là. Depuis longtemps. Bientôt, il neigera tant et tant qu'on ne retrouvera plus aucune trace. » Il se tait pour autant qu'il avise l'étrangère. Fënyr sait bien comme son guide a raison de parler comme elle le fait alors. Et il réalise, ainsi, peu à peu, qu'il n'a rien à y perdre. Il se redresse finalement, tout à fait, et ses lèvres déversent la sentence : « Bandons-lui les yeux. Lions-lui les mains. Elle marchera bien vingt pas devant nous. Mais je promets de l'égorger si elle tente quoi que ce soit. » Vaetida entreprend cet ouvrage, en même temps qu'elle prononce : « Ainsi soit-il. »
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