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Tyr Helgason
Tyr Helgason

Pseudo : regenbogen (mais appelez-moi Lu en cas plutôt)
Crédits : gentle hart
Avatar : Richard Madden
Ici depuis le : 08/12/2013
Messages : 92

Âge du personnage : trente-trois ans.
Ascendance : sang-pur (d'une famille tellement insignifiante que plusieurs ont des doutes, mais pourtant si, promis.)
Statut : draconnier, payeur de tournées dans les tavernes du Sviar. Mais pour gagner des sous, chasseur et commerçant de trucs qu'on trouve dans les montagnes.
Particularités : ◘ la révolution, c'est le bien (enfin les dragons aussi) ◘ Il parle Fourchelang mais garde ça pour lui la plupart du temps.
Dédoublement de personnalité : l'indienne ♥
Points : 176

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LOCALISATION : Sviar - Skuli
JE COMPÉTITIONNE POUR : Skuli
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(#) Dim 15 Déc - 18:53


   
   
le discours
ruminé pendant deux heures


   
Participants • Siri Freknur & Tyr Helgason.
   PNJ ? absolument aucun.
   Statut du sujet • absolument privé.
   Date, mois, année • Ylir 1295
   Lieu • chez siri.
   Météo • on se les pèle grave dehors, tyr a le nez congelé.

   
Je ne souhaite pas que les Nornes interviennent dans ce sujet
   (à noter que dans le cas d'un sujet d'intrigue, vous n'aurez pas le choix)
photographie ©a room of my own
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Tyr Helgason
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Ascendance : sang-pur (d'une famille tellement insignifiante que plusieurs ont des doutes, mais pourtant si, promis.)
Statut : draconnier, payeur de tournées dans les tavernes du Sviar. Mais pour gagner des sous, chasseur et commerçant de trucs qu'on trouve dans les montagnes.
Particularités : ◘ la révolution, c'est le bien (enfin les dragons aussi) ◘ Il parle Fourchelang mais garde ça pour lui la plupart du temps.
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(#) Dim 15 Déc - 18:57

Les jours avaient passé, puis les semaines, les mois. Siri n’avait pas repointé le bout de son nez (était-il toujours ensanglanté ?) et Tyr s’était jeté à corps perdu dans une vie aussi mouvementée que possible. Il était remonté vers le nord du Sviar, sa patrie, son repère, son port dans la tempête déclenchée. Il avait fui les quolibets de Skuli où le récit de son aventure avait fait le tour des tavernes pour se réfugier à Hafn Dreki. On l’y avait vu plus enflammé et plus disponible que jamais, fourmillant d’idée, brûlant de volonté, désireux d’une révolution. On l’avait envoyé voir chez les dragons si on y était, et il y était allé. Il était revenu victorieux d’un combat avec un jeune bleu à museau court et s’était rempli les poches en troquant sang et griffes de dragons. Il n’était pas un jour à Hafn Dreki sans qu’on ne voit Tyr s’agiter aux quatre coins du port, hurler une protestation ici et murmurer un complot là. On riait de lui, on racontait que les prostituées n’avaient jamais eu autant de travail. Après tout, un homme qui se saoûle tous les soirs et a encore de l’énergie à revendre en sortant ne va pas dans trente-six mille endroits. Mais on avait tord. Tous les soirs, Tyr s’enfonçait dans la nuit et lorsque le port dormait, lorsque plus aucun viking n’avait d’oreille intéressée à lui prêter, lorsque même les maisons closes ne s’ouvraient plus, alors seulement il rentrait, l’âme lourde. Alors il s’efforçait de ne pas y penser, et naturellement son esprit s’y dirigeait de suite. Chemin de la pensée entrepris tous les soirs depuis des semaines, souvenirs sanglants qui l’habitaient depuis la rencontre avec Siri. Il n’était pas une nuit sans qu’il ne ronge son frein, sans qu’il ne maudisse la colère qui avait habité Siri et qui avait tout fait ressurgir. Tout. Il se sentait aussi désœuvré qu’au premier jour, aussi minable, aussi ingrat. Des semaines qu’il compensait en se rendant utile autant que possible, glorieux et valeureux. Des semaines qu’il se sentait inutile, vaincu et lâche. Une détresse qu’il ne devait qu’à Siri.

Il avait pourtant rêvé de leurs retrouvailles. Ce moment béni où les nuages du souvenir se seraient déchirés, où un coin de ciel paisible leur aurait permis de se retrouver. L’instant où elle entendrait enfin ses excuses, et où ce qu’il avait ruminé pendant tant d’années serait libéré. Liberté. Libération. Les retrouvailles avec Siri, aussi violentes fussent-elles, ne pouvaient qu’être un moment libérateur. Voilà ce qu’il avait innocemment pensé. Naïvement. Qu’ils auraient beau jeter à plat ce qu’ils avaient sur le cœur, cela ferait plus de mal que de bien. Mais non. Il avait fallu que Siri se débrouille pour arriver toutes dents dehors, pour frapper sans raison, pour le tétaniser et le faire frapper à son tour. Tout avait effectivement ressurgi, leurs coups et leurs insultes ne devaient leur vigueur qu’à ce que la présence de Siri avait fait renaître. Mais pas de libération à l’horizon. Un simple retour à l’origine. Un exécrable et atroce retour à l’origine. Cette douleur lancinante, il ne la connaissait que trop bien. Et si dix ans d’apaisement avaient finalement échoué à enfouir cette douleur, il ne restait plus qu’une solution. Aller chercher de lui-même la libération.

Il avait franchi plusieurs portails runiques et marché longtemps avant d’atteindre la ferme de Siri, au cœur du Gröenland. Il était arrivé à sa porte sans avoir une idée bien claire de ce qu’il allait lui dire. Éviter de se faire décocher un autre de ses regards flamboyants ou de se prendre un poing dans la figure lui semblait le premier objectif. La situation se déroulerait d’elle-même une fois qu’il l’aurait sous les yeux. Seulement, il avait eu beau toquer, Siri n’avait pas répondu. Passé les longues minutes à se demander si elle souhaitait l’ignorer, il avait été forcé de constater son absence. Et s’était donc retrouvé seul avec ses pensées limpides comme le jour, sans taverne ni dragon pour lui changer les idées. Il ne lui était plus resté qu’à tenter de mettre ses pensées en ordre. Lorsque Siri apparut, il avait eu deux heures pour penser à ce qu’il souhaitait dire. Deux heures. Deux heures entières.

« Écoute, j’espère que tu as un peu de temps devant toi, il faut que je te parle. C’est entendu que je n’ai pas eu les couilles de le faire pendant dix ans, que je m’y suis pris n’importe comment quand j’ai tenté d’aller dans ta direction. Un corbeau, c’était minable. Silke, c’était hors-limites. Je n’ai pas su comment m’y prendre, je ne savais pas ce que je voulais, mais surtout j’avais aucune idée de ce que tu voulais toi, de qui tu étais toi. Contrairement à ce que tu as du penser quand Silke t’a parlé de moi, je ne t’ai pas suivie. Pendant dix ans, je n’ai pas su ce qu’il advenait de toi. Étais-tu épouse, mère, exilée, au cœur de Skuli ou égarée sur des terres exotiques dont je ne connaissais même pas le nom ? Je n’en savais rien, et je ne voulais rien en savoir, car tout ce que tu avais clairement demandé ce jour-là, il y a dix ans, quand je suis rentré de l’expédition, c’est que je sorte de ta vie. C’est tout ce que j’ai pu lire dans ton attitude et dans ton silence ce jour-là. Et j’me suis retrouvé comme un con, tout seul, empli d’une culpabilité dont t’as même pas idée. Et pourtant la culpabilité n’a jamais pris le pas sur la douleur, toujours trop forte. Toujours trop grande. Alors j’suis resté comme un con avec ma douleur et mes images, en priant pour que tu ailles mieux que moi.  » Il respire un grand coup, il se souvient de comment il doit continuer, il y a pensé. Mais il a besoin de cette bouffée d’air. « Les images n’ont pas aidé. On dit que de voir le corps tomber permet de faire le deuil. J’ai cru le voir tomber à terre, mais le dragon m’a envoyé au loin, d’un coup formidable. Je me suis retrouvé éloigné d’eux tous. De plusieurs lieues, j’ai marché plusieurs jours. J’me suis sûrement perdu avant de retrouver les trois autres. L’un d’eux n’a pas survécu au voyage de retour. Orvald. Il a voulu nous raconter ce qui s’était passé. Il a pas pu. Il a dit qu’ils étaient morts. Tous les autres. C’est tout ce qu’il a pu partager avant de les rejoindre. Alors les seules images qui m’ont hanté ont été les flammes du dragon. Et le cri de … Son cri. Il m’a appelé à l’aide, mais il était trop tard, le dragon était sur nous. J’ai supplié au dragon de s’arrêter mais…» Sa voix se casse. « Mon épaule a brûlé pendant un an des flammèches qu’elle avait reçues. Pendant un an, il n’est pas un seul jour sans que je n’ai eu mal. Et quand le feu dans l’épaule est parti, j’ai cru être libéré. J’ai toujours eu mal. Tout le temps. Alors aller te voir, c’était juste une partie de l’équation. Il y en a un autre que je n’ai jamais revu. Knut. Il a fui avant le drame, il n’a rien vu, on s’est retrouvés pour le retour mais lui pareil : il m’a plus jamais décoché un mot. J’ai supposé que tu étais comme lui : qu’il fallait que je disparaisse de votre vie. D’ailleurs, tu me l’as dit la dernière fois hein. » Il tente se séparer des terribles images de l’expédition pour revenir au présent, à cette entrevue dont Siri l’a gratifié il y a quelques mois « J’aurais du disparaître pour de bon Siri, tu as dit. Seulement la dernière fois tu vois, ce qu’il y avait d’amertume, de détresse et de rage en moi, eh bien peu importe si véritablement tu voulais que je disparaisse pour de bon, parce que je sais d'où tout cela vient. Peu importe si je ne savais pas ce que tu voulais, si je ne le sais toujours pas. Parce que je sais maintenant exactement ce que je voulais, grâce à toi. Tu as tout fait ressortir, et rien n'a été libéré. En un instant t’a été capable de faire ressurgir toute la souffrance. Dix ans n’ont servi à rien. Absolument à rien. Alors on va pas attendre encore dix ans, ou vingt, ou trente. Parce que ça ne servira toujours à rien. Tu as tout fait ressurgir, et pourtant rien. Pas d’apaisement, pas de souffle, pas de mise au point. Juste le retour de la boule terrible au fond de mon ventre, que je connais si bien. La brûlure si vive. Le retour des larmes que tu as vues hein. Elles t’ont laissé perplexe ces larmes ? Je les connaissais par cœur. Alors je vais pas attendre dix ans. Je viens ici, et cette boule-là, je te la déballe sous le nez. Et si maintenant tu me fiches à ta porte, c’est tant pis pour toi, parce que moi je viens de faire un énorme pas en avant, et je te propose que tu fasses pareil. Donc que tu ne me fiches pas à la porte. Oui voilà, je propose que tu ne me fiches pas à la porte et que tu me dises ce que toi tu voulais. Que je disparaisse pour de bon ? Tu as été si forte, la dernière fois, à gratter là où ça fait mal, que je sais très bien que ça fait mal chez toi aussi. J'ai disparu, et ça n’a servi à rien. Je me suis excusé, mais ça ne l’a pas ramené. Mais ça le ramène pas non plus, et ça apaise pas non plus, de gratter là où ça fait mal. Alors pourquoi tu as fait ça ? Qu’est-ce que tu veux Siri ? Est-ce qu’il y a pas moyen qu’on y arrive ? À avoir ce qu’on veut ? »

Il ne se souvenait plus de comment il s’était retrouvé chez elle, il ne se souvenait plus de ce qu’il avait pu dire pour qu’elle le laisse entrer, et qu’elle ne l’interrompe pas. Tout ce qu’il savait, c’est que son cœur hurlait à la mort, battait au point d’imploser. Et que son attention, toute son attention, était concentrée sur celle qu’il avait en face de lui. Comment faire Siri ? Et est-ce que c’est possible ? Est-ce qu’il est possible d’au moins admettre qu’ils se comprennent ? Tyr n’arrive pas à se mettre à sa place, bien qu’il ait essayé. Tout ce qu’il peut faire c’est parler de lui. Mais peut-être qu’elle le comprendra ? Ou qu’elle l’imitera, et qu’alors il saisira ? Il lui en veut, et elle lui lacère volontiers le cœur. Il est la terrible piqûre de rappel, elle est l’incarnation de sa mauvaise conscience. Est-ce que l’empathie leur est impossible ?
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Siri Freknur
Siri Freknur

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Âge du personnage : 38 ans.
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(#) Lun 16 Déc - 15:07

C’aurait été mentir que de dire que la rencontre avec Tyr n’avait rien changé, car si son quotidien en lui-même n’en avait pas souffert et restait désespérément constant –un mouton en moins, deux nez cassés, des corbeaux à Silke, Leif, Garth et une missive d’insultes à Dagmar-, Siri, une fois seule auprès de l’âtre, ne pouvait que constater le trou que leurs retrouvailles musclées lui avaient creusé dans le cœur. Il y avait bien ceux qui avaient colporté la rumeur du Corbeau qui louche, déformé le récit jusqu’à faire de leur accroc une vulgaire histoire de tromperie, et qui ainsi l’avaient accablée sans le savoir durant plusieurs jours. Accablée par l’injustice qui lui grondait au fond du ventre –depuis quand Tyr et elle étaient-ils amants ? cette inexactitude la rendait folle-, et, surtout, de ce goût d’inachevé qui la poursuivait encore. Les premiers jours, elle avait employé la même technique que dix ans plus tôt : digérer expressément la rencontre et passer à autre chose, puisqu’ils n’avaient plus rien à se dire, puisque tout avait été dit. Mais sa fureur l’avait bien vite rattrapée, et elle avait disséqué leur entretien sauvage avec une minutie d’alchimiste, examinant chaque mot, chaque inflexion de la voix, chaque regard de Tyr. D’insignifiants détails qui prenaient dans la distance une importance caractéristique aux disputes ; tour à tour, elle lui en voulait d’avoir été trop mou, puis trop véhément, et puis elle comprenait ensuite ce qui avait motivé ses paroles, en revoyant la détresse criante avec laquelle il s’était débattu sous ses coups.

Deux mois plus tard, elle repensait toujours à cette histoire avec un violent pincement au cœur. Elle savait qu’elle avait provoqué chez Tyr une violence sortie de ses entrailles ; elle ignorait seulement qu’il l’accusait désormais d’avoir réveillé une colère endormie. Cette fois, elle sut également qu’ils seraient amenés à se revoir, quitte à se déchirer de nouveau. Une certitude qu’elle n’avait certainement pas eu à la mort de Sverre. Sverre. La façon dont il l’avait prononcé, en la regardant droit dans les yeux. Il avait certainement été plus courageux qu’elle, ce jour-là. Après tout, c’était elle la première qui avait tourné les talons et laissé seul un Tyr meurtri jusqu’à l’âme –meurtri par ses coups et ses mots, qui n’avaient pas toujours sonné aussi justes qu’elle l’aurait souhaité. Le remords lui gangrénait encore l’esprit lorsque qu’elle rentra ce jour-là, et, plongée dans des pensées qui ne concernaient en rien les affaires effectuées au village mais avaient tout à voir avec Helgason, elle mit quelques secondes à se rendre compte qu’elle n’était plus seule. Adossé contre le torchis, exposé aux températures qui dégringolaient de manière alarmante depuis quelques semaines, Tyr attendait son retour.

Ce fut sans aucun doute la violence de la surprise qui l’emporta sur tout le reste ; si le courroux ressurgit en amenant avec lui une teinte cramoisie aux joues de Siri, il fut beaucoup moins puissant que ce à quoi elle s’était attendue. Comme si le fait de trouver le courage qui toutes ces années lui avait manqué apaisait aujourd’hui sa souffrance. Elle n’eut pas d’emblée l’envie de lui arracher la tête ; seulement celle de le renvoyer expressément à Hafn Dreki. Elle ne voulait rien entendre, elle ne voulait rien savoir ; elle craignait désormais le pouvoir qu’avaient sur elle les paroles de Tyr. Par quelle intervention des Nornes avait-il décidé de venir la trouver chez elle ? Et, en voyant son visage congelé : depuis combien de temps était-il ici ? Une expression visiblement contrariée au visage, appuyée par ses sourcils froncés et le regard courroucé qu’elle lui envoyait, elle allait lui dire de déguerpir, quand, la prenant de court, la statue de glace remua et lui fit le discours le plus long qu’elle eut jamais entendu. « Va-t-en. », siffla-t-elle en mêlant sa voix à la sienne, mais il continuait de lui exposer ce qu’il avait sur le cœur. Son regard n’était plus le même. Il ne se souciait plus de ses protestations, grandissantes à mesure qu’il approchait ; elle allait le repousser hors de chez elle pour de bon, mais le récit de la mort de Sverre éteignit la lueur incendiaire qui, en l’écoutant malgré elle, s’était enflammée au fond de son regard. Stupeur, consternation, outrage ; désormais, il avait toute son attention. Ce récit, elle n’avait jamais eu l’occasion de l’entendre car elle n’avait jamais pu lui demander. Et voilà que sans même attendre ses questions, il levait le voile sur la disparition de son fiancé.

Pouvait-elle seulement se permettre de le comprendre ? Pouvait-elle seulement envisager de lui pardonner ce dont il n’avait jamais été responsable ? Elle avait depuis longtemps saisi que la mort de Sverre n’avait plus rien à voir avec le sujet de leur tension ; c’était tout ce qui avait suivi ensuite, l’absence et le silence, la séparation abrupte, la maigre tentative pour reprendre contact, la rancœur alimentée par le temps et les échos des exploits de Tyr. Elle ne lui en avait pas voulu de ne pas avoir tenu la promesse tacite –ou alors pendant si peu de temps. « Tu as vraiment cru que tout pouvait se faire sans heurt ? », répondit-elle à la salve d’interrogations, qui lui emberlificotaient les nerfs, graduellement tendus face au discours continu de son invité du jour. « Tu as vraiment cru que c’est ce que je voulais, te faire du mal parce que j’avais mal, que j’avais volontairement choisi de te haïr ce jour-là, parce que c’était plus simple, parce que j’avais le choix ? Tu ne crois pas que c’est aussi de ta faute, Tyr ? »  Elle respirait avec difficulté, la rage lui incendiant le corps et manquant de lui faire perdre la tête ; elle se forçait surtout à inspirer, puis expirer pour ne pas replonger dans cette spirale qui l’avait emportée à la taverne. « Je voulais que toi, tu fasses un choix. Car tu te trompes, tu n’as jamais disparu, jamais complètement, pas comme il fallait. Ton corbeau en a été la preuve, que tu étais toujours là, à attendre ton heure, à attendre de rassembler ce courage que tu n’avais pas encore  –et que tu n’aurais jamais eu si je ne t’avais pas tiré en plein cœur l’autre jour, réponds-moi franchement et dis-moi : serais-tu venu me trouver avant dix, vingt, trente ans ? » Elle restait bien droite, près du feu qui projetait sur eux des ombres étirées. « Tu n’as jamais vraiment disparu, mais tu n’as jamais été vraiment là non plus. »
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Tyr Helgason
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(#) Jeu 19 Déc - 9:19

« Tu as vraiment cru que c’est ce que je voulais, te faire du mal parce que j’avais mal, que j’avais volontairement choisi de te haïr ce jour-là, parce que c’était plus simple, parce que j’avais le choix ? Tu ne crois pas que c’est aussi de ta faute, Tyr ? » Fut un temps où il en avait été convaincu. Que c’était sa faute. Il y a quelques mois encore, alors qu’il s’efforçait de rassembler les forces nécessaires pour enfin la confronter, il en était persuadé. Que c’était sa faute. Que tout était de sa faute. Si Sverre était mort. Si Siri n’avait jamais repris contact. S’il avait encore mal. Si Siri avait encore mal. Et puis elle avait déboulé, ravivant tout sur son passage, explosant les quelques certitudes de Tyr. Y compris celle selon laquelle tout était de sa faute. Alors effectivement, en deux mois, il en était venu à penser que oui, elle avait décidé de le haïr ce jour là, parce que c’était plus simple, parce qu’elle avait le choix. Il la regarda. Comment pouvait-elle lui demander s’il avait pensé que c’était de sa faute ? Il n’avait pensé qu’à ça pendant si longtemps. « Tu n’as jamais vraiment disparu, mais tu n’as jamais été vraiment là non plus. » C’était faux. Il fermait les poings, se concentrait sur sa respiration, mimant sans le savoir les réflexes de Siri, pour éviter une résurgence des dernières retrouvailles. Il avait disparu. Entièrement. Pendant plusieurs années. « Non c’est faux. Ça ne s’est pas passé comme ça, moi à attendre dans l’ombre, toujours caché. J’ai disparu. Pendant plusieurs années. Et quand j’ai pensé soudain que je pourrai refaire surface, j’ai voulu t’écrire pour préparer nos retrouvailles, pour ne pas te prendre au dépourvu. Tu n’as pas répondu, je suis resté disparu. Et il y a quelques temps, quelques temps seulement, oui, je me suis approché, j’ai essayé de rassembler ce courage. Que j’avais. Je serais venu. »

Mais il ne l’avait pas fait, alors il était inutile d’essayer de la convaincre. Elle était venue le voir, il s’était terré dans sa taverne. « Ce n’était pas à moi de faire un choix. Dans quel monde est-ce que c’est à celui à qui on a tourné le dos deux fois de créer une troisième occasion ? Dans quel monde celle qui a tourné le dos par deux fois attend une troisième ouverture ?  » Il ferme les yeux un bref instant, regrettant la tonalité dramatique de ses questionnements. Quel était cet étrange besoin qui le poussait à inscrire leur histoire dans une histoire plus grande, plus universelle ? Pourquoi vouloir à tout prix que Siri et lui ne soient que deux âmes parmi des milliers, héros d’une histoire trop classique ? Tyr veut se dédouaner, s’imaginer qu’il n’a pas fauté. Il entrevoit la porte de sortie, si accessible soudain. Le déni le plus profond. Rien n’est de sa faute, en réalité. La lumière au bout du tunnel. Il veut tant y croire. Siri et lui sont rattachés à une histoire bien plus importante. Une histoire d’occasion manqués, d’amitié déçue et de tragédie menée par les Nornes.

Il réalise soudain cette lumière qu’il entre-aperçoit : s’en remettre aux Nornes, se dédouaner. Il exhale un profond soupir, il sait qu’il est sur la mauvaise voie. Jamais il n’a fait confiance aux Nornes, illusions factices qui enivrent les hommes, qui se croient permis de tout faire sous prétexte que leur destin ne leur appartient jamais pleinement de toutes façons. Mais il perçoit soudain cette autre image des Nornes : l’homme leur donne les fils à tisser; l’homme choisit les fils qui constituent sa vie, et les Nornes tissent le chemin de l’homme. Elles ne décident de rien, elles ne font que tisser, défaire soudain lorsque l’homme arrache un fil pour le sortir de son histoire, et tisser de nouveau. Siri est allé à sa rencontre, elle a fait le premier pas, l’empêchant à tout jamais de se saisir de cette opportunité. Siri s’est construit un futur libérateur, elle est droite dans ses bottes, dans cette ferme où elle règne en maître. Lui, il n’est rien. Il est venu apaiser la situation, mais pour qui ? Pour elle ? Pour eux ? Non, pour lui. Entièrement, égoïstement pour lui. Pour se libérer, pour mettre tout ça derrière lui.

Tout cela, il l’entrevoit rapidement, mais en a en quelques instants une conscience bien trop claire. Il a fait tout ce chemin, il a fait tout ce discours, uniquement pour lui. Or cela n’a pas de sens. Il a cheminé vers Siri. Son discours lui était destiné. À elle. Pas à lui. Et c’est peut-être sa plus grande erreur. Sa seule erreur. Tout a été pensé trop égoïstement. Lorsqu’il s’en voulait, cela ne concernait que lui. Cette brûlure qu’il a longtemps gardé à l’épaule. Pour se souvenir. Pas de Sverre, pas de la douleur de Siri, mais de sa propre faute. Cette réflexion sur la façon dont il fallait s’adresser à Siri, c’était toujours pour lui : comment paraître le moins minable, comment se libérer le plus facilement. Lui, lui, lui. Et en dix ans à croire qu’il pensait aux autres, il n’a pensé qu’à lui. Alors que la solution était à portée de mains.

Perdu dans ses pensées, il n’a pas le temps d’entendre sonner l’absurdité de la phrase qu’il s’apprête à prononcer, elle découle d’un flot de pensées que son visage barré d’une ride nouvelle n’a pas laissé transparaître. « Je suis là maintenant. Comment est-ce que tu vas ? » Une fois la phrase suspendue dans les airs, Tyr n’entend toujours pas la bonhomie absurde de la question. Tout ce qu’il voit, c’est le visage de Siri. Qui n’est pas le reflet de sa propre douleur, qui n’est pas le miroir sur lequel Sverre s’observait, qui n’est pas le souvenir de dix années terribles, ou de quoi que ce soit. Non, c’est simplement le visage de Siri. Celle qu’il a perdue de vue. Par sa faute. Par son égoïsme.
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Siri Freknur
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(#) Dim 22 Déc - 11:13

C’est faux. C’est faux ? La contrariété de Siri lui creusait désormais le front, en une ride qui exprimait bien mal le tumulte qui la prenait de l’intérieur. C’était lui, qui avait tout faux. Comment lui dire qu’il avait toujours été là, tapi dans un coin de son existence, prêt à bondir, prêt à tout saccager de nouveau, comme elle l’en accusait à présent en lui ouvrant son coeur ? Non, non, non, il n’avait pas disparu durant quelques années, comme il le lui disait désormais, comme elle l’avait cru, elle aussi, au début ; jusqu’à ce que parmi les détails de leur dernière rencontre, elle se rappelle de l’intonation pleine de détresse qui avait guidé les inflexions de sa voix. Elle avait deviné son regard qu’elle n’avait pas vu, le corps fermé sous le choc de la nouvelle, imaginé l’expression douloureuse de ses traits. Alors, elle avait su que Tyr ne la laisserait jamais en paix. Elle voulut lui dire, et sa mimique affichait sans même tenter de la dissimuler cette intention qui lui brûlait les lèvres, mais une fois de plus, il la cueillit au vol et, en quelques mots, la cloua à terre. Il serait venu. Pour ne rien perdre de sa colère, elle affecta de ne rien voir de son courage et de son affection, pour mieux se focaliser sur tous les manquements que cette affirmation renfermait. Combien de temps aurait-elle dû attendre ? Dix ans de plus ? Il était celui qui avait dit tout de go qu’il ne pourrait en supporter autant, quelques instants auparavant ; se devait-elle vraiment de lui mettre le nez dans ce paradoxe affligeant ? Au final, c’était elle qui avait dû venir. Elle qui était allée le trouver. Elle qui avait réveillé les douleurs passées. Et elle oubliait bien généreusement qu’aujourd’hui, c’était Tyr qui avait fait un énorme pas en avant, après qu’elle lui ait brisé le corps à la taverne, le corps et l’esprit. Et, diplomate, il empruntait un ton d’un calme qu’elle n’aurait jamais pu affecter, si la situation avait été inversée.

« Tu te fiches de moi. » L’avait-elle dit à voix haute ? Avait-elle été trop abasourdie pour ouvrir la bouche et sortir de sa gorge quelques malheureuses syllabes ? Mortifiée, sciée en deux par les maux dont il l’accusait désormais, elle prenait conscience qu’il était convaincu que tout était de sa faute. Mais oui, pour lui, tout était maintenant de sa faute. Et les accusations faisaient immanquablement retomber sa verve, rendue coite par le retournement de situation monstrueux qui s’opérait devant elle. Il était venu lui dire tout ce qu’il avait sur le cœur ; et ce qu’il avait sur le cœur n’était qu’une boule de ressentiment et de reproches, rendue d’autant plus insupportable qu’il adoptait un ton posé, seulement dérangé par quelques accents d’une injustice saisissante. C’était cette intonation placide, et ce regard perçant, qui l’empêchaient de bondir à nouveau toutes griffes dehors ; en lui renvoyant la balle, maître de cette rencontre, il lui faisait un mal de chien. Elle reconnaissait cette douleur, typique des vieilles blessures ravalées au fond du cœur, et cette reconnaissance lui fit aussi mal que la douleur elle-même. Lorsqu’elle l’avait rencontré à Skuli, cette dernière avait été protégée par un épais revêtement de hargne ; mais maintenant que la pression était retombée, elle s’était rouverte en une plaie béante qui lui barrait la poitrine, scindait son abdomen, jusqu’au fond de son ventre.

« Je suis là maintenant. Comment est-ce que tu vas ? »

Siri Freknur était une forteresse. On accédait aisément aux rouages de sa tendresse, et donc à ceux de sa colère, mais on ne l’avait jamais vu comme à cet instant : à deux doigts de l’effondrement. Dépourvue de tout don de legilimancie, elle n’avait pu suivre le cheminement intérieur de Tyr, et assister à l’illumination céleste qui l’avait poussé à cet apaisement radical. Ce changement d’attitude brutal, comme s’il avait pris une grande inspiration au fond de lui-même, pour en ressortir avec une insupportable tranquillité. Siri en tremblait de rage et d’incompréhension. « Je peine à y croire. », articula-t-elle difficilement, la mâchoire rouillée par le silence dans lequel il l’avait muré de violentes répliques. C’était donc ce qu’avait éprouvé Silke, au début des mots. « Tu penses vraiment qu’il suffit de venir me trouver ici, après l’autre jour, et de me demander comment je vais… » En proie à une agitation qui la dépassait, elle dut poser une main sur la grande table de son foyer, à la recherche de quelque chose stable, capable de les supporter, elle et le poids de la tempête qui montait en elle. Une grande goulée d’air pour se remettre de l’impensable, et reprendre sans la déchaîner. « … Comment je vais ? » A son grand malheur, elle avait laissé échappé une note de détresse, signe de l’abattement qui la guettait et menaçait de s’emparer d’elle d’une seconde à l’autre. Bien vite, elle se rattrapa à l’once de courroux qui lui brûlait sous le front ; il était plus simple de montrer les crocs que de se laisser aller à la boule qui lui encombrait la gorge. « Me jeter ta rancœur au visage pour faire comme si de rien n’était, ça n’est pas très digne de Tyr Helgason. Où est passée ton honnêteté légendaire ? » Continue Siri, continue avec cette voix railleuse qui te rend encore plus méprisable, crache sur celui qui ne veut désormais que ton bien, qui est prêt à tout laisser derrière lui, peines et souffrances, pour un nouveau départ. « Tu as toujours eu tendance à faire dans l’excès de bons sentiments, cela dit. C’est de là que vient ton hypocrisie ? Ou alors, tu croyais peut-être réellement que j’allais me fendre d’un sourire, et te faire réchauffer un peu de lait de brebis pour discuter et rattraper le temps perdu ? » Sa voix s’était élevée, empreinte d’un cynisme à en faire pâlir les Heill –même le chef de la tribu, à la langue de vipère : « Toi, tu peux peut-être faire semblant, mais je suis incapable de jouer à ce jeu-là. » La fin de sa phrase retomba comme un refus ; elle campait sur ses positions d’inaccessible, en lui prêtant des intentions de joueur. Elle lui en voulait de vouloir jouer aux amis perdus de vue, en mettant de côté le reste.

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Tyr Helgason
Tyr Helgason

Pseudo : regenbogen (mais appelez-moi Lu en cas plutôt)
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Âge du personnage : trente-trois ans.
Ascendance : sang-pur (d'une famille tellement insignifiante que plusieurs ont des doutes, mais pourtant si, promis.)
Statut : draconnier, payeur de tournées dans les tavernes du Sviar. Mais pour gagner des sous, chasseur et commerçant de trucs qu'on trouve dans les montagnes.
Particularités : ◘ la révolution, c'est le bien (enfin les dragons aussi) ◘ Il parle Fourchelang mais garde ça pour lui la plupart du temps.
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(#) Lun 30 Déc - 11:17

L’épiphanie intérieure de Tyr était tout ce qu’il y avait de plus personnel. Prise de conscience et prise sur soi ne semblaient pas être partagées par Siri, se démêlant avec des mots difficiles. Évoluant entre hargne et agacement profond. Avait-il été naïf de penser pouvoir laisser tout cela à la porte ? Traînait-il toujours avec lui la déception et l’exaspération qu’il lisait dans le regard par trop limpide de Siri ? Pourtant elle avait faux, d’un bout à l’autre. Et si cela le lassait d’abord profondément, la dernière phrase eut sur lui un effet innatendu. « Toi, tu peux peut-être faire semblant, mais je suis incapable de jouer à ce jeu-là. » Jouer, vraiment ? Était-il devenu si incompréhensible à ses yeux qu’elle le percevait hypocrite ? Leur était-il définitivement impossible de se comprendre ? Jouer ? Quand Tyr déposait les armes, les sentiments, les remontrances, lançait tous à ses pieds, et un peu à son visage parce que la colère était toujours là sous-jacente, elle croyait qu’il jouait ? Faire comme si de rien n’était ? Non. Elle n’avait pas compris. Ou n’avait-il pas compris, lui, que ce qu’il tentait ne collait pas ?

« Mais tu vas pas bien Siri ! » Ébahi, qu’il était. « Faire comme si de rien n’était ? Vraiment ? C’est ce que j’ai l’air de faire ? Après avoir fait ressurgir ce qu’il s’est passé il y a dix ans, après avoir tenté de m’expliquer, sans justifier, ce qu’il s’est passé pendant dix ans ? Comme si de rien n’était ? Personne te demande d’oublier, de passer outre. C’est le principe du pardon, en fait. » Le mot lui étrangla la gorge, son agacement laissant place à sa misère. Pardonne-le Siri. « Le pardon n’oublie pas, il ouvre juste la possibilité d’un nouveau futur. Et ça commence par Je suis là maintenant, comment est-ce que tu vas ? Personne te demande un lait de brebis. » Quoique. Tyr avait eu beau s’exciter au fil de la discussion, il ne s’était pas remis de l’attente dans le froid et aurait bien aimé avoir affaire à une bergère comme il se les imaginait, qui aurait proposé un réconfortant sans sourciller. Dans une autre vie.

Entre temps, Siri n’avait pas répondu à la question. Question qui n’avait peut-être pas à être posée, mais qui résonnait toujours dans l’air, le fait que Tyr venait de la répéter implicitement n’arrangeait rien. Et maintenant qu’il croyait naïvement y voir son salut, il ne baisserait pas les armes aussi facilement. Le pardon. Le mot emprisonné au fin fond de sa pensée venait de surgir avant qu’il n’en pense les conséquences. Mais il en saisissait désormais la portée, lui qui ne désirait que cela. Pardon pardon pardon. Entre la colère, la hargne, la détresse, tout ce que le corps de Siri trahissait, il ne voulait y voir qu’une étincelle de pardon. Un rien lui aurait suffi pour se remettre sur pieds. Une mince trace de futur possible. Mais sa patience atteignait des limites, et il était prêt à sortir les griffes, pour lui arracher ce pardon du coeur. Technique viking au taux de réussite fortement incertain, mais Tyr était loin de chez lui. Il avait froid. Il voulait que tout cela conduise quelque chose. Il venait de se faire à demi-mot traiter de menteur. Il s’approche si près, qu’elle est obligée de quitter la table sur laquelle elle s’appuie ou de le confronter de nouveau. Il lui a fallu dix ans, des coups, des insultes, mais Tyr n’a plus l’intention de fuir. « Oui, je crois vraiment qu’il suffit de venir te trouver ici, pour te demander ça. Ou bien qu’est-ce qu’il faut ? Que je me flagelle un peu plus ? Je crois pas que ça te chamboule tellement. Que je te laisse le temps ? Pour me reprendre tout ça dix ans plus tard dans la face ? Ou alors Siri, tu vas tellement pas bien, et j’ai la réponse à ma question, que tu n’es plus capable de lire l’honnêteté quand tu la vois. » Oh combien il veut arracher ce pardon. Oh comme il s’y prend mal. Comme il s’entête et tape encore à n’en plus pouvoir, pour atteindre ce qu’il perçoit. Les coups de la taverne, d’abord. Le mur de glace maintenant. Et derrière, quoi ? Tyr s’entête et pioche à coups de questions absurdes.
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Siri Freknur
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(#) Mar 14 Jan - 21:46

La bouffée de hargne la saisit dès lors qu’elle vit le visage de Tyr s’arrondir sous l’incompréhension. Une cuisante injustice, cette impression suffocante de ne pas parvenir à établir cette communication qu’elle sabotait joyeusement depuis leurs débuts, lui nouait la gorge plus violemment à chacune de ses paroles, autant de coups qu’il lui assénait avec une véhémence de blessé. Adepte de la prise de recul et des décisions réfléchies, après un coup de sang inévitable typique à ceux de son clan, Siri se retrouvait presque à douter de ses convictions ; Tyr, si elle ne le voyait encore que comme un gamin passionné qui peinait toujours à doser son emportement, n’avait jamais manqué de jugeote dans ses propos de passionné. Mais la bergère s’en était vue compter d’autres, et sa rancœur n’avait d’égal que son entêtement de Nordique ; à l’entendre, Helgason attendait à ce qu’elle passe l’éponge sans se soucier du reste, passer outre. Pour elle, ce pardon  revenait à faire preuve d’une hypocrisie dont elle avait horreur –elle laissait ces choses aux Heill et aux politiques. Mais visiblement, il n’en avait pas conscience, aveuglé par cet inlassable acharnement qui lui poussait à réclamer, encore et encore. A réclamer jusqu’à ce qu’elle cède : une raison de plus pour ne pas lui accorder ce qu’il était venu chercher. Et cette exclamation où il rejetait entièrement le tort sur elle, en une exclamation d’ahuri, la confortait entièrement dans sa position, jusqu’à la faire se replier un peu plus dans sa forteresse de fierté, croisant les bras en lui interdisant l’accès à ces concepts auxquels il s’accrochait avec violence.

Le pardon. Durant ses presque quarante Vetr d’existence, elle avait fermement cru qu’on le lui avait déjà demandé de toutes les manières possibles, mais Tyr, rendu fou par des années de silence, et une rencontre qui lui avait chamboulé jusqu’au fond de l’âme, le lui réclamait avec une virulence qui se prêtait d’ordinaire aux jalousies et aux rancunes. On l’avait suppliée avec des sanglots dans la voix, on le lui avait mendié du bout des lèvres, on s’était humblement risqué à le lui quémander sur le ton de la conversation, mais jamais encore on ne l’avait coincée dans son propre foyer, forcée à regarder le pardon droit dans les yeux. Par la force des mots, Siri se retrouvait le nez dans les bons sentiments et la réconciliation, barbouillée par tout l’idéalisme revanchard de son invité. « Mais tu oublies quelque chose d’essentiel. », fit-elle avec cette même assurance, cette même fierté alors que l’affront avait été grand et que l’offenseur se trouvait désormais à portée de phalanges. Le frapper ici et maintenant lui aurait-il remis les idées en place ? Non, bien au contraire ; elle n’aurait fait que renforcer la détermination de l’imbécile, le pousser jusqu’à des retranchements qu’elle ne souhaitait pas connaître. Elle avait beau lui vouer une hargne vieille de dix ans, elle n’aurait pas supporté de le voir sombrer dans un désespoir voisin de la folie, par sa faute, sa seule et unique faute.

Autant de compassion qui trouvait sa source dans leur amitié passée, et pourtant, ses yeux plantés dans les siens, Siri s’apprêtait à lui enfoncer une lame en plein cœur, autrement plus létale que ces coups qu'ils avaient échangés à la taverne, comme de vulgaires poissonniers. « Je ne peux pas te pardonner. » Les mots s’étaient alignés sur un ton presque bas, un ton dévoilant les émotions enchaînées au fond de son ventre, et la dualité terrible qui succédait à la colère tranchée de leurs retrouvailles. Elle aurait préféré lui vouer une haine farouche qui l'aurait accompagnée jusqu'à sa mort, jusqu'à ce qu'elle ou lui rejoigne Sverre, qui avait depuis longtemps cessé de les empêtrer l'un à l'autre. Mais ce qu'elle mettait sur le compte d'un sentimentalisme exacerbé, d'une faiblesse ancestrale, propre à tous les Freknur depuis des siècles, l'empêchait d'envisager Tyr comme elle envisageait le plus exécrable des hommes. Avec cet ennemi fantasmé, il aurait été aisé de camper sur ses positions, intouchable, imprenable, consciente d'être dans son droit et sûre de son jugement. Malheureusement pour elle, Helgason n'avait rien de cet être sorti du gouffre de Helheim ; et c'était ce qui la faisait souffrir désormais. « Pas quand tu t’y prends aussi mal, pas quand tu t’introduis chez moi pour me forcer la main, sans même entendre ce que je te dis, sans même prendre en compte ce que je ressens, moi. » Ses sourcils s’étaient arqués d’une façon nouvelle, animés par une colère douloureuse qui lui sortait du fond du cœur. Le dialogue n'était plus le même, transformé par cette avalanche de sentiments à laquelle elle avait toujours difficilement résisté. « Tu n’as plus vingt ans. Laisse le gamin irréfléchi, le chasseur suicidaire au placard, et reviens me trouver ensuite. Les choses seront peut-être différentes. », acheva-t-elle avec un long regard, plein d'une insistance qui ne rendit l'indifférence subite qui suivit que plus percutante ; comme pour l'inciter à partir, elle avait ostensiblement détourné tête et épaules.
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Tyr Helgason
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(#) Lun 3 Fév - 14:28

Comme il est déplaisant d’être violemment pris de court. De voir le chemin sur lequel on marchait s’ouvrir soudain sous ses pieds. De voir s’éloigner la main que l’on avait cru tendue vers soi. De faire face à l’absence d’une chose que l’on croyait présente. D’échouer le bec dans l’eau. Être persuadé que l’on est en train d’atteindre quelque chose, et se retrouver soudain dans un vide abyssal. Avoir marché en vain. Avoir lutté pour rien. « Je ne peux pas te pardonner. » Avoir creusé l’insondable, avoir usé ses ongles et ses muscles dans une quête que l’on pensait vitale, vers un objectif que l’on croyait atteignable, et atteindre soudain le rien. Voir la terre que l’on creusait disparaître sous ses doigts, voir celle qu’on tentait d’atteindre s’échapper soudain. « Je ne peux pas te pardonner. » Avoir imaginé tout le passé à la lumière d’un dessein qui n’existe plus soudain. Avoir fait d’un simple pardon la quête d’une vie, s’être dit que là était la clé d’années gaspillées et d’hésitations encor à venir, s’être convaincu qu’un pardon résoudrait tout, aplanirait les difficultés, transformerait le monde. En être désormais persuadé. Batailler, lutter, agresser, violenter, s’aveugler. Tout cela dans le seul but d’obtenir enfin le précieux Graal. Tout cela pour découvrir finalement – non pour s’entendre dire, ce qui est bien pire encore car bien plus passif – que le précieux Graal n’existe pas, n’a pas lieu d’être, et que la route choisie est donc la mauvaise route. « Je ne peux pas te pardonner. » Tyr regarde Siri. Ses épaules s’affaissent soudain, son regard se trouble, bien qu’il la fixe toujours. Il recule d’un pas, foudroyé par l’affirmation lourde et basse. Elle ne cille pas, campe sur sa position. Lui se prend le Ragnarök sur la tête.

Il avait cru comprendre. Il avait cru percevoir la lumière au bout du tunnel. Il pensait avoir laissé son fardeau à la porte, venir ici offrir des possibilités. Siri. Il s’était décidé à être réceptif, à fuir l’égoïsme qui l’avait un tant fait vivre. Il voulait qu’elle parle, il voulait qu’elle fasse vers lui le même chemin. Car il était convaincu d’avoir fait un pas en avant, quand il ne faisait que rugir peut-être tout seul dans un monde agressif, un monde qu’elle n’avait aucune envie de rejoindre. Il avait voulu que tout cela conduise à quelque chose. Il l’avait voulu de tout son être, de toutes ses forces. Il y avait concentré tous ses espoirs et toute sa hargne. Il avait marché jusqu’à sa demeure, avait déroulé le fil de son discours, avait laissé ses pensées le conduire vers un état plus réceptif. Tout cela l’avait fait imaginer un long chemin qui conduirait à quelque chose. Cela devait se passer ainsi. Mais ce chemin, Siri ne l’avait peut-être pas perçu. Elle l’avait vu débouler, lancer une bombe, et agresser de nouveau. Et cela, elle ne pouvait le pardonner. Mais cela pourtant, cela était tout ce dont Tyr était capable. Elle ne pouvait donc pas le pardonner, lui ? C’était une porte qu’on lui claquait au nez. C’était mille portes qu’on lui envoyait à la figure. Un pont-levis qui l’écrasait tout entier. Désemparé, il tente d’accrocher son regard sur cette silhouette glaciale. Mais sa vue s’est définitivement brouillée, il est à deux doigts de s’en retourner, de s’affaler sur le palier de la bergère et d’y cuver sa détresse. Pourtant il reste là, incapable de faire le moindre geste, incapable de croire ce qu’il entend, de croire ce qu’il comprend.

« Pas quand tu t’y prends aussi mal, pas quand tu t’introduis chez moi pour me forcer la main, sans même entendre ce que je te dis, sans même prendre en compte ce que je ressens, moi. Tu n’as plus vingt ans. Laisse le gamin irréfléchi, le chasseur suicidaire au placard, et reviens me trouver ensuite. Les choses seront peut-être différentes. » Elle avait poursuivi pourtant, et les mots de Siri rendaient Tyr confus. Ce ton sombre était pourtant celui de l’honnêteté. Les insultes glissaient désormais sur lui sans qu’il ne les relève. Les reproches l’entaillaient, mais il n’était plus à cela prêt. Car entre les reproches et les attaques perçait une nuance. Rêvait-il ? S’accrochait-il à des possibilités inexistantes ? Elle ne pouvait pas pardonner, quand. Quand ceci, quand cela. En d’autres temps, d’une autre façon, le pardon était donc possible ? Les choses seront peut-être différentes. C’était l’aube soudain d’un jour qu’il avait cru fini. C’était le renouveau d’un hiver qu’il avait cru éternel. Le vent soufflait dehors, Tyr ne sentait plus ses doigs meurtris par le froid et brûlant du contraste avec la chaleur du foyer de Siri. Peu lui importait. Siri venait soudain de laisser filtrer la possibilité d’un printemps. Il ne l’avait pas rêvé. Elle s’était détournée pourtant, elle ne le regardait plus, avait clos la discussion. Mais elle n’avait pas repris ses mots forts, qui trônaient toujours dans l’air. Il n’avait plus qu’à continuer ce qu’il avait commencé. Reculer, s’éloigner. Laisser les choses en l’état, revenir la trouver ensuite. Suivre ses conseils, suivre ses demandes. Pour que les choses soient différentes.

Il avait reculé. S’était détourné lui aussi, avait rejoint l’entée. La main sur la porte pourtant, prêt à affronter le retour vers le Sviar, il s’était arrêté. Siri ne le regardait plus, devait pourtant pertinemment savoir qu’il était encore là. Tant que le vent glacé ne s’engouffrait pas, c’est qu’il n’était pas parti. Il ne disait rien. Ne pensait rien. Il ne cherchait pas de mots ni de conclusion. Son palpitant simplement retrouvait un rythme normal. Les secondes passèrent. Puis peut-être les minutes. Siri murée dans son silence n’aurait pu être plus claire. Il devait partir. Il aurait du partir. Mais les minutes passant, le cerveau de Tyr reprit du service. Gamin irréfléchi. Chasseur suicidaire. Elle n’avait pas tort. Sans même prendre en compte ce que je ressens, moi. C’est pourtant tout ce qu’il avait fini par souhaiter. Il s’y était donc mal pris, bon. Mais c’était tout ce qu’il avait souhaité. Alors s’il était admis qu’ils étaient d’accord, était-ce important d’attendre ? « Siri.. » Sa voix était cassée, bien moins limpide que ce à quoi il s’était attendu. L’avait-elle seulement entendu ? Il jeta un regard en arrière, trouvant toujours Siri lui tournant le dos. Il respirait lentement. Pensant à l’homme qu’il devenait. À celui qu’il aurait voulu être. Capable de faire avancer les choses. Partir, vraiment ? Partir et attendre ? Tyr se pensait pourtant déjà capable. « Siri, c’est tout ce silence, toutes ces attaques, qui font revenir au pas de course le gamin irréfléchi. Ce n’est certainement pas pour ça que je suis venu. Ce n’est certainement pas comme ça que les choses doivent se passer, je sais bien. » Il se tut, sachant pourtant qu’elle ne répondrait pas. Même après cela, même après les dernières paroles puissantes qu’elle avait laissé échapper, Siri semblait toujours aussi glaciale à Tyr. « Je ne voulais pas te forcer la main. Je ne le veux toujours pas. Simplement je… je ne sais pas sur quel pied danser, je ne sais plus te demander ce que tu ressens, là, maintenant. » Siri était glaciale, Tyr se demandait tout juste maintenant si peut-être elle aussi ne subissait pas les mêmes hésitations, les mêmes détresses et les mêmes sentiments que lui. Il tentait de finir. Calmement, posément, s’étant cette fois définitivement retourné vers elle.  « Je ne sais plus comment te demander quoi que ce soit. Ni ton pardon, ni de tes nouvelles, ni ton souvenir, ni tes explications. Je ne sais pas, ce n’est pas pour ça que je ne voulais pas. Je m’y suis mal pris. Mais les choses sont déjà différentes Siri, parce que tu connais mes intentions. Et tu es capable de toi passer outre le visage de gamin irréfléchi pour savoir que je suis là pour les bonnes raisons. Je crois. » Il hésite. Demi-question, question ouverte. Il ne sait à quoi s’attendre. Si elle ne répond plus ? Il partira ? Il n’en est même pas sûr. Chasseur suicidaire.


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Siri Freknur
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(#) Sam 8 Fév - 9:30

Les yeux, le corps, tout son être résolument tourné vers l’âtre, elle avait cru que le pouvoir de son indifférence le ferait enfin quitter les lieux, que ses dernières paroles étaient assez incisives et lourdes de sens pour que Tyr, le cerveau lancé à fond de blinde par leur discussion, se retrouve emprêtré dans une réflexion qui monopolisait jusqu’à la parole, réclamait une solitude forcée, un isolement qui lui donnerait la clé des requêtes de la bergère. Que l’on pouvait au final résumer sans déformer avec une simplicité folle : attendre et recommencer, avec un peu moins de cette violence qu’elle savait héritée de leur dernière rencontre en date. Si elle ne l’avait pas alpagué avec tant de véhémence et refait son portrait de ses poings enragés, alors le dragonnier n’aurait pas été jusqu’à tenter de lui arracher un pardon impossible -qu’elle avait plutôt, entêtée, jugé profondément impossible. Elle savait qu’en ayant laissé libre cours à ses colères, Siri avait contribué à cette impatience douloureuse qui le déchirait de l’intérieur. Mais, au-devant du sang-pur, elle avait troqué un palpitant plein de compassion contre un coeur de margygr, gorgé d’égoïsme et d’obstination. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il obtiendrait la rédemption espérée, car Siri en avait décidé ainsi.

Mais il n’avait fallu que le temps d’un Raido pour que Tyr retombe sur ses pattes ; les années lui avaient fait gagné en vivacité d’esprit, à moins que ce ne fût la situation d’urgence dans laquelle, en lui intimant insidieusement de partir, elle l’avait plongé jusqu’au cou. S’accrochant à son prénom comme un perdu, ultime supplique qui, pourtant, ne la tira pas immédiatement dans la valse qu’elle avait entamé, en s’affairant comme si Helgason n’était déjà plus là ; ce fut tout juste un coup d’oeil qu’elle lui lança, avant qu’il ne parvienne, enfin, à ralentir ses gestes. Au-délà de la repentance, il y avait ce désespoir. D’abord dans la voix cassée, puis dans l’hésitation criante de ses phrases, empreintes d’une détresse qui le faisait passer d’un ersatz de lögsögumad, ébauche de héros venu se faire justice, à un gamin perdu, trop brusquement réprimandé. Mais, même déguisées, ses tirades n’en restaient pas moins une approche ; c’est ce qu’elle se dit pour reconstruire des résolutions qu’elle sentait flancher, abattues par ce regard éperdu qu’elle avait fait l’erreur de croiser. Tyr était un meurtrier, tout juste bon à être donné en pâture à une meute de lycanthropes, tout juste assez stupide pour venir envahir ses terres et l’attaquer sur son propre territoire. Un lâche qui reprenait tous les mots et les maladresses jetés dans cette conversation incisive où les émotions prédominaient toujours, un à un, récupérant les morceaux de cette frustration qui le rendait fou et lui imputant, dans le même temps, qu’elle savait déjà. Elle savait déjà, non ?

Le corps dérobant à la ferme injonction de sa tête, elle se retourna enfin vers lui, laissant à la table les vivres qu’elle avait extraites une à une durant sa litanie. « Tyr. », commença-t-elle sur ce qu’elle avait voulu être un ton glacial -et qui se révéla seulement être une intonation butée. A elle qui, jusqu’alors, s’était tenue à sa position, ce premier dérapage l’obligea à s’interrompre, comme si elle reconsidérait, malgré elle, ce qui allait suivre. Elle avait voulu le chasser, à nouveau. Etait-il temps de faire un geste vers lui ? Devant un Tyr mis à nu, un coeur lourd de dix ans de silence étalé à sa vue, Siri était assaillie par ces questionnements qu’elle avait jusqu’à maintenant brillamment repoussés, forte d’arguments qui sur l’instant lui paraissaient aussi désuets que tous les autres : ceux qu’elle avait inventés pour se défendre de son amourette avec Daven Vondr, ceux qu’elle avait employés pour se protéger de Jarl Heill, ceux qu’elle érigeait pour justifier sa passivité dans la lutte des sangs. Le combat lui semblait désormais vain.

« Assieds-toi. » Sans lui laisser le temps d’intégrer cet ordre aux allures d’invitation, proféré avec une dureté qu’elle savait illusoire -c’était ce qui s’appelait sauver les apparences, une pratique familière initiée par les Lokabrenna-, elle se détourna à nouveau de lui pour traverser la pièce, se courbant sous les assauts d’une fierté qu’elle allait malmener de plus belle dans les secondes à suivre, et qui hurlait intérieurement à l’échec. Siri Freknur qui se laissait vaincre par Tyr Helgason ? Et le passé, qu’en faisait-elle ? Elle envoya valser son orgueil en claquant la porte du placard et planta sur la table la bouteille de vin qui allait sceller leur sort. Sans regarder Tyr, toujours -il lui fallait toujours lutter contre cet acharnement qui lui soufflait de lui bondir à la gorge, de l’attaquer sous de fallacieux prétextes, elle leur servit deux godets, avant de s’asseoir à son tour, la mine butée. « Tu n’es pas obligé de parler. » Prévenant les ordinaires épanchements de Tyr face au silence, elle avait relevé sur lui un regard éclairci, dépouillé du ressentiment qui lui était habituellement adressé ; la colère qu’il pouvait désormais y lire tenait plus de l’agacement que d’une véritable rage, renvoyée au fond de ses entrailles le temps d’une trève. « Bois, d’abord. », conclut-elle avant de noyer sa défaite d’une longue rasade de vin. Elle avait encore moins envie de causer, maintenant qu’elle lui faisait une faveur -ce qui équivalait, à ses yeux, à lui exposer ses faiblesses.
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