Région d'origine ● Les Öfugr n’ont jamais quitté leur Sviar d’origine. Date de naissance ● Fin de Vetr, 1281. Âge ● 14 ans. Nature du sang ● Öfugr. Seul un braell ne saisirait pas les implications qui se cachent derrière ce nom millénaire. Particularités magiques ● Réincarnation d’Odin, cultive, de force, une affinité avec la métamorphose. Métier/études ● Il a entamé il y a quelques mois sa deuxième année à Dürmstrang, une éducation à laquelle il a d’abord rechigné à se soumettre –Odin, aller à l’école ?- mais qu’il a fini par accepter avec mauvaise volonté : il peut au moins y apprendre la métamorphose, et, avec la fêlée de sœur qu’il s’enquille, il porte l’honneur des Öfugr sur ses frêles épaules. Et un Öfugr qui ne va à Dürmstrang jettera à coup sûr l’opprobre sur les siens.

C’est lui qui, à la mort de Thormund, prendra la tête du clan, responsabilité qu’il se sent à même d’endosser seul, du haut de ses quatorze ans ● Il a du mal à apprécier les distances, pathologie qui lui vaut d’être extrêmement mauvais au tir à l’arc, ainsi qu’au jet de haches ● … Même si elle n’excuse pas sa maîtrise médiocre des armes en général, malgré l’acharnement de son grand-père à lui inculquer l’art de la joute physique (la verbale, il la pratique déjà à outrance) ● S’il ne le montre pas, la mort de ses parents est un sujet encore sensible, bien qu’elle ne l’ait en rien dissuadé de devenir animagus ● Sa voix commence à dérailler, entraînant avec elle d’autres changements drastiques (il attend impatiemment ses premiers poils de barbe) ● Bien qu’il ne jure que par leur nom, il s’éloigne invariablement des Öfugr, conforté dans ses idées de destin grandiose depuis la tragédie qui a frappé leur famille ● Grand ami des corbeaux ● Il ne craint qu’une chose : la foudre des Nornes, qui prend plaisir à s’abattre sur leur clan (mais un jour, il inversera la tendance et chassera le mauvais œil qui pèse sur la famille) ● Quand il ouvre la bouche, on lui donnerait volontiers dix ans de plus –sauf quand il doit user d’une séduction enfantine pour parvenir à ses fins ● Il a rendu son déjeuner la première fois qu’il est monté sur le knörr de Dürmstrang, et cette honte le poursuivra jusqu’à la fin de ses jours ● Quand sa tante a farfouillé dans les ouailles d’un braell pour lire la déchéance d’un ennemi juré, il n’a en revanche pas bronché ● Il est présent à tous les thing, même si les lois des Hommes l’intéressent peu ● Sa dernière tentative de jeun, entamé pour voir si ses pouvoirs s’en retrouvaient décuplés, s’est soldée en un échec qui a failli lui être fatal ; une grosse frayeur pour le clan, une déception sans nom pour Olafr (ce n’est que partie remise)

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Et vous, la pureté du sang, vous en pensez quoi ?

A travers Olafr, c’est la voix de Thormund qui se fait entendre. La pureté du sang, c’est le fondement de leur société viking, le pilier porteur de leur magie, le vecteur de leurs valeurs et de leur noblesse sorcière ; en cela, elle doit être respectée coûte que coûte, quitte à écraser le sang impur et mépriser les branches mineures répudiées il y a des siècles. Il sait déjà que son devoir de chef de clan le vouera à épouser une sang pure de grande famille, union à laquelle il consent d’avance si elle n’est pas Heill (vendent convictions et traditions pour l’éclat de quelques pièces d’or, traîtres à leur sang), pas Raudi (frayent avec les Freknur et aussi sages que des trolls, traîtres à leur sang), pas Järnsida (s’abaissent à chasser le lycanthrope, réputation médiocre et usurpateurs, traîtres à leur sang), et certainement pas Vondr (liste de tares beaucoup trop longue pour être faite en une vie, mais traîtres à leur sang). Restent les Lokabrenna et les Oddi ; il adhère à la vision traditionnaliste des premiers, dont la réputation n’est plus à faire, et il sait que l’importance des seconds dans le monde scandinave est loin d’être négligeable.
Pour Olafr Öfugr, il y a donc une élite parmi l’élite, qui doit elle aussi tenter de se préserver tant que possible de ces familles à la lignée moins prestigieuse. Il n’y a qu’à voir la façon dont il snobe le cousin Lärson, quand il le croise dans les couloirs du château.

Si vous ne deviez jurer que par un seul mage ancestral, ça serait lequel ?

Les ancestraux sont sa famille universelle, où prennent les racines de sa réincarnation, alors invoquer Thor ou Baldr, c’est comme s’il jurait par Elfi ou Thormund : ça n’a pas de sens. La mémoire des sorciers scandinaves est pleine de ces mages et Olafr aime retrouver ces derniers sur les lèvres des sangs les plus purs de leurs contrées. Même son honorable grand-père n’a de cesse de jurer sur la tête des ancestraux ; alors Olafr, plutôt que de proférer, se contente d’écouter, recueillant les jurons et les serments comme pour ne pas oublier, le moment venu, ceux qui lui ont rendu hommage à travers les années.
Et puis, depuis que son père a fait l’erreur d’invoquer Hel, blasphème qui lui a coûté la vie, Olafr redoute de prononcer ne serait-ce que le nom de ces mages d’antan. Seul celui d’Odin franchit ses lèvres, et c’est pour proclamer aux plus sceptiques que lui et Olafr Öfugr ne font qu’un. A force de le dire, la révélation viendra peut-être.

Quel souvenir avez-vous du labyrinthe de Dürmstrang ? Ou ça vous fait envie ?

Il a affronté le labyrinthe avec la confiance aveugle des allumés, la tête haute et le regard assuré. Il va réussir, il va se sortir de ce dédale haut-la-main, car rien ne peut se dresser sur la route d’Odin. Trois jours d’épreuves, trois jours qui n’ont fait que confirmer son épiphanie : en sortant, il avait un bras en charpie, une soif digne des plus grands ivrognes et une faim à en dévorer un loup géant, les égratignures bénignes et les plaies plus profondes de rigueur. Mais, surtout, il avait la même expression qu’à son départ, trônant sur son air fatigué. Il a réussi, il s’est sorti de ce dédale haut-la-main, car rien ne peut se dresser sur la route d’Odin.

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Olafr se penche sur la carte que dessinent les entrailles fraîchement éparpillées sur la table. Si elle n’avait pas été aussi absorbée dans sa lecture, les mains pleines du sang des ouailles qu’elle triture avec ferveur, sa tante l’aurait certainement réprimandé d’un regard, dès lors qu’il s’est avancé sans invitation dans sa cahute. Il ne devrait pas être là, à lorgner par-dessus son épaule. Mais son neveu se fiche bien de ce qu’il doit ou ne doit pas faire : le spectacle le fascine et il se tait jusqu’à ce qu’elle ait fini de psalmodier ce qui attend le pauvre bougre, qui a devant lui un bien funeste avenir. « Fais-le pour moi. », ose-t-il finalement dire, quand Isildr remarque finalement sa présence. « Non. » Le refus sonne différemment du « non » chantant de Frida Oddi, lorsqu’il se pend à ses chausses pour la tanner de lui donner une éducation d’animagus. Le « non » de la voyante porte en lui un affect empreint de souffrance, mais Olafr comme toujours s’obstine. « Rien qu’une fois, une seule fois. J’ai besoin de savoir. », lui souffle-t-il avec des yeux brillants d’une curiosité avide, et il reprend avant qu’elle ne puisse l’envoyer paître sur les asphodèles : « Il faut que je me prépare à ce qui m’attend, ma tante. » Ce destin fabuleux qui, comme un prédateur tapi dans l’ombre, attend de bondir dans la vie d’Olafr Öfugr. Il faut aussi qu’il sache quand les autres verront ; s’il ne doute pas de ce qu’il porte en lui, il veut savoir quand les moqueurs verront la lumière et comprendront leur erreur –ce jour-là, il leur pardonnera de toute sa sagesse. Et puis, en tant que puits de la connaissance, il ne veut pas laisser les badauds dans l’ignorance trop longtemps : avec leur monde qui s’effrite lentement mais sûrement, ils ont besoin de croire en quelque chose, croire en un mage qui saura apporter la réponse à leurs questions et remettre chacun à sa place. Les sangs purs en haut de l’échelle, les autres le cul dans la fange.

Il sait très bien pourquoi elle ne lui lira pas son avenir, lui répond-elle. Le dernier des Öfugr fronce les sourcils de mécontentement –c’est aussi une façon de réprimer cette peine insidieuse qui lui colle au cœur dès que l’on fait référence à la tragédie de la famille. Il se rappelle encore de la façon dont Elfi lui a interdit d’approcher à grands cris, les larmes barbouillant un visage figé de terreur. Il se rappelle aussi clairement de la disparition subite de leur père, fou de douleur, avec le corps éventré de leur mère, l’inquiétude de Thormund, l’angoisse d’Isildr –l’avait-elle déjà prédit sans oser leur dire ? Il se rappelle qu’ensuite, on leur a rapporté la mauvaise nouvelle : Elfi et Olafr sont désormais les derniers héritiers de la lignée. Mais pour le gamin de huit ans, tout prend son sens, car ils ne sont les victimes de cette tragédie pour une simple et bonne raison, une raison qui exige tous les sacrifices : Olafr est la réincarnation d’Odin. Sa mère n’a-t-elle pas voulu l’appeler Odinn ? Son père ne jurait-il pas que par lui ? Les signes se révèlent à lui comme une nuée de corbeaux s’envolant vers le couchant ; bientôt, il est convaincu par sa découverte. Thormund assiste à la naissance de cette lubie inédite, qu’il laisse grandir en constatant qu’elle évite à son petit-fils de penser au drame –et ainsi d’entretenir une rancœur qui, au fil des années, le conduirait à sa perte.
« Je ne suis pas comme Papa et Maman. », fait Olafr à sa tante, avant de continuer de ce ton à la fois bourru et sûr de lui qu’il a tout droit hérité de son grand-père. Dans sa voix d’enfant tonne la colère de Thormund. « Tu as tort de ne pas me faire confiance, tu oublies qui je suis. » Le sourire d’Isildr, à la mention de son statut d’être supérieur, l’a vexé comme un pou ; il se détourne avec majesté pour sortir de la cahute d’un pas rapide. Il doit pardonner l’ignorance du devin comme celle des autres, car grande est la mansuétude d’Odin. Elle se mordra de toute façon bien assez les doigts ne pas avoir été la première à lui prédire un grand avenir.