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 HËYLDA △ i shall chase you 'til the end of midgard

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Osbern Sæther
Osbern Sæther

Pseudo : Dandan
Crédits : Hëylda de mon coeur
Avatar : Chris Hemsworth
Ici depuis le : 18/11/2013
Messages : 111

Âge du personnage : 31 ans
Ascendance : Sang pur
Statut : Constructeur de navires, il a repris le flambeau de son talentueux père Roald. Il officie parfois en herboriste puisqu'il habite dans un fjord.
Particularités : C'est un animagus ours brun depuis deux années seulement. Ce nouveau don concorde avec la mort de sa femme.
Points : 37

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LOCALISATION : Entre le Noregr et Skuli
JE COMPÉTITIONNE POUR : Skuli
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(#) Dim 24 Nov - 20:06



Chasing you
you used not to flee from me


Participants • Hëylda and Osbern.
PNJ ? Un louveteau dévoué ça compte ?
Statut du sujet • Privé.
Date, mois, année • Haustmánuður 1295.
Lieu • Dans un fjord près des côtes ouest.
Moment de la journée • Fin d'après-midi, début de soirée.
Météo • Le soleil décline, les températures aussi.

Je ne souhaite pas que les Nornes interviennent dans ce sujet
(à noter que dans le cas d'un sujet d'intrigue, vous n'aurez pas le choix)
photographie ©a room of my own
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Osbern Sæther
Osbern Sæther

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Particularités : C'est un animagus ours brun depuis deux années seulement. Ce nouveau don concorde avec la mort de sa femme.
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(#) Dim 24 Nov - 20:49


« Impossible. » Osbern était accroupi face à un cadavre. Sa hache gravée de runes à la main, il examinait attentivement le corps sans y toucher de ses propres mains. Depuis sa plus tendre enfance, il avait fomenté la morbide certitude que les morts de paille étaient contagieux. Son paternel lui avait répété maintes fois que ce fut impossible, que les âmes des morts avaient déjà rejoint Valhalla, tout du moins d’autres contrées. Et pourtant même adulte, il ne pouvait se résoudre à oser toucher le feu viking. La lame de sa hache souleva son menton pour distinguer la marque nette d’un égorgement à son cou. La plaie était trop fine pour qu’une arme de la taille d’une hache puisse être l’auteur de cet assassinat inexpliqué. Une dague sans doute, l’arme des lâches comme Osbern l’avait toujours qualifiée. Un véritable viking digne de ce nom exposait toujours ses intentions aussi hostiles soient-elles. Il remarqua aussi les hématomes sur les phalanges de la victime, symbole qu’elle avait été suffisamment surprise pour ne pas avoir le  temps d’utiliser sa magie pour se défendre. Les Braell sans-pouvoir n’avaient pas envahi ses contrées, bien dangereuses pour un humain incapable de se défendre de sa nature capricieuse et de ses sbires sanguinaires. Osbern sut où chercher d’autres détails : la morsure toujours caractéristique des loups sauvages à une des jambes du malheureux, le manque d’équipement de l’homme ce qui signifiait qu’il n’était parti ni pour un long périple, ni dans l’intention de finir ainsi. Son corps était gelé, la plaie cautérisée par le froid. Il avait été laissé là pour mort sans qu’on ne daigne le trainer vers des lieux plus propices à ce qu’on ne le trouve. On n’éprouvait aucun respect pour le laisser ainsi à la merci des trolls et des loups. C’était la deuxième dépouille en trois mois que l’homme trouvait aux alentours de son fjord, profondément enfouie dans les bois épais. Chaque fois il en faisait état au Jarl de son clan, plusieurs kilomètres près des côtes ouest. C’était à sa charge de trainer le corps jusqu’au village afin qu’il soit au moins brûlé, pour ne pas tenter les nécromanciens fous de réanimer son enveloppe charnelle. A cette pensée obscure, il frissonna de dégoût. Selon le Jarl, ces accidents étaient trop fortuits et rares pour laisser penser à de véritables meurtres perpétués sur son territoire. Selon Osbern, les coïncidences étaient une fois de plus trop nombreuses. Il aurait aimé que ces morts soient l’œuvre d’un mage maléfique, peut-être des apparitions mystiques du Fenrir mais son esprit trop terre-à-terre acheva de le convaincre. Il allait devoir enquêter lui-même pour remonter à la source de ces ignominies. Quelqu’un se dissimulait dans son fjord, ne faisait acte de présence qu’en disséminant la mort derrière lui et foi de Viking, Osbern ne pouvait laisser de tels crimes impunis.

Le fils Sæther s’équipa pour le crépuscule. La lune saurait guider chacun de ses pas, sinon une formule magique saurait produire une lueur satisfaisante pour évoluer à travers les sombres feuillus. C’était lorsque le soleil déclinait derrière les montagnes que la nature révélait sa véritable identité. Les trolls sortaient le bout de leur groin énorme et allaient chasser à l’abri des chasseurs. L’heure était également propice aux criminels qu’Osbern avait la forte détermination de démasquer. Il avait toujours eu cet instinct protecteur envers les terres qui les accueillaient de leur premier cri jusqu’à leur dernier souffle. A Dürmstrang, on leur apprenait la navigation, l’astronomie, la moindre astuce qui les pousserait à devenir les plus grands conquérants sorciers. Cependant, on ne leur inculquait pas assez l’essence de leur terre natale, combien elle regorgeait encore d’énigmes. Enfant, le bâtisseur de navire avait toujours cru que les mages ancestraux avaient dissimulé ça et là des trésors, des ressources inconnues, de la magie palpable aux quatre coins du monde. Que le Noregr comme le Jutland étaient des cartes entières de chasse au trésor sur lesquelles les vikings ne prenaient pas toujours le temps de se pencher. Oh il admirait les navigateurs victorieux, les explorateurs invétérés – n’était-il pas l’instrument qui orchestrait leurs escapades ? Mais il briguait tout autant ce qu’il trouvait à l’intérieur des falaises glaciales, frontières du monde de l’océan. L’homme marcha sans relâche des heures durant. Son pas était lent, assuré, loin de la crainte de se perdre dans les méandres forestiers. Il entendait parfois les courants des rivières qui allaient se jeter dans le fleuve principal du fjord, il savait parfaitement où il allait. Deux années durant il avait déambulé ci et là, parfois même sans le désir de retrouver chaleur et foyer. La peine s’était adoucie quand bien même elle se rappelait à son âme à des instants qu’il ne soupçonnait pas. Un jour ou l’autre il partirait faire la guerre au margygr, il se l’était juré sur la tombe de son épouse. Mais pour l’heure, une toute autre forme d’ennemi l’attendait, tapis dans cette province qu’il considérait sienne. Plus il marchait, plus il se sentit épié. On ne trompait pas le flair nordique et ça n’était pas l’œil du prédateur qu’on posait sur sa silhouette emmitouflée. Lorsqu’on fit l’erreur de faire craquer une brindille, Osbern balança sa hache virevoltante vers la cible. Sa lame rougeoyait de runes, prête à paralyser quiconque elle rencontrerait. Cependant, elle se planta dans le tronc derrière lequel se cachait des cheveux blonds. Par Loki, les apparitions divines étaient-elle réelles ? Avait-il tant abusé de l’hydromel dans la journée qu’il crut reconnaitre la jeune femme aux cheveux blonds ? Ses rêves de jeunesse, ses émois de sorcier débutant… Tous ses souvenirs qui étaient en train de s’échapper en même temps que sa fondatrice qui avait fui face à l’assaut plutôt agressif du viking. Abasourdi, il eut tout juste le réflexe d’hurler à travers bois : « Heÿlda !! » Mais son souvenir disparaissait déjà, écartant buissons, bondissant au-dessus des racines pour s’évader de son regard inquisiteur. Ne suivant que son adrénaline qui dictait de la rattraper à tout prix, Osbern extirpa sa hache de l’écorce fendue avant de se lancer à sa poursuite. Jusqu’alors elle ne lui avait échappé. Même dix années plus tôt, elle avait toujours terminé piégée entre ses bras solides. Et si désormais les raisons se dévoilaient sous d’autres auspices plus suspicieux, il n’allait pas la laisser réchapper à la tradition. Il ne lui cria pas de s’arrêter, de l’attendre. Il savait bien qu’elle rejetait sa présence, son autorité en ces lieux et c’était bien ce qui nourrit l’exaltation de sa course.
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Hëylda Viggrinirr
Hëylda Viggrinirr

Pseudo : Tiphe
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Âge du personnage : vingt-neuf ans
Ascendance : sang-pur
Statut : bannie de son clan ⎢guérisseuse quand la populace ose braver les traditions
Particularités : Ancienne compagne du Jarl de son clan, elle fut considérée esclave avant d'être bannie par le nouveau dirigeant du clan, il y a quatre ans.
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(#) Dim 24 Nov - 22:22


Un léger sifflement se fit entendre, plus animal qu’humain, bientôt suivit d’un léger jappement. Allongé à même le sol, le canidé observait sa compagne s’affairer, grondant d’impatience quand elle semblait vouloir prendre son temps. « Calme Runi… » Finit-elle par glisser sous un claquement de langue réprobateur. La viking possédait ses propres raisons de patienter, raisonnement se présentant sous la forme d’un cadavre désormais en train de pourrir sous les dernières chaleurs du mois d’Haustmánuður. Ce n’était nullement le premier qu’elle laissait dans cet état, estimant que ce qui était autrefois homme ne méritait nulle sépulture, pas même un dernier regard. Fils de Braell voilà bien tout ce qu’il était, pensant pouvoir abuser de la jeune femme sans penser aux conséquences, sans même concevoir une seule seconde qu’elle fut loin d’être sans défenses. Même en cent ans, l’homme n’aurait put la capturer pour lui faire payer ses envies, et quand bien même aurait-il réussit à la coincer plus de quelques minutes, qu’une ombre bien plus agile se serait emparé de sa gorge pour la faire éclater sous sa mâchoire. Il avait été chanceux que ce soit l’acier tranchant qui rencontre sa gorge et que les crocs du loup s’attaquent à sa jambe pour mieux l’immobiliser, la belle savait son compagnon bien plus redoutable, et remerciait chaque nuit le ciel de lui avoir offert un cadeau de la sorte. Oui, sans doute comptait-elle sur la chance, ce soir de même, priant intérieurement envers l’inconnu pour que son escapade soit couronnée de succès et ne soit nullement dérangée par un quelconque néanmoins déplaisant événement. Attrapant finalement la dague coupable de ses méfaits et fidèle protectrice, elle se hâta de la glisser à sa cuisse, bien trop découverte à son goût, exécrable résultat de son dernier tête à tête avec le danger humain. Dommage, elle aimait bien cette robe. Il lui faudrait trouver le premier village pour tâcher d’en trouver une nouvelle… à chaparder ou à troquer. Quelle que soit la manière dont elle procèderait, ce ne serait nullement une tâche aisée. Pis encore, elle haïssait voler ce qu’elle ne pouvait s’offrir, détestait cette condition qui l’obligeait à commettre ce genre de méfaits… espérant parfois qu’on la surprenne la main dans le sac, et qu’on la soumette au troisième châtiment. Fugace pensée qui disparaissait aussi rapidement qu’elle n’était apparue : elle ne se laisserait pas ainsi mourir, pas de la sorte. Et quand bien même ! La bannie n’existait plus, comment tuer ce qui n’existe pas ? D’autres se seraient contentés d’aller crever ailleurs, elle persistait à survivre. Soupire. De toute manière… une robe avec le vetr qui arrivait ? Mieux valait songer à des vêtements plus confortables et plus chauds. Elle le nota mentalement, jurant de programmer une escapade vers la civilisation dans les jours à suivre. Pour l’heure… elle avait bien d’autres trolls à décimer, s’obligeant à accélérer ses mouvements, tressant sa chevelure à la va-vite, bien moins soucieuse de son apparence qu’autrefois. Que l’on ne s’y méprenne ! Son exil n’avait en rien entaché son souci d’hygiène, l’ancienne comtesse était juste consciente que plaire à autrui n’était désormais plus une nécessité absolue. Vérifiant finalement les flèches de son carquois, la viking se résolut à attraper son arme fétiche et amorcer quelques pas, sifflant son camarade pour lancer le début de la chasse.

Silencieuse, la fille de Viggrinirr avançait, l’oreille aux aguets, l’œil plus observateur que jamais. Il n’est pas aisé de chasser au crépuscule, si proche de la nuit, n’importe quel braconnier pourrait le confirmer, toutefois, elle avait préféré laisser passer un jour, voire deux, avant de s’autoriser à reprendre cette activité sous le ciel clair, soucieuse de tomber sur d’autres hommes qui ne seraient pas aussi faibles que le précédent et qui ne lui laisseraient pas sa chance. La nuit, tout était différent, les bruits n’étaient plus les mêmes, les repères… bien différents. Bandant déjà son arc, elle prépara une flèche pour l’éventuelle proie qu’elle pourrait entendre, ne visant nullement le gros gibier : que ferait-elle d’un gros cochon sauvage ? Celui-ci pourrirait avant même qu’elle ait eu le temps de finir de le dépecer. Lapins, écureuils… des proies prisées. Il lui faudrait d’ailleurs songer à vérifier ses collets, des fois que. Une pression du loup contre sa jambe lui indiqua de se tenir prête, tendant plus encore l’arc, suivant le bruit d’escapade avant de relâcher la flèche, touché. Sans se précipiter, elle se dirigea vers sa victime, un lapin à peine assez gros pour la nourrir elle… nulle frustration pourtant, alors qu’elle dégageait son trait, présentant le cadavre à son ténébreux compagnon. Il savait ce qu’il avait à faire. Celui-ci était pour lui, en récompense de sa bienveillance, et indiquait très clairement l’autorisation d’aller chasser de son côté pour se remplir la panse, sa féroce compagne pourrait continuer seule ce soir. Elle n’avait aucune intention de s’aventurer plus loin. Téméraire certes, mais surtout prudente. Vagabonder plus loin reviendrait à se perdre dans cette forêt qu’elle ne connaissait pas encore, et n’aurait peut-être pas le temps d’apprendre. Observant l’animal s’éloigner, Hëylda esquissa un léger sourire, reconnaissante envers l’animal de demeurer à ses côtés quand la liberté n’était qu’à un simple souffle de lui. Longtemps, elle avait crût qu’il était un envoyé de Fenrir, un de ses descendants peut-être, mais il n’était que Runi, le loup confident, le sien, le seul pouvant voir ses états d’âmes. Elle n’aurait pas supporté de le perdre. Pas lui. Et avec de la chance, ce ne serait pas le cas avant longtemps osait-elle espérer. L’heure pourtant, n’était pas à penser à ces songes peu optimistes, reprenant sa marche, plus prudente que jamais : sans le loup à ses côtés, elle se sentait vulnérable. Faible non, fragile tout de même. Il lui fallait maintenant retrouver ses pièges, une tâche peu aisée, toutefois, sa mémoire n’étant pas mauvaise, elle ne tarda pas à retrouver le premier, qui fut occupé et dont l’animal fut dévoré par un autre. Grimaçant, elle le remit en place avant de se redresser pour trouver les deux autres. N’eut-elle fait quelques mètres qu’un bruit attira son attention : ce n’était nullement le pas caractéristique d’un animal, bien trop lourd pour l’être. Mais ce n’était pas celui d’un troll non plus, trop léger. Un homme, un brigand peut-être, un danger potentiel dans tous les cas. Paranoïaque, elle fit l’effort d’être plus silencieuse encore, se glissant dans l’ombre, veillant à ne faire aucun bruit suspect, son arc ayant retrouvé sa place habituelle, Hëylda préférant avoir ses mains libres pour user de magie, l’une d’elle pourtant, prête à attraper sa meilleure amie, cette dague qui s’était montrée bien plus facile à manier qu’une toute autre arme. Un instant, elle eut meilleure vue sur la silhouette, glissant l’ombre d’un doute dans son regard. Celui d’après, elle se fit plus curieuse, cherchant à voir le visage du rôdeur, ce faisant, manifesta sa présence, marchant sur une brindille un peu trop sèche, présentant sa position à l’autre, n’ayant que le temps de se glisser derrière un tronc pour éviter la hache qui s’y figea. Elle avait eut le temps de percevoir le visage de son assaillant, et ce fut l’hésitation qui marqua son geste de répondre à l’agression. Une apparence du passé qu’elle avait reconnut, et qu’elle ne pensait sans doute plus jamais revoir. Une incertitude qui ne dura pas, préférant la fuite à l’affrontement, s’évadant déjà dans les bois, remerciant l’homme qu’elle avait castré précédemment d’avoir rendu sa robe bien plus utile en ce instant qu’elle ne le fut jamais. A l’instant même où elle entendit son propre prénom résonner, elle comprit qu’il l’avait lui aussi remise dans sa mémoire. Eut-elle put jurer intérieurement un mage qu’elle l’aurait fait, se contentant pourtant de courir entre les arbres, animée par le souvenir que jamais elle n’avait réussit à lui échapper par le passé. En cette nuit, elle ne pouvait se permettre qu’il la rattrape, cavalant à perdre haleine, bondissant par dessus les racines, ne tournant jamais le visage pour évaluer la distance entre eux, consciente qu’il était juste derrière elle. Autrefois, c’était un jeu, un défi avant de se laisser aller à la conquête du trophée. Aujourd’hui, une question de vie ou de mort, un besoin vital de s’échapper de son regard, de sa présence, de la possible survie de quelque chose qu’elle avait enfouie avec les autres fantômes de son passé. Et parce qu’il devait connaître les lieux comme sa poche, elle se devait de se montrer plus audacieuse encore, bifurquant violemment sur sa droite.
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Osbern Sæther
Osbern Sæther

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HËYLDA △ i shall chase you 'til the end of midgard Empty
(#) Jeu 28 Nov - 12:48


Osbern agissait toujours sous la pulsion. Son sang nordique, ses manières brutales et pour finir l’âme de l’ours qui sommeillait en lui depuis deux années avaient façonné cet homme spécial. Il avait vu Hëylda, elle l’avait fuie, il la rattrapait. La logique du viking briguait toujours la confrontation, le contact humain. Pourtant il aurait du se rendre compte de sa méprise. Elle ne s’échappait pas de son regard parce qu’elle ne souhaitait l’affronter après cette décennie de silence. Ce n’était pas la rancœur de son abandon soudain et irrespectueux qu’elle rejetait là mais bel et bien l’appréhension d’un rapport avec lui, d’une parole échangée, d’un regard trop inquisiteur. Le sorcier fendait les arbres dont les feuilles parsemaient déjà l’humus du bois, non sans l’agilité lourde du prédateur en chasse. Malheureusement pour elle, elle foulait son territoire, son refuge qui avait accueilli son veuvage. Il avait exploré maintes fois ces lieux à la recherche de quelque herbe ou gibier ou même dans l’errance du viking. A défaut d’être le navigateur qu’il avait toujours rêvé d’être, il se relevait être l’homme de glaise, celui qui trempait ses mains avant même de réfléchir si ça n’était pas dans le feu lui-même. Une brise joueuse s’était levée, comme si la nature prenait part à cette course. Elle fouettait douloureusement les joues barbues d’Osbern, lui arrachant presque un sourire goguenard. Chaque fois qu’il la rattrapait par la vitesse, elle le distançait par la vivacité d’une biche farouche. Il aurait pu donner le dernier coup de fouet, peut-être même s’accélérer avec un sort mais la difficulté n’était-elle pas bien plus alléchante ? Ses yeux clairs ne quittaient pas la silhouette blonde. Il dévorait chaque aperçu éphémère qu’il avait de sa personne. Grandie, certainement. Les femmes vikings étaient réputées pour être fortes et hautes mais les hommes les avaient toujours dominées. La mémoire d’Osbern le frappait peu à peu de ses bribes lorsqu’en effet, il l’avait dominée mais sous de différents arguments. Il l’avait chassée à plusieurs reprises, retrouvée entre les haies imprévisibles du labyrinthe, entrevue dans l’obscurité de Dürmstrang. Publiquement, il n’avait jamais manifesté sa possession parce que ça crevait les yeux, parce qu’elle lui avait appartenue et quand bien même elle aurait voulu s’échapper vers d’autres bras masculins, il ne l’aurait pas laissé faire. Elle avait respiré son souffle, succombé à ses mains avides. Fënyr, son jumeau dépossédé et jaloux qu’il n’ait ce que jamais il n’était en droit de clamer, avait proféré des menaces à son encontre et avait réussi à ce qu’il n’abandonne la jeune femme. Osbern n’avait jamais regretté ses agissements lunatiques, reflet de sa personnalité sauvage. Seulement il souhaitait ne jamais lui avoir donné la victoire. Il avait tant aspiré à poser des mains obscènes sur le corps de la sœur devant son regard enragé, lui faire pousser des soupirs d’allégresse qui jamais ne sortirait de sa bouche grâce à son frère. L’homme avait la rancune tenace et ses pensées devenaient tout aussi cruelles et impitoyables sitôt que le démon de la vengeance l’habitait. Désormais, bien des ressacs avaient léché le knörr et toute cette haine n’avait plus raison d’être. Le monde scandinave était trop pressé pour que le passé ne hante encore leurs âmes torturées. Une vérité qu’Osbern avait bien du mal à accepter après la mort tragique de Sighild.
La réalité frappa de plein fouet le sorcier quand soudain Hëylda avait décidé de donner un autre tournant à la poursuite. Sans crier gare, sans laisser l’ombre d’un indice, elle bifurqua à droite pour disparaitre sous de nouveaux abris verts. Le soleil baissait inévitablement derrière les montagnes du Noregr et s’il n’avait pas été à une centaine de mètres derrière elle, sans doute aurait-il manqué cet éclair d’audace. Son épaule heurta violemment le tronc d’un arbre dans son élan tandis qu’il prit la même direction que la fuyarde. Elle ne se retourna pas une unique fois, résista à l’envie de le voir. S’était-elle tant fermée à lui ? Et alors qu’il remarqua une légère maigreur qui avait atteint ses hanches autrefois délicieusement développées, un éclair d’illumination lui ouvrit les yeux. Osbern se souvint brutalement de l’annonce de son bannissement dans le Jutland lointain. La mort de son mari, un Jarl reconnu, avait porté atteinte à sa liberté. Les lois viking étaient dures et pourtant ancestrales. Personne ne saurait les remettre en cause, même pas un Althing important. Lui-même était attaché aux traditions des générations précédentes et toutefois le sentiment d’injustice qui l’avait étranglé d’incompréhension était encore palpable. Hëylda n’était pas une femme qui méritait un tel sort. Il y avait bien des âmes déchues, des lâches qui ne méritaient leur sang pur, leur puissance magique. Bien des criminels ou des Jarl qui avaient enfreint les lois pour leur égoïsme malsain… Il ne pouvait se résoudre à l’idée qu’elle se soit montré ainsi si indigne de sa condition, coupable d’un crime si terrible que la sentence du banni était tombée. Désormais, il n’était même plus en droit de lui courir après, de lui porter un quelconque intérêt. Osbern aurait du s’arrêter net, retourner sur ses pas. Mais une force invisible le galvanisa d’une nouvelle énergie et alors il prit une décision radicale pour écouter cette traque pourtant délectable. Là où elle put entendre son souffle court, elle n’entendit plus qu’une respiration forte et saccadée. Là où ses pas étaient maîtrisés et rapides, il n’y eut que le galop lourd et massive de l’ours. Un instant, il avait fermé les yeux et avait laissé la bête prendre possession de son enveloppe corporelle. Il gardait ses facultés intellectuelles, sa conscience d’homme mais son corps était désormais habité par l’ursidé. Ses griffes s’enfonçaient dans la terre pour mieux la repousser. Les coussinets de ses pattes écrasaient le sol pour mieux adhérer. Et sa vitesse n’en fut qu’accrue. Elle ne lui connaissait ce don et espérait que de voir ainsi une bête sauvage à ses trousses bousculeraient son assurance pour réduire juste assez son allure. La distance qui les séparait se réduisait irrémédiablement, résultant en des grognements ponctuels presque taquins de la part d’Osbern. Il retrouvait cet ascendant sur la jeune femme et c’était aussi bon qu’une chope d’hydromel avec une femme à demi-nue sur ses genoux.
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Hëylda Viggrinirr
Hëylda Viggrinirr

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HËYLDA △ i shall chase you 'til the end of midgard Empty
(#) Sam 30 Nov - 15:54


Plus que jamais, il lui fallait fuir, courir à perdre haleine, courir à en être déboussolée. Il était imminent de quitter cette parcelle de forêt pour une autre, de dévier sa trajectoire encore et toujours, de la rectifier pour éloigner l’assaillant de ce lieu où elle-même avait élu domicile en prévention du grand Vetr à venir. Elle n’aspirait qu’à s’échapper de son regard, de sa présence, avec la plus ignoble des lâchetés, celle pour laquelle elle ne pourrait plus se regarder en face dans le miroir des ruisseaux et des rivières… Il le fallait pourtant, sous peine de recueillir son regard suspicieux, son dégoût pour la bannie qu’elle se trouvait être désormais. Car il était bien loin le temps où les œillades échangées manifestaient de l’affection qu’ils se portaient, où les gestes prodigués à l’autre signifiaient mille mots. Cette période était révolue depuis longtemps, et s’était retrouvée imbriqué dans un coffre contenant tout souvenir de l’âme désertée, abandonnée par celle qui n’était plus. Hëylda ne voulait pas regretter ces moments, n’aspirait nullement à s’en remémorer la saveur, encore moins les instants de joie ou les regrets qui avaient accompagnés leurs fins. C’était à la fois un acte de mélancolie, de faiblesse et de torture qui ne lui permettrait nullement de se relever. Voilà pourquoi elle avait choisie la fuite, à défaut de l’affrontement, pourquoi elle n’aspirait pas à se retourner sur son assaillant tandis qu’elle cherchait l’accélération. Fuir, encore et toujours, et quitter le plus rapidement cette partie du Noregr sans même se retourner, quitte à affronter l’hiver sous sa forme la plus dangereuse. Un instant, elle put sentir le goût amer de la peur, étreignant son palpitant et glissant jusqu’à son estomac pour mieux le compresser, celui d’après, elle cherchait à reprendre courage, bifurquant de nouveau vers une autre direction. La brise qui s’était levée s’amusait à la gifler sans aucune douceur, à emmêler sa chevelure blonde de sorte à lui cacher la vue, suffisamment pour qu’elle soit obligée de décélérer brusquement lorsqu’une branche vint barrer sa route, se glissant avec vivacité en dessous, puis cherchant à reprendre rapidement son pas de course. Elle ne pouvait se permettre d’être attrapée, puisque de récompense, il n’y en aurait aucune. Le regard lubrique ne trouverait pas sa voie dans le regard de l’autre, pas plus que le sien. Les gestes ne seraient pas quémandeurs d’autres bien plus affectueux. Rien de ce qui avait put exister autrefois ne trouverait sa place ici, en cette journée prenant fin. La jeune fille qui lui avait appartenue une décennie plus tôt n’existait plus et la femme qui l’avait remplacée ne possédait nullement le droit de se mettre en travers de la route de l’homme. Une règle parmi tant d’autres qu’elle ne pouvait et ne voulait surtout pas transgresser. Hélas, son poursuivant ne désirait pas la laisser tranquille, continuant sur ce même rythme, clamant implicitement qu’elle se fatiguerait bien avant lui, ou qu’il l’attraperait quand le moment opportun serait choisi par ses soins. Ne l’avait-elle pas maintes et maintes fois vécue à l’époque où ils étaient encore tous deux de Dürmstrang, bravant fièrement les couloirs du labyrinthe ? Jamais elle n’avait put lui échapper, prisonnière de ses bras, de ses lèvres, de sa présence toute entière, lui offrant son être en récompense pour sa capture. Elle n’avait jamais gagné, quand bien même elle redoublait chaque fois d’efforts pour lui rendre la tâche plus ardue. En dix ans, le jeu n’avait pas changé, les règles non plus… à son grand désarroi.

Néanmoins, elle ne pouvait pas perdre, virant de trajectoire, se fiant à son ouïe pour lui indiquer où l’homme se trouvait par rapport à elle. La tentation de glisser un regard vers son visage ne parvint pas à la déconcentrer, observant avec concentration devant elle, tandis que le soleil laissait place au manteau de la nuit. Si elle parvenait à tenir jusqu’à ce qu’il fasse complètement noir, alors peut-être parviendrait-elle à s’échapper totalement, à se faufiler dans la plus sombre des obscurités où elle se sentait en sécurité. Là, à cet instant-ci, elle cesserait certainement de courir pour mieux se cacher, se tapir derrière un tronc. Alors sans doute se lasserait-il de la chercher, désertant l’endroit. C’est un plan comme un autre, sans aucune certitude de réussite, Hëylda toutefois, était certaine d’une chose : elle ne pourrait pas continuer à fuir de la sorte, elle finirait par s’épuiser et la tâche serait aisée. Oui, il lui fallait juste tenir quelques minutes de plus. S’armant d’une nouvelle dose de courage, la bannie accéléra de nouveau, glissant avec une nouvelle aisance à travers les arbres, ne s’inquiétant plus des fines branches venant cingler sa peau, repoussant d’une main sa chevelure s’entêtant à lui barrer le visage, comme pour la désavantager. Elle pouvait sentir l’adrénaline de cette course, l’enjeu important qui s’y cachait, ne se fiant qu’à ses propres sens pour s’en sortir. Pourtant, le pas derrière elle n’était plus semblable à celui qui la poursuivait précédemment, plus lourd, plus ancré dans la terre. Se pouvait-il qu’Osbern ait prit tant de poids que cela se manifeste ainsi ? Pis encore, le souffle, plus rauque, l’inquiéta d’avantage, se retourner pourtant ? Non, elle ne se laisserait pas avoir aussi facilement, préférant de nouveau bifurquer sur une petite motte de terre surélevée qu’elle avait repéré et qui s’étendait légèrement au dessus d’un léger cours d’eau. Comme elle l’avait prévu, elle s’en servit de tremplin pour sauter par dessus le cours d’eau, se réceptionnant sous une légère roulade lui permettant de voir par dessus son épaule, l’arrêtant brusquement. Ce n’était plus Osbern derrière elle, ce n’était pas même un homme qui s’en prenait à elle. Son ancien amant avait-il cessé de courir après elle depuis longtemps ? Avait-il repéré l’animal qui se dressait à présent à sa place depuis longtemps ? Ébranlée dans cette découverte, la jeune femme resta interdite un instant, avant que son regard ne se remplisse d’un effroi qu’elle avait rarement connue : contre un ours, elle était impuissante, et qu’importe sa fatigue, elle allait cette fois réellement courir pour sauver sa vie, si tant est qu’elle ait une importance. Se relevant rapidement, elle trébucha précipitamment avant de reprendre sa course, s’agitant légèrement pour reprendre son arc en main. Elle n’irait pas jusqu’à tuer l’imposante bête, mais la dissuader pouvait être une bonne façon de procéder, attrapant une flèche dans son carquois, en bon état malgré la réception de sa chute, petit plus magique que la belle avait ajouté en taillant ses traits. S’arrêtant un instant, elle visa assez rapidement pour que la flèche s’abatte vers l’une des pattes de son nouvel opposant. Avec un peu de chance, l’ours serait suffisamment surpris pour ne pas pousser plus loin sa poursuite, au pire des cas, elle le mettrait plus en colère. Quoi qu’il en soit, Hëylda ne prit pas le temps d’observer la réaction de l’animal, reprenant sa course, dans le cas où la seconde option serait la plus probable, le pas toutefois bien moins certain qu’au préalable, le terrain étant de même bien trop boueux pour qu’elle puisse avancer sans trébucher une nouvelle fois.
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Osbern Sæther
Osbern Sæther

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Âge du personnage : 31 ans
Ascendance : Sang pur
Statut : Constructeur de navires, il a repris le flambeau de son talentueux père Roald. Il officie parfois en herboriste puisqu'il habite dans un fjord.
Particularités : C'est un animagus ours brun depuis deux années seulement. Ce nouveau don concorde avec la mort de sa femme.
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(#) Dim 8 Déc - 18:12



Gagnait-elle du temps ? Sans même avoir échangé de rares paroles, les deux sorciers semblaient pourtant s’accorder sur bien des allusions silencieuses. Osbern savait qu’Hëylda ne se laisserait pas surprendre par la fatigue. Une telle course impromptue, effrénée et inlassable ne connaitrait qu’une fin que par la fatigue de l’autre. Ils avaient écarté de l’équation leur puissante magie, les connaissances particulières de la communauté viking et de leur environnement. Il n’y avait qu’un homme et une femme, des êtres autrefois liés qui pistaient de nouveau ce même chemin étroit et incertain. Il fut un temps la récompense avait été bien plus zélatrice, plus ardente. Désormais, Osbern la poursuivait sans ce but précis de l’avoir pour lui par la suite. Qu’obtiendrait-il d’elle ? Un rejet hargneux, une haine nouvelle qu’il ne s’était pas laissé le temps d’apercevoir lorsqu’il l’avait jadis délaissé par la lâcheté de la jeunesse ?  Elle n’allait certainement pas se contenter de ça, se laisser avoir comme le gibier piégé. Dégourdie et futée pour une femelle, elle avait prouvé maintes fois par le passé qu’elle regorgeait de ressources même lorsque la partie s’avouait perdue. Combien de fois avait-elle fait mordre la poussière à son double sous prétexte que celui-ci s’était laissé happer par le zèle du guerrier fougueux sans une once de perspicacité ? Il avait paré ses coups, intercepté ses sorts mais chaque fois, il avait fini le nez dans la fange et c’était un spectacle qui aujourd’hui redonnait encore le sourire à l’homme blond. Jusqu’ici, elle n’était parvenue à surmonter la bête que lui était, peut-être était-ce un présage évocateur de la créature qu’il était à même de devenir par la suite ? Quel félin des neiges finissait par vaincre l’ours brun ? La réponse était aucun et encore une fois, il s’apprêtait à le lui prouver. Tout autant qu’elle l’avait pris au dépourvu en changeant brutalement de trajectoire, il s’apprêtait à la prendre par surprise en se muant en animagus. Le soleil déclinant dans les cieux donnait des reflets roux à son pelage épais, déjà dru pour affronter l’hiver à venir. Les températures basses condensaient son souffle en une vapeur chaude et animalière. Les branches qui venaient griffer son visage de porcelaine craquaient sous la musculature de l’ursidé, les racines qu’elle franchissait avec agilité s’écrasaient sous ses lourdes pattes. Hëylda disparut l’ombre d’une seconde à son regard affuté tandis qu’elle s’élançait dans le vide pour traverser un cours d’eau. A son tour, il plongea les quatre pattes dans le vide, éclaboussant tout autour de lui quand il retrouva la terre ferme. Il capta alors ses yeux de biche juste assez pour se rendre compte de son désarroi. De toute évidence, la nouvelle de sa transformation n’avait pas outrepassé les frontières du Noregr. Seuls quelques chanceux de Skuli, des membres importants de la communauté sorcière, avaient eu ouïe dire de sa réussite après une décennie d’échec cuisant. Une lueur de crainte éclaira un instant ses prunelles avant qu’elle ne reprenne sa fuite. Ne pouvait-elle lire dans son regard brun, par-dessus son souffle agité, sur cette cicatrice vieille comme Odin qui barrait son visage à l’exactitude même de son enveloppe humaine ? L’ours tout autant que l’homme était à ses trousses pour les mêmes raisons. Et durant ce court instant d’incertitude, Osbern sut qu’il allait une fois de plus la vaincre.

Il la rattrapait. La bête haletante continuait de braver bois et humus pour pouvoir enfin atteindre la jeune femme. Il était suffisamment proche pour distinguer des détails dont il s’était rassasié des heures durant des années plus tôt. Les reflets dorés de sa chevelure, plus longue qu’avant, peut-être moins éclatante que sous les flambeaux de Dürmstrang. Le bannissement avait tout autant entaillé son âme de viking que son corps désirable. Il rongeait votre honneur, le noyait sous les flots de la honte. La faim creusait vos joues, affinait votre taille mais qu’était-ce en comparaison de cette humiliation qui pesait à tout jamais sur votre nom, votre dignité scandinave. Préférait-on encore mourir de la main d’un être inférieur plutôt que de subir un tel châtiment. Mais l’opprobre pouvait avoir eu raison du train de vie autrefois nanti d’Hëylda, il n’avait pas encore sali sa combativité de viking. Soudain, l’ours eut tout juste le réflexe de freiner des quatre fers alors qu’une flèche véloce s’abattit sur le sol devant lui. Oui, ce fut une vérité qui lui plut davantage. Elle ne baissait jamais les bras, gardait sa bravoure héritée de son éducation au sein de leur peuple. Ce fut presque de joie qu’il poussa un grognement féroce avant de galoper de plus belle. Archère émérite, elle aurait pu le blesser, planter cette flèche droit dans sa patte, stoppant ainsi toute compétition. Comme si la nature prenait le parti du bâtisseur, Hëylda s’aventura sur un terrain plus humide et glissant. Les pieds ou les bottes de l’homme s’enfonceraient dans la fange là où les pattes poilues s’en dépêtraient. Une fois de plus, la belle chancela sous l’instabilité du relief, la luminosité décroissante n’aidant pas sa vue d’humain. Puisqu’elle ne se retournait pas, elle ne put remarquer qu’une poignée de mètres la séparait de l’animal sauvage. Il n’avait aucune intention de la dévorer, de l’attaquer primitivement. Quoique le besoin urgent de la rattraper avait été plutôt impulsif et primaire. Enfin, Osbern prit les devants. Il sentit que l’occasion était propice et alors l’ursidé se hissa sur ses deux pattes arrière, dominant Heÿlda d’une ombre de plus de deux mètres. Il donna une impulsion puissante et enfin l’ours s’abattit lourdement sur la silhouette blonde devant lui. Au moment où ses griffes devaient se ficher dans les épaules d’albâtre, sa masse corpulente l’étouffer littéralement, Osbern choisit ce moment pour retrouver sa forme humaine. Ce furent ainsi des bras qui entourèrent violemment sa taille, des muscles raisonnables qui l’écrasèrent sur le sol. Pour ne toutefois pas la blesser sous son poids, il roula sur le côté non sans garder Hëylda prisonnière de ses bras, l’entrainant dans sa chute. Son visage en sueur affronta celui de la belle blonde, son souffle haletant s’écrasant sur ses joues rosies. Et comme Osbern était prudent et méfiant comme Loki, il dégaina sa hache de sa ceinture pour en faire luire les runes sur le bout de la lame sous la gorge appétissante de la fuyarde. Il put difficilement articuler : « Je dois encore te ligoter ? » Oh la belle allusion au souvenir où les poignets liées, elle avait été à sa merci avide de sensualité. Il prit néanmoins soin d’afficher une mine menaçante, lui laissant entendre qu’il était prêt à l’empoigner de force si elle souhaitait courir de nouveau.
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Hëylda Viggrinirr
Hëylda Viggrinirr

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Âge du personnage : vingt-neuf ans
Ascendance : sang-pur
Statut : bannie de son clan ⎢guérisseuse quand la populace ose braver les traditions
Particularités : Ancienne compagne du Jarl de son clan, elle fut considérée esclave avant d'être bannie par le nouveau dirigeant du clan, il y a quatre ans.
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(#) Dim 8 Déc - 21:27


Son cœur battait la chamade, partagé entre l’exaltation de la course et la remontée à la surface d’un souvenir censé être enfermé dans un coffre, présumé ne plus exister. Son souffle se faisait saccadé, signe flagrant qu’elle commençait à s’épuiser et qu’il lui faudrait tôt ou tard faire un arrêt pour permettre à son corps de tenir le choc. Pourtant, sous chacun de ses pas empressé, elle ne pouvait imaginer la confrontation directe, on ne peut plus consciente de la défaite qui s’en suivrait et lui coûterait. Prédit, cela a toujours été écrit : contre l’homme qui lui courait après, elle n’avait jamais eu la moindre ombre d’une chance, pas même en jouant de ruse. Sans doute même l’avait-elle comprit au premier regard, en cette nuit de Jól lorsqu’il s’était penché sur elle, posant un air déterminé sous ses paroles, ses lèvres venant s’assurer de la promesse qu’elle lui faisait pour le reste de la soirée. Son double même n’aurait pas eu l’audace de remporter la victoire. Pour la première fois de sa vie, Hëylda avait perdu un combat, pliant sous les caresses du jeune homme qu’il était alors, se soumettant à ses lèvres, à sa personne toute entière. Les premiers émois, la grâce des sentiments. Elle ne lui avait pas promit d’être sienne pour le reste de sa vie, pas même pour les prochaines nuits. Dès lors, les Nornes en avait décidé autrement, la confrontant bien trop souvent au fils Saether, glissant une certaine hardiesse dans leurs ébats, poussant le couple implicite dans un jeu manifeste de domination, l’évidence se trouvant sous la conviction que l’héritière Viggrinirr ne s’offrirait jamais à quelqu’un incapable de la soumettre… Et jusqu’à ce que l’histoire ne s’achève, jamais Osbern n’avait faillit à cette tâche, et pas une fois elle n’avait fait exprès de perdre. Cette pensée la poussait à avancer, sans jamais se retourner, elle ne pouvait pas le laisser la rattraper, car dès lors… Dès lors qu’adviendrait-il réellement d’elle ? Elle ne pouvait imaginer l’issue selon laquelle elle lui cèderait de nouveau corps et âme, leurs destins ne pouvant être liés de nouveau ensembles, lui étant marié, elle… se devant de ne plus se présenter à l’œil scandinave. Périr sous ses mains ? C’était une éventualité, toutefois, elle ne pouvait non plus laisser cela arriver : seul son double était à même de se séparer de la moitié de son âme définitivement. Il lui fallait survivre jusqu’à cet instant, jusqu’à ce qu’il la retrouve. Elle ne pouvait croiser son regard, par peur de succomber sous cette glace infaillible, par peur d’y voir le dégoût de sa condition. Non, elle ne supporterait pas cette accusation, préférant trouver un moyen de couper court à cette situation dans laquelle elle était plongée jusqu’au cou. Utiliser de magie serait inutile et lui demanderait un temps qu’elle ne possédait nullement, jouer d’armes… elle ne pouvait, ni ne voulait blesser l’homme qui la poursuivait, ne lui laissant d’autre choix que d’avancer, de trouver un coin d’ombre dans lequel elle se fondrait. Tenir jusqu’à l’astre solaire disparaisse totalement, prier pour que l’homme finisse par abandonner de lui-même. Une espérance vaine, elle ne connaissait que trop l’homme pour qui elle… Qu’importe quel mage l’avait entendu, elle lui en était reconnaissante, ne trouvant plus nulle trace du Scandinave derrière elle, remplacée par une autre épreuve dont elle se serait toutefois passée…

Si sa crainte était légère auparavant et pour une raison toute aussi éthérée, sa peur cette fois était on ne peut plus réelle, elle pouvait la sentir glisser le long de sa colonne vertébrale, sur sa langue, prenant un goût ferreux qu’elle détestait déjà. Avait elle un jour ressentie une telle angoisse ? Pas lorsque le nouveau Jarl avait prit place, manifestant de ses intentions, ni-même lorsqu’il avait décidé de la contraindre à l’esclavage, encore moins lorsqu’il avait prononcé la sentence du bannissement. Eut-elle même préféré la mort à cet infâme châtiment. Mais pas des pattes d’un animal aussi imposant que celui-ci, pas de sa fureur. Elle voulait vivre encore un peu, ou tout du moins survivre, avoir la chance de voir un autre Sumar. Et si elle n’avait eu la possibilité de prendre un peu de temps pour contrer son adversaire précédent, elle pouvait désormais se le permettre avec celui-ci, recueillant une réponse annonciatrice de la seconde possibilité qu’elle avait mentalement évoquée, grondement qui la fit frémir de tête aux pieds, l’incitant à presser autant que faire se peut son pas, à prévoir un nouvel assaut plus persuasif. Si la première flèche s’était voulue avertissement, la seconde ne serait pas aussi clémente, quand bien même elle ne désirait nullement tuer l’animal. Que ferait-elle d’une bête aussi énorme ? Certes, sa fourrure serait adéquate pour le vetr, mais sa viande… trop conséquente pour elle-seule. Glissant une première fois dans la boue, elle eut le temps de se rattraper pour ne pas tomber, cherchant aussitôt à rattraper le temps qu’elle perdait à trouver un chemin plus praticable. Elle pouvait entendre le souffle rauque de l’ours derrière elle, trop proche à son goût, accentuant cette angoisse ancrée dans son estomac. Pourquoi avait-elle renvoyé son compagnon qui aurait prit les devants pour la protéger, pour empêcher l’animal, voire même l’homme de la poursuivre ? Imbécile ! Y songer était futile désormais, et elle n’en eut plus le temps, alors qu’une ombre venait d’apparaître de part et d’autre d’elle, menaçante, laissant à supposer que sa dernière heure était bel et bien arrivée. Sans même se retourner, elle chercha la dernière accélération, sitôt attrapée par un poids plus lourd qu’elle, lui arrachant un cri à la fois de surprise et de désespoir se coupant net sous le choc de la rencontre avec le sol. Pendant une seconde, et sous le ralenti de la chute, elle attendit de voir la mort en face, son propre sang venir nourrir la Grande Mère. Rien ne vint pourtant, ni les crocs de la bête, ni le souffle rauque de cette dernière sur sa nuque. Rien de tout cela, si ce n’est le regard dans lequel elle ne voulait pas noyer ses yeux verts, incapable pourtant de se détacher de ce dernier, saisissant déjà l’horreur du geste. La surprise l’étreignant violemment, elle mit un temps à remettre ses idées en place, hoquetant de nouveau sous le choc tandis que la lame d’une hache venait caresser sa peau, l’obligeant à redresser légèrement la tête, fière, pourtant humiliée d’avoir été devancée de la sorte. Elle n’eut l’audace de se débattre, se remémorant que c’était un autre phénomène qu’elle était en train de fuir, guettant de l’oreille le souffle dangereux de l’animal… Mais rien, lui laissant à comprendre sa méprise, sa peur injustifiée. Furieuse contre elle-même, son regard s’humidifiant sous la colère sourde, se retenant de déglutir avec la lame rappelant intensément qu’elle était, et resterait la proie. « Je dois encore te ligoter ? » Eut-elle l’audace de sourire à l’évocation de se souvenir ô combien plaisant ? S’imaginait-il pouvoir l’attendrir avec des allusions du passé ? Elle n’était plus la jeune fille qui cessait de se battre sitôt qu’il gagnait la partie, lui ouvrant les portes de son âme. La bataille n’était pas finie, pas tant qu’elle ne serait pas saine et sauve, ailleurs que dans ses bras, bravant l’avertissement de la hache, affrontant la mine menaçante de son vis-à-vis, commençant à se débattre pour libérer un bras, prenant un élan insuffisant pour faire réellement mal, mais conséquent pour abattre son poing sur l’homme, créer un effet de surprise certainement pour mieux se servir de son corps afin de renverser la tendance. Elle aurait dû se servir de ce temps pour reprendre la fuite, toutefois, la jeune femme savait pertinemment qu’elle n’aurait pas le temps de faire trois pas qu’il la rattraperait de nouveau, préférant repousser le mâle de sorte à se glisser à califourchon sur lui, attrapant avec vivacité la dague se trouvant à sa cuisse pour mieux la glisser sous la gorge de celui qui était désormais son prisonnier. Pour un temps, elle le savait, il était bien plus fort qu’elle, et elle n’avait plus la même vigueur qu’autrefois… Elle utilisait seulement une méthode qui avait fait ses preuves à maintes fois : la ruse, le bluff. Avec énormément de chance, il ferait comme tous les autres : il tomberait dans le panneau. Et parce que c’était lui, parce qu’il ne serait pas une des victimes qu’elle avait délibérément laissé pourrir dans les bois, elle respecta la règle première du bannissement, le silence. Son regard troublé était bien suffisant pour exprimer toutes les émotions qui lui passaient à l’esprit, son cœur se consumant sous ces dernières, quand sa main se montrait ferme, ne tremblant pas une fois. Elle ne le laisserait pas gagner, pas cette fois, pas aussi facilement tout du moins. Elle en était plus que déterminée.
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Osbern Sæther
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(#) Dim 22 Déc - 17:30



Sa victoire était scellée. Au moment même où ses pattes redevenus mains avaient attrapé le corps mince de la jeune femme, son cœur s’était gonflé de soulagement et d’orgueil. Malgré la fatigue, Osbern contemplait avec fierté le visage vaincu de la belle. Sa hache demeurait tout aussi proche de sa jugulaire que ses yeux dévoraient le spectacle qui s’offrait à lui. Fut bien une décennie que son visage n’avait pas été aussi proche du sien. Bien des mois même qu’il n’avait pas approché celui d’une femme d’une telle façon. S’il s’en trouvait dépourvu, ses traits détendus ne l’exprimaient pas. Après la mort de sa femme, il était devenu encore plus silencieux sur les sentiments profonds en mesure de le déstabiliser. Le chagrin n’avait été perceptible dans son regard que lorsqu’il l’avait trouvée inerte sur ce rivage. Même lors de sa célébration funéraire, il était resté digne et impassible comme si plus rien ne l’atteignait. Il  ne cédait qu’à la colère, bien plus salvatrice, bien moins difficile à réprimer et à apaiser par la suite. Hëylda ne saurait dire combien il était agréablement surpris de la revoir après tant de temps, et même si elle avait eu le don de le déceler, il l’aurait nié jusqu’à sa mort. Il devinait bien ô combien elle détestait cette position de faiblesse. Combien elle détestait la défaite tout autant que l’humiliation qu’elle subissait à ce moment même. Bannie, elle n’avait aucun droit. Ni celui de se défendre, ni celui de répliquer. Elle ne pouvait qu’affronter ce regard incisif du viking, celui qui l’avait déshabillé lubriquement tout autant que spirituellement. Ses prunelles s’humidifièrent de rage sans jamais laisser couler la moindre larme. Jamais elle ne faiblissait du moins, jamais ne l’avouait. Osbern se mordilla l’intérieur de la joue, résistant à la pulsion prétentieuse d’en rajouter une couche. Peut-être même aurait-il préféré qu’elle ne se débatte, qu’elle ne lui flanque un coup dans les bijoux de famille avant de courir à nouveau. Il était éreinté mais ce retournement de situation aurait fini par le complaire. Le reflet argenté des runes sur sa peau d’albâtre lui donnait cette dimension irréelle, comme si finalement elle pouvait n’être qu’une apparition. Et bien sûr elle ne parlait pas. Elle ne répondait pas à ses provocations, pourtant terriblement tentantes. Autrefois saisissait-elle toutes les perches qu’il lui tendait pour se débattre de ses bras, de ses mots entreprenants, de son attitude déplacée. Une fois de plus, il brisait tous les codes pour sa personne, enfreignait des règles qui allaient bien au-delà du règlement académique de l’institut de Dürmstrang. Et une fois de plus aucune autorité n’était présente pour l’en punir. Le mutisme d’Hëylda attisait sa verve, pourtant pas toujours éloquente. Il se sentait d’âme taquine, quitte à la vexer, la rendre furieuse, il se sentait d’âme à la troubler. « Quoi tu te souviens pas de mon nom ? Pourtant tu… » N’eut-il pas le temps de terminer sa phrase que la jeune femme agit à sa plus grande surprise.

Osbern fut asséné un coup suffisamment déstabilisant pour le distraire. Il put tout juste se débattre une dizaine de secondes qu’elle venait de basculer pour se retrouver assise au-dessus de lui. En d’autres circonstances, il n’aurait pas objecté bien au contraire stimulé d’une telle rare situation de soumission. Pourtant quand son dos heurta vivement le sol, il releva des yeux furieux vers elle tandis qu’un grognement s’échappait de sa cage thoracique. Que pouvait-elle bien espérer là ? Si toutefois Hëylda souhaitait se battre, il était partant mais jamais il ne se laisserait assujettir de la sorte. Il s’apprêta à riposter mais lorsqu’il redressa la tête, sa gorge rencontra la lame froide d’une dague. Déglutissant difficilement, il finit par lâcher un rictus nerveux. Tout se reconstituait dans son cerveau. Les cadavres retrouvés inopinément sur ses terres sans aucune trace, la fuite de la jeune femme puisque sa présence même sur les lieux était interdite. « C’est toi... » Articula-t-il peu farouche qu’elle ne l’égorge. Avait-elle oublié combien il embrassait le danger ? Il approcha un peu plus son visage, enfonçant légèrement la lame dans sa peau. La douleur était infime à ce stade-là et il ne tenait pas non plus à se blesser pour le plaisir. Les yeux clairs d’Osbern sondaient ceux de la belle, s’abreuvant de toutes les émotions tourmentées qu’elle dégageait. Sans rompre ce contact qui aurait du être inexistant selon le code sorcier et viking, il poursuivit : « Tu caches mal tes traces. Tu sèmes des corps un peu partout sur mon territoire. C’est l’hiver, Midgard ne les absorbera pas si vite. » Il n’oubliait pas sa quête principale, celle qui l’avait amené sous ses bois. Maintenant qu’il avait découvert le fin mot de l’histoire, tout du moins ses prémices, il n’était pas mécontent d’avoir désobéi au Jarl. Puisqu’il ne pouvait décemment pas dénoncer Hëylda qui serait traquée jusqu’au bout du monde pour ses crimes, il allait devoir fomenter une quelconque histoire convaincante pour apaiser les frêles inquiétudes de son chef de clan. Osbern avait beau parler, piailler des heures durant, Hëylda demeurait déterminée. Pas une unique fois son geste ne s’était baissé, la pression sur sa gorge libérée. A défaut d’ouvrir la bouche, elle avait encore du répondant dans les actes. Mais il devenait las d’un tel monologue. « Bon on en vient au fait ? Me tuer avec un sort aurait été plus judicieux, il va te falloir une sacrée force pour me trancher la jugulaire. » Il s’était à peine redressé, les coudes au sol. En dépit de la faim et de sa silhouette amaigrie, elle conservait toujours des courbes bien placées. Son instinct masculin ne le priva pas de se rincer l’œil tout en prenant soin qu’elle le remarque. Avec un peu de chance elle s’en indignerait. Si elle surveillait ses mains pour qu’il ne commette aucun impair, elle ne pouvait prévoir le mouvement de ses jambes. Ainsi Osbern fit brutalement pression sur ses jambes pour basculer son bassin et renverser Hëylda de son trône trop ajusté. Il s’empara immédiatement de la dague qu’elle tenait avant qu’elle ne décide de s’en servir pour de bon. Il l’envoya valser au loin de toutes ses forces, là où elle ne pourrait la retrouver. L’arme des lâches, cette opinion demeurait et il ne voulait se résoudre à la voir forcée à une telle bassesse. « T’inquiète pas, je te ficherai une épée dans les mains quand tu seras décidée à me faire taire. En attendant… » Il était à genoux face à elle. Le crépuscule tombait de plus en plus et seule la lueur d’une lune lointaine parvenait encore à dessiner sa silhouette. Il attrapa violemment son poignet et commença à la trainer sur le chemin du retour. « Tu fais pitié, il doit me rester de l’élan grillé et de l’hydromel encore tiède. » Mais Osbern savait qu’il allait se heurter à un mur. Et quel mur insurmontable…
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Hëylda Viggrinirr
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(#) Lun 23 Déc - 18:07


A l’instant même où ses prunelles croisèrent celles de son ancien amant, Hëylda voulut les refermer, et croire en un cauchemar, un songe déplaisant qui cesserait sitôt qu’elle daignerait rouvrir les yeux. La réalité la renverrait dans cette grotte, celle-là même où elle avait élue domicile quelques semaines plus tôt, l’œil rivé sur le plafond rocheux, et il n’y aurait personne à ses côtés que le loup l’accompagnant depuis deux ans. Après quoi, elle réfléchirait à la raison ayant poussé son inconscient à rêver d’un homme ayant fait partie de sa vie des années plus tôt, et qui ne devait plus compter aujourd’hui. Hélas, le souffle sur sa peau ne se faisait que trop réel, ses mains sur son corps d’autant plus. Quant à l’acier caressant sa jugulaire… Elle ne pouvait non plus l’ignorer. Ce n’était pas un mauvais rêve, et celui-ci ne s’arrêterait pas, quand bien même elle clignerait des yeux cent fois. Cette situation semblait hors du temps, pis encore, elle ravivait les pires souvenirs qui soient, au moins autant que les meilleurs. Combien de temps cela faisait-il qu’elle n’avait plus sentie ses mains venir enserrer sa taille, que son souffle n’avait pas partagé le sien ? Longtemps, trop longtemps. Et même si la raison semblait différente aujourd’hui…par les mages dont elle ne pouvait plus prononcer les noms, comme son cœur s’enhardissait de le revoir ! Un heureux hasard qui s’évanouit bien trop vite, alors qu’elle comprenait bien trop vite l’erreur commise, cet oubli des traditions auxquelles l’homme portait pourtant un grand respect. C’était se damner plus encore que de le laisser continuer ainsi, braver plus encore cet interdit. Il n’y avait pourtant rien à faire pour l’empêcher de la regarder, de se tenir aussi proche. Pis encore, elle était sa prisonnière, et il n’y avait rien qu’elle ne puisse faire pour changer cette situation, encore moins maintenant qu’elle comprenait avoir été bernée. L’émoi se faisait perceptible, sa rage tout autant. Avait-elle jamais réussi un jour à lui cacher quelque chose ? Une fois encore, l’impasse se trouvait devant elle, l’obligeant à demeurer à cette place qu’elle haïssait, plus silencieuse que jamais, reléguant au fin fond de son esprit ce souvenir auquel il faisait allusion et dont elle ne désirait pas se remémorer les images, ni même les mots alors échangés. Autrefois ? Pour sûr elle aurait rétorqué, se serait plié sans l’ombre d’un doute à toutes les exigences de l’homme. Mais plus aujourd’hui. En cet instant, elle n’aspirait plus qu’à fuir, de nouveau, se glisser hors de portée de l’homme pour qui elle pouvait se damner une autre fois. Elle ne voulait plus le regarder, plus l’entendre, ne plus être dans ses bras, s’en échapper… Pour ce faire pourtant, il lui fallait trouver le courage de se défaire de lui, se défaire de ses bras… Alors quand il eut l’audace d’ouvrir de nouveau la bouche, elle n’y tint plus, il lui fallait faire cesser cette scène, l’empêcher de parler plus encore, de trahir tout ce en quoi il croyait.

Et pour cela, elle était prête à subir son courroux, son regard furieux…Dans une position rappelant bien d’autres souvenirs, à l’exception que cette nouvelle situation n’avait rien de lubrique, ses lèvres n’iraient pas chercher les siennes, demeurant obstinément closes, quand son regard se perdait de nouveau dans le sien, dissuasif. Elle savait d’ores et déjà qu’il ne lui laisserait pas cette chance trop longtemps, même avec une arme dissuasive à la gorge… Et quand il s’en aperçut enfin, elle ne put retenir un sourire, une mimique s’évanouissant bien rapidement, à l’instant même où elle comprit à quoi il faisait allusion. Pour autant, elle ne relâcha pas son attention, pas plus que sa pression, ne resserrant que ses propres jambes autour de lui, comme pour l’inciter à ne pas poursuivre plus loin dans son raisonnement. « Tu caches mal tes traces. Tu sèmes des corps un peu partout sur mon territoire. C’est l’hiver, Midgard ne les absorbera pas si vite. » L’espace d’un instant, son regard se durcit, ses lèvres toutefois, demeurèrent obstinément closes. Elle ne répondrait rien, pas plus qu’elle ne se défendrait : à quoi cela servirait-il de toute manière ? Au pire, que pourrait-il lui arriver ? Qu’il l’achève maintenant pour qu’elle ne commette pas d’autres méfaits ? Qu’il essaie. Elle ne le laisserait pas faire, il ne possédait pas ce droit d’éteindre définitivement son palpitant, quand bien même elle se trouvait sur son territoire. De nouveau, et parce qu’elle ne daignait pas lui répondre, il ouvrit de nouveau la bouche, s’attirant cette fois un éclat de surprise de sa part. Pensait-il réellement qu’elle pourrait le tuer ? Jamais, mais ce fut sa première erreur, tandis que, comme elle l’avait pressentie, elle ne tarda pas à se retrouver sur les fesses, basculée en arrière par celui qu’elle avait finalement sous-estimé. Mais ce ne fut pas là que se situa son incrédulité, tandis qu’elle se débattait pour garder son arme, légère et pratique, perdant cette nouvelle bataille, suivant du regard la course de cette dernière, bouche bée, incapable de rétorquer quoi que ce soit. Elle n’écoutait plus, incrédule, reportant bien vite son regard sur celui qu’elle ne connaissait que trop bien. Qu’était-il en train de faire ? Que lui voulait-il ? Ces questions, elle ne pouvait les lui poser, murée dans un silence qu’elle ne pouvait briser, pas avec lui. Pourtant, elle ne put retenir un hoquet de protestation lorsqu’il l’attrapa brusquement, la relevant sans le moindre mal, sans aucune délicatesse de même, commençant à l’attirer sur ses pas, entrainant dans une marche forcée. Non ! Elle ne pouvait pas le laisser faire ! Tout sauf ça ! Elle savait qu’elle n’avait pas le droit de lui infliger sa présence, pas à lui, ni même à un autre, commençant de nouveau à se débattre, quand bien même en vain. Ce n’était pas raisonnable ! La voilà qui traine des pieds, tire sur le bras qui la retient, rage intérieurement avant de finir par lancer son pied sur son tibia. « Par tous les… ! Vas-tu me lâcher Osbern !! » Et voilà comment on brise un silence, qu’une main se plaque sur les lèvres traîtresses, que le regard se teinte d’un désarroi perceptible.
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Osbern Sæther
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(#) Lun 23 Déc - 23:22



Osbern n’avait jamais été aussi bavard alors qu’il était encore sobre. D’ordinaire, il ne s’embarrassait pas avec la diplomatie. Hëylda n’avait peut-être même jamais profité d’un tel discours de sa part. Il fallait dire qu’ils n’étaient pas des plus philosophes ou des plus spirituels, autrefois au sein de l’institut de renommée magique. Et si chaque mot qu’il débitait l’agaçait de plus en plus, il savait également que la jolie blonde n’en serait plus que troublée. Tous deux de sang-pur, d’éducation typiquement viking, ayant reçu le même enseignement sorcier, ils connaissaient par cœur les us et coutumes qui avaient perpétré leur communauté. Le bannissement était l’un des pires châtiments que l’on puisse infliger à un de ses feux congénères. Condamnée à l’exil, tout contact avec autrui était proscrit. Tout échange, commerce, relation, affinité, tout ce qui définissait l’essence même de leur existence leur était retiré pour ne plus laisser qu’un corps dénutri et un honneur sali. Quant aux autres, bien évidemment, en face d’un banni, ils se devaient de se montrer aussi accueillant qu’un Ofügr. Cracher à leur pied était une démonstration de dégoût trop équivoque, les insulter marquait trop leur ancienne identité. L’indifférence était indispensable afin de rappeler, à chaque seconde, combien il ne méritait plus d’être des leurs. C’est ainsi qu’Osbern s’était toujours plié avec plaisir à ses règes qu’il considérait plutôt comme des traditions ancestrales. Il ne s’interrogeait pas sur le bien-fondé de la doctrine scandinave puisqu’elle était tout simplement ancrée dans sa personnalité. Tout autant qu’il n’avait pas réfléchi en s’adressant à Hëylda de la sorte. S’il comprenait son silence – et sa soumission obligatoire -, il avait agi bien trop spontanément. L’aurait-on évoquée sur le port de Vik Margygr, sur le marché de Skuli, lors d’un banquet en compagnie de son Jarl, il n’aurait pipé mot, protesté quant à sa punition illégitime. Mais sitôt que seuls les animaux des bois et les esprits séculaires prêtaient oreille, il n’écoutait que sa raison corruptible et son palpitant enflammé. Lui mettre le nez dans ses délits, reprendre ses droits dominateurs sur son corps, s’écarter de son étreinte indigne, voilà des armes acérées qui contribuaient à asseoir davantage son ascendant sur elle. Pour une fois, Osbern était certain d’obtenir le dernier mot et ce, dans tous les sens du terme. Bien des disputes adolescentes avaient été conclues par une gifle de la sauvageonne suivie de son départ théâtral. Ca, malgré l’impassibilité de l’homme, sa fierté n’avait jamais guérie et il s’était targué alors devant ses compères masculins de la manière dont il l’avait lâchement abandonnée. L’orgueil vous faisait dire bien des choses et maintenant aussi, elle provoquait chez Osbern cette propension à enfreindre les lois à l’abri des regards.

Mais Hëylda objectait en silence. Elle se débattait psychologiquement de son emprise, combattait comme l’adversaire digne qu’elle avait été autrefois. Aucune faille n’était décelable dans son regard, audible de ses lèvres pulpeuses. Osbern finit par se dégager pour se relever. Il ne rendait pas les armes, il changeait simplement de stratégie. Quand la mer est hostile, on contournait l’obstacle pour garder le cap. Quand une armée était postée là où elle n’était pas attendue, on changeait de flan pour attaquer. Les femmes, c’était le même combat. Avant que la fuyarde ne se coiffe à nouveau de sa tête de loup, il allait gagner du terrain. Autrement dit, se rapprocher de son foyer. Sans ménagement, il la fit bondir sur ses pieds avant de la tirer derrière lui comme le canasson qu’on essayait de dompter. Il ne pouvait la faire ouvrir la bouche, qu’importe, il allait lui remplir l’estomac. Il ne fallait être Vif-Höd pour ne pas déduire qu’elle était tiraillée par la faim tout autant que par la fatigue. Il parvenait à gagner quelques mètres même si Hëylda freinait des quatre fers. Elle refusait de lui adresser la parole, c’était évident qu’elle rejetterait sa proposition de l’accueillir chez lui. Accueillir était un bien grand mot puisqu’il ne lui donnait pas le choix, et qu’il ne faisait pas ça de gaieté de cœur. Aucune femme n’avait franchi le seuil de sa hutte depuis que Sighild était décédé. S’il s’était toutefois laissé aller au plaisir de la chair sans aucune conséquence, il avait préféré découcher. Osbern ignorait s’il trouverait la force de l’emmener à l’intérieur mais au pire, elle aurait toujours le loisir de retourner à sa grotte ou son camp de fortune sitôt qu’elle aurait graillé quelque chose. Plus il forçait sur sa prise, plus il sentait le vent du Wends se lever. C’était des scandinaves, ils n’allaient pas longtemps continuer ce petit jeu bien longtemps. Ce qu’il ne put prévoir ce fut le coup de pied efficace dans le tibia. Le visage du blond se déforma en une grimace de surprise tandis que sa voix tonitruante ébranla tout le fjord. « Par Loki tout-puissant, qu’Höd t’emporte mais es-tu folle ! » Dans le cas d'un gaillard comme Sæther, les plus petites blessures causaient les plus grandes douleurs. Il la foudroya du regard tandis qu’elle dissimulait cette bouche parjure. En d’autres circonstances, il l’aurait raillée d’avoir succombé mais la douleur lancinante à son tibia éradiquait toute envie de rire. Sa mâchoire se serra, signe irrévocable que la colère l’envahissait. Il s’approcha d’elle à grandes enjambes, la forçant à reculer jusqu’à ce que l’écorce d’un tronc ne rencontre son dos. Il plaqua sa grande main autour de sa gorge juste assez pour qu’elle ne plonge dans ses yeux clairs: « Tu l’auras voulue l’exilée. » Osbern s’abaissa, empoigna les deux jambes d’Hëylda avant de la faire violemment basculer par-dessus son épaule. En gros, son visage délicat se heurta à l’arrière-train rebondi de l’homme alors que ce dernier reprit sa marche, d’un pas nerveux. Il ignorait les coups qu’il recevait dans le dos ou même la boue qu’il éclaboussait sur le buste d’Hëylda. Fini les sérénades et les discours de scaldes, elle l’avait cherché.
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(#) Mar 24 Déc - 12:06


Le combat était rude, bien trop au goût de l’ancienne viking devenue aujourd’hui moins que rien, enfant sauvage, animal esseulé. Trop amoindrie, elle savait qu’elle n’aurait aucune chance contre le viking : il n’était pas comme ces autres qu’elle avait pu mettre à terre bien trop facilement et dont la peau avait cédé sous sa petite lame affutée. Le sang avait coulé par de nombreuses fois, sans qu’elle n’en éprouve aucune gêne, aucune honte. Pas de remords pour ceux qui n’en valent pas la peine. Mais lui ? Elle pouvait s’estimer heureuse si elle parvenait à lui infliger ne serait-ce qu’une petite excoriation, une infime douleur. Ils n’avaient jamais combattu ensembles face aux autres, mais pour sûr, son paternel, s’il les avait vus, aurait mentionné un manque de conviction, ou une maladresse certaine. A moins qu’il ne fasse preuve d’admiration pour l’homme blond qu’il aurait dès lors jugé comme plutôt bon guerrier. Mais il n’était pas là, il ne pouvait observer cette scène et hurler à sa fille comme se dépêtrer de cette situation, comment remporter cette manche et toutes les autres. Que pouvait-elle faire d’autre, si ce n’était de fuir, encore et toujours ? Pour qu’il ne la rattrape pas, qu’il ne pose plus jamais le regard sur elle, ni même les mains… Ainsi calée sur lui, contre lui, sa raison réfléchissait à toute allure, tandis que son instinct de combattante conservait un œil sur lui. Elle ne pouvait rien faire d’autre que d’entendre l’homme protester, déblatérer des paroles sonnantes de vérité. Brute, mais loin d’être un Vif-Höd, elle ne pouvait qu’espérer jouer de ruse, de le tromper le temps d’élaborer une autre stratégie. Avec chance, son compagnon rappliquerait, et il n’aurait qu’à montrer les crocs pour lui permettre de s’échapper. L’instant toutefois, ne lui permettait que de conserver la lame contre sa gorge, ne faiblissant jamais, sans même avoir l’idée de le blesser. Pas pour l’instant. Peut-être s’il entrevoyait une issue plus fatale pour elle, la lame se ferait bien moins tendre, le reléguerait au même titre que tous ceux qui l’avaient cru faible, inutile… Il pouvait le deviner, il ne la connaissait que trop bien, partageant bien plus que leurs souffles. Elle possédait un caractère qu’il n’était pas difficile d’entrevoir, patiente, néanmoins redoutable une fois le moment venue, ne cédant jamais à l’impulsion mais plaçant ses coups au moment opportun. L’heure n’était pas encore au combat, tâtant seulement le terrain, cherchant à asseoir une dominance sur l’autre qu’elle n’avait jamais possédé si ce n’était lors de moments bien plus chaleureux. Elle s’était hâtée de reprendre cette dernière, parce qu’il se plaisait à jouer avec des souvenirs qui se devaient de rester dans le passé, tentant de la troubler plus qu’elle ne l’était. Le vil, l’infâme, maudit viking ! C’était bien une idée des Nornes que de se moquer d’elle une fois de plus !

Elles ne cessèrent pas, encore une fois, révélant son insignifiance à l’ancienne comtesse, inspirant à leur guerrier l’idée de la mettre de nouveau à terre, de la dépouiller de l’une de ses armes. Elle en aurait hurlé de rage si elle avait pu, ne voyant finalement que son étrange destin changer de cap, lui infliger une autre punition, une autre souffrance. La bannie ne pouvait supporter cette main se renfermant sur son poignet, l’obligeant à avancer comme une prisonnière, un butin de raid. Trop de questions se bousculant dans son esprit, à savoir ce qui allait lui arriver, pourquoi il s’entêtait à faire comme si elle était là, quand elle ne pouvait être que l’invisible, celle qui n’existe plus, que l’on ne voit pas, mais dont on devine la présence tel un esprit rôdeur. Pis encore, comment pouvait-il lui adresser la parole, lui qui se faisait respectueux de leurs traditions. Qu’encourrait-il à briser ainsi de tels tabous ? La bannie qu’elle était ne pouvait le laisser faire, jurant sur les gestes qu’elle exécutait, tirant de toutes ses maigres forces sur le poignet qui n’était plus le sien. Eut-elle eu une hache sous la main, qu’elle aurait coupé l’os pour ne pas avancer plus, s’échapper de sa poigne et courir de nouveau à travers bois pour lui échapper. Quitter cette contrée lui paraissait la meilleure des solutions. Mais il tenait bon, resserrant plus encore sa prise, l’empêchant de s’échapper, d’y songer même, avançant de quelques pas, puis mètres avant qu’elle n’ait cette idée saugrenue. Elle pouvait bien tirer de toutes ses forces, se débattre comme une furie, ce fut un réflexe qui fit cesser toute avancée, ses propres paroles s’échappant de ses lèvres qui la choquèrent. Même la voix mélodieuse de son ancien amant ne fut pas assez à même de l’effrayer. Juron que l’on put entendre sur des lieues et qui atteindrait certainement l’oreille de l’animal ténébreux accompagnant Hëylda. Et jamais elle n’eut autant l’envie qu’il ne soit là que lorsque le grand blond se dirigea d’un pas menaçant vers elle, lui passant l’envie de rester sur place, voire de recommencer le coup qu’elle lui avait asséné. Pour la première fois de sa vie, elle avait peur de lui, de cette colère à laquelle elle n’avait jamais réellement eut à faire face, l’incitant à reculer, encore et encore, jusqu’à finir piégée contre un de ces traîtres d’arbres, se glissant sur la pointe des pieds comme s’il était possible de s’échapper par le haut, tournant son visage pour ne plus voir celui de son premier amant, détournant jusqu’au regard pour ne pas croiser le sien quand il voulait l’y obliger. Seul un glapissement franchit ses lèvres à la sourde menace, et plus encore lorsqu’il la jeta tel un vulgaire sac de farine sur son épaule. Trop, c’en était trop ! Une nouvelle fois, se débattit telle une diablesse, cherchant à basculer dans tous les sens possibles hors de cette étreinte, qu’importe qu’elle puisse se faire mal en tombant, c’était toujours mieux que de rester dans cette position inconfortable et ô combien gênante. Ses poings s’abattirent dans le dos de l’homme, jusqu’à son fessier… par tous les… toujours aussi ferme et parfait. Un hurlement intérieur grandit au fond de sa gorge, sans jamais glisser hors de sa bouche qu’elle ne voulait plus ouvrir de nouveau. Un arrêt de quelques secondes avant qu’elle ne se remette à marteler l’homme de ses poings et de ses pieds, sans la conviction qu’il la laisserait s’échapper, mais au moins, c’était pour la forme et pour lui montrer qu’elle ne s’avouait nullement vaincue, seulement plus entêtée qu’auparavant. L’espace d’un instant, elle fut tentée de siffler son loup, consciente toutefois que le carnage serait la dernière chose qu’elle ne se pardonnerait pas. Enfoncer une tête de flèche dans cette peau tendre ? Encore fallait-il qu’elle puisse les atteindre. Pourtant, et par épuisement principalement, elle finit par cesser toute défense, calant son coude de manière à tenir sa tête contre sa paume, ignorant la boue lui martelant le buste, observant le paysage, puisqu’il n’y avait visiblement rien d’autre qu’elle ne puisse faire, jetant de temps à autres un regard sur l’arrière-train de son geôlier, bénéficiant finalement de cette position. Quitte à être prisonnière, autant profiter de la vue. Pourtant, quand il commença à ralentir, elle laissa de nouveau sa tête pendre vers le bas, cherchant un bon angle de vue pour observer les nouveaux lieux, devinant une petite bâtisse ; à l’envers s’entend ; et dont elle se doutait, était la destination finale, son chez lui… Où elle ne voulait pas même entrer, ce n’était pas bon, et pis encore, elle ne voulait pas croiser le regard de sa femme, ne pas entendre les paroles qui seraient échangées, le sermon. L’inquiétude vint finalement gagner son visage, comme jamais. Elle ne pourrait supporter les événements à venir, elle le savait, choisissant finalement de refermer son visage, obligeant son palpitant à en faire de même.
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(#) Sam 28 Déc - 16:44



La main sur sa gorge, Osbern proférait les pires paroles qui puissent. Les mots étaient mal choisis, leur sens humiliant dépassait sa pensée. Mais comme toujours il s’était laissé emporter par la colère. Chaque minute qui s’égrenait dans ces bois sauvages illégalisait davantage leur rencontre, la rendant de plus en plus réelle aux yeux du monde. Il voulait l’entrainer chez lui, l’approcher de sa hutte qu’il avait bâti de ses mains avec l’aide de compagnons, du bord de rivière dont il connaissait les flux par cœur. Il osait espérer que l’approcher de sa demeure, de l’épicentre de son existence effacerait peu à peu la lourde marque qui ornait fatalement le visage d’Hëylda. Ce n’était qu’une illusion qu’il se créait volontairement et la jeune femme était là pour le lui rappeler. Elle refusait qu’il pose ses sales pattes sur elle, que son statut de viking émérite et de sorcier avec un nom ancestral n’envahisse son nom répudié. Plus que de la combattre elle, il était en train de rejeter des valeurs qu’il pensait acquises et primordiales pour le souvenir d’un passé allègre et insouciant. Même quand il l’insulta, elle ne rétorqua pas. Elle lui jetait simplement ce regard plein de ressentiment, d’appréhension alors qu’il aurait pu l’étouffer d’un tour de main. Peut-être aurait-il soulagé ses épaules, achevé son destin voué à l’errance et au chapardage. Elle ne tuait pas sans raison et s’il lui avait reproché ses meurtres perpétrés envers d’illustres inconnus, le blond savait au fond de lui-même que ces mécréants avaient dû avoir l’esprit aussi noir que la mort déshonorante que la belle leur avait infligée. Osbern l’embarqua par-dessus son épaule, avant de reprendre la route jusqu’à son foyer. Il ne pouvait évaluer la distance qu’ils avaient parcourue, se poursuivant l’un l’autre après des années de silence. La lune régnait à présent sur le ciel de brume et l’homme remerciait le ciel de le guider instinctivement. Il avait sillonné des centaines de fois ce fjord au pas d’homme ou à celui de l’animal, avait chassé les meilleurs gibiers, avait abattu les meilleurs arbres pour ses constructions navales. Il omettait volontairement de jeter un sort pour créer une source de lumière – il obscurcissait délibérément l’itinéraire aux yeux d’Hëylda. Elle avait beau apparaitre à ses yeux comme sa favorite de Dürmstrang, la reine de ses nuits adolescentes, il n’était pas dupe. Peut-être s’était-elle liée avec d’autres bannis. Qui savait si un clan ne rôdait pas autour d’eux, surveillant du coin de l’œil l’une des leurs ? Et si les cadavres retrouvés avaient été autrefois leurs acolytes ? Il avait du mal à croire qu’elle puisse survivre seule sur une terre inconnue et aussi hostile mais réservait bien cette interrogation pour plus tard. Si toutefois elle se décidait un jour à sortir de ce stupide mutisme.

Il ne ralentissait pas son allure malgré les tentatives désespérées d’Hëylda de lui faire perdre l’équilibre. Espérait-elle réellement se dérober de la sorte ? Le double de son poids, une trentaine de centimètres de plus et une obstination qui s’apparentait parfois à de la bêtise pure et dure. C’en était fini de sa liberté de mouvement jusqu’à ce qu’il ne le décide. Enfin, bien qu’elle ne puisse l’apercevoir, ses traits masculins reflétèrent sa vanité quand il ne sentit plus de coups s’abattre dans son dos. Il sentait une pression constante sur ses reins, signe qu’elle s’était calmée. Alors qu’il descendait agilement mais prudemment une petite butte, il ne put s’empêcher de dire à voix haute : « Ouais, ce bois a toujours hérité d’une jolie vue. » Toujours aussi suffisant, cet Osbern. Devant eux, se profilèrent alors la figure indistincte d’une bâtisse de bois. D’un geste des doigts, son propriétaire enflamma les torches qui encadraient l’entrée. Comme à chaque fois qu’il retrouvait son chez-lui, un élan de sérénité et d’amertume produisait un savant mélange dans son cœur froid. Il se sentait à la fois galvanisé, fier d’un aussi beau terrain, mais aussi mélancolique quand ses yeux se posaient sur les détails féminins –et souvent ingénieux – qu’avait apportés Sighild ça et là à leur nid. Il ne la conduisit pas à l’intérieur, il n’en trouvait pas la force. Après tout, il n’oubliait pas son bannissement, l’interdiction de franchir le seuil de telles propriétés sous peine d’être accusée d’effraction. Il n’était pas à ce point tortionnaire pour lui imposer cet opprobre. Se saisissant d’une torche, avec Hëylda toujours dans son dos, il jeta les flammes dans un tas de déchets boisés, restes inutiles de ses navires. Celles-ci s’enflammèrent aussitôt, offrant un feu de camp de fortune mais néanmoins chaud. Il finit par laisser tomber la jeune femme à quelques mètres, non sans poser une main profiteuse sur ses fesses pour la faire descendre. « Dernière chance pour te réchauffer et te sustenter. Je te courserais plus après. » Sous-entendu : si elle s’enfuyait de nouveau, ce serait pour de bon. Sans un regard pour elle, Osbern se retourna vers sa demeure. Il était devenu plus taciturne comme si la fatigue ou le poids des souvenirs avaient une emprise sur son humeur. Il s’apprêtait à entrer lorsqu’il stoppa un instant pour ajouter d’une voix lointaine : « Y’a personne ici, personne te remarquera. » Certainement n’avait-elle eu vent de la mort de sa femme, survenu après l’annonce de son exil. Il disparut dans son antre, seulement révélé par le bruit d’objets métalliques qui s’entrechoquaient et de tissus qui se frottaient. L’ampleur de ses actes montait peu à peu à la tête du sorcier, qui dut interrompre un instant ses gestes, pour se frotter le visage. Qu’avait-il fait ? Que faisait-il ? Chassant ses horribles questions, il s’empara de ce dont il avait besoin puis rejoignit Hëylda dehors. Elle n’était pas partie. Il lui lança une fourrure d’ourson qui atterrit à ses pieds. Elle était bien trop petite pour lui et de toute manière, il refusait une telle peau chez lui, par principe. « Prise à un couple de trolls que j’ai abattu, j’en veux pas. Fais attention, ils sont concentrés sur le versant nord de la montagne ces derniers temps. » Il s’assit ensuite à même le sol, en face d’elle. A croire que le feu était un obstacle rassurant entre la belle et lui. Entre la tentation et son éducation. « Braise un peu l’élan au feu avant de le manger, il sera meilleur. L’hydromel date mais il est encore buvable. » Il lui tendit une écuelle où trônait plusieurs morceaux de viande et déposa près d’elle une cruche à moitié pleine. Osbern n’attendit pas qu’elle n’ose et se servit lui-même, dévorant à pleine bouche la viande qu’il venait de faire griller. Qu'elle parle ou non, ça lui était égal. Il avait obtenu ce qu'il avait voulu et n'était même plus certain que des mots soient utiles.
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Hëylda Viggrinirr
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Statut : bannie de son clan ⎢guérisseuse quand la populace ose braver les traditions
Particularités : Ancienne compagne du Jarl de son clan, elle fut considérée esclave avant d'être bannie par le nouveau dirigeant du clan, il y a quatre ans.
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(#) Sam 28 Déc - 23:36


Elle avait finit par cesser de se débattre, élaborant peut-être un plan stratégique, une issue de secours à utiliser aussitôt que possible. Pourtant… Son corps reprenait goût à la chaleur humaine, calée contre ses épaules, prisonnière qui n’avait d’autre choix que d’attendre le bon moment. Sous son abdomen, elle pouvait sentir l’épaule large du viking, la ramenant à des souvenirs où ses propres mains caressaient ses dernières avec langueur, affamée de tout son être… Son large dos… Combien de fois l’avait-elle lacéré de ses ongles ? Quand à ce fessier… Il avait été sien pendant un long moment, s’enorgueillant de posséder le jeune homme sous toutes les coutures, d’être sienne au même titre qu’il lui appartenait, sans jamais avoir besoin de le clamer au monde entier. Les faits étaient là, sous l’œil curieux des créatures qui avaient observés leurs ébats à la fois tendres et passionnés. Pendant un instant, elle plongea dans la mélancolie, curieux moment où elle pouvait espérer dans l’irréalité la plus totale, que ce moment ne soit pas celui qui se déroulait actuellement, qu’elle n’était plus cette bannie sans réel but, mais bel et bien la compagne du jeune homme blond, et que si elle était prisonnière, c’était pour une toute autre fin… Hélas, la réalité la rattrapa rapidement, tandis que le geôlier reprenait la parole, suffisant au possible, mais ô combien semblable au souvenir d’Hëylda qui ne trouva d’autres manifestations qu’un coup de coude dans ses côtes, bourrade du passé, taquine, et irrécupérable, l’invitant à sourire et se mordre la lèvre pour sa stupidité passagère. Reprenant sa position initiale, elle finit par lâcher un soupire agacé, ennuyé de nouveau d’être à la merci de cet homme-ci en particulier, de ne pouvoir rien faire pour remédier à la situation, et d’ennui tout particulièrement, ballotée selon les pas de l’homme dont la carrure s’était élargie à mesure de la décennie passée. Le soleil couché, il était inutile de s’attarder plus que nécessaire sur les alentours, ne voyant finalement rien d’autre que ce que la lune daignait lui laisser entrevoir. Alors que faire d’autres lorsque l’on ne peut converser, ni observer ? Elle pouvait tenter de nouveau de se débattre, néanmoins épuisée, elle ne voyait pas l’intérêt de se fatiguer plus encore quand le géant finirait par avoir encore et toujours raison d’elle. Spéculer dans ce cas ? Oh ça elle pouvait le faire, s’inquiétant du destin d’Osbern… Elle savait qu’il avait reprit l’affaire familiale, son mari avait été jusqu’à lui commander un navire pour les raids, mais après ? Avait-il eu la chance de devenir père comme tant d’autres ? Oh comme elle espérait ne pas avoir à faire face à sa progéniture, craignant leurs regards tout autant que leur éventuelle présence là où il la menait. Voilà toutes ses craintes revenant en pleine face : son estomac se retournant sur lui-même, sa propre peau s’hérissant sous cette peur indéfinissable, craignant plus que jamais cet homme, ses idées, cette colère dont elle avait vu l’expression quelques instants plus tôt. Et si tout n’était que ruse, qu’il la menait vers un destin des plus funestes où la bannie achève brusquement sa route, ne voit plus la lumière du jour ? Funeste paranoïa.

Le ralentissement d’Osbern marqua la vue de leur destination, l’obligeant à plisser les yeux un instant, tandis que des torches venaient à s’enflammer soudainement. Elle se prit à observer les lieux, appréciant la vue, n’imaginant peut-être pas l’homme capable de créer un environnement aussi paisible, se renfrognant instantanément à l’idée que son épouse en était certainement bien plus responsable que lui, sentant la pointe de la jalousie taquiner son cœur qu’elle voulait croire mort. Finalement reposée au sol, après un temps qui lui parut interminable, elle ne put s’empêcher de repousser son ancien amant quant au geste qu’il venait d’esquisser, refusant catégoriquement qu’un homme la touche plus que nécessaire, refusant tout ce qui pouvait s’apparenter aux sous-entendus tacites. Elle en avait manifestement tué pour moins que ça. Instaurant plus de trois pas entre eux, son œil avisé marqua les lieux, cherchant l’endroit le plus adéquate pour se poser, bien consciente qu’il était inutile de chercher à s’enfuir, car même s’il ne tenait pas plus à la courser, elle voyait surtout ce fait simple mais inébranlable : seule dans la nuit, elle se perdrait assurément. Mieux valait finalement pour elle de demeurer sur place, de profiter de la chaleur à défaut d’autre chose, ne tenant pas, et par fierté principalement, à accepter quoi que ce soit d’autre. Demeurant dans sa position, elle observa l’homme à la chevelure d’une couleur des plus douteuses, ne pouvant échapper une mine surprise quant à ses dernières paroles, ne rétorquant rien, le laissant seulement disparaître dans son habitat. Personne ? Et qu’en était-il de sa femme ? Ne vivait-elle pas avec lui ? Ou était-ce une maison secondaire ? Trop de questions se bousculant, et dont elle ne put trouver de réponses dans les flammes du feu réchauffant petit à petit sa carcasse. Elle n’avait pas prévue d’être longue, n’ayant pas vu l’intérêt de prendre une cape chaude. Nouveau soupir alors que son carquois et son arc rencontrent le sol, seule arme qu’elle possède encore et qu’il ne lui a pas confisqué. Elle n’ose s’asseoir, prendre une aise qu’elle pourrait regretter par la suite. Sa méfiance seule parle, glisse le long de sa peau, telle une parure dont elle ne saurait se défaire, plus jamais. Tout cela était ridicule, incompréhensible, insaisissable. Comme il l’avait mentionné, elle n’avait pas été assez prudente, si elle avait fait attention, ils ne se seraient pas rencontrés, où elle aurait été la seule à l’apercevoir avec l’intention ferme de disparaitre par la suite. Cette erreur ne se reproduirait pas. Un bruissement devant elle attira son attention perdue, peau à ses pieds. Ce serait au moins ça de moins à trouver pour l’hiver, celles qu’elles possédaient n’ayant pas survécu à la saison passée. Néanmoins, nulle gratitude dans son regard, rien d’autre que l’incompréhension. Mais il continuait de parler, de l’appâter. Brièvement, son regard se posa sur l’assiette tendue et qui rencontra le sol, tandis qu’elle n’esquissait aucun geste pour l’attraper. De l’élan. Depuis combien de temps n’en avait-elle pas mangé ? Si elle saliva à l’idée d’en manger de nouveau, elle n’en montra rien, se forgeant une volonté de fer –ridicule- pour ne rien toucher. Elle ne tenait pas à retrouver ces saveurs qu’elle n’aurait plus l’occasion de revoir plus tard. Torture ultime. Elle avait apprit ces quatre dernières années à se contenter de ce que la Grande Mère daignait lui offrir, si maigre soit le gibier, voire rare. Elle n’était pas au bord de la famine. Du regard, elle repoussa l’écuelle, se concentrant de nouveau sur l’homme. Elle n’avait pas daigné s’asseoir, le dominant de sa longueur, dans une attitude à la fois agressive et défensive. « Pourquoi ? » laissa t’elle finalement échapper, essayant de ne pas transmettre dans son ton ce soupçon de méfiance. « Elle n’est pas assez voyante, ou tu as décidé d'être aveugle ? » Bien entendu, elle ne parlait que de cette marque défigurant son visage, traversant l’œil telle une cicatrice infâme… Mais ce n’était qu’un sort, un résidu vibrant de magie. Elle avait bien d’autres questions à poser, mais celle-ci lui paraissait des plus importantes, ne comprenant nullement comment un homme imbu de principes et de valeurs pouvait tout rejeter pour les mages seuls savaient quoi.
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Osbern Sæther
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Âge du personnage : 31 ans
Ascendance : Sang pur
Statut : Constructeur de navires, il a repris le flambeau de son talentueux père Roald. Il officie parfois en herboriste puisqu'il habite dans un fjord.
Particularités : C'est un animagus ours brun depuis deux années seulement. Ce nouveau don concorde avec la mort de sa femme.
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(#) Dim 29 Déc - 17:45



Pourquoi se montrait-il si consciencieux ? Pourquoi Osbern ne s’était pas contenté de son métier de constructeurs de navires, bâtissant des coques invincibles, résistantes aux tempêtes d’Odin et livrant des knörrs véloces, parés pour les expéditions les plus longues de l’histoire. Non il avait fallu qu’il soit dévoué à sa communauté, qu’il veuille résoudre cette affaire pour le bon-vouloir de son Jarl. C’était de belles fabulations de sa part, de croire qu’il aurait été remercié pour ça, que ça ferait de lui un meilleur viking. Lui qui n’avait été capable de veiller sur sa propre épouse s’était cru capable de protéger tout un village de meurtres irrésolus qui au final n’était que la vengeance légitime d’une femme bafouée. Tant de vérité avait un goût saumâtre dans la bouche de l’homme, alors qu’il retrouvait le confort de sa demeure rudimentaire. Il avait voulu en faire trop. Bâtir une superficie deux fois plus grande, la parer des meilleurs bois qu’on puisse trouver dans les montagnes du Noregr. Mais Sighild lui avait révélé qu’on ne devinait pas la grandeur d’un homme au prestige de son habitation. Le Jarl résidait, vivait et régnait dans une cahute architecturale et richement ornée des trésors et trophées que sa dynastie avait engendrés. On reconnaissait sa bâtisse entre mille, centrale et trois fois plus imposante. Dès son plus jeune âge, dès qu’il fut suffisamment mature pour comprendre les récompenses d’un tel statut, il avait brigué cette position. Cependant, jamais il ne serait capitaine de son propre knörr, chef et protecteur de son clan, tout juste maître de son propre destin. Sa femme, tandis qu’elle caressait ses cheveux autrefois bien plus clairs et entretenus qu’aujourd’hui, lui avait conté comment les plus grands héros déchus avaient perdu leur bataille parce qu’il n’écoutait tout simplement pas l’essence qui faisait d’eux des hommes et non de puissants sorciers ou de guerriers émérites. C’était lors de tels moments de doute qu’Osbern réalisait qu’il ne l’avait jamais vraiment écoutée. Elle n’avait pas eu de don de devineresse, elle ne prédisait pas l’avenir, ne pratiquait pas la magie des esprits et pourtant, elle avait correctement lu les augures funestes et paradoxales de son veuf de mari. Désormais, il était livré à lui-même et se devait maintenant d’affronter les choix litigieux qu’il venait de faire sous le coup de son instinct fougueux et incontrôlable. Hëylda ne le soutiendrait pas dans cette tâche puisqu’elle-même refusait l’aide qu’il lui avait apportée, les règles qu’il avait déjà enfreintes rien qu’en portant la main sur elle. Peut-être que la place de la femme dans leur civilisation avait été savamment pensée par les générations précédentes et les mages ancestraux eux-mêmes. Car à cet instant il ne pouvait nier que leur intuition inhérente à leur sexe n’était pas si discutable que ça.

En silence, il la pourvut en fourrure et nourriture. Si Hëylda accepta la première offrande, Osbern ne fut pas surpris qu’elle ne touche pas à son assiette. Même quand elle était vaincue, elle trouvait le moyen de résister encore à l’oppresseur. Le vetr raréfiait le gibier et il avait besoin de la viande qu’elle dédaignait sans quoi il lui aurait jeté à la figure. Il ne supportait plus un tel affront après tout ce qu’il avait fait pour elle. Il n’attendait aucun remerciement, aucune reconnaissance. Il n’était même pas certain de vouloir apercevoir l’ombre d’un sourire sur ses lèvres autrefois désirées. Mais comment pouvait-elle décemment rester plantée là, debout, le dominant à son tour. Il n’acceptait aucun regard condescendant, aucun jugement sur sa personne. Il était le seul et l’unique être en droit de se critiquer, de s’estimer sa propre valeur. Et si les yeux de la belle ne brillaient que d’incrédulité et de méfiance, il avait comme la sensation que les yeux du monde entier se posaient sur ses épaules accablées. Il continuait de manger, graissant ses doigts, délectant ses papilles de cet arôme ferreux. La viande avait perdu de sa tendreté mais c’était un détail insignifiant pour un glouton de cet acabit. Il engloutissait son hydromel, se considérant dorénavant seul. Qu’elle ne lui parle pas, qu’elle crève de faim ou de froid, elle en était la seule responsable. Il lui avait offert l’opportunité d’être à nouveau elle-même, de s’envelopper de nouveau de ces sensations d’une vie de scandinave, de se rassasier encore de la saveur réconfortante de ne plus être livrée à elle-même parmi les animaux et les criminels. Se rappelait-elle que si par hasard un consultant du Jarl pointait son nez et son protocole strict, Osbern subirait le même sort qu’elle ? Quand sa voix, dans laquelle toute trace de suavité ou d’exaltation avait disparu, brisa le silence, il rétorqua aussitôt sur un ton autoritaire : « Assis-toi. » Elle avait deux minutes pour s’exécuter sans quoi il l’obligerait de lui-même. Entre vikings on discutait entre hommes autour d’une table ou face l’un à l’autre afin que personne ne soit en position de faiblesse. Sinon ça n’était plus une conversation. Il ne répondit pas à sa question idiote. Il prit le temps de mettre tous ses restes au feu et de les regarder se consumer, les flammes se reflétant dans ses yeux clairs. Un rictus ironique se dessina finalement sur son visage alors qu’il lui accordait enfin sa considération. « Pourquoi il faut être borgne pour apprécier les visages marqués ? » Il évoquait subtilement la cicatrice que lui-même portait à son œil gauche, souvenir éternel de son premier passage dans le labyrinthe de Dürmstrang. Passée l’humiliation de sortir blessé de ces dédales, il arborait depuis fièrement cette cicatrice héroïque sans quoi une Oddi décédait tragiquement ce jour-là. « Personnellement, je trouve que ça te sied plutôt bien. » C’était plus fort que lui, il avait besoin de se moquer d’elle comme pour se prouver qu’il ne tenait pas tant que ça à cette femme déchue. Son insolence devait résonner comme le glas de la honte au cœur d’Hëylda mais réconfortait un peu le sien. La belle n’ayant toujours pas cédé à son ordre, Osbern finit par se relever. « Je suis pas Vif-Höd, Hëylda. Mais je te l’accorde, je n’aurais pas du agir ainsi. » Il aurait du la laisser s’enfuir, reprendre le cours de sa vie et ne plus jamais savoir ce qu’il en était du sulfureux souvenir de sa jeunesse. « Mais tu connais mon tempérament, j’aime suivre les règles comme les outrepasser. Je n’aurais pas pu te laisser dans ce fjord sans que tu saches que j’étais là. » Ses mots volontairement équivoques… A la fois flous et lourds de sens. Il suffit que son regard ne rejoigne le sien pour qu’elle comprenne. Avant ils n’avaient pas eu besoin de parler. Seuls leurs gestes avaient parlés pour eux et les rares murmures qui sortaient de sa bouche étaient pour affirmer combien il avait été fou de cette romance interdite. A présent, Osbern avait l’impression d’en avoir trop dit. Les mots lui étranglaient la gorge. Il s'était rapproché d'elle inconsciemment, sans pour autant franchir la limite de la décence. « Je vis seul, tu ne crains rien ce soir. » Sighild n’est plus. « Profite du feu, de l’élan et de repos... C'est tout ce que tu auras de moi maintenant. » Comme une dernière injure, il frôla du bout de l'index la marque sur son œil avant de lui tourner le dos. Il était convaincu qu’elle savait se débrouiller seule et puis qui avait besoin d’un viking ronchon et insupportable pour lui rappeler son exil ?
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Hëylda Viggrinirr
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(#) Dim 29 Déc - 19:30


Elle ne pouvait porter plus encore le regard sur lui, ne se sentait pas capable de lui adresser la parole… Et pourtant, le choix ne lui était nullement donné, prise au piège, et artistiquement qui plus est. Elle connaissait le fils Sæther sur le bout des doigts, quand bien même il ne lui avait pas été donné de nombreuses années pour l’apprendre… Néanmoins, l’intimité autrefois partagée avait été suffisante pour qu’elle comprenne tout ce qui faisait de lui un être intéressant à ses yeux, bien mieux que cela, si important. Il n’y avait pas besoin de mots pour comprendre la menace sous-jacente si elle ne demeurait en place : elle serait perdue dans cette contrée qu’elle ne connaissait nullement, épuisée, et partiellement désarmée… une proie facile. Et si elle venait à s’en sortir, les mages seuls savaient ce qu’il pourrait inventer pour lui faire payer son caprice. Elle le maudissait de la mettre dans cet embarras, de lui forcer la main quand elle ne demandait rien, quand elle avait tout fait pour lui échapper dans cette forêt. Elle avait cherché à le préserver de tout cela, il préférait plonger tête première dans cette pittoresque situation. Hëylda ne pouvait décemment pas le laisser continuer sur cette voie… Elle en était intimement convaincue, tout cela ne pouvait faire partie de son destin. Elle avait choisie ce chemin, forcée par un homme dont elle avait juré la mort, mais elle s’était délibérément sacrifiée pour le bien de sa communauté, de son clan. Aucune autre personne n’avait à l’accompagner dans ce triste sort, ni même faire un court chemin avec elle. Lui encore moins. Mais elle voulait comprendre, savoir pourquoi il avait bravé leurs règles, tout ce qui faisait l’essence même de leur peuple. Les sentiments autrefois partagés n’étaient plus, engloutis dans le puits du passé, aussi, ce n’était certainement pas ce qui l’avait motivé. Se moquer d’elle ? C’était une raison bien insuffisante, et quand bien même, elle ne saurait pour quelle raison, quel motif. Elle n’avait rien fait pour le contrarier par le passé, se contentant seulement de le laisser partir sans même chercher à le retenir. Elle ne s’était pas battue pour lui, il en aurait certainement fait autant. Inutile de remettre ça sur le tapis. Ses mots ne rencontrèrent qu’un ton autoritaire, un ordre qu’elle se refusait d’exécuter, résistance insolente, puis le silence. Oppressant. La bannie finit par tourner le dos, lassée de voir l’homme manger, éveiller un appétit qu’elle ne pouvait se résoudre à rassasier, préférant observer l’endroit, tâcher de se repérer, de pouvoir retrouver son chemin pour repartir une fois le moment voulu. Elle n’esquissa aucun geste, prit pour elle les nouveaux mots blessants, ferma plus encore ce visage qui ne pouvait rien exprimer. Moquerie donc. Intérieurement, elle souffrait, plus que jamais, comprenant enfin l’intérêt pour les bannis d’être invisibles, de ne plus exister. Mieux valait l’ignorance la plus totale que les blessures verbales… Les mots étaient pis que des lames, s’enfonçant dans son âme pour mieux l’achever. Bras croisés, elle ne put s’empêcher de serrer ses paumes sur le tissu, se protégeant du froid de l’ambiance… Même le feu ne saurait réchauffer sa carcasse. Elle ne prit pas cette peine de répondre, choisissant la voie de la facilité, le silence, l’inexistence. Elle n’était rien à ses yeux, autant demeurer cet être de chair dénué d’humanité. À nouveau, la voix masculine s’éleva, laissant des mots se perdre dans l’air, libérant enfin la réponse qu’elle attendait, la troublant finalement plus que jamais, faussant ses impressions, ses pensées. Tournant le visage, son regard vert croisa le bleu de ses yeux, trouvant une toute autre réponse à laquelle elle ne s’était attendue. Elle fut sans conteste la première à détourner le regard, refusant finalement d’en savoir plus, de replonger dans un souvenir du passé, une fois encore. Elle n’avait pas même la force d’esquisser un sourire, de le remercier pour ce qu’il était en train de faire. Idiot. Voilà ce qu’elle voulait lui glisser, ce qu’elle voulait lui marteler sur le torse. Mais elle demeura stoïque, incapable de quoi que ce soit, se mordant volontairement la langue pour ne rien laisser échapper, crispant plus encore ses doigts sur sa peau. Eut-elle même seulement le courage de le repousser lorsque sa peau toucha la sienne, dans ce geste trop intime pour qu’elle le laisse passer ? Elle ne supportait pas qu’on touche sa marque, ressentant la vibration magique se faufiler à travers sa peau, le rappel d’une condition qu’elle avait volontairement embrassé. Un sacrifice que nul n’était censé connaître. Elle n’eut qu’à attendre que les pas s’éloignent d’elle pour se défaire de cette position fière et cassante, laissant ses mains glisser le long de son visage. Elle était épuisée, lasse de cet exil qui n’en finissait pas, la fatigue commençant à se faire ressentir non pas physiquement, mais bel et bien moralement. L’arrivée trop brutale d’Osbern était un événement qu’elle n’était pas certaine de pouvoir supporter. Le mal était fait désormais.

⊱⊰

Assise au coin du feu, elle avait finit par se laisser tomber, n’attendant que l’absence de son hôte, ne touchant toujours pas son assiette toutefois, son estomac protestant contre son idiotie. La raison toutefois, demeurait méfiante : elle n’avait pas chassé l’animal, et ignorait d’où provenait la boisson… Sa paranoïa craignait le poison, le somnifère et autres potions subtiles pour la laisser inerte et sans défense. Quant à dormir ? Elle n’osait pas même y songer, luttant contre la fatigue comme jamais, occupant ses pensées par l’observation, ses mains par la création de flèches pour remplir plus encore son carquois. Elle avait finit par devenir habile, profitant du bois d’Osbern pour travailler, reconnaissant le bon bois, tirant finalement profit du savoir de son ancien amant. Elle y mêla une touche de magie, en silence, l’oreille aux aguets, surveillant à la fois tous les bruits qu’il était possible d’entendre depuis la bâtisse, au même titre que ceux dans la forêt avoisinante. Elle savait que d’ici peu, elle ne serait plus seule. Un seul autre être que son jumeau s’inquiétait réellement pour elle, au point de se mettre rapidement à sa recherche. Il ne fallut que quelques heures d’attente avant qu’un grondement sournois ne se fasse entendre, se dirigeant lentement vers elle. Ne l’avait-elle prédit ? Elle n’eut qu’à esquisser quelques gestes pour que l’animal la rejoigne, la truffe venant bientôt renifler la viande, la gueule chapardant un morceau, signe qu’il était possible de manger sans crainte. Pour l’hydromel… C’était bien autre chose, et la belle n’eut d’autre solution que de faire confiance à son ancien amant, savourant la gorgée. Elle finit par suivre les conseils d’Osbern, braisant la viande, pour enfin calmer son estomac. Se reposer à poing fermé ? Pas même en présence de l’animal elle n’oserait le faire, préférant veiller les premières lueurs de l’aube pour retourner se cacher dans sa tanière. Lueurs paresseuses, l’obligeant à s’occuper plus encore, sculptant à l’aide d’une autre dague dans du bois qu’elle pouvait trouver, jouant de formes, d’imagination… Ne se redressant qu’une fois le soleil s’éveillant. Il était temps de partir, délaissant ses sculptures dans les braises du feu mourant, ramassant la peau, ainsi que son arc, se parant pour déserter silencieusement les lieux. Ce fut un grondement plus sourd, plus agressif qui lui fit lever les yeux vers la source de ce raffut, le visage de son ancien amant lui parvenant en premier lieu, et contre lequel l’animal grondait, s’apprêtant à donner l’assaut. Un sifflement, un rappel à l’ordre, tandis que la bannie s’éloigne, le loup sur les talons. Le voilà, le secret de sa survie, ou tout du moins, une partie.

- fin du sujet -

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