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 what happens during Jól stays in Jól △ HEYLDA, la gueuse

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Osbern Sæther
Osbern Sæther

Pseudo : Dandan
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Âge du personnage : 31 ans
Ascendance : Sang pur
Statut : Constructeur de navires, il a repris le flambeau de son talentueux père Roald. Il officie parfois en herboriste puisqu'il habite dans un fjord.
Particularités : C'est un animagus ours brun depuis deux années seulement. Ce nouveau don concorde avec la mort de sa femme.
Points : 37

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LOCALISATION : Entre le Noregr et Skuli
JE COMPÉTITIONNE POUR : Skuli
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(#) Ven 3 Jan - 12:16



Öl healing my guilt.
sous titre


Participants • Hëylda Viggrinirr & Osbern Sæther.
PNJ ? Aucun, malheureusement.
Statut du sujet • Privé, on a déjà assez de deux pochtrons.
Date, mois, année • Mörsugur 1295, le lendemain de Jól.
Lieu • Au sein des ruines de Skuli.
Moment de la journée • L'aube, après un Jól mouvementé.
Météo • Le soleil se lève à peine, une brise froide traverse les ruines de Skuli.

Je ne souhaite pas que les Nornes interviennent dans ce sujet
photographie ©a room of my own
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Osbern Sæther
Osbern Sæther

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(#) Ven 3 Jan - 21:45



Quelle journée. Les mages ancestraux avaient-ils seulement vécu une journée aussi agitée que celle-ci ? Avaient-ils connu tant d’obstacles, d’attentats perpétrés à leur capitale sans aucun scrupule ? Depuis qu’il avait quitté les galeries souterraines ravagées par le feu, la fureur n’avait quitté les entrailles d’Osbern. Que faisait le Jarl, s’était-il seulement montré durant cet outrage ? Cherchait-il les coupables à cette heure-ci ? Les victimes n’avaient pas encore été toute recensées puisqu’on dénombrait des morts également à la Rose de Fer, sur le port même de Skuli. On s’était attaqués à l’entité de Dürmstrang, leur navire antique et guide des futures générations de sorciers. Un tel crime ne demeurerait impuni et déjà on murmurait le nom des sangs mêlés au sein de toute cette épouvante. Le bâtisseur de navires lui résistait du mieux qu’il pouvait aux conclusions hâtives mais il est vrai que seul un sang impur, une âme dérangée oserait s’en prendre aux symboles de la Scandinavie et ce durant une journée telle que Jól. De son côté, le pyromane avait salement pris pour ses camarades, les habitants ayant succombé à la vengeance pour son plus grand plaisir. Mais il n’était pas décidé à abandonner cette célébration pour quelques Braell aussi importants à son esprit que les trolls qu’il s’amusait à décimer dans les montagnes du Noregr. Tôt ou tard, on obtiendrait justice et c’était une tradition de leur société réglementée qu’il espérait bien voir respectée. Aussitôt qu’il fut libre de ses engagements, l’aigreur et l’épuisement avaient eu raison de sa sociabilité. Il refusait de partager sa öl avec une population au sein de laquelle se cachaient des traitres, des criminels qui avaient offert une occasion sanglante à ces putains de margygrs. Même lorsqu’il se saoulait, dansaient encore devant ses yeux les cabrioles macabres de leurs queues luisantes, leurs gémissements suraigües qui n’avaient rien d’humain. L’eau rougeâtre qui éclaboussait le rivage endommagé de la rivière. Les corps à moitié dévorés qu’il avait du extirper de l’eau malgré tout afin qu’ils obtiennent leur cérémonie funéraire comme tout bon viking qui avait péri tragiquement. Presque chacun de ses gestes qu’il avait voulu volontairement mécanique, dénué de toute émotion lui rappelait ce tournant dans sa vie. Là où l’âme de l’ours s’était éveillée alors qu’on lui enlevait son âme d’époux. Se métamorphoser. Voilà ce qu’il aurait du faire. Laisser l’ours réduire en charpie ces créatures machiavéliques, les duper par son épaisse fourrure et leur foutre une raclée une à une. Telles étaient les pensées impures et vindicatives qui habitaient l’esprit d’Osbern tandis qu’il se dirigeait titubant vers les falaises de Skuli, une amphore pleine d’öl à la main, sa choppe pleine dans l’autre. Pour couronner le tout, il faisait un froid glacial. L’air mordait sa peau, engourdissait sa main blessée. Il n’avait même pas pensé à revêtir sa fourrure en arrivant, persuadé de passer une soirée chaleureuse en bonne compagnie à l’intérieur de sa taverne favorite. Qu’importe, il était un viking, il vaincrait le froid comme d’autres avant lui. Il avait choisi les ruines parce qu’elles étaient suffisamment éloignées et surtout à l’air libre. Il n’aurait supporté de se voir une fois de plus confiner après l’étouffement des galeries souterraines. Le rendement de l’architecture souterraine venait d’atteindre ses limites et désormais c’était une situation qui faisait froid dans le dos. Lui était bien mieux au contact de la nature, là où rien ne pourrait le contrôler. Il s’était réfugié contre un pan de mur de pierre qui tenait encore debout après des ères d’érosion et de destruction. Peut-être même ce temple avait vu le passage du grand Thor dans sa conquête des territoires. Sa main marquée par le labeur, la peau noircie par la suie du bois brûlé passa lentement sur la pierre polie. Il était bien trop ivre pour remarquer le symbolisme de son geste, le contraste du déchu et du prospère. Non, son seul intérêt cette nuit se portait sur la öl qu’il avait piquée. Et il espérait bien qu’un mal de crâne ne martèle sa tête le lendemain.

Elle l’avait rejoint au cours de la nuit, quand la lune fut encore haute dans le ciel. Osbern ne savait comment avait-elle pu deviner sa destination et doutait bien qu’elle puisse l’avoir suivi depuis les derniers événements. Ils n’avaient échangé aucune parole. Ca n’était plus nécessaire. Puis le blond n’était même plus certain de vouloir entendre sa voix. Hëylda le faisait commettre bien des erreurs et encore aujourd’hui il avait risqué sa vie pour sauver la peau de son maudit loup. Une bête qu’il aurait bien laissé pourrir et occuper les margygrs. Publiquement, on avait pu apercevoir l’attention qui lui portait et si la marque d’infamie avait été dissimulé de son doux visage, lui ne l’oubliait pas. Tôt ou tard on apprendrait sa supercherie. Il s’était contenté de la servir, de partager sa bière. Encore et encore. Tout juste levait-il ses yeux bleus vers elle, lui préférant l’horizon marin. Ils n’avaient pas dormi du moins il ne se souvenait pas s’être assoupi. Ils s’étaient simplement tenu compagnie, respectant le mutisme imposé. Osbern ne s’autorisait qu’un faible sourire que lorsqu’il visait mal la choppe de la jeune femme, renversant ça et là quelques gouttes de la précieuse boisson de Jól. Et lorsque l’amphore fut vide, il la laissa choir à côté d’eux. Il ne la regardait pas du moins pas directement. Il détaillait de son regard inquisiteur chaque détail de sa silhouette excepté son visage. L'aube commençait à se lever, le noir d'encre de la nuit progressivement édulcorée d'une teinte rosâtre. Incapable de réfléchir, sa main finit par s’avancer vers elle. Son index frôla son tibia avant de glisser lentement jusqu’à sa cheville. Il ne l’affrontait pas, lui tournant presque le dos dans sa position assise. Il retourna sa main pour apprécier la fraicheur de sa peau quand il remarqua la morsure au creux de sa paume. Le sang avait coagulé, la chair de la plaie salie par ses affrontements. « Tôt ou tard je ferai appel à tes talents de guérisseuse. » Le message subliminal s’était glissé involontairement, le désir muet d’une rédemption, d’une guérison spirituelle au-delà de la blessure bénigne qu’il portait à la main. Sa main retomba inerte sur le sol, ses doigts s’enfonçant dans la terre humide. Pourquoi par Loki le péché était-il si tentant ?
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Hëylda Viggrinirr
Hëylda Viggrinirr

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Particularités : Ancienne compagne du Jarl de son clan, elle fut considérée esclave avant d'être bannie par le nouveau dirigeant du clan, il y a quatre ans.
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(#) Sam 4 Jan - 0:08


Elle était épuisée, vidée d’une bonne partie de ses forces. Avait-elle seulement vécue journée plus éprouvante en quatre ans d’exil ? Jamais. D’un revers de main, elle essuya son visage, le marquant d’un peu plus de cette suie. Le feu avait ravagé une bonne partie des souterrains, des habitations. Le responsable de ce carnage se trouvait quant à lui entre les mains de la population dont la soirée avait été gâchée. Justice serait faite comme il se doit. Les questions n’allaient plus tarder à gronder aux portes du Jarl de la ville : qui était responsable d’une telle infamie ? Comment seraient jugés les responsables ? Des questions dont elle n’aspirait nullement à connaître les réponses. Le monde des mortels ne la regardait plus. Sa justice ne la concernait plus. Elle n’était qu’une désœuvrée voguant entre deux mondes, marchant entre les vivants et les morts, sans pouvoir jamais parler ni à l’un ni à l’autre. La nuit n’avait pas tardée à le lui rappeler, alors qu’elle aidait les uns et les autres, ramenant tant bien que mal les corps loin des berges, approchant une blessée qui s’apprêtait à la remercier avant de se détourner brutalement. Elle n’avait pas eu besoin de plus, ses doigts se reportant machinalement sur sa joue, remontant jusqu’à son œil, n’allant pas même frémir sous cette vibration magique, cette honte qui ne pouvait guère demeurer cachée plus d’une heure. Sans doute avait-elle reparue bien plus tôt, alors qu’elle était en plein feu de l’action. C’était naturellement qu’elle s’était retournée, cherchant du regard quelque chose qui lui permettrait de s’échapper plus facilement des lieux. Elle ne donnait pas cher de sa peau si l’on venait à murmurer qu’une bannie se trouvait sur les lieux. Le raisonnement humain et la peur pouvaient bien la conduire à passer en enfer bien plus tôt que prévu. Son regard avait alors croisé un homme ayant sans aucun doute rejoint la table des Asgardiens, mais s’était attardé plus particulièrement sur sa cape. Le capuchon serait bien suffisant pour cacher son visage. Retour à l’anonymat, retour à la solitude. Pourtant, nul regret, cette soirée était finalement, la touche essentielle pour ne pas sombrer plus dans la folie, quand bien même elle n’était pas ce qu’elle avait put imaginer. Consciemment, ses pas l’avaient mené vers une bâtisse désertée, bien trop brûlée pour que quiconque vienne s’y aventurer à cette heure. Là, elle pouvait entendre le sifflement de son compagnon d’infortune. Il gisait là, allongé, la gueule entravée par un bout de tissu pour l’empêcher de mordre quiconque s’approcherait de lui. Pis encore, elle avait été, pour la première fois de sa vie, obligée de l’attachée à une corde pour qu’il ne s’enfuie pas et ne sème plus encore la panique. « Pardon mon ami… » Ne put elle que murmurer, ses doigts détachant la corde de la poutre, mais sans jamais libérer l’animal. Il était temps de quitter cet endroit, de prendre l’air. Avec prudence, elle se mit à arpenter les souterrains, sa main chapardant un pain ainsi qu’un gobelet encore remplie d’öl. Ce n’était pas parce qu’elle partait qu’elle devait garder le ventre vide.

Pourtant… Ses pas ne la menèrent pas jusqu’au portail runique, guidés par l’animal qui semblait avoir d’autres projets en tête, la menant au dehors. Elle ne tarda pas à reconnaître les ruines, éclairées seulement de quelques torches. Il y avait bien longtemps qu’elle ne les avait contemplées, déglutissant difficilement avant d’effacer ses souvenirs d’une gorgée de bière. Elle s’avança pourtant, tirant doucement sur la laisse improvisée pour faire ralentir l’animal, se figeant un instant sous la silhouette qu’elle ne tarda pas à reconnaître. Elle avait eu le temps de l’apprendre par l’observation, puisque ce n’était par le toucher. Silencieuse comme jamais, et ne trouvant d’évidence plus la force de parler, elle vint s’asseoir à ses côtés, laissant l’animal vagabonder de son côté, sans jamais lui ôter la corde ou le tissu, quand bien même il ne s’était pas permit de gronder à l’encontre du géant blond. De toute évidence, l’animal s’était habitué à sa présence, allant jusqu’à la tolérer. Elle but, une fois, deux fois… puis elle cessa de compter, grappillant un peu de pain de temps à autre, laissant l’homme se servir de même, sans que jamais ils ne s’adressent une seule fois la parole. Ce n’était plus nécessaire, le silence était bien assez éloquent. Pas un regard non plus, ses yeux verts tournés obstinément vers l’horizon, n’attendant plus que le lever du jour, où que l’épuisement ait raison d’elle. Bien qu’il ne fût pas conseillé de dormir en cette nuit, elle n’avait plus rien à perdre, ni même à craindre venant des dieux, des mages, des nornes. Sa main venait caresser le poil de l’animal couché à ses côtés, lui ne respectant nullement les traditions vikings, assoupi contre sa maitresse, bercé par la caresse de ses doigts. Enfin l’aube se pointa, sans que la bannie ne daigne y prêter une réelle attention, l’esprit embrumé, à moitié conscient. Ses lèvres glissèrent de nouveau sur sa chope, laissant le liquide glisser le long de sa gorge, interrompant pourtant tout geste, manquant même de sursauter lorsqu’elle sentit la peau de son ancien amant glisser sur la sienne. Il  y avait bien longtemps qu’elle n’avait laissé personne la toucher de la sorte, et pour cause. Pourtant, elle ne broncha pas, empêchant seulement par l’intermédiaire de l’alcool les souvenirs d’affluer, lui rappeler la saveur de souvenirs hantant particulièrement cette nuit précise. Puis des mots, prenant le temps de parvenir jusqu’à son oreille, sa conscience. Reposant son gobelet, elle se pencha elle aussi en avant, désertant l’animal, glissant ses propres doigts sous les siens, rapprochant sa silhouette par la même occasion. Bien que sous l’emprise de l’alcool, sa conscience professionnelle observait la morsure laissée par l’animal ici présent. « Je ne peux pas faire grand chose ici… L’essentiel se trouve chez… chez moi… Mais je peux au moins faire ça. » Oh comme elle pouvait buter sur les mots, consciente de ne plus avoir de chez elle, de dépendre d’une tanière désertée certainement pas un ours. Néanmoins, ne s’y attarda pas, tournant la paume vers la sienne, concentrant son attention, nettoyant par la magie cette blessure dont elle était responsable, déchirant un nouveau pan de sa robe – de toute évidence, elle serait définitivement irrécupérable – pour bander la blessure un tant soit peu propre. Non, elle n’avait relevé le message caché, par peur certainement d’y comprendre ce qu’elle ne voulait pas appréhender. Elle ne releva pas même le visage sur le sien lorsqu’elle le relâcha, marquant une nouvelle hésitation, un silence, puis un murmure. « Merci… » Merci d’avoir sauvé son compagnon, d’avoir prit soin d’elle implicitement jusqu’à présent, de ne pas l’avoir encore tuée, de ne pas l’ignorer comme il aurait dût le faire. Merci de se souvenir d’elle.
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Osbern Sæther
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(#) Mar 7 Jan - 21:44



Jól avait toujours été particulier dans la relation qui avait lié Hëylda et Osbern. Des années auparavant alors qu’ils expérimentaient les méandres et les interdits de l’adolescence, c’était lors d’une nuit de Jól que le blond avait défié la possessivité fraternelle, amorcé l’aube d’une inimitié mutuelle qui ne trouvait son point final que dans la mort d’un des deux protagonistes. Et tout ça rien que pour les yeux de la belle, rien que pour se voir offrir le premier baiser qu’elle avait refusé à tant d’autres malheureux. Il avait réussi là où les badauds avaient échoué et il s’était plu à croire que dès lors il était devenu un viking exceptionnel, celui qui obtiendrait ses faveurs exclusives à la manière d’offrandes divines. Aujourd’hui cette vanité avait disparu. Il ne gardait dans ces souvenirs que l’insouciance de la jeunesse et la stupidité de croire qu’ils pouvaient échapper longtemps à la fatalité de l’avenir. Parce que c’était par la faute de ces images délicieuses, de ce sentiment d’immunité qu’il se complaisait dans l’illégalité ce soir-là et durant d’autres occasions depuis qu’il l’avait pourchassé à travers son fjord du Noregr. La öl n’était guère salvatrice. Elle embrouillait ses pensées, étouffait ses valeurs et détruisait ses certitudes. Il trainait là dans les ruines d’une ancienne existence, à alimenter une ancienne complicité qui avait été étouffée dans l’œuf. Le bannissement balayait toute trace de liens, de sentiments et de respect. Et lui, comme un sang-mêlé qui aspirait encore à voguer à travers les flots glacés en direction de l’institut de Dürmstrang, il s’épuisait à déterrer les reliques de la féminité d’Hëylda. Elle ne semblait pas s’en défendre cette fois-ci, elle aussi bien trop éreintée par les précédents événements, trop avinée pour chercher à le repousser. Cependant il ne doutait pas que le lendemain, la féline surgirait de nouveau, rejetant tout ce qui viendrait de lui, le mâle écrasant de fierté viking. Mais elle avait fait tomber tous ses remparts cette nuit, même le sac à puces à ses côtés avait décidé de baisser les armes et de se laisser tomber dans les bras de Morphée. Tant mieux, Osbern n’aurait jamais pu esquisser un geste à son égard, lui adresser la moindre parole sans que l’œil sauvage et primitif du loup ne soit posé sur sa carcasse appétissante. N’allez pas croire qu’il profitait de son calme, de l’ivresse de la blonde pour abuser d’elle, la forcer à redevenir la femme conquérante et puissante qu’il avait connue. Si toutefois il souhaitait d’abuser une femme, il y avait pleins de jolis feux follets en chaleur prête à se glisser sur les genoux du moindre sorcier vorace. Après une telle panique à Skuli, certaines d’entre elles serait en quête de réconfort et d’une compagnie protectrice pour la nuit. Non il ne s’agissait pas d’une simple question de luxure ici. Quand bien même ses gestes pouvaient porter à confusion. C’était avec elle qu’il voulait contempler cette aube, attendre que le soleil ne se lève pour que finalement ils ne reprennent chacun leur route. Sitôt que Skuli s’éveillerait, il devenait risqué de se faire surprendre en compagnie d’une bannie ou même d’une étrangère – les soupçons étaient fondés avec cette attaque surprise.

Hëylda n’avait réagi à cette caresse furtive, à peine réelle. Lui-même n’était pas certain qu’il ait eu le culot d’agir de la sorte. Il avait préféré babiller des stupidités, faisant référence à la morsure du canidé. Il ne ressentait pas vraiment la douleur lancinante pourtant persistante tant que la plaie ne serait désinfectée. Pourtant elle retrouva bien vite ses vieilles habitudes, elle qui pansait les plaies et guérissait les maladies quand elle avait encore le droit d’exercer. Elle saisit sa main tandis que des sorts informulés nettoyaient en profondeur la terre et les parasites qui salissaient sa chair. Une brûlure brève qui lui arracha une faible grimace. En d’autres circonstances, Osbern serait demeuré impassible, comme le viking invincible que rien n’atteignait. Mais il ne pouvait se cacher d’elle en cette matinée rosée, ils étaient l’un comme l’autre soumis au seul jugement de l’autre. Quand sa robe fut une nouvelle fois lacérée pour les biens d’un pansement, les yeux insistants de l’homme ne quittèrent pas sa jambe dévoilée. Plus fine, peut-être moins musclée mais dont la peau paraissait toujours aussi laiteuse et douce. Sa main resta en suspens alors qu’elle avait déjà fini de la bander. Elle ne le regardait pas tout comme il ne levait pas sa tête vers elle. La femme oubliée et l’homme qui aurait voulu s’oublier. Voilà bien une paire ridicule. Son remerciement murmurée ne trouva grâce que dans un rire jaune qui s’échappa de sa gorge enrouée. « Je crois que les ennuis viennent seulement de commencer. » La révolte dans les souterrains, l’assaut des margygrs, les flammes, les rumeurs et pour finir ses entrevues clandestines avec Hëylda. Non certainement que tout ne faisait que débuter et dès que les Nornes avaient décidé de s’amuser, en général, elles gravaient les mémoires. Tout comme la sienne demeurait torturée. C’était étrange le nombre de questions qui affluaient sans qu’il n’ait envie de les poser. Elles n’ancreraient que la dure réalité et c’était bien la dernière des choses qu’il voulait affronter ce soir. Osbern avait juste envie de ressentir cette proximité, braver l’interdit une fois de plus comme il l’avait toujours fait. Sans crier gare, il s’agita soudain. En moins de temps qu’il ne fallut pour qu’elle n’ait le temps de reculer, il lui faisait face. Ses deux mains posées sur le sol de chaque côté d’elle comme pour l’empêcher de s’enfuir. Il avait cependant pris garde de ne faire aucun geste malheureux envers le loupiot qui ronflait toujours, bienheureux de trouver un peu de repos. Leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, dans son regard dansait une lueur de défi, presque de colère. « Qu’est-ce que tu fous ici ? » Lâcha-t-il, prenant soin que son souffle ne s’écrase sur son visage. Elle voulait se sentir vivante, se sentir elle parmi les siens ? Osbern voulait détenir ce pouvoir pour pouvoir le lui retirer sitôt qu’il le désirait. Il ne serait que l’unique à lui rappeler ce qu’elle était comme ce qu’elle n’était plus. Il n’avait pu croire que si près d’elle, de nouvelles envies se développaient, des illusions qu’il pensait résolues. Il l’incitait à le fuir à nouveau, à s’échapper de cette nouvelle emprise. Parce qu’il savait que cette fois Hëylda ne se montrerait pas si radicale. Ses doigts caressèrent sa peau là où le morceau de robe avait été déchiré. Un frôlement qui provoqua le plus voluptueux des frissons  le long de son échine. Il n’était plus passif. Si près d’elle, il se ressentait vivant et audacieux sans qu'aucune raison ne vienne le contredire. Brutalement, il attrapa ses genoux pour la tirer un peu contre lui. Et prendre l'ascendant physique sur sa personne. « Tu ne devrais pas être là. » Là à attiser son désir ivre.
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Hëylda Viggrinirr
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(#) Mer 8 Jan - 19:52


La bannie préfère ne pas se replonger dans les souvenirs, néanmoins, l’esprit humain est complexe, et se fiche de comprendre la notion du bien et du mal dans de telles circonstances. La mémoire est fonctionnelle, elle se joue de son hôte. La belle se souvient de tout, l’alcool l’aide encore plus à capter ces détails dont elle se passerait. Jól est un instant particulier, un moment précis dans une histoire précise. Un instant qui marque le tout début d’une rencontre, d’un émoi. Sous le vague de ses yeux verts, elle se remémore l’amusement provoqué par son cerbère de frère, sa façon ferme d’empêcher quiconque approcher sa moitié. Ils n’ont pas été si nombreux que ça, pourtant, sous son regard pétillant, elle n’a put s’empêcher d’être flattée. Et puis il est arrivé, moins idiot que les autres, pas plus conscient lui semble t’il pourtant, interrompant son geste, l’obligeant à tourner son regard sur lui. Elle n’a pas mit longtemps à le reconnaître, l’esprit bien moins embrumé par la öl, se remémore sans peine le trouble qui a accompagné chacun de ses mots, puis de ses lèvres sur les siennes. Là, en cet instant lui revient la saveur de ce souvenir, le goût de la viande grillée mêlée à l’alcool, le musc de son parfum. Un baiser, et c’est tout son être qui a été secoué, car c’est bien plus qu’un simple frôlement de lèvres, c’est une promesse, un mensonge sans conséquences pour le jumeau, et le papillonnement au creux du ventre. Sous une nouvelle gorgée de boisson, elle se remémore cette première fois, pas peu fière d’être passée du statut d’enfant à celui de femme, sans peur, juste cette appréhension de ne pas satisfaire son partenaire. Une seule nuit, sans autre promesse que celle énoncée plus tôt. Elle n’a pas le souvenir de lui avoir promit de le revoir. C’est le destin qui les a placé sur cette même route. Là où elle ne l’attendait pas, il l’attendait, les menant dans une histoire cachée du regard des autres. Pourquoi cachée ? Aujourd’hui encore elle l’ignore, et peut-être ne tient-elle pas à le savoir. On pourrait présumer que c’est à cause de son frère. Pourtant, cela n’a plus d’importance, elle rejette tout en masse, s’interdit de se poser des questions, de comprendre le sens de son passé, de son présent, et n’ose pas même entrevoir le futur.  Elle est juste cette chose qui porte un verre à ses lèvres, en boit le contenue et observe le ciel sans trop oser s’y aventurer. Une demi-vie. C’est tout ce qu’il lui reste, une enveloppe de chair qui ne devrait plus avoir de nom, une bestiole qui survit grâce à une étrange volonté. Un reste de femme qui n’ose pas même regarder son premier amour dans les yeux, s’enivre pour oublier qu’elle n’existe plus, ou qu’elle a existé. Fantôme. Elle ne dit pas un mot non plus, le silence est tellement éloquent parfois. Sous l’effet de l’alcool, elle se remémore qui elle a été, ce qu’elle a fait, retrouve les saveurs d’antan. Mais demain, ils le savent tous deux, elle ne sera plus qu’instinct, celui qui fuit, se méfie, attaque, mord et tue. Dérive jusqu’à oublier. Elle ne se donne pas plus de deux ans avant de sombrer, alors elle prie le ciel, l’inconnu de l’achever le plus rapidement possible, ou de la sauver. Tout aurait put être terminé cette nuit, et pourtant, on s’acharne encore à la sortir du pétrin. Elle en est reconnaissante, grâce à son sauveur, elle verra une nouvelle aube, pas plus tard que dans quelques heures. Elle n’est pas encore prête à tout abandonner. Pas même, étrangement, l’homme qui boit avec elle.

Et puis l’espace d’un instant, elle a retrouvé ce qu’elle était, ce qu’elle sait faire, repousse l’assaut de l’alcool pour mieux prendre soin de celui qui provoque tout ce qu’elle ne veut pas ressentir. Il est le passé, et elle ne veut plus en entendre parler. Alors que fait-elle là, assise à ses côtés, sa main dans la sienne, attirant le mal hors de lui ? Elle ne sait pas trop, il est un repère, le sien. Il est le responsable de sa présence, s’il ne l’avait pas coursé à travers son fjord, elle ne serait pas là. Sans doute serait-elle un peu plus loin, à l’observer dans l’ombre. Elle ne veut pas le reconnaître, il y a toujours quelque chose là, caché au fond de son organe battant dont elle refuse les battements. Ce petit quelque chose qu’il a réveillé à force de venir la déranger, de s’imposer dans sa routine. Elle le sait, il est un danger pour elle, mais elle ne peut s’empêcher de l’observer l’entourer de son piège, fascinée par les efforts qu’il fournit à tenter de lui arracher quelques mots, un regard, un sourire. Et malgré cela, elle sait aussi, s’en persuade tout du moins, qu’elle ne tombera pas dans le dit piège. Avant même qu’il ait fini, elle sera partie, désertera cette antre où elle a élu domicile le temps du vetr. Sitôt que les beaux jours reviendront, elle repartira vers le nord, vers l’est, quelque part, loin de lui. Après tout, il n’était pas prévu qu’elle se retrouve face à lui… Et encore moins sous lui. Elle ne l’a pas vu arriver, son attention nettement diminuée par la boisson. Prisonnière, elle n’a aucun moyen de réellement s’échapper, osant enfin braver le regard de l’homme qui la retient captive. Elle ne comprend pas. Il est trop proche, comme autrefois. Elle devine la colère dans son regard, se sent plus que jamais faible, détourne ses yeux verts. Entend la question, et ne trouve pourtant rien d’autre à répondre qu’un « Je ne sais pas. » Mensonge. Intérieurement, elle sait ce qu’elle fait là, à Skuli. La bannie cherche à ne pas finir folle tout de suite, à ne pas voir le désir de mort trop rapidement. Elle a besoin de sentir qu’elle est toujours vivante, sentir la chaleur humaine, entendre les rires, les chansons. Elle a besoin de tout ça pour comprendre que la vie a un sens. En revanche, elle ignore pourquoi le loup l’a conduite ici, si proche de cet homme dont elle a put soupirer le nom bien trop de fois, et pas assez. La jeune femme ne trouve pas de réponse à cette partie-ci de la question. Puis un frisson la traverse, alors qu’elle peut sentir une nouvelle caresse, lui inflige une douce torture. Hëylda ferme les yeux, se remémore les premières qui ont existé, si semblables. Elle n’a pas le temps d’y penser plus, qu’elle se sent attirée plus en avant, dominée comme jamais. Si elle entend les mots, elle ne rétorque rien, envahie par cette peur qui s’empare de son être. Autrefois, ce geste ne l’aurait nullement dérangé, mais dans cette nouvelle vie, l’idée d’être à la merci de quelqu’un lui est insupportable, l’effraie. Sa propre réaction ne se fait pas plus attendre, alors qu’elle entoure la taille de l’homme avec ses jambes, profite sûrement des effets de l’alcool sur ce dernier pour inverser la situation, de manière à se retrouver à califourchon sur lui, à l’identique de leurs dernières retrouvailles, à l’exception qu’elle n’est pas aussi agressive, qu’aucune lame ne vient caresser sa gorge. Il lui faut juste tendre l’oreille et n’entendre aucun grondement pour comprendre qu’elle n’est pas en danger. Le temps n’a pas duré plus de quelques secondes, mais il a été suffisant pour que la nouvelle position n’étire plus encore la déchirure de sa robe, sans qu’elle n’y prête plus d’attention. Lentement, elle se penche sur son prisonnier, ses courbes rejoignant les siennes, aguicheuses, jusqu’à se coller  à lui. « Tu ne devrais pas faire ça. » se permet elle de lui glisser en retour, comme pour lui faire comprendre de ne plus jamais chercher à la dominer de la sorte, pas sans consentement, pas par surprise. Et voilà qu’elle se penche plus encore, langoureuse, dans le but unique de tendre le bras pour récupérer son gobelet qu’elle n’a pas encore terminé. Féminité retrouvée, elle se redresse, sans jamais quitter son trône, avalant une gorgée de la boisson qui lui fait perdre peu à peu de ses principes, son autre main se permettant seulement de prendre appui sur son torse. Et puis c’est là, elle le sent, le désir qu’elle n’a pas ressenti depuis longtemps, celui du passé.
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Osbern Sæther
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(#) Mar 14 Jan - 18:05



Elle pensait ne pas savoir. Hëylda refusait de croire ce qui les liait, ce qu’il représentait encore malgré elle. Osbern était persuadé que son attitude si différente envers lui avait ses raisons et pourtant il n’avait aucune idée de la réalité et de l’ancienneté de celles-ci. Il perçait son mensonge sans en trouver la vérité tue. L’alcool exacerbait ses sens, ses maigres réflexions. La caresse avait été déstabilisante, indiscrète sans être insistante. Elle était le seul moyen de l’atteindre réellement, de capter et recevoir ses émotions puisque la dame ne daignait pas donner la moindre chose à ces vikings. Ces vikings qui l’avaient bannie de leur quotidien, souillé de honte son sang pur, éradiqué son nom de l’histoire. Elle n’assisterait plus à aucun thing, ne connaitrait jamais les décisions essentielles de leur futur. Elle ne pouvait que s’en remettre aux Nornes, prier pour que celles-ci ne soient pas trop cruelles dans leurs choix. Il comprenait qu’elle puisse se montrer aussi farouche mais le blond s’était toujours voulu particulier. Il rejetait son rejet, embrassait sa fuite qui jamais ne finissait fuite. Il n’était pas les autres et s’attelait à lui prouver régulièrement de par quelques apparitions furtives auprès d’elle dans son fjord dans lequel il l’avait laissé survivre. Il aurait pu la mettre dehors, la faire reculer jusqu’aux montagnes bien moins accueillantes que le bois où elle créchait pour l’instant. Mais il n’en faisait rien. Si elle n’acceptait pas son aide, il se gardait le droit de revendiquer sa présence indésirable. Et cette main sur sa peau, il l’assumait également. Elle avait été sienne et demeurait sous son bon-vouloir. Un cri, une alerte et elle serait poussée du haut des falaises pour avoir mis les pieds à Skuli. Elle porterait le chapeau pour ce scandale et serait pendue haut et court. Elle se pensait au fond du puits mais l’homme en face d’elle était encore le seul moyen d’exister. Osbern l’attira alors contre lui, sous lui, pour remettre la hiérarchie en place. Dieu qu’il se sentait bien au-dessus d’elle, comme Odin dominant ses conquêtes, Thor ses montagnes. Cependant, la faiblesse frappait Hëylda chaque heure de toute journée et une fois de plus, elle se sentit obligé d’inverser les positions. L’homme ne se débattit pas tant que ça, n’usa pas de toute sa force pour contrer sa défense. Elle put même déceler sur ce visage éreinté l’ombre d’un sourire satisfait, dénicher dans ses yeux vitreux mais éveillés l’avantage visuel qui lui est offert. Malgré sa sous-nutrition, son corps demeurait celui d’une femme viking. Elancé mais plantureux. Gracile mais avec des courbes bien placées qui attisaient n’importe quel scandinave ici bas. Il ne devrait pas, certainement toutefois il se contenta de relever un regard narquois jusqu’à ses prunelles. Devrait-on parler de règles dans une telle situation sulfureuse ?

Quand elle se redressa, Osbern résista à l’envie de poser ses mains sur elle. Du moins tout de suite. Il demeurait convaincu qu’il lui rendait là un service, que tout ça n’était pas par pur égoïsme. Parce que ses plans avaient fonctionné. Voilà que la demoiselle se révélait plus sensuelle que jamais. A nouveau chacun de ses gestes étaient empreints de cet aura licencieux. Non, tout ça n’était que pur altruisme, il en était certain. Ses yeux voguaient à sa guise tandis qu’elle se penchait contre lui pour saisir sa choppe. Ressentait-elle encore le besoin de s’enivrer avec les parjures qu’elle commettait déjà ? « C’est parce que tu as besoin de moi, Hëylda. » Lui faire croire qu’elle seule était dans le besoin, c’était encore la plus douce des illusions dans laquelle il se berçait. Sans lui laisser le temps de comprendre, il se rassit tout en la laissant sur ses jambes. Il entoura fermement la taille de son bras pour ne pas qu’elle risque de tomber puis positionna l’autre sous elle, tout près de son fessier pour la maintenir contre lui. Avec difficulté, il parvint néanmoins à se relever titubant. Il puisait ce reste d’énergie dans l’alcool et dans le désir qu’elle avait pris plaisir à raviver involontairement. Mais il ne comptait pas la porter jusqu’au firmament puisqu’il se retourna pour la plaquer contre un mur de pierre qui tenait encore debout. C’était presque le seul parmi ce tas de ruines. Même si elles ne trouvaient plus utilité, les ruines subsistaient, faisaient appel à la mémoire et finalement se perpétuaient des siècles durant. Elles se faisaient oublier du monde pour mieux y exister. Hëylda était cette bâtisse détruite mais Osbern, dans sa folie impétueuse, comptait bien la redresser aux yeux du monde et surtout de leur société. Il laissa retomber ses mains pour qu’elle puisse retrouver sa terre ferme mais il ne s’écarta pas pour autant. Il posa son avant-bras près de son visage, sur ce mur dont il ne ressentait même pas la froideur. Il ne répondait plus de lui, ne souhaitait plus le faire. Parce que la vérité criait à travers de ses mots, de ses actes. « Tu crèves de te retrouver. » Je ou tu, là résidait la véritable question. Il se rapprochait inévitablement jusqu’à ce qu’à nouveau leurs corps ne se touchent à peine. « De retrouver cette féminité. » Son index et son majeur s’étaient insinués sous le tissu, faisaient l’ascension de sa cuisse jusqu’à atteindre sa hanche. Son cœur battait la chamade sous l’ivresse, sous la retenue. L’être exalté qu’il était remuait ses entrailles, il avait tout simplement envie d’écarter toute cérémonie et de la prendre furieusement comme un viking digne de ce nom. Lui rappeler combien elle avait cet effet sur lui, même salie, déshonorée, exilée. Ses doigts poursuivirent leur route, frôlant sa poitrine pour dessiner sa clavicule puis son épaule. Puis tout à coup, Osbern se colla brusquement à elle. Qu’elle n’oublie pas qu’il était l’homme ici, qu’elle sente fébrilement son désir viril pour elle. « C’est pour ça que tu es là. » Il se fit plus intrusif, forçant leurs deux corps l’un contre l’autre. Sa main finit par tirer sur le tissu de sa robe pour dévoiler son épaule sans qu’il n’en fasse rien. Il voulait lui faire connaitre ce désir lancinant, cette attente interminable alors qu’ils n’étaient même pas censés s’adresser leur parole. Il voulait lui faire gouter de nouveau à l’interdit. Quel dommage que son jumeau maléfique ne soit pas présent pour s’apercevoir combien il poussait sa sœur dans ses retranchements, combien il la poussait un peu plus dans l’illégalité avec ses actes obscènes. Après tant d’années, elle lui appartenait encore.
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(#) Mer 15 Jan - 16:48


Quel plan pouvaient bien avoir les Nornes pour pousser un homme à rencontrer le chemin d’une bannie ? Quel intérêt à cet acte ? Hëylda savait pertinemment que ce n’était nullement pour elle qu’elles se démenaient ainsi, leurs regards détournés de son fil de vie. Lorsqu’elles y porteraient un œil, ce ne serait que pour constater que le fil s’était enfin altéré, signe certain que la résignée venait de mettre fin à son acharnement, à cette bataille de tout instant pour rester en vie. Que l’on ne s’y leurre pas, la concernée savait pertinemment que ce jour arriverait, qu’elle serait finalement trop lasse pour continuer à errer sans but. N’était-ce pas déjà le cas ? Depuis qu’elle était arrivée dans le Noregr, son chemin n’avait eu de cesse de croiser d’autres Hommes, de faiblir face à leur curiosité. Elle avait répondu présente face à eux quand elle savait assurément qu’elle devait tenir le silence. Pis encore, si farouche soit-elle, si entêtée, elle faiblissait plus que jamais face à celui qui lui tenait compagnie ce soir. Elle ne parvenait pas à le rejeter, ni même à le fuir. Il la rattrapait, imposait sa présence, lui faisait miroiter des débris du passé qu’elle s’obstinait à ignorer. Il était particulier à ses yeux, ce qui la rendait si inutile, incapable d’être indifférente à sa présence. Il était cette raison qui la voyait nerveuse, qui lui faisait entrevoir combien elle était fatiguée de marcher, de courir, de gronder et de tuer. Là encore, sous sa paume, elle pouvait entrevoir les pensées néfastes : pourquoi ne la rejetait-il pas comme tous les autres ? En quoi lui faire croire qu’elle pouvait demeurer pouvait-il se révéler bon pour elle, pour lui ? Elle voulait voir le piège, se persuader qu’il finirait par la vendre au Jarl de Skuli, qu’il la tiendrait responsable de tout ce carnage quand elle avait, bien au contraire, aidé à protéger les habitants. Elle ne pourrait que lui en être reconnaissante au fond. Au lieu de cela, il se tenait trop proche, la dominant de son aura possessive, réveillant malgré l’alcool, une toute autre peur, celle-là même qui la poussait toujours à affronter l’adversaire. Néanmoins, il se jouait d’elle, encore et toujours, à chaque fois qu’elle récupérait l’ascendant, cette domination qu’elle n’était plus capable de laisser à qui que ce soit. La même fichue ligne, la même fichue phrase, le même fichu regard : celui qui dévore, qui profite de la vue. Sobre, elle n’aurait jamais voulu croire qu’elle était encore capable de plaire, aurait rejeté tout bonnement l’idée, comme si le bannissement l’avait dépourvu de tout, de féminité, de beauté, de quoi que ce soit d’agréable. La marque elle-même était un affront venant enlaidir son visage. Elle n’avait plus rien pour elle. Pas même le corps qui avait rendu fou l’homme sous elle. Alors sous emprise de l’alcool ? C’était bien la même chose, on n’oublie pas ce qui traumatise, ce qui choque, et la première fois qu’Hëylda avait vu la marque sur son visage avait teinté son esprit d’une horreur telle qu’elle ne partirait plus jamais.

Là pourtant, en l’instant, elle avait oublié ce détail signifiant, Jól possédant la particularité de bien des choses. Elle avait oublié qu’elle avait vieillit, qu’elle n’était plus une enfant, qu’elle n’était plus cette jeune fille acceptant les sous-entendus d’un rendez-vous avec le fier jeune homme. Elle était détendue, parce qu’elle ne craignait rien, parce qu’elle n’était pas en danger en cet instant présent. Son être entier pouvait se permettre de répondre à chaque provocation qui lui était lancée. La choppe se porta enfin à ses lèvres, abreuvant sa fausse soif. L’affirmation tomba alors comme un couperet, prenant pourtant le temps d’en faire comprendre le réel sens à son esprit. Un sens auquel elle ne trouva aucune répartie, prise au piège de sa chair, sentant ses mains se poser sur elle, réveillant plus encore ce désir qu’elle avait voulut éteindre tant de fois. Contre-nature, et pourtant, elle était captivée par ce corps qui n’avait encore jamais été aussi proche d’elle depuis tout ce temps. En un instant, il prouve qu’il est ce fort viking, celui dont elle est tombée sous le charme il y a bien longtemps, qui n’a jamais cessé de lui inspirer autre chose que la passion sous toutes ses formes. Contre lui, elle ne songe à se défaire de son étreinte, laissant tomber la choppe qui roule, déverse le liquide sur le sol. Elle se retient seulement à lui pour ne pas tomber, ses bras entourant sa nuque, son visage plus proche que jamais, sans qu’elle n’ose pourtant glisser son regard épuisé dans le sien. C’était un moment étrange que celui-ci, la replongeant dans le passé, ressentant les mêmes émotions qui l’avaient traversé, à l’exception qu’elle ignorait alors ce qui allait suivre. Et là ? Était-ce tant différent ? Son dos rencontra un mur, sur lequel elle s’appuya tandis qu’il la faisait de nouveau prisonnière. Ses mains retombèrent contre ses hanches, abandonnant l’homme, craignant le geste de trop, celui de non-retour. Mais lui… Il continuait de réveiller les démons, délivrant des vérités dont elle ne savait que penser, lui extirpant un souffle brûlant alors qu’il reprenait possession de son être, sa peau contre la sienne, dérivant vers ce qu’elle interdisait à tout homme depuis des années. Elle se ramollissait, ou l’alcool le faisait, quand elle ne se voyait pas capable de lui refuser l’accès à son être, qu’elle ne faisait rien pour le repousser, rien pour défendre son honneur pourtant déjà bafoué. Là, en cet instant, ses pensées rejoignent les siennes, elle aspire furieusement à retrouver l’ivresse de la passion, l’absence de retenue à laquelle ils ont goûté tant de fois dans leur jeunesse. Elle inspire une fois, doucement, comme pour tenter de préserver sa raison, pour oublier le pourquoi sitôt que ses doigts remontent. Ses yeux se ferment, ses propres doigts se referment sur le tissu à sa portée. « Il y a longtemps que j’ai oublié. » Ce qu’elle était, ce qu’elle a sut faire, ce qu’il fallait faire pour le contenter. Tout rejeté, tout brûlé. C’était ce qu’elle voulait croire, qu’elle ne serait plus jamais capable, qu’on l’avait châtré de son pouvoir de séduction, de son aptitude à partager plus qu’un corps… Jusqu’à ce qu’il se colle brusquement à elle, l’oblige à retrouver les attitudes d’antan, quand elle savait encore comment lui plaire. L’annonce de la fin, du début, qu’importe le nom, ses doigts jouant avec la boucle de la ceinture pour mieux délivrer l’homme de sa parure, pour mieux chercher à s’insinuer sous le tissu de son vêtement, réapprenant des courbes qui avaient changées. Mais ce n’était pas assez, elle voulait tout, repoussant vers le haut le tissu, le jetant au sol pour mieux admirer la nouvelle silhouette de celui a été sien. Et c’est décidé, elle le veut, comme elle l’a toujours désiré, fier, conquérant, égoïste, glissant une main dans ses cheveux pour l’attirer à elle, sans que jamais ses lèvres n’osent s’emparer des siennes, dérivant seulement le long de cette barbe naissante, glissant le long de sa nuque, avec pour seul message implicite de la reprendre, de la récupérer après son lâche abandon. C’est tout ce qu’elle veut, tout ce qu’elle désire plus que tout au monde.
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Osbern Sæther
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(#) Lun 20 Jan - 22:23



On pouvait bien mettre tout sur le compte de cette öl unique, concoctée, pressée spécialement pour cette occasion ratée. Les scandinaves étaient les premiers à perdre le contrôle sous l’ivresse et à demeurer indifférent aux conséquences parfois désastreuses qui accompagnaient un lendemain de festivités. Ils n’avaient jamais honte de rien, du moins ne l’admettaient que rarement. Osbern n’aurait jamais posé la main sur elle en tout état de conscience, il n’aurait pas franchi cette frontière bien plus défavorable que le simple fait de lui adresser la parole. Cependant il n’avait pas le droit de débarrasser de cette responsabilité parce qu’il l’endossait presque avec défi. Ces heures passées auprès d’elle, parfois dans le silence, parfois dans l’ignorance, avaient éveillé cet ancien sentiment de possession. Ce besoin irrépressible de la racheter auprès des autres et auprès de lui. Malgré tout, le bannissement d’Hëylda avait d’abord écorché son opinion sur elle. Quelle folie lui avait prise de s’élever contre l’autorité d’un Jarl quand bien même sa condition d’esclave demeurait injuste ? N’avait-elle supporté de subir les ordres après une époque où c’était elle qui les proférait ? Qu’importe à présent, toutes ces questions s’étaient envolés dès qu’il avait compris qu’elle était encore la même. Dissimulée sous cette cape déshonorante, par la compagnie de ce loup sauvage. Mais bel et bien là, n’attendant que le feu qui attiserait les braises encore tièdes. Il s’était attribué ce rôle sans même la concerter, sans attendre son autorisation. Et il n’attendrait pas qu’elle proteste puisqu’elle ne protesterait pas. C’était avec assurance qu’il s’était redressé pour la prendre contre lui. C’était avec détermination qu’il créait cette proximité proscrite. Ses yeux bleus ne manquaient pas chacune de ses réactions : ce hoquet de surprise, ce palpitant qui s’agitait puis l’indolence de ses gestes. Toute barrière était tombée et Osbern perçait sa carapace sans vergogne, déterrait à mains nues la femme brûlante qu’il avait autrefois connue. Il lui chuchotait des mots présomptueux et pourtant si avérés. L’orgueil dont il faisait preuve traduisait combien il était certain de sortir vainqueur de cette tâche. Et ce même sans qu’une réelle bataille n’ait lieu.

Hëylda daignait enfin lui répondre et son aveu de faiblesse sonnait comme le cor de la victoire. Le doux son des flots pour un navigateur invétéré. La mélodie du bois qu’il taillait à la main. Osbern ne relâchait pas la pression, pas une seule fois il ne s’éloigna d’elle. Quand ses doigts fins se refermèrent sur le tissu de sa camisole brunie et terreuse du fait des événements précédents, ce fin sourire en coin ne quittait plus sa bouche. Elle allait peut-être le détester plus tard, le renier pour les fautes qu’il la poussait à commettre. Il s’en fichait comme de la dixième maitresse de Bartram. Elle lui ôtait alors son haut qu’il abandonnait avec plaisir. C’était un homme, vaniteux de surcroît. Il ne fallait pas être un mage ancestral pour comprendre que si autrefois ses muscles d’adolescent lui avaient fait perdre la tête, sa carrure d’adulte saurait davantage la satisfaire visuellement. Il était bâti comme un réel viking, travaillait sa musculature comme un sorcier travaillait sa magie. Mais Osbern ne put réprimer ce frisson agréable lorsqu’il sent enfin sa main se glisser dans ses cheveux longs. Il ne voulait pas lui laisser la moindre chance de déceler ce qui se passait en lui. Lui-même ne l’acceptait pas, n’avouait pas qu’elle était tout aussi conquérante que lui. Ses lèvres pulpeuses vinrent caresser sa barbe sans s’approcher de sa bouche interdite. Dans la fougue de l’instant, lui aurait pu se laisser aller à cette tentation mais elle était porteuse d’un symbole trop important pour qu’il n’y cède. Il la remerciait intérieurement de ne pas outrepasser la charnalité du moment. Il briguait sa sensualité et hésitait à encourager la créature suave en elle par de nouvelles paroles. La verbalité n’avait jamais rendu service à sa personne c’est pourquoi il préféra s’en passer. Plutôt lui faire connaitre de nouveaux actes qui raviveraient le souvenir d’étreintes anciennes mais tout aussi délectables. Son souffle alcoolisé si près de sa mâchoire lui faisait perdre pied. Il exhala ce long soupir qui trahissait combien ses entrailles brûlaient de ce brasier excitant. Il aurait pu la laisser parcourir sa nuque, son cou encore longtemps mais elle éveillait tellement de sensations qu’il ne put rester passif plus longtemps.
Osbern se fondit alors dans ce désir primal. Au diable la bienséance entre deux êtres qui avaient déjà partagé cette intimité une décennie auparavant, la séduction entre deux êtres qui s’étaient déjà charmés. Il retrouvait ces automatismes libérateurs et il savait où aller chercher ce qu’il désirait tant : la confession indéniable qu’elle était encore la créature qui l’avait envouté. Si elle cherchait la passion langoureuse, il ne lui offrirait que l’ardeur enflammée. Si elle cherchait la tendresse, il ne lui accorderait que la férocité. Il n’était pas capable de plus à l’instant. Sa main noueuse vint rechercher ce tissu qui avait découvert son épaule. Son index et son majeur s’infiltrèrent entre le tissu et sa peau pour le descendre un peu plus. Ses doigts frais frôlèrent sa gorge chaude. Sa poitrine n’avait perdu en ampleur et en féminité, elle gardait cette rondeur dont il s’était autant délecté. Il caressait cette pointe à peine tendue, la taquinant pour mieux l’éveiller. Sa respiration subissait déjà les effets de ses propres actes et il ne put se contenter seulement de cela. Ainsi sa bouche vint finalement à l’encontre de sa gorge naissante, de ce décolleté presque indécent qu’il avait créé lui-même. Posséder son corps de par ses baisers lui avait manqué, c’était bien l’horreur de la vérité qu’il affrontait durement. Osbern se prenait à son propre piège et il était bien trop stupide pour vouloir s’en extirper maintenant. Plus impatient d’entendre à nouveau le son de sa voix – et non à travers des mots -, son autre main visita le dessous de son jupon, avide de la douceur de ses cuisses. Il effleurait sa peau d’abord lentement pour qu’Hëylda ait le temps d’appréhender sa prochaine avancée. Puis il remonta d’une langueur impossible tout en poursuivant ses baisers. Lorsqu’enfin il rencontra son intimité qui répondait déjà à ses attouchements, il laissa échapper un bref rictus presque amusé, totalement satisfait. La bouche entrouverte, il remonta jusqu’à la sienne, laissant leurs lèvres se côtoyer sans jamais se rencontrer. « Tu te souviens vite. »
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Hëylda Viggrinirr
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(#) Jeu 23 Jan - 10:53


Une once de raison, un instant de conscience, et la belle n’hésiterait pas à se déloger des bras de son ancien amant, à fuir aussi loin et aussi rapidement que possible. Là, sous l’alcool venant embrumer son esprit, elle oublie ce qu’elle est, le pourquoi elle n’a plus le droit d’exister. Il n’y a qu’elle, il n’y a plus que lui, un homme et une femme qui se sont déjà connus, se retrouvent sans savoir où ils vont. La peur n’existe plus, il n’y a que l’instant présent, qui au lendemain ne sera rien d’autre qu’une honte infâme,  un sacrilège qu’elle, la bannie, n’aurait jamais osé commettre en tout état de cause. Depuis son arrivée dans le Noregr, n’a t’elle jamais eu de cesse de fuir l’homme qui la retient prisonnière de son aura ? De l’ignorer, de ne pas lui adresser la parole, de détourner le regard à chaque instant où il se tenait dans son champ de vision ? Rien à faire pourtant, il demeurait là, encore et toujours, quand elle ne possédait d’autre choix que de rester sur cette contrée l’accueillant le temps du vetr. Pas une fois, elle n’a réussi à le semer, à se défaire de sa présence oppressante. Et cette nuit, si proche de l’aube, elle se sent plus que jamais prise au piège, incapable de se défaire de son étreinte, combat perdu d’avance, et ce depuis son adolescence. Le veut elle seulement par ailleurs ? Pas sous la raison endormie, pas quand son cœur s’emballe, intimidé par le viking conquérant. Elle ne possède plus cette volonté de se défaire, de fuir, seulement le besoin irrépressible d’être reconnue, de plonger à mains nues dans ce brasier incandescent. Qu’elle s’en brûle les doigts, qu’elle se maudisse au lendemain ! Elle avait besoin d’Osbern comme jamais, sans même vouloir le reconnaître, besoin de lui pour retrouver le souffle perdu, pour sentir son palpitant battre au creux de sa poitrine, pour exister quand elle se pensait perdue. C’est un de ces instants hors du temps où Hëylda reconnaît ses faiblesses, où elle accepte de balayer sa fierté pour une fragilité qu’elle ne montre qu’à peu de personnes. Un instant où elle accepte d’être la femme soumise à celui pour qui tend tout son être, son âme.

Et l’étreinte possède enfin sa raison d’être, alors qu’elle abandonne la bataille, qu’elle rend les armes définitivement. A t’elle seulement eut l’ambition de résister ? Pour la forme peut-être, quand dans le fond, elle n’a jamais su, et ne saura jamais gagner une bataille face à l’ours blond. Il se joue d’elle, perce chacune de ses défenses sans trop de mal, et elle l’embrasse en retour. Voilà qu’elle soupire d’aise sous ses caresses, redevient l’amante oubliée, ses doigts fins glissant le long de ses courbes masculines, le regard venant se repaitre de cette nouvelle musculature, déplorant de ne pas avoir assisté à cette transformation. Le jeune homme d’autrefois n’est plus, remplacé par un homme avéré, bien plus intéressant, éveillant un appétit qu’elle n’avait plus éprouvé depuis longtemps. Aurait-elle dut s’attarder un peu plus sur l’observation lorsqu’il se trouvait à porté de regard, plutôt que de l’ignorer, de faire comme s’il n’était pas là. Il sait se rattraper pourtant, plaquant fermement sa carrure contre la sienne, appelant à l’abandon total. Elle se perd contre lui, cherche sous les effluves d’alcool, de cendres et de sang son parfum, celui qui la rendra plus douce et bien plus obéissante. Ses lèvres redécouvrent l’oublié, ses paumes se permettent enfin la découverte de ce nouveau Osbern. Elle l’apprend par cœur, comme pour le redessiner plus tard dans ses rêves. Mais celui-ci pourrait tout aussi bien en être un, à l’image des autres peuplant ses nuits. L’esprit ne parvient plus à faire la différence entre réalité et utopie, et la bannie encourage l’homme à fondre dans les deux univers, se remémorant des caresses du passé qui savaient éveiller le désir du mâle. Elle n’attendait pas de tendresse, seulement la passion fiévreuse, elle voulait seulement se remémorer les sensations de l’homme contre elle, sous sa peau, s’emparant de chaque parcelle de son âme sans une once de honte. Elle pouvait tout lui donner en cet instant, sans rien réclamer en retour, s’abandonner à sa volonté, et mourir à petits feux sous ses lèvres, ses paumes. Qu’il la consume, l’achève ! Elle ne pourrait que murmurer inlassablement pour que jamais il ne cesse.


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(#) Sam 8 Fév - 19:26



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(#) Dim 23 Fév - 17:36



Osbern redécouvrait les joies du plaisir charnel, ses sensations physiques qui étaient au-delà du simple acte mécanique. Comme tout viking, il avait eu des besoins. Son veuvage avait attiré les brunes compatissantes, les blondes enchanteresses. Maintes nuits, il avait déserté sa hutte pour le réconfort d’une nuit. Mais aucun réconfort n’était survenu, seule la jouissance pure et dure, la satisfaction d’avoir une femme entre ses doigts explorateurs n’avaient animé ces nuits sans aucune saveur. La façon dont Hëylda se dénudait devant lui, la manière dont elle déposait les armes sans crainte d’en être châtiée, ses expressions coquines et mutines du bien qu’il lui faisait… Voilà des consolations auxquelles il n’aurait jamais prétendu. Voilà des aveux inattendus qui avaient excité son désir d’homme, attisé sa convoitise. Désormais elle était sienne et personne n’aurait su briser sa fierté. A cet instant certes car le lendemain serait différent. Jamais il n’irait beugler à la foule de Skuli comment il l’avait fait boire avant de prendre possession d’une des plus belles femmes de toute la Scandinavie, comment il venait de revivre les méandres de sa jeunesse avec une ancienne femme de Jarl reconvertie à l’exil et au bannissement. A y penser, la situation était plutôt dérisoire, lui l’homme si vaniteux qui assumait chacun de ses actes. Lui qui aimait se penser supérieur à certains, l’égal baratineur d’un autre à qui il n’arrivait même pas à la semelle crottée de sa botte. Pour l’instant, son seul intérêt se portait à la gorge ferme de la Viggrinirr, à ses ongles qui se plantaient généreusement dans la peau de son dos.  Les mouvements de son bassin, dévoués et insatiables, partaient à la conquête de la jouissance ultime. Ses mains maintenaient ses courbes parfaites contre lui quand bien même elles auraient préféré parcourir inlassablement cette peau moite, ses monts féminins et séducteurs. Il se heurtait à elle, ne faisaient qu’un avec elle, s’en séparait avant de rechercher sa proximité. C’était devenu vital, addictif. Son parfum était semblable à l’odeur salée de la mer à l’époque où il naviguait encore. Ses doigts entremêlés dans ses cheveux encrassés lui arrachaient des frissons violents. Bien longtemps qu’il n’était plus habitué à tant de douceur lors d’une telle coucherie licencieuse et délicieuse. Osbern ne daigna accorder qu’un bref coup d’œil désintéressé au canidé qui s’était éveillé. La bête ne saurait le distraire ou l’éloigner de ses bras. Il trouva même une satisfaction malsaine à redoubler d’ardeur dans ses coups de reins, pour arracher à la maitresse ces exclamations dont lui seul était maitre.  Il poursuivit  même lorsque les mots d’Hëylda dépassèrent sa pensée. Du moins c’est ce qu’il se bornait à croire. Il n’allait pas l’abandonner pour cette nuit, pour sûr. Il continuerait d’être là pour subvenir à ses besoins en cas de disette ou d’urgence. Mais c’était bien là toute la certitude qu’il était en mesure de lui donner maintenant. Il décida d’ignorer ses paroles, de les accueillir comme l’expression de son ivresse. Le corps de la belle s’infléchissait sous sa vigueur, était soumis à ces vertiges si particuliers. Et il en demanda toujours plus. Bientôt il se montra toujours plus sauvage et exigeant. Son bassin claquait entre ses cuisses, le dos d’Heÿlda rencontrait davantage la roche glaciale. Il allait les mener jusqu’au bout ici et maintenant, réclamer tout d’elle jusqu’à son abandon complet. Seul contraste non-négligeable. Plus son corps d’homme redoublait de rigueur et de désir primal, plus son visage lui s’adoucissait. Sa bouche contre la sienne, ses lèvres à l’orée des siennes, il n’attendait plus sinon son souffle mêlé au sien. Ses yeux s’ouvrirent enfin pour fixer intensément ce détail symbolique avant de remonter jusqu’à ses prunelles pétillantes. Cet accord tacite de n’aller plus loin le rendait fou, cette connexion dont il ne voulait pas était bel et bien présente et le faisait chavirer. Ses mains s’imprimèrent violemment sur sa peau lorsqu’il se sentit défaillir. Sa tête aussi lourde que son corps lui parut léger. Osbern poussa un long râle rauque alors que son corps se colla hâtivement au sien. Il s’abandonna littéralement en elle, laissa tous ses sens le submerger. Sa bouche s’accola maladroitement sur son front, évitant la tentation d’embrasser la sienne.
Quand ce plaisir voluptueux s’évapora peu à peu, ses forces le déserta également. Lentement, il laissa Hëylda retrouver la terre ferme tandis que ses mains se posaient à plat sur le mur, de part et d’autre de sa taille, pour apaiser la température brûlante de son être. Il ferma les yeux pour écouter son cœur ralentir, son souffle reprendre une vitesse décente. Il les rouvrit seulement pour constater son ombre se dessiner devant lui. Le soleil s’était levé, les berçait d’une chaleur tiède. Son attention se porta aussi vite sur les alentours pour l’instant encore déserts. Les remparts de Skuli ne tarderaient guère à s’animer et la seule sottise qui traversa l’esprit d’Osbern fut : « Tu devrais disparaitre. » Un conseil tranchant, un sous-entendu terrible. Il ne l’avait pas voulu mais s’y était senti forcé. Tôt ou tard on les découvrirait et alors son nom aussi serait couvert d’opprobre. Pourtant, il mit du temps à s’écarter d’elle, à quitter cet effluve dont il s’était nourri presque toute la nuit. Le fils Saether renfila ses braies, les noua d’un geste lent. Il s’autorisait à peine à lever les yeux vers la silhouette d’Hëylda. Cette dernière qui lui avait fait perdre la tête semblait soudain représenter toute la honte et la culpabilité qui devait s’abattre sur ses épaules. Qu’elle fuit, et vite avant que son orgueil n’envenime ses mots.
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(#) Lun 3 Mar - 10:16


Le parfum de l’homme en était arrivé à l’envahir, à lui faire perdre la dernière parcelle de raison. Son corps affamé réclamait son dû, qu’on le nourrisse. Des années de famine, une décennie dépossédée de lui, et en cette aube encore légère, elle pouvait, elle avait le droit de se nourrir de sa chair, de son souffle, sans toutefois être autorisée à le dévorer complètement, interdit suprême auquel elle pouvait bien se plier, pour peu qu’il la conserve dans ses bras, qu’il la garde contre lui et la ramène dans ce passé devenu présent. Elle était sienne, l’inverse n’étant pas de mise, ne le serait par Odin, jamais, mais c’était bien tout ce qu’elle pouvait espérer, bien plus qu’elle n’aurait put le croire de même. C’était avec ivresse qu’elle répondait à ses attentes, l’esprit lui-même embrumé par l’alcool, et qui une fois libéré, n’irait pas crier sur tous les toits la honte dans laquelle elle était en train de se vautrer. Il n’y avait pas pire que de céder à l’interdit, à persister à exister quand le monde ne se soucie plus de vous. Cela, la bannie en était bien consciente, sobre. Mais en cet instant, ce n’est rien d’autre qu’un doux songe pour lequel elle ne veut pas s’éveiller, pour lequel elle serait prête à se damner pour que le soleil ne se lève plus jamais. Voilà que ses ongles s’enfoncent dans la chair de son autre, qu’elle le pousse à se faire plus vigoureux, qu’il lui rappelle ce pour quoi elle l’a toujours préféré plutôt que feu son époux, qu’il la ramène à ces instants où ses cris n’étaient jamais simulés en comparaison avec son mariage. Un flot de vagues de plaisir venant lui arracher des frissons à chaque mouvement, l’incitant à se raccrocher plus encore au viking pour ne plus s’en défaire. Elle est à lui, c’est bien là tout ce qui importe, quand elle lui offre toute la douceur évanouie au fil du temps, disparue pour un esprit bien plus sauvage, bien moins conscient. C’est un répit qui n’est pas de refus, qui lui rappelle qu’elle est encore humaine, qu’elle peut encore exister au travers du regard de son amant. Au moins le temps de cette nuit, de cette aube. Ses lèvres s’attardent sur sa joue râpeuse, délivrent des baisers qu’elle n’a plus offert, quand ses doigts redécouvrent, se perdent à travers le passé, apprennent cette nouvelle histoire. Aveugle qui vient conquérir des courbes qui ne lui appartiendront jamais, qui se repait d’une histoire qui viendra se perdre dans sa mémoire. Ses paroles ne sont que des gémissements qui s’intensifient selon les besoins de son homme, qui viennent s’échouer sur sa peau, dans le vent, qui s’évanouissent quand ses lèvres viennent se fermer délibérément. Qu’importe la douleur dans son dos, râpant sa peau, quand son être tout entier vivait une osmose presque complète, presque parfaite ? Elle pouvait tout lui offrir, son cœur, son âme, sa propre vie s’il venait à la demander, un abandon total pour un bout de Valhalla, pour baigner dans la lumière de cet être qu’elle cherchait encore désespérément à fuir quelque jours plus tôt. Il n’appartenait qu’à lui de la réduire en esclavage, de la marquer plus encore qu’elle ne pouvait déjà l’être. Et puis… le point de non-retour, celui pour lequel tout son corps se tend, accueille une partie de lui. Son propre regard est clos, son souffle court. Elle ne cherche pas la tendresse de l’après, de cette passion. Elle n’en a pas besoin. Il n’y a pas besoin d’émotions, de sentiments dans un rêve comme celui-ci.

Et tandis qu’il la relâche, qu’elle retrouve le sol ferme, elle vacille un instant, avant de se laisser totalement aller contre ce mur froid. La voilà de nouveau silencieuse, quand son regard se rouvre sur le ciel qui s’éclaircit, qu’elle sent la brise refroidir sa peau blanche, le soleil venir lui ouvrir plus encore le regard. Son menton tremble, ses yeux saisissent avec effroi ce qu’il vient de se passer. Ses doigts viennent se glisser sur cette marque qui vibre de magie, qui lui rappelle sa déchéance. Ce n’était pas un rêve, ce n’est que la vérité toute crue,  cruelle. « Tu devrais disparaître. » Voilà qu’elle se fige, porte le regard sur l’homme qui lui, évite tout contact visuel avec elle. Pas partir, disparaître. Ces mots sonnent comme la plus cruelle des sentences, aspirent au fond de son cœur toute cette tendresse, toute l’humanité dont elle a put faire preuve pour l’homme qui ne s’écarte pas. Disparaître. Ne plus exister. C’est une somation à laquelle elle accepte sans broncher de se plier, passant vivement sous son bras pour s’écarter de lui, ramasser sa robe et s’habiller rapidement. La déchue ne veut pas plus faire sentir sa présence en ce lieu, préfère d’ores et déjà oublier qu’elle a joué la putain pour un homme qui lui a fait croire qu’elle pouvait encore exister. Le silence pour seule compagnie, elle ne prend pas même la peine de prendre plus soin d’elle, attrapant ses propres affaires, glissant cape sur son visage pour ne plus devenir qu’ombre. Partir, disparaître. Ne plus être. C’est bien ce qu’elle en train de faire, à mesure que le temps s’écoule. C’était peut-être la dernière épreuve pour qu’elle perde tout de son humanité et ne devienne animale. Attrape la corde qui retient le canidé pour mieux l’en défaire, la jeter et s’en aller. Disparaître, c’est bien tout ce qu’il lui reste à faire, et elle compte bien s’éclipser totalement de la vie de l’homme qui vient de la briser en une seule phrase. Ses affaires ramassées, les ruines s’évanouissent derrière elle, sans qu’une seule larme ne vienne glisser le long de ses joues. Les animaux ne pleurent pas, l’inexistant ne geint pas… Et déjà, la créature prépare son prochain voyage, consciente qu’elle ne peut pas rester sur le territoire où elle a élue domicile, préfère battre en retraite contre cet ennemi qui a suffisamment toléré sa présence.

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