Région d'origine ● krákaborg, jutland. Date de naissance ● mille deux cent soixante-cinq. Âge ● trente ans. Nature du sang ● mêlé. Particularités magiques ● aucune, et c'est heureux. Métier/études ● chasseuse de primes.

Protégée par Hel, selon ses propres voeux, Solvej demeure à ce jour chaste et pure, en dépit des nombreux attentats à son honneur : par déférence envers sa protectrice, ou pour celui qui aurait dû la ravir. - Le jour où elle fut rejetée du labyrinthe, Solvej ne renia pas son sang mais la magie, colle abjecte, incontrôlée, qui suinte de son être comme le poison. - Elle a une nette préférence pour les armes lourdes. - On lui prête un nombre incalculable de meurtres, réputation qu'elle ne défit jamais. - Elle se refuse à toucher à un cheveu d'une femme, « cet être faible et céleste. », quitte à y perdre la vie.

---

Et vous, la pureté du sang, vous en pensez quoi ?

Il y eut bien un instant où la jeune Solvej voulut abjurer cet autre, l'ancien, probablement l'ancienne, celle qui fautât. La chienne sans cervelle. Le stupre en héritage. La honte et le déshonneur. Mais alors, quoi ? Renier le frère, renier le ventre, renier le père autrefois idolâtré pour un éclair d'humiliation ? A la trahison, quand bien même fut-elle en réponse aux exigences célestes, Solvej ne pouvait se résoudre. Dès lors, elle ne cessa jamais de composer avec son infirmité. Révérante avec ses seigneurs et maîtres, ses compétences particulières lui permirent cependant de ne jamais choir dans la servilité. Ses opinions quant à la valeur du sang ne furent jamais inutilement exprimées ou même ressassées. Rien ne vaut un bon coup de hache.

Si vous ne deviez jurer que par un seul mage ancestral, ça serait lequel ?

Depuis toujours, Solvej vénère la sanguine Hel. Dans le secret de leurs contes, son père l'appelait volontiers ainsi. « Ma petite Hel. Si les dieux le veulent, tu échapperas toi aussi au sort des mères pour épouser ton arme. » Il lui apprit tout de sa force, de son courage, de son honorable et éternelle solitude, de sa magie aussi qui donna naissance à un visage fantastique. De son héroïne, Solvej ne retint que la folle animalité, le besoin viscéral d'être le meilleur des hommes quand bien même la nature la voulut autrement.
Les feux de la nécromancienne la brulent à chaque instant, dictent chacun de ses pas.  

Quel souvenir avez-vous du labyrinthe de Dürmstrang ?

Rien que des bribes. L'excitation d'abord, alors que les autres se pissaient dessus, alignés en peloton d'exécution. Parce que tout semblait l'avoir préparée à cet instant. Peu importait, au fond, ce qui suivrait. Pourvu qu'elle en réchappe, qu'elle prouve sa valeur. Et puis l'impossible, le blanc, quelques secondes d'oubli avant de trouver douloureusement la terre. L'humiliation d'être couchée, seule, quand les autres avaient disparu, promis à d'augustes destinées. Solvej se souvient de l'injustice la plus cruelle, du mépris, de l'incompréhension. Mais par dessus tout de son regard à lui, au retour, lui qui avait regretté son départ, et qui maintenant ne songeait plus qu'à la voir disparaitre à jamais, sans promesse d'absolution.  

---

« Avez-vous déjà vu plus ravissant visage, mes frères ? » s'enorgueillit Arnald, en contemplant avec avidité sa promise, fille de Freyja, née et élevée pour le servir. Et par visage, il entendait seins, cuisses et ventre, ses « frères » ne l'ignoraient pas. Tous à leur ébriété, ils célébraient une union consanguine et sans prestige, et pourtant inespérée pour le dernier fils du tavernier. Ces foutus sang-mêlés, qui se reproduisaient comme les rats. Celui-là avait récupéré l'une de ses cousines, et pas la plus laide, et tous, dans la taverne, chantaient sa bonne fortune. Depuis l'ombre, Solvej considéra leur vice, leur communion. Pareils à ceux qui les dédaignaient, ils gueulaient leur soif et leurs heures éphémères, sous le regard résolu et soumis de la condamnée.

La viande, étalée sous leurs yeux. Ils se prirent à croire qu'elle était peu leur femme à tous, ce soir-là. « Quelques coupes de plus et le porc autorise la chose... » siffla t-elle secrètement. Le pauvre bougre lui était trop indifférent, et elle cherchait, dans ses festivités somme toute agréables, de quoi attiser sa soif de sang. Il était gros, flasque, puant et indigne d'elle, émouvante de virginité dans sa robe grossière. Il y avait là matière à frapper. Phalanges contre dents pourries. Talon contre bourses infâmes, jamais repues des tendres années de l'agneau. Dague contre terreur agenouillée. Quelque chose se mit à croitre au fond de son ventre.

Une montagne de muscles la bouscula soudain. Dans sa rêverie à l'arrière-goût de fer, elle avait fait fi de sa soeur, la prudence. Lever l'hydromel bien haut, réajuster son capuchon. Solvej n'avait pas son pareil pour imiter les hommes. Elle en était un. L'autre, dans son alcool, ne vit qu'un gringalet à chahuter. Elle eut tout juste le temps de protéger ses attributs de femelle, en croisant les bras, avant qu'il ne l'attire brutalement contre lui, camarade. Au beau milieu de la pièce, sur une table en guise d'estrade, Arnald achevait de déshonorer sa femme, violant le rempart de ses lèvres. « Comment appelerons-nous le premier ? » ricana t-il, religieusement suivi par sa horde de comparses. Mais pareil aux hommes dont il était le digne représentant, le seigneur des lieux se désintéressa bien vite du territoire déjà conquis et descendit de son piédestal avant de fendre la foule, bientôt suivi par le freluquet qui avait trompé la vigilance de son geôlier.

Sa pauvre fierté entre les mains, Arnald rendait à la terre son ivresse. Fixant bêtement la paroi contre laquelle il se soulageait, il songea qu'il était le plus heureux des hommes, peut-être même plus heureux que les dieux eux-mêmes. Son assaillant fut miséricordieux, lui pardonna son orgueil. Les dieux, eux, n'en firent rien. Tout ce qu'il vit, saoulé à mort, ce fut le mur... trop proche.

Elle jouait à l'homme. Avec ses ruses de femme. « Alors tu seras invincible, disait mon père. » récita t-elle, comme à chaque fois. Elle ne leur parlait que lorsqu'ils étaient vaincus. Ce n'était pas lâcheté mais survie. « Tu as pénétré de ton infâme appendice une fille de sang-pur. » Le pauvre aurait probablement nié, s'il en avait eu le loisir. « Le noble Thorkil Olofson réclame justice. » Noble... Vil et sans courage. Mais peu importait. Assommé, il n'éprouva guère le premier frisson de la lame, lorsqu'elle baissa ce qui lui servait de pantalon. Regrettable. « Point de descendance. » sourit-elle de toutes ses dents, en songeant au plaisir de la pauvre immaculée, là, tout à côté.