Région d'origine ● Jutland Date de naissance ● 1255 pour l'année - impossible d'être plus précis. Âge ● Approche les 40 ans. Nature du sang ● Sang-mêlé. Particularités magiques ● Possède une baguette magique, l'utilise rarement. Métier/études ● Survivor/warrior

Cahir vient de très loin, d'ailleurs, d'une autre langue, d'un autre mode de vie. Il a deux individus enragés aux trousses et s'en fout parce qu'il lui suffirait de décider un jour de se retourner pour s'en débarrasser. Pourquoi le poursuivent-ils? Injustement. Parce qu'il s'est laissé séduire comme un gamin par leur frangine, une veuve entreprenante. De toute façon, échouer à devenir chef de son clan l'avait déjà convaincu de partir - ce n'était qu'une question de temps. Cahir est fils d'une putain, accident de la route impure, et puis qu'importe. Ça le rend légitime dans sa manière libre de vivre, ça ne lui impose aucune barrière - et ne l'empêche pas d'avoir des principes. C'est un guerrier, un pur et dur, fier et orgueilleux. Le fait d'avoir été battu par un ours et par le chef de son clan à la suite l'a certes un peu abattu au vol et il ne touche plus d'arme depuis, ce qui pousse les accès de colère et la détente de ses poings à venir beaucoup plus vite et de façon beaucoup plus gratuite. Ce n'est pas un morceau de steak écervelé - sous ses airs d'homme-guerrier il est aussi très ingénieux, et doté d'un instinct de survie très fort.

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Et vous, la pureté du sang, vous en pensez quoi ?

La pureté du sang n'a aucune importance. Au final, il coule de la même manière hors des veines. Pour un type élevé dans une configuration clanique, très à cheval sur l'honneur et l'ayant pourtant accepté pour l'un des leurs, un fils de putain traité comme tous les autres, il ne semble pas y avoir grande différence entre ceux qui se désignent comme 'sangs purs' et les autres. Il y a des chances qu'il se heurte à un mur de mauvaises surprises en arrivant au Jutland - et qu'il ne change pas d'avis pour autant. Colérique borné qu'il est, ça risque aussi de poser des problèmes.

Si vous ne deviez jurer que par un seul mage ancestral, ça serait lequel ?

Cahir n'est pas scandinave. Né et élevé au Nord de l'Angleterre, il ne connaît pas la langue ni les paysages des terres froides. Cependant, le clan avait recueilli deux exilées de là bas. Des jeunes femmes de rien, sans bagages, parlant trois mots maximum. Devenues putains par la force des choses, elles furent amenées à fréquenter la mère de Cahir, et devinrent ses amies. Elle avait eu le temps de leur apprendre suffisamment la langue, à l'arrivée de Cahir, pour qu'elles le bercent des histoires scandinaves. Il a donc grandi avec, et les connait bien.
S'il ne devait jurer que par un seul mage ancestral, ce serait Baldr. Il y a chez presque chacun des mages quelque chose qui touche Cahir. Il s'est longtemps comparé à Heimdall et ses neuf mères, puis plus tard à Freyr, séducteur et séduisant. Il y a aussi Freyja, figure qui le fascine. Mais Baldr s'impose comme une évidence. Le guerrier efficace certes mais aussi sympathique, intelligent, qui offre des réponses - comment ne pas le prendre comme modèle au dessus des autres, malgré sa mort certes tragique mais aussi loyale?

Quel souvenir avez-vous du labyrinthe de Dürmstrang ? Ou ça vous fait envie ?

Très franchement, il ne sait pas vraiment ce qu'est Dürmstrang. Il sait vaguement qu'il y a une école de sorciers, mais ça ne le regarde pas, et il n'en a pas assez entendu parler pour que ça lui donne une quelconque envie. C'est d'ailleurs sa position en général par rapport à la magie. Il possède lui même une baguette magique, qu'il sait utiliser mais n'aime pas forcément sortir. Il préfère se battre, utiliser son propre corps, ses tissus, ses muscles. Il trouve ça plus légitime.

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Fils de putain - c'est la première manière dont on le désigne. Ça ne le gêne pas, Cahir, il s'en fout parce qu'il n'est pas traité particulièrement mal pour autant. Oui, c'est un bâtard. On ne sait même pas qui du clan est son père. Et après? Il a trois filles de joie pour mères, et ça lui va très bien, d'être élevé par trois voluptueuses, braves et coriaces créatures qui l'empêchent de devenir le bourrin écervelé de base. Il a la chance de naître dans un clan où une hiérarchie existe, mais où tu n'es pas maltraité ou miséreux parce que tu n'es qu'un sang mêlé basique sans véritable éducation. Ou plutôt c'est ce qu'il se dit - puisque dès tout petit il est doué pour la débrouille, agile et fort. Qu'il n'a jamais à s'inquiéter de sa survie parce qu'il est entouré et parce qu'il peut vite s'en sortir seul. Il apprend à manier l'épée en imitant les guerriers qu'il a parfois l'occasion de voir en se glissant par ci par là, et en se battant à mains nues puis au bâton avec des gosses de son âge peu regardant sur les origines. Il est très grand très vite - mais je n'ai pas envie de faire une rubrique sur le surnom de grand dadais qu'il a évidemment eu, ce serait redondant. Il est toujours impossible de déterminer qui est son père, principalement parce que son visage est déjà marqué de la beauté de sa mère. Fin, moqueur alors que son adolescence est à peine enclenchée, son côté Freyr est déjà mis en pratique. Les demoiselles minaudent, qu'importe leur statut. Cahir, pas particulièrement dégourdi, fait déjà le malin. En somme, l'enfance de Cahir est plutôt du domaine de la vie douce, de moqueries régulières, de jalousies, de saleté et de blessures mais rien d'insurmontable ou de tragique. Désolé.

Guerrier-né - Cahir se bat vite avec des garçons plus âgés que lui. C'est en partie une question de frime, parce qu'il a une réputation à tenir évidemment, mais c'est aussi parce qu'il fait deux têtes de plus que ceux de ceux son âge. A partir de ce moment là, la rigolade toute la journée s'achève. Il passe la journée à s'entraîner. Son clan ne comporte pas de chevaliers, il n'y a pas besoin de suivre tout un apprentissage pour être guerrier, au contraire c'est encouragé d'apprendre en tant qu'homme du clan à protéger les siens. Les seuls privilèges s'obtiennent si l'on est doué à la tâche - et c'est tout à fait le cas de Cahir qui apprend vite, et fait mieux que de simplement appliquer puisqu'il invente toujours plus, s'approprie les choses, agit d'un instinct qui est bon. Le fils de putain s'élève lentement dans l'estime de son peuple, devient important malgré son jeune âge - indispensable, même. Sa vie se poursuit tranquille. Ses dons de guerrier ingénieux lui rendent le quotidien plus facile que la plupart des siens. Les filles lui tournent autour - il fait le malin à qui mieux mieux, mais il ne cède pas avant longtemps, et le fait parce qu'il tombe amoureux. Cliché du type élevé par trois femmes que ça a rendu légèrement romantique - la suite lui renverra ses bonnes intentions dans la gueule.
Il y a eu une femme. Azni, aussi envoûtante que Freyja, bien que beaucoup plus fragile. Il lui a fallu l'épouser pour des questions d'honneur - lui serait bien resté là tranquille à ne dire rien à personne et à vivre comme ils l'entendaient. Pour ne pas faire dans le tragico-pathétique, je ne vous raconterai pas de façon plus développée la grossesse difficile d'Azni, sa mort en couches et la survie de seulement quelques semaines de l'enfant - la culpabilité de Cahir qui a voulu s'en occuper seul et qui a l'impression qu'il l'a tué, qu'il s'en est occupé de travers quelque part. Tout ça c'est passé - mais ça vous explique pourquoi, vers quarante ans, Cahir n'a ni femme ni enfant.
Cahir ne perd pas le surnom de guerrier-né, n'est pas regardé en pitié tout simplement parce que comme un félin il se cache dès que quelque chose ne va pas. Bien sûr tout le monde sait qu'Azni est morte dans le clan, mais personne ne sait ce qu'il est advenu de l'enfant puisqu'il est parti s'exiler juste après sa naissance et est revenu mains vides et sans explication juste après sa mort. Cahir est resté le même robuste, se forçant à avoir le rire facile et la conversation futée, à être un buveur jovial. Et c'est peut être aussi cette part de rigueur dans sa vie, le fait d'être aussi un guerrier en puissance, qui lui a permis de continuer à tracer la ligne coûte que coûte.

L'Exilé - Il vient un moment où Cahir s'estime plus apte à régner sur le clan que l'incapable qui fut autrefois puissant physiquement. Il a quarante ans, mais il est au plus haut de sa forme, toujours invaincu. Personne ne sait exactement ce qui s'est passé pendant le combat pour obtenir la succession. Comment Cahir est tombé sous le troisième coup, incapable de se relever. Beaucoup de rumeurs courent sur une éventualité de triche. Cahir refuse catégoriquement de prendre le risque de passer pour un mauvais joueur, de remettre l'autorité en question. Et puis, il y a aussi une question d'orgueil qui le borne à ne plus parler de cette histoire.
Bien après la mort d'Azni, il faut reconnaître que Cahir a cessé d'être un saint. Il est certes loyal, certes fasciné par les femmes et le respect qu'elles lui inspirent, mais les filles sont jolies et la vie courte, on peut bien rigoler sans que ça ne porte préjudice ni à l'un ni à l'autre. Il se débrouille pour faire tout discrètement ou officiellement avec des demoiselles sans frères ou pères (oui c'est horrible, bienvenue dans un clan barbare. cela dit tout le monde était consentant, c'était très joyeux, tout ça.).
Tout ça pour dire que l'affaire Eriba ne fut pas de son initiative. Veuve très récente d'un membre important du clan, jeune malgré son état, elle vint à lui sans équivoque, clairement pas pour aller cueillir des fleurs dans la forêt. Une fois n'est pas coutume, ce fut Cahir qui d'abord refusa, conscient du danger. Eriba a deux frères, son père est toujours vivant, elle a de nombreux beaux-frères et vient à peine de perdre son mari qui était un ami: ce serait s'exposer à un danger inutile. La première fois qu'elle vient à lui, le combat contre le chef du clan n'a pas encore eu lieu. Quand elle revient à lui après, malgré l'humiliation qu'il a l'impression d'avoir subie, ses scrupules sont effacés par son orgueil blessé. Il cède bêtement parce qu'il estime n'avoir plus rien à perdre. Évidemment, ça se sait. Évidemment, ça déclenche une guerre interne: les frères d'Eriba veulent sa peau, et le reste du clan fait remarquer qu'il reste le guerrier le plus efficace et que ce serait une erreur.
C'est Cahir qui résout le conflit. Il va demander l'exil au chef du clan, qui lui accorde par intérêt, puis fuit n'emportant aucune autre affaire que des vêtements de rechange et son épée. Kurn et Torll, frères d'Eriba, sur le dos - heureusement de loin.

L’Étranger - Le voyage d'exil de Cahir dure longtemps. Il ne choisit pas de destination, il avance simplement, catégoriquement, les yeux baissés.  Il n'a pas l'intention de s'arrêter, de le fait uniquement pour satisfaire ses besoins vitaux, ou passer des soirées de beuverie avec des étrangers. Il lui vaut mieux, de toute façon, ne pas s'arrêter pour éviter Kurn et Torll. Il prend le bateau et passe la traversée à être prostré dans un coin, terrifié. Il arrive dans le Jutland totalement par hasard, et se heurte à une langue complètement déstabilisante. Ce n'est pas plus mal. A trop parler il donne parfois trop d'informations qui le rendent trop facile à pister.
Un soir, deux ans après avoir quitté son clan, il se retrouve seul dans la forêt. Certes, ça lui est arrivé souvent dans sa vie, particulièrement depuis le départ, mais c'est le première fois qu'il y est ivre. Cahir vole ou bosse pendant de courtes périodes dans les fermes pour gagner de l'argent et a parfois du mal à garder son argent - pourquoi économiserait-il? Il n'a pas de maison à acheter, ni de cheval, ni rien. Il est libre de propriétés. Sa dernière paie, donc, est passée dans une beuverie stupide - et c'est très bien comme ça.
Sauf qu'il est assis dans les feuilles à chanter un air scandinave des femmes de son enfance et qu'il n'entend pas l'ours. Qu'il a beau essayer de se défendre comme il peut, il n'est pas suffisant. Il se réveille surpris même d'être toujours vivant, souffrant mille démons. Il titube aléatoirement pendant des heures, mains plaquées sur ses plaies, chanceux de ne pas se vider complètement de son sang. Il échoue devant une cabane, vidé de ses forces. Sa tête heurte la porte dans son front, la défonçant sans plus de cérémonie.
La cabane appartient à Silke, l'enfant sauvage. Il a de la chance. Elle le soigne, il passe quelques temps là bas. C'est un deuxième coup qui lui est porté, et il laisse son épée sans lui dire dans la cabane de Silke le jour où il s'en va. Il ne se battra plus jamais. Il va rester ici, et attendre de voir si les frères le poursuivent encore, et s'ils le trouvent, tant pis, il trouvera une façon de faire, d'assumer ses conneries, de payer ses défaites.