Sunhilda avait empruntait un portail très tôt ce matin afin de se rendre au pot de Vik Margygr dans le Noregr, sa ville natale. Elle aurait aimé rendre visite à son frère mais, bien sûr, il devait être en raid. Comme tous les hommes. Comme Bartram. Mais Sunhilda avait besoin de s’y rendre. Il était cependant hors de question pour elle de pénétrer au sein de la forteresse des Quatre Vent. Oh non ! Pour rien au monde elle ne s’y rendrait sans son frère. Elle n’avait pas envie de passer du temps avec Berit, sa belle-sœur qu’elle détestait cordialement. Inconcevable ! Au lieu de cela, Sunhilda avait décidé qu’une balade dans la ville et au port lui ferait du bien. Elle y retrouverait de vieux visages familiers, comme celui de Bothilde. La vielle femme était un pilier du port ! Sunhilda l’avait toujours connu, à croire que les dieux lui avait fait don d’une vie sans fin. Il était bon de se promener au soleil, à l’air libre et pur du Noregr. Elle appréciait ce froid intense qui imprégnait ses os.

Seule, autant qu’à Skuli, Sunhilda marchait sans but précis. Elle pensait à Bartram qui rentrerait des raids bientôt sain et sauf. Du moins l’espérait-elle. Il lui était impossible de ne pas penser au pire. Comment pouvait-il en être autrement ? Elle savait que toutes les femmes avaient les mêmes soucis qu’elle. C’était ainsi. Et ça ne changerait pas. Elle était comme prisonnière de cette situation. Elle était vouée à attendre dans l’obscurité jusqu’à la fin de ses jours. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle avait elle-même choisi cette vie ! Elle s’était mise en cage seule. Contrairement à d’autres… Contrairement à ces esclaves devant lesquels elle passait à l’instant. Elle ne s’y attarda pas. Elle n’était pas venue jusqu’ici pour s’offrir une esclave. Elle n’en avait pas besoin.

Sunhilda poursuivit donc sa marche, saluant quelques vieux commerçants qu’elle reconnaissait vaguement pour les avoir connus dans son enfance. Ce temps-là semblait si loin ! Et puis, bientôt, elle arriva tout près de là où les bateaux amarraient et Sunhilda s’arrêta, observant ces géants des mers. Que n’aurait-elle pas donné pour être libre de voguer à nouveau ! Mais c’était impossible. Elle avait tiré un trait sur cette vie le jour où elle s’était mariée à Bartram. Non. Le jour où elle était tombée amoureuse. Et puis il y avait eu Sigrid. Si elle portait un amour sans fin à sa fille, parfois, elle regrettait d’y être enchainée. Surtout lorsqu’elle voyait ces femmes libres sauter à bas des bateaux. Elle en observa une aux cheveux noirs et longs. Une femme d’une grande beauté. Une femme qui lui était étrangement familière…