Région d'origine ● Noregr, région à la faune bigarrée.
Date de naissance ● On raconte qu'elle est née au cours du Skerpla de l'année 1260, quand les rayons du soleil parviennent enfin à vaincre les éclats glacés des vents infatigables. En soi, elle n'en a rien à faire.
Âge ● 35 ans.
Nature du sang ● Sang-mêlé.
Particularités magiques ● Bien qu'elle parvienne à réguler ses flux magiques et à les soumettre au joug de sa parole, sa magie demeure tributaire de ses éclats d'humeur. Quelques sortilèges nécessaires à la vie quotidienne comme générer une flamme ou réparer une éraflure sur le bastingage de son navire lui sont devenus naturels, mais d'autres, plus complexes, lui échappe encore ; cela étant, s'ils ne sont pas utiles pour des tâches quotidiennes, elle ne prend pas la peine de les maîtriser. Elle n'est pas friande de magie et saurait très bien s'en passer - mais puisqu'elle est pourvue de pouvoirs magiques, hein... pourquoi ne pas les exploiter, ce serait bête de tout laisser tomber.
Métier ● Capitaine du Serpent des Glaces.
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Wandra n’aime pas les hommes. Elle les trouve mal dégrossis, orgueilleux pour pas grand-chose, stupides et inintéressants. Elle en a démonté plus d’un pour s’être prétendu meilleur qu’elle et en a balancé d’autres par-dessus bord pour avoir manqué de respect à l’une de ses pairs. Elle a toujours trouvé la force d’une femme plus belle que celle, bourrue, des hommes, et leur beauté bien plus précieuse que celle à l’hygiène douteuse de ces messieurs. Et cette préférence, elle ne l’a jamais cachée.
Wandra confectionne des bijoux avec ce qu’elle trouve au cours de ses voyages, et à l’aide de quelques sortilèges de base qu’elle a appris à maîtriser. Ses œuvres sont le plus souvent archaïques et ne présentent pas beaucoup de finesse, la faute à ses sortilèges limités, mais elle a beaucoup d’imagination et a tendance à s’inspirer des histoires que lui racontaient son frère avant d’avouer qu’il avait sans doute exagérer sur les bords. Elle les offre rarement, et quand elle le fait, c’est souvent lourd de sens.
Wandra ne veut pas d’enfants. D’une parce que cela impliquerait une relation avec un homme – qu’elle n’aurait que si elle est trop bourrée pour en avoir conscience, et encore – mais également parce qu’elle ne les aime pas. Du moins, c’est ce qu’elle prétend ; en vérité, elle a toujours été hantée par l’idée qu’elle ne saurait pas les élever, et qu’elle ne veut pas pour eux la vie d’un Sang-mêlé, bien malgré qu’elle soit fière de sa propre vie et de sa condition.
U.C. |
Et vous, la pureté du sang, vous en pensez quoi ?votre réponse.
Si vous ne deviez jurer que par un seul mage ancestral, ça serait lequel ?votre réponse.
Quel souvenir avez-vous du labyrinthe de Dürmstrang ? Ou ça vous fait envie ?votre réponse.
«
Wandra ! Eh, Wandra ! »
«
La ferme, Wilbur, je dors. »
«
Viens, allez ! J’ai un truc à te montrer ! Allez, Wandra ! »
«
Wilbur, dégage… »
«
Wandra, allez ! Aïe ! »
Le silence de mort qui s’en suivit la réveilla définitivement. Elle soupira, bascula sur le dos et contempla son frère qui, à genoux à côté d’elle, se massait le crâne en grimaçant de douleur, louchant sur le montant du lit superposé. «
T’as l’air malin, maintenant. » Il grogna pour toute réponse. Stoïque, elle ne leva pas le moindre doigt, enfoncée dans son matelas de paille et la couverture remontée jusqu’au menton, et ne prononça pas le moindre mot de compassion. «
Bon. Qu’est-ce que tu voulais me montrer ? » «
J’ai plus envie. » Elle arqua un sourcil, mais habituée, ne broncha pas ; les caprices de Wilbur étaient aussi éphémères que ses élans d’intelligence. Et il avait plus qu’intérêt à lui dire dans les prochaines secondes la raison pour laquelle il l’avait réveillée, sans quoi elle n’était pas certaine qu’il s’en sorte avec juste un hématome en forme de manteau de lit en plein milieu du front. Alors, croisant les mains sur son ventre, elle attendit.
«
Bon, d’accord. Mais faut que tu te lèves. » «
Tu peux pas juste m’en parler ? » «
Tu me croirais pas. » Elle ouvrit la bouche, puis se ravisa ; elle se souvint du nombre de fois où elle l’avait pris pour un idiot quand il s’était contenté de juste lui en parler. Wilbur était un viking raté doublé d’un conteur né qui rêvait d’aventures ; du haut de ses huit ans, il enjolivait ce qu’il découvrait au cours de ses aventures dans le sous-bois avec son lance-pierre, dont il se targuait de la vérité avant d’admettre pitoyablement qu’il avait sans doute un peu exagéré. Seulement, il se contentait de raconter que lorsqu’il voulait rendre les choses extraordinaires. Le sérieux qu’il arborait à cet instant soufflait à Wandra qu’il ne s’agissait pas seulement de l’une de ses histoires. Il avait vraiment quelque chose d’important à lui montrer. «
Très bien. » Il haussa les sourcils, et, glissant hors du lit, elle choisit sciemment d’ignorer son étonnement : les probabilités qu’elle accepte de mauvaise grâce, agrémentant son consentement d’une menace bien sentie, étaient plus évidentes que celles, plutôt inexistantes, de son simple assentiment. Il ne valait mieux pas qu’il croit que sa soudaine commodité était de nature à se répéter.
L’aube grise auréolait les sommets escarpés, agrémentant de reflets argentés la neige éternelle ; l’air était vif et mordait la peau de son cou ; elle remonta le col de sa chemise de lin et serra les bras autour de sa poitrine. Elle n’était pourtant pas particulièrement frileuse, mais n’aimait pas le vent des premières heures du jour. L’espace d’une seconde, elle maudit Wilbur qui, lui, était insensible à toute forme de froid dès lors qu’il pouvait mettre le nez dans le sous-bois.
L’herbe gelée craquait sous la fine semelle de ses chaussures alors qu’elle le suivait jusqu’à l’orée de la forêt, où il s’immobilisa devant un arbre déraciné ; comme autant de doigts tordus émergeaient du sol les racines noires et terreuses, au-dessus d’un cratère béant de terre retournée. L’arbre s’était accroché à son voisin et demeurait, dans un équilibre bancal, les branches emmêlées dans un fouillis indéterminé. Autour de lui, tous les autres s’élançaient vers les nuages épais sans fléchir ; c’était comme si une petite tornade avait choisi sa seule et pauvre victime. Ou autre chose.
Wilbur exultait. Littéralement.
«
C’est moi ! » Fascinée par l’arbre penché, Wandra ne répondit pas. «
C’est moi qui l’ai fait ! » Du bout des doigts, elle toucha une des racines puis posa la main sur l’un des arbres environnants, inspectant leur socle ; non, ils n’avaient vraiment pas bougé. Il n’y avait que cet arbre. Seulement cet arbre. «
Je l’ai déraciné ! » «
Oui, j’ai compris ! » Elle se retourna vers lui et le saisit par les épaules. «
Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Une pause. «
Tu as des pouvoirs ? » Il hocha vigoureusement la tête. Il était content. Purement et simplement content. «
On apprendra ensemble, hein ? » «
Wilbur ! » Il sembla s’éveiller ; dans son regard, l’étincelle perdit de son éclat. Il fronça les sourcils. «
Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? T’es pas contente ? » Wandra le lâcha et se retourna vers l’arbre. Elle se demanda comment un tel évènement n’ait encore réveillé personne, et encore moins les matonnes de l’orphelinat, pourtant réputées être de véritables hiboux en état de veille.
«
Je voulais seulement faire de la magie », fit Wilbur devant le silence inquiétant de Wandra. «
Alors j’ai insisté. Et l’arbre s’est déraciné. » Elle ne répondait toujours pas. Wilbur se gratta l’arrière du crâne. «
Mais je voulais que ce soit la pierre qui se fissure. Comme toi. » Le regard qu’elle lui lança le fit déglutir. «
Mais Wandra… » «
Wilbur, t’es vraiment le seul type capable de déraciner un arbre par simple caprice. Tu m’étonneras toujours. » «
Donc tu… » Le demi-sourire qui tordit les lèvres de l’enfant le fit sourire à son tour. Wilbur était un gamin simple, qui avait longtemps été rongé par l’apparition tardive de ses pouvoirs ; à quelques mois de son expulsion de l’orphelinat, qu’il n’en ai pas encore déclaré le moindre l’avait tourmenté tant et si bien que Wandra s’était profondément inquiétée pour lui – à sa façon, c’est-à-dire que Wilbur ne l’avait jamais compris.
Ils n’étaient pas frère et sœur de sang, mais c’était tout comme.
**
«
Un bateau ? Tu as acheté un bateau ? » Son expression réjouie fondit comme neige au soleil pour prendre une allure penaude. Il baissa légèrement la tête ; elle leva les mains vers le ciel dans une prière ultime et désespérée à qui l’entendra. A cet instant, peu lui importait qui allait la recevoir, tant qu’elle était reçue. «
Tu ne sais même pas naviguer ! As-tu seulement la moindre idée de ce qu’est une ancre ? » «
Bien sûr, ça permet de maintenir le bateau au même endroit ! » «
Mauvais exemple… » Elle soupira. Son frère pouvait avoir des coups de génie mais, malheureusement, ils étaient bien plus rares que ses impulsions irréfléchies. «
Mais pourquoi as-tu fait ça ? » «
Tu rêvais de voyager, alors… » «
Quoi ? » «
Et puis qu’est-ce que tu veux faire d’autre dans ce trou perdu, hein ? Je ne vais pas trier des poissons toute ma vie ! » «
D’accord, d’accord, calme-toi. » Une pause. Elle le dévisagea ; il semblait retenir sa respiration, en attendant le verdict. Il s’y plierait, comme chaque fois ; ce qu’il faisait passait inévitablement au crible de l’avis de Wandra, et il s’était rendu à l’évidence, depuis longtemps déjà, qu’il valait mieux s’en remettre entièrement à son avis – parce qu’il était souvent avisé, mais également pour sa survie. Wandra, si elle était dure en affaire, l’était tout autant en réprimandes ; il valait mieux prévenir que guérir, n’est-ce pas ? Croisant les bras sur sa poitrine enfermée dans un corsage strict, la jeune femme contempla, de la proue à la poupe, le navire sombre, drapé de voiles claires. Sur son flanc, l’inscription
Serpent des glaces était gravé à même le bois, et les lettres peintes en blanc ; ce détail, véritable luxe dont se passait la grande majorité des navires en activité, trahissait à lui seul le prix prohibitif qu’il n’avait sans doute pas manqué de coûter. Penchant la tête sur le côté, Wandra revint au visage anxieux de son frère. «
Mais comment as-tu réussi à te le payer ? » Wilbur ne répondit pas immédiatement. Détournant le regard, il commença à se balancer sur ses talons, et sembla chercher dans le bois du navire une réponse adéquate ; attrapant le menton de son frère entre son index et son pouce, elle manqua lui tordre le cou pour le forcer à croiser de nouveau ses prunelles. Il grimaça légèrement avant d’avouer. «
Je l’ai gagné aux cartes. » En détachant chaque mot, elle répéta sa phrase. Le visage de Wilbur se décomposa à mesure qu’elle assenait chacun de ses propres mots qui, dans la bouche de Wandra, prenaient une toute autre dimension.
Ils vivaient de maigres revenus que leur assuraient le travail de Wilbur à la poissonnerie et les quelques exploits maîtrisés de magie de Wandra dans une forge qui ne l’acceptait que parce qu’elle portait le pantalon mieux que certains hommes se targuant pourtant d’une virilité sans failles ; le poing qu’elle avait envoyé dans la figure de l’un d’entre eux, en lieu et place d’une gifle attendue, avait fini par convaincre la population masculine du port qu’elle ne répondait pas aux critères sociaux communément admis de la gente féminine. Elle n’était pas embêtée, et par extension, Wilbur non plus ; mais parfois, elle regrettait que son frère ne soit pas plus convainquant comme nordique qu’elle ne l’était. Qu’il joue aux cartes avec les hommes du pub ne mettait en avant que son savoir-faire en matière de bluff ; le reste, c’était elle qui s’en chargeait. Toujours. Cette fois n’était pas différente ; cependant, il avait, par ses habiles dons de comédien et ses quelques phrases bien tournées et apprêtées au meilleur moment, récupéré d’un homme trop confiant le navire, soit la totalité de ses possessions. Et les nordiques n’étaient pas beaucoup qu’on les dépossède à la déloyale, surtout quand la personne qui a récupéré ses biens s’est habilement fait passer pour l’idiot du village.
Wilbur attendait, mais elle sentait sa nervosité perceptible. «
Bon. De toute façon, on ne va pas en faire du bois pour le feu, ce serait ridicule. » Il ne masqua ni le soulagement qui inonda son regard, ni l’excitation enfantine qui étira ses lèvres en un sourire jusqu’aux oreilles. «
Promis, je vais apprendre très vite à naviguer ! » «
J’y compte bien. Et pour en être certaine, j’apprendrais avec toi. » Cette déclaration lui fit l’effet d’une douche froide. Wilbur était certes bien capable de tenir ses promesses, mais lorsque Wandra s’en mêlait, il regrettait bien vite sa décision. Si elle était juste, elle n’avait pas la réputation d’être indulgente ; et pour Wilbur, qui se déconcentrait lorsqu’un papillon lui passait sous le nez, cette absence de compassion était fatale. Il l’avait appris le jour où il avait découvert ses pouvoirs et avait demandé à Wandra qu’ils apprennent ensemble à les contrôler ; aujourd’hui, elle n’était pas loin de connaître une bonne dizaine d’utilisations différentes de ses pouvoirs alors qu’il peinait toujours à brûler une brindille.
Bien consciente de ce passé, Wandra attendit l’abdication de son frère, mais celle-ci ne vint jamais. Au contraire, à sa grande surprise, il hocha vigoureusement la tête, une étincelle farouche dans l’encolure de ses prunelles. Elle connaissait ce regard. Il ne l’avait qu’à de rares occasions, qui requéraient toutes un danger la visant elle ; et ce dont elle était certaine alors, quand elle contemplait ce petit quelque chose dans son regard, était qu’il arriverait au bout de ce qu’il entreprendrait, qu’elle s’en mêle ou non. «
Et quand on aura terminé, je sais même où on ira. » «
Ah oui ? Et où veux-tu donc aller pour ta première expérience en tant que capitaine ? » Un instant de silence, qu’elle soupçonna provoqué pour ménager le suspense.
«
A Durmstrang. »
U.C.
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