Région d'origine ● Jutland Date de naissance ● Inconnue, mais il semblerait qu'elle soit une enfant de l'été, de l'année 1272. Âge ● Vingt-trois ans, donc. Nature du sang ● Sang-mêlée, mais elle n'a pas beaucoup de souvenirs de ces détails, et n'y pense pas non plus. Particularités magiques ● Aucune. Son utilisation de la magie est assez particulière, puisqu'elle n'a reçu aucune réelle éducation, n'a pas été à Dürmstrang. Elle n'utilise que des sorts informulés, et à un lien avec la nature très particulier. Métier/études ● Les seuls choses que Silke a étudié sont les livres qu'elle a dérobé, ou que certains lui ont fournis. Elle troque des élixirs et des potions, mais n'a pas de métier attitré.

STORIES " Eh, tu savais qu'une gamine vivait au fin fond de la forêt? - Où ça? - Dans le Jutland, dans une cabane. - Mais qu'est-ce qu'elle fiche là-bas? - Apparemment on l'y a laissée quand elle était gosse, les parents pensaient que c'était un changelin." || " Mais t'étais où? - Dans le Jutland, tu sais, là où il y a la muette. - Ah, la blonde. Tu connais son nom? - Non, elle dit jamais rien quand je viens.  " || " J'arrive pas à trouver ce fichu élixir... - T'as besoin de quoi? - Euh... C'est un peu compliqué... - Va voir la Sauvage, elle saura te faire la bonne décoction. - Elle prend cher? - Elle te demandera de la viande, je pense, ou des fruits." || " Tu sais qu'une fois elle m'a fermé la porte au nez? - Ah bon? Elle est plutôt... Correcte, d'habitude. - Elle est arrivée avec un panier, elle est rentrée, et plus rien." || " Elle est même pas allée à Dürmstrang, mais elle se débrouille pas mal. - Mais elle fait comment? - Je sais pas moi,  parfois elle bouge les mains, parfois... Rien." FACTS muette ou presque ♦ méfiante ♦ curieuse ♦ solitaire ♦ aurait été vue avec un loup dans les bois ♦ peut passer des heures en forêt ou près de la rivière ♦ possède un tas de livres qu'elle a volé ou qu'elle a troqué contre des élixirs ♦ les recettes de ces derniers ou de ses potions restent secrètes, ce qui n'empêchent pas qu'on les lui réclame ♦ ne se souvient pas de sa vie à Skuli ♦ a un peu peur des gens, peut-être ♦ ne leur fait pas confiance, sauf exception ♦ a appris à jouer de la flûte ♦ connaît les propriétés des plantes par expérience ♦ a un corbeau presque apprivoisé, qui vient souvent l'observer ou lui réclamer à manger ♦ a une dague gravée de runes à la ceinture, un cadeau.

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Et vous, la pureté du sang, vous en pensez quoi ?

Silke ne pense pas rand chose de cette histoire de pureté. Siri a bien tenté de lui expliquer les tenants et les aboutissants de ces histoires de sang-purs et de sang-mêlés, mais elle ne comprend qu'à moitié l'importance de ces distinctions. Elle sait qu'ils y a plusieurs types de personnes, les braells, les autres ; ceux usent de la magie, et ceux qui font sans. Des visiteurs l'ont déjà traitée de sang-mêlée, et de bien d'autres noms, mais elle est loin de s'en offusquer. Elle est loin d'être stupide mais n'a pas reçu l'éducation de ceux passés à Dürmstrang, ne se rend peut-être pas compte de la façon dont on traite les gens selon leur sang. Ce qu'elle pourrait ressentir pour le moment, à l'égard de toutes ces histoires, serait une sorte de colère sourde, un truc au fond du ventre qui se réveille dès qu'on évoque le sujet . Mais tout ça est trop loin de ses préoccupations, pour le moment.  

Si vous ne deviez jurer que par un seul mage ancestral, ça serait lequel ?

Silke ne jure pas, du moins à voix haute. Il est difficile de savoir ce qui lui passe par la tête, mais à vrai dire, cela ne concerne que peu les mages ancestraux. Les noms lui sont connus, des réminiscences de son enfance, des contes de sa grand-mère, mais elle ne se souvient que de peu de choses. Aujourd'hui, elle n'accorde que peu d'importance aux mages brutaux, à ceux qui ont mené des guerres, ou à Loki et ses horribles farces et ses mauvais tours. Idun est certainement celle qui intéresse le plus Silke. Non pas pour la question de la beauté éternelle, loin de là, mais plutôt pour son verger. Pour ces magnifiques pommes magiques, ces pommes aux vertus exceptionnelles qui fascinent la petite sauvage. Elle rêvait, et rêve encore parfois de trouver ces vergers et de percer le secret de ces fruits.
Elle invoque aussi, de temps en temps, Höd. Si cela peut paraître étrange... Effectivement, ça l'est. Le mage, qui n'est pas réputé pour son intelligence, c'est peut-être sa cécité et ce qu'il en a fait qui plaise à la jeune femme. Alors oui, il a tué son frère, à cause de Loki, oui, il n'était pas particulièrement futé, mais elle l'imagine parfois dans les montagnes, observant les terres glacées, les forêts et les plaines, veillant sur les exilés, à son image.

Quel souvenir avez-vous du labyrinthe de Dürmstrang ? Ou ça vous fait envie ?

Évidemment, elle n'a aucun souvenir du labyrinthe, n'ayant jamais mis les pieds à Dürmstrang, et ayant ignoré l'existence de l'école pendant des années. L'expérience lui a été racontée mais elle n'aurait pas vraiment eu envie de vivre ça ; une impression de déjà vu, peut-être. Non pas que Silke ne sache pas se battre : elle n'a pas appris les rudiments de la guerre, mais sait manier la dague, n'a pas d'autres armes, et n'est pas la plus forte des femmes, physiquement parlant. Elle peut porter du bois, pour son feu, effectuer des travaux ingrats, mais ne pourrait mettre un homme à tard. Alors lutter et échapper à des créatures magiques... Cela lui rappelle un peu trop les premiers temps qu'elle a passé dans la forêt, seule, dans le froid ; elle n'est pas certaine de comprendre toutes les subtilités de cette tradition, et ses sentiments sont un peu partagés. Il paraît que certains apprécient, voire adorent traverser le labyrinthe, et qu'ils y retournent pour tuer des créatures. Silke, elle, préférerait plutôt les observer dans un silence quasi parfait, plutôt que de les affronter. Pas par crainte – peut-être un peu, tout de même -, mais par curiosité .

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La Sauvage. L'Enfant de Personne. Des surnoms, il en circule un certain nombre à propos de Silke ; elle est au courant du premier, pas du second, et ce n'est pas plus mal. A vivre au fin fond des bois, dans le Jutland, on aurait pu croire qu'elle y serait oubliée, que personne n'irait la chercher jusque là. C'était sans côté les portails runiques, la curiosité des gens et celle de la sauvage elle-même.

Enfant de Personne, ces termes ne sont pas tout à fait juste. Silke naquit en 1272 dans une famille de Sulki, une famille de sang-mêlés aux aspirations claires : purifier la ligne, s'élever au sein de la société nordique. Des générations durant, les aïeux de la jeune femme tentèrent de lier leurs fils et leurs filles à ceux des familles de sang-pur de toutes les terres imaginables. Ils étaient prêts à envoyer leurs membres à l'étranger, tout cela pour avoir un nom. A croire qu'une malédiction pesait sur cette lignée qui ne parvint pas, du moins de ce que nous savons, à obtenir un nom, un vrai. Cette obsession avait induit, chez quelques personnes de la famille, de drôles de comportements : cacher les enfants, à leur naissance, par honte. Honte d'avoir donné naissance à un nouveau sang-mêlé, peu digne d'attention. Au cours de sumar, en l'an 1272, une petite tête déjà blonde apparue, lançant ses premiers cris dans ce qui était peut-être le Sviar, ou les Îles Glacées, elle ne s'en souvient plus. Son nom ne lui fut pas donné immédiatement, après tout, cela n'avait aucune importance ; la mère ne s'en occupait que peu, le minimum nécessaire à la survie du nourrisson, et c'est la matriarche, la grand-mère, qui se chargea de prodiguer à cette enfant l'affection dont elle avait besoin. Elle en vint même à choisir un prénom, Silke ; un prénom sans réflexion, pour la nommée, et parce qu'elle semblait mignonne, avec ses grands yeux clairs. Il était évident que ce bébé ne serait jamais une combattante, avec son nez délicat et son petit corps, ce sang là ne coulait pas dans ses veines – ni dans celles de ses parents, à vrai dire. Mais une pensée bien étrange et dangereuse avait pris place dans l'esprit de la mère : sa fille, cette chose, était un changelin.

Cette histoire aurait pu en rester là, après tout, les supposés changelins dans les familles de sang-mêlés ne font de mal à personne. Mais dans les familles de sang-mêlés aspirant à devenir des sang-purs, par un moyen ou par un autre, il s'agissait d'une catastrophe.  « Il faut la brûler. » Les mots furent prononcés très tôt, alors que Silke n'avait que quelques mois, mais la matriarche réussit l'exploit de garder l'enfant sauve. Et elle grandit, d'années en années, cette épée de Damoclès au-dessus du crâne, sans en avoir conscience, au début. Le père n'était qu'à demi-convaincu, mais de son caractère faible et éteint découlait une docilité surprenante, presque inadmissible pour un viking : tout ce que sa femme voulait, elle l'obtenait, tout ce que sa femme ordonnait, il l'exécutait. S'il n'était pas sûr de la nature de Silke, il s'en fichait. Sa femme la voulait brûlée, elle serait brûlée.

Sept longues années passèrent, où Silke fut plus ou moins préservée par sa grand-mère. Elle lui enseigna la lecture, et l'écriture, les rudiments de leur société, quelques histoires sur les mages, sur les créatures. Certainement qu'elle lui assura qu'un jour elle apprendrait la magie, qu'elle serait mariée à un homme fort, correct, honorable, l'opposé de son père. Quand l'enfant demandait pourquoi elle ne pouvait jouer dehors, ou se rendre au marché de Sulki pour rencontre des amis, la réponse était toujours la même :  « C'est pour te protéger.  - Mais de quoi ? - Des gens, ma petite, des gens. » Des gens dont elle avait à peine conscience, des gens sur lesquels elle projetait ses pensées de petites filles. Il n'est pas étonnant qu'aujourd'hui elle soit devenue l'Enfant de Personne : nulle n'avait conscience de son existence, déjà à l'époque.

Le jour vint où, au matin, on la réveilla et on l'habilla chaudement. A travers les brumes du sommeil, elle mit de longues minutes à comprendre que son aïeule était en train de l'habiller chaudement, et venait de lui confier un baluchon trop lourd pour sa silhouette frêle d'enfant. Elle l'emmena, par le portail le plus proche, dans une grande forêt encore sombre et brumeuse aux premières heures du jour.  « Pourquoi... - C'est pour ton bien, Silke. Je te le promets. Viens, on va chercher des baies. » La voix lui parut tremblante, sur l'instant, mais elle ne comprit pas. Les deux ombres s'enfoncèrent dans la forêt, loin dans le Jutland que l'enfant ne connaissait que de nom ; et on la laissa là.  « Je reviens, j'ai oublié mon panier. » Des heures durant la petite fille pleura, pleura et pleura encore, de peur et de froid, de faim, jusqu'à ce qu'elle ouvre son baluchon, et grignote quelques fruits secs. Elle pleura à nouveau, et se terra sous un épais buisson qui la cachait des yeux du monde, effrayée au moindre bruit. Les jours passèrent sans qu'elle n'en ait conscience, puis les semaines, les moins, et personne aujourd'hui ne comprend, ou ne sait, comment une enfant a pu survivre ainsi dans la forêt sans être dévorée ou sans mourir de faim et de froid. Certains affirment que les animaux ont choisi de la laisser en paix, et que les Nornes l'ont protégée des créatures; d'autres pensent qu'une louve l'a guidée, l'a nourrie, par instinct maternel. Silke elle-même n'en sait rien, car elle ne se souvient pas. Ce qui a précédé son abandon est un épais brouillard douloureux, et les années suivantes se résument à une série d'impressions, de sensations: le froid, la peur, la faim, les bruits, tout le temps, les grognements plus que les mots et les pensées, un vide, sans fin. Et encore le froid, la peur, la terreur, même. Seules quelques bribes de souvenirs lui restent, ainsi qu'un goût certain pour la lecture et les décoctions.

Les années d'errances, quant à elles, prirent plus ou moins fin lorsqu'elle découvrit, loin dans le Jutland, une vieille cabane de bois un peu branlante. Un refuge bienvenu, presque plus chaud que les cavernes et les buissons. Elle avait vécu en guenilles, parfois nue, pendant un temps, avant de dérober des peaux et quelques vêtements à des explorateurs de passage, écopant de quelques éraflures de flèches et autres blessures causées par la course effrénée qui lui permit de leur échapper. Cette cabane, de taille bien modeste, s'est peu à peu transformée en une sorte de logis ; Silke appris à faire du feu, par nécessité, et improvisa une couche de mousse, de humus, d'aiguilles, de brindilles. Sa nourriture provenait de la terre, ou des rivières, quand elle arrivait à attraper du poisson, qu'elle faisait griller sur le feu ; un festin. Rarement, très rarement, elle tua des animaux, la simple idée la mettait mal à l'aise, bien que quelques oiseaux et de petits gibiers furent pris dans ses pièges sommaires, mais parfois efficaces. Elle aurait pu vivre ainsi longtemps, à ramasser des plantes, des baies, trouver quelques légumes sauvages et racines pour se sustenter. Mais la civilisation la rattrapa.

Ayant vécu comme une enfant sauvage pendant des années, Silke en oublia de parler. Si bien que lorsque Siri Freknur passa sa porte, elle recula, la main sur sa dague ; mais aucune hostilité n'émanait de la rousse, et la jeune fille, qui n'avait même pas quatorze ans, se retrouve prise au piège des grands yeux clairs. Cet instant, cet instant même marqua un tournant décisif dans la vie de Silke : les autres, le monde, revint tout à coup brutalement dans son univers. Les autres sorciers ou braells n'avaient passé que quelques brèves secondes en sa présence, et elle avait fui aussi vite et aussi loin que possible pour survivre, craignant plus les Hommes que les Bêtes. Siri, elle, usa de toute sa douceur pour apprivoiser Silke, et commença à parler. A lui raconter des choses ,à lui en apprendre d'autres. A raviver tout ce qui, une fois, lui avait été conté par sa grand-mère, dont le visage planait au-dessus de ses rêves sans s'y faire une place.

Ses pouvoirs étaient apparus de la même façon que chez tous les vikings, un jour, comme ça, elle avait senti que quelque chose avait changé. Elle ne le comprit pas tout de suite, et se référa aux livres qu'elle avait volé, quelques temps auparavant. Si bien que lorsque Siri entra dans sa vie, elle ne connaissait que quelques rudiments, n'usait point de runes, dont elle apprit tout avec la bergère. Et elle s'y intéressa réellement, apprit à maîtriser leur écriture, à les parler, parfois ; son mutisme n'avait rien d'une pathologie, et ses cordes vocales, bien que timides, étaient et sont en état de fonctionner. Elle n'aime juste pas les utiliser. Siri lui procura des habits, des livres, mais n'arriva pas à la tirer de sa cabane maintenant plus solides, au toit un peu plus épais. Elle découvrit la musique, absente de son enfance et de ses années sauvages, les tresses, et les robes, qu'elle adopta aussi. Silke découvrit ainsi tardivement ce qui caractérisait la société viking dont elle était exclue depuis toujours : les us et coutumes, la tradition de Dürmstrang, les histoires de sang, les grandes familles... Elle ne comprend pas encore tout, son esprit ne fonctionnant pas de la même manière ; certains la traitent d'idiote, et voit en elle une sorte de malade.

Les années passant, la menant vers l'âge adulte, Siri devint sa seule véritable amie, la plus proche parente qu'elle puisse se reconnaître, et ce sans lien de sang. La notion de commerce fit son chemin et de sa connaissance des plantes et de cet instinct étrange dont était dotée, elle commença à réaliser des élixirs, des onguents, parfois des potions ; la rumeur d'une fille de la forêt se répandit, peu à peu, à Skuli et aux autres terres, et Siri fut la première intermédiaire de ce drôle de troc. Contre ses décoctions, Silke demandait des livres, une robe parfois, de la viande, des fruits, des graines... Tout ce qui lui passait par la tête lorsqu'on lui demandait ce dont elle avait besoin. Les ragots gonflèrent un temps et se calmèrent, comme souvent, mais la chose resta ancrée dans les esprit : une fille, une Sauvage, une Enfant de Personne, vivait dans seule dans le Jutland et n'était pas une braell. Une autre histoire circule encore à propos de la Sauvage, une histoire sur sa magie. Ni magie noire, ni magie blanche, ni connue des enfants de Dürmstrang, elle aurait développé dans son malheur : une force tirée de la terre, de la nature, qui nourrirait ses sorts, la guiderait et la protégerait. Mais les rumeurs...