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 « C'est plein de disputes un bonheur. »

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Fënyr Viggrinirr
Fënyr Viggrinirr

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(#) Ven 3 Jan - 21:06



C'est plein de disputes...
Burn, baby, burn.


Participants • Solvej et Fënyr Viggrinirr.
Statut du sujet • Privé.
Date, mois, année • Sólmánuður 1289.
Lieu • Alentours de Krákaborg.
Moment de la journée • Après-midi.
Météo • Pleinement ensoleillé.

Je ne souhaite pas que les Nornes interviennent dans ce sujet.
damsmachine © tumblr
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Fënyr Viggrinirr
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(#) Ven 3 Jan - 21:07


Il souffle, un temps, assez pour recommencer de respirer normalement. Il déteste ce rituel puéril, bien qu'il s'y prête toujours. Ce sont les traditions, les habitudes, ces détails insignifiants qui pigmentent cependant l'existence. Et leur régularité fait grand bien ; on va jusqu'à s'alerter de ne pas les retrouver, quelques fois, on imagine que l'essentiel a été perdu par la négligence. Et, néanmoins, chaque fois qu'il revient, chaque fois qu'il foule ce sol au pied, il hait le paysage, ces mêmes arbres stoïques, et ce rocher, là-bas, un peu loin, qui n'a pas bougé en vingt ans. Tout est demeuré, ici, et il voit la demeure familiale qui s'élève, là-bas, un peu plus haut, suffisamment proche pour qu'il en distingue toutes les ouvertures et néanmoins bien assez lointaine pour qu'il n'ait rien à entendre des sermons de son père. « Chasse-moi un loup, lui a dit Baelfaë, patriarche Viggrinir. » Et le fils est sorti, en silence. Comme chaque fois. Fënyr ne se rappelle pas son père autrement. Une fois un lièvre. Une fois un oiseau aux nuances de l'ébène. C'est cela, le rituel, lui prouver, et cela à perpétuité, qu'il est un homme, qu'il accomplit son héritage et qu'il ne perd rien de ce que, jadis, un précepteur lui a religieusement enseigné. Comme si le pelage d'un loup, si beau et si dangereux soit-il, pouvait enorgueillir Baelfaë Viggrinir tant il a été persécuté par la main de son enfant. Et Fënyr, quand même grandi, quand même adulte, qui se prête docilement à l'exercice avec cet air d'avoir été banni, cet air de se prêter aux jeux d'un vieillard fantaisiste avec toute l'horreur de savoir que cela n'a pas de sens... Mais il lui faudra ce loup pour franchir la porte, tout à l'heure. Alors il se renfrogne, il inspire aussi profondément qu'il le peut, et il cherche de nouveau la piste. Il a toujours été si mauvais chasseur... Une fois, cela lui a pris trois jours. Trois jours entiers. Il était jeune. Il faisait froid, et son père n'avait rien promis s'il revenait pour la nuit, ou seulement pour dîner. Mais Fënyr n'avait osé se présenter chez lui sans le gibier sommairement capturé. Les choses ne sont pas si différentes, à présent, à la différence qu'il n'entend pas laisser trois jours à ce loup.

Il s'est enfoncé dans un sous-bois, où les rayons du soleil s'avouent plus timides. Il frôle le sol jonché de feuilles du bout des doigts et – rare chose qu'il sache - en cette période de l'année, chaque feuille abandonnée de sa branche est le signe d'un passage. Il ne le remarque pas, mais ce sentier sauvage remonte depuis Krákaborg et, à l'heure de le réaliser, il est trop tard.
« Solvej. » Elle se tient debout, quand lui demeure accroupi par la traque. Elle est splendide – bien sûr, elle l'est toujours, mais sa présence déplaît au Viggrinirr. Il y a tellement de raisons à ce sentiment profondément ancré que Fënyr ne tente jamais d'en dégager un en dehors des autres. Ce ne peut être une visite de courtoisie. Par ailleurs, il se sent si ridicule qu'il ne se redresse pas tout de suite. Sa honte dégénère en vague rancœur, et le manège se poursuit sans qu'il n'en distingue aucun passage spécifique. Elle est là, voilà tout, et il n'a le temps de rien. Enfin, il se met sur ses jambes et il la dévisage. Il tente de deviner, bien entendu, mais sa mère ne lui a rien légué de son don. Il la connaît, il devrait savoir, comprendre. Quelque chose ! Mais plus il la regarde moins la clairvoyance daigne s'emparer de lui. C'est plus trouble, au contraire. Alors il abandonne. Il consent à la question, sans plaisir : « Qu'est-ce que tu veux ? » On ne se plante pas devant les gens. On ne les fixe pas de la sorte. Moins encore quand on n'est pas d'un sang qui le permet. Et c'est sur cet ultime sentiment, méprisant autant que méprisable, qu'il va jusqu'à refuser de vouloir entendre sa réponse.  
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Solvej
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(#) Sam 4 Jan - 12:05


En dépit de tout, ses lèvres s'étirent pour une joie solitaire. Pourvu qu'il ne la voit pas. Accroupi, ses couleurs se mêlent à la terre. Il est si semblable à la bête qu'il traque. Cette fois encore, ce sera difficile. Il avance prudemment, sous le regard jugé indigne et pourtant plus haut, en ce jour. Bientôt, il la trouvera. La quête absurde l'amuse encore un peu plus.

« Solvej. » Le masque retrouvé, elle le toise avec l'aplomb habituel. Ainsi, plus proche, il n'a plus l'air d'un enfant. Ses yeux crachent déjà. Il n'est pas si difficile de prétendre le haïr quand il a ces yeux, et encore plus aisé de ne pas détourner les siens. Qu'il enrage sourdement, il sait comme elle est devenue fière depuis qu'elle n'a plus rien. Mais c'est assez d'être aux pieds de sa servante et il se lève enfin. Elle seule connait chacun des mots qui seront prononcés alors qu'il cherche à les deviner, avec ses instincts de foutue magie, avant que le terrestre et la frustration ne reprennent leurs droits. « Qu'est-ce que tu veux ? » Elle esquisse un pas. Sous ses pieds les feuilles craquent enfin, comme pour témoigner de son existence ou démentir un mirage. Il lui faudra entendre. Il lui faudra répondre. Assez de détours et de silences. Hel le regarde, songe t-elle avec douceur.  

« Hilmar a fait le voeu d'être mon mari, mon amant et mon frère. » Et tu connais son visage, et tu sais son nom et l'impureté de son sang. « Nos pères ont consenti à faire de nos deux familles des soeurs. » poursuit-elle, implacable. « Et si les dieux le veulent... » Ô Hel, tu ne voudras pas, tu prieras pour mille orages et mille tempêtes. « ... de notre union jaillira descendance. » Le laisser dire, maintenant ? Non. Parler, parler encore pour que la bête comprenne. Elle effleure l'écorce, convoque l'âme de la forêt pour poursuivre. Ca ne lui ressemble pas, de dire ces choses. Mais elle a trop attendu. Et les mots ne sont déjà plus les siens, s'écoulent de sa gorge, morts-nés, arrachés par la nécromancienne. « Il est bien bâti et c'est un excellent chasseur. » appuit-elle à dessein. « Et il sera un homme et il sauvera notre maison. » Et il me possèdera, et il sera mon seigneur. A présent parle. Use de ta magie s'il le faut, mais retrouve les feux oubliés.


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Fënyr Viggrinirr
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(#) Sam 4 Jan - 17:40


Il s'imagine une centaine, un millier, de mots pour couler de cette bouche. Mais c'est un peu court. Ce qu'elle prononce, ce qu'elle lui fait l'affront de prononcer, va bien au-delà. Elle met le feu à deux décennies sans jamais sourciller. Elle scrute le brasier, elle souffle un peu sur les braises carnassières et elle applaudit un moment. C'est, en tous les cas, le spectacle que Fënyr contemple avec horreur. Car chaque syllabe, damnée syllabe, le confine à toujours davantage de colère. Cruelle Solvej. Belle Solvej. Que les dieux te maudissent quand tu tiens ce langage.

« Et si les dieux le veulent, dit-elle avec ce détachement répugnant, de notre union jaillira descendance. » Il essaie, il aimerait : il aimerait pouvoir rire. A l'intérieur, ça résonne, ça vibre, et ça moque. Mais son visage n'en répond pas. Il est fixe, il demeure. Il a l'impression d'avoir vieilli d'un demi siècle et d'en avoir perdu autant en leçons. Fënyr, l'homme sans philosophie, est plus vide, et plus vil, que jamais. C'est creux, là, partout. C'est l'absence de mots pour monter à ses lèvres. C'est le temps qu'elle ne lui donne jamais pour rétorquer. C'est chaque phrase qu'elle prononce, comme souhaitée pire que la précédente. Il est bientôt impossible de s'enfoncer plus loin, de descendre plus bas. « C'est un excellent chasseur, qu'elle dit alors, et il sauvera notre maison. » « Tu dis n'importe quoi, qu'il rétorque d'un trait. Tu es folle... » C'est ainsi qu'il balaie sur son domaine, c'est ainsi qu'il se détourne d'elle. Solvej Delfdòttir. La négligée. La meurtrie. C'est assez de plaisanterie pour un jour. Elle n'épouserait pas un tel homme. Elle n'épouserait aucun homme. Comment pourrait-il l'autoriser sans mourir ? Et il a déjà fait plusieurs pas qu'il réalise : c'est cela, c'est bien cela qu'elle veut. Il interrompt sa marche ironique, tourne sur lui-même jusqu'à l'aviser pour lui tourner le dos encore. Il s'avance vers le bois, sans plus jamais y chercher aucune piste. « Ce ne sera ni ton mari, ni ton frère... et ce sera encore moins ton amant. Les femmes comme toi, ça ne s'épouse pas. » Il s'assoit sur le rocher centenaire. Il l'observe. Silencieux. Il déteste qu'elle soit là, devant lui, comme sur le seuil de la maison de son père. Si ce dernier savait d'ailleurs... Mais Fënyr ravale cette pensée parasite elle aussi. Qu'importe que, par ici, on tire sur le mêlé comme sur le loup. Là, et maintenant, il ne s'agit pas uniquement de ce sang et, tout en même temps, il n'est que question de cela. « Alors quoi ! » Il ouvre les bras, comme disposé à recevoir le prochain assaut. Car ce n'est jamais un geste accueillant. « Eh bien ! Dis-moi ! Qu'est-ce que tu veux ?... une sorte de bénédiction, un mais oui, mais vas-y, Solvej ! tu n'auras pas de meilleure chance ! ? » Il hausse les sourcils. Il la méprise. Ce n'est plus ce qu'elle est. C'est ce qu'elle est venue faire, ici. Le lui dire. Un avertissement. Non, une menace. Alors il s'emporte. Car la colère lui déborde des lèvres : « Tu es pathétique de venir ici, devant moi, chez mon père, qu'il insiste, pour me jeter au visage cette... (il cherche ses mots, puis s'en répugne) appelle ça comme tu l'entends. Pour moi, ça n'a qu'un nom : conneries. »
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Solvej
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(#) Dim 5 Jan - 18:32



Il n'y a rien d'inattendu dans sa réponse. Cette façon de la scruter, sans pourtant jamais cesser de fuir. Elle demeure immobile quand il s'évertue à fouler chaque centimètre de terre, à feindre le but quand il n'y a qu'errance agacée. Il détourne les yeux, cherche refuge dans le domaine familier, mais rien à faire, elle ne relâche pas son emprise. « Ce ne sera ni ton mari, ni ton frère... et ce sera encore moins ton amant. Les femmes comme toi, ça ne s'épouse pas. » Le pauvre ignore à quel point il dit vrai. Elle se sait distincte, depuis toujours, de la noble race des épouses et des mères. Trop sauvage, trop vile, dépourvue de ces instincts de reine qui font et défont les hommes. Le ventre aride, dans la cervelle trop de sang. Dans le coeur, trop de dévotion pour sa race, trop de rage et d'ardeur. Mais dans sa bouche, cela brûle comme l'acide. Alors elle feint de ne pas comprendre, et entaille encore un peu les nerfs avant que ne vienne la chair. « Apprends que ce qui répugne à l'illustre engeance des Viggrinirr ne répugne pas à toutes les âmes du Jutland. »

Et puis il ose demander. Demander ce qu'elle veut, quand elle fut autrefois privée de ce droit. « Tu es pathétique de venir ici, devant moi, chez mon père, qu'il insiste, pour me jeter au visage cette... appelle ça comme tu l'entends. Pour moi, ça n'a qu'un nom : conneries. » « Tu as raison ! Conneries d'attendre de toi que tu te conduises comme un mâle avec ton sang trop délicat ! » explose t-elle à son tour. Puisqu'il en est tellement question, enrage t-elle. Partout, dans l'air, flottent les exigences des Viggrinirr, celles qu'il partage dans sa crainte. « Oui c'est pathétique. Tu n'es qu'un enfant. Retourne à ton loup, avant qu'il ne te dévore. » crache t-elle avant de se détourner. Elle veut partir, mais elle tremble, elle tremble de ce goût d'inachevé, de ce qu'ils n'ont pas su dire, de ce vide qui la consume depuis dix longues années et qu'il creuse, cruel, sans jamais trouver le néant. 

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(#) Dim 5 Jan - 21:11

Il est temps qu'elle s'emporte. C'est même heureux. « Tu as raison ! » Le pas du Viggrinirr vacille rien que d'entendre cette voix qui résonne. Cette inflexion soudaine, et ténébreuse. Thor qu'elle est magnifique... C'est elle. Là, c'est tout à fait elle. Elle se dessine très nettement, maintenant. Il la voit et l'image le pénètre parfaitement. « Conneries d'attendre de toi que tu te conduises comme un mâle avec ton sang trop délicat ! » C'est la douceur, c'est l'aura d'un rêve éteint - qu'il a abandonné, jadis. Mais son bonheur est intact chaque fois qu'il perçoit cette colère. Il est amoureux. Il est si puissamment, si stupidement, amoureux d'elle. Et sa haine s'en agrandit tout autant : « Ne me fais pas passer pour le méchant, qu'il souffle entre ses dents. C'est de ta faute. » Maudit Delfdòttir. Traître Delfdòttir. Que l'injurieux meurt, qu'il périsse. Que ce parent, cet horrible parent, meurt d'en avoir corrompu son sang. Solvej ne serait jamais sienne, par la faute d'un lointain. Il avait douze ans qu'il en avait décidé : il serait, à jamais, incapable d'autoriser cette union, de permettre cette vie. Pathétique. « Oui, c'est pathétique. Tu n'es qu'un enfant. » « C'est de ta faute ! crie-t-il plus fort. De ta faute, Solvej ! J'ai tenu ma promesse ! » Il s'est jeté sur elle. Probablement dans l'intention de la blesser, sinon de lui nuire, mais il n'en fait rien. Il se tient tout près d'elle, la main à portée de la gorge. Si seulement... Rien qu'un peu. Rien qu'un geste. L'ire déborde, de partout. « Moi, fulmine-t-il d'un murmure, j'ai tenu ma promesse. » Son regard est planté dans le sien. Il est si près d'elle, la bouche à portée de la bouche. Rien qu'un peu. « Et toi, Solvej ?... toi et les tiens, quand avez-vous trahi la tienne ? »

Il se dégage. Il va pour la gifler, en ravale l'amère intention et s'éloigne d'un rien. Il tourne, tout autour d'elle. Et il gueule. Il gueule maintenant, avec ce calme apparent, ce calme débile : « Tu devais être ma femme, tu devais me donner des enfants... Il le fallait. On devait être heureux, tu te rappelles ? Hëylda, Einar, toi et moi. Tu l'avais promis, et on l'a toujours su. » Il va vers elle, la fureur au bord des yeux. « Et tu m'as trahi. Tu as tout gâché, tu... » Son visage se tord, ses traits muent. « Tu me dégoûtes. » Et voilà, ça y est. Il a son visage en otage, avec les doigts qui enserrent franchement le menton. Il n'a aucun égard pour sa douleur, et il se moque bien de son calvaire. Qu'elle souffre un peu. Qu'elle souffre encore. Qu'elle sache tout ce tourment qu'elle a enfoncé dans son ventre. Qu'elle sache toute cette horreur qu'elle a planté dans son crâne. Il ne s'entend plus penser. Et il en est presque à lui cracher au visage Et il est presque en train de lui cracher au visage quand il lui arrache, enfin, un baiser. Il l'embrasse violemment, la retient, la main endolorie. Et chaque fois qu'il cesse un peu, chaque fois qu'il faiblit, il reprend. Encore. Juste un instant. Pour l'insulter un peu. Pour exister... un peu.
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Solvej
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(#) Dim 5 Jan - 22:08



Jamais il n'y eut de place pour la paix en leur coeur. Solvej le comprend alors qu'elle se délecte de chaque instant de sa fureur, loin de l'angoisse de ses silences. Ainsi les dieux te firent, Fënyr, forgé dans la rage. Aussi le laisse t-elle envahir sa retraite de sa voix et de ses nerfs saillants. « J'ai tenu ma promesse ! » « Tu mens... » siffle t-elle, sans entendre ses propres mots, captivée par le prédateur. S'il pouvait voir, comme ses yeux voient, alors il comprendrait combien ils sont tous deux étrangers à leur sang.

Il tourne autour d'elle, comme bête en cage. Elle attends, tranquille, elle sait d'instinct quand il frappera. Une autre magie de femme. « Tu devais être ma femme, tu devais me donner des enfants... Il le fallait. On devait être heureux, tu te rappelles ? Hëylda, Einar, toi et moi. Tu l'avais promis, et on l'a toujours su. » Elle l'écoute l'accabler des maux qu'il a causé, accabler l'ancêtre. Accable les dieux, pauvre fou. « Oui, j'ai promis. » crache t-elle comme prête à mourir. « J'ai promis le jour où tu as posé les yeux sur moi. » enflammée de sa nouvelle emprise douloureuse. « Et je n'ai cessé de promettre, même après que Durmstrang a fait de toi un monstre, après ton mépris et ta cruauté. Je promets encore, Fënyr. » Mais il n'écoute pas, sourd aux supplications qui l'humilient. Et il mêle sa rage à leur amour, et sa bouche à la sienne, dans un aveuglement sans nom. Solvej ne l'aurait pas voulu autrement. Mais sa brutalité est pervertie et l'ardeur asséchée de ses faiblesses, de ses paroles vides. Elle se prend, elle aussi tout à coup, à n'être plus que dégoût. Alors elle se débat, de toutes ses forces, maudit son corps de femme, convoque les dieux et leur miracles, mais rien n'y fait. Il ne cesse son injure, prêt à piller la nouvelle demeure d'Hel.

Alors l'impensable se produit. Et il comprend. Douloureusement, et bien avant elle.  
 

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(#) Dim 5 Jan - 23:43


Fënyr se souvient d'un temps évanoui, où Solvej était tout. Elle s'appelait encore Delfdòttir, et ils se promettaient des choses d'adultes alors qu'ils n'avaient pas encore dix ans. C'était stupide, bien entendu, et insouciant. Mais c'était d'une valeur incroyable à leurs yeux. C'était vrai. Ce n'était pas seulement des mots, c'était une destinée tracée, arrêtée, presque déjà vécue. Qu'importe que cela n'ait de sens que pour eux. Qu'importe que l'on rit de leurs serments puérils. Ils savaient. On ne transige pas avec ces choses, vous savez. Les très pieux qu'ils étaient n'ont jamais tari de certitudes à leur propre sujet. Ils seraient deux, ils seraient un, et rien ne saurait l'empêcher. Ce n'était pas comme rêver d'un mariage, espérer trouver un être qui vous aime et accepté de votre père. C'était écrit. Nécessaire. Implacable. Ce n'était pas même romantique. Ils avaient aussi à le subir. Et c'est d'ailleurs la suite de cette histoire...

« Tu... » Il s'arrache à elle - il est bien obligé. Et il tombe les genoux au sol, le corps recroquevillé, replié. Il s'affaisse tout entier. La douleur le déchire depuis le ventre jusqu'aux pieds. C'est insupportable, et il va plus encore rejoindre la terre. Il se tord à moitié, là, sur l'étroit chemin. Puis il supplie. Il attrape une cheville, il empoigne, il serre mais il relâche. La force l'abandonne face à l'horreur qui lui tenaille le corps. Sa peau le brûle, ses vêtements lui deviennent insupportables. Il souffre les dents serrés, la langue ensanglantée, la dignité éteinte. « Putain ! » Il rampe un peu à l'écart, la bouche hurlante. « Qu'est-ce que tu m'as fait ! » Mais il le sait très bien. Il le sent. C'est à cet endroit, là, en-dessous. Là où se terraient quelques promesses, jadis. Pas les plus absolues. Pas les plus merveilleuses. Mais les procréatrices. Et les plus belles, aussi. « Putain ! Sale... sang-mêlée ! » Bien qu'il soit incapable de se relever, il se traîne, il tente de la rejoindre encore. A chaque douleur, c'est un peu plus de colère. Mais il est trop loin. Trop à terre. Trop pathétique. Et il n'y a aucune magie qui puisse l'aider, aucune magie qui suffirait à expier sa furie. Il cherche bientôt à examiner sa blessure, à ôter cet habit qui lui couvre les jambes. Mais ses gestes sont si emportés, si fébriles. Il roule sur le côté, se tord encore, et rien n'y fait. Sa prison se referme simplement. « Qu'est-ce que tu m'as fait ? qu'il gueule. Réponds ! » Il n'a aucun souci de la réponse, son esprit n'y est même pas. A moins qu'il n'y ait quelque contre-sort à cela, à ce trouble qui le fait trembler, et tomber. Rien. Il ne se passe rien que cette douleur affreuse, et humiliante. Ils n'auront pas d'enfants. C'est maintenant certain.  


Dernière édition par Fënyr Viggrinirr le Mar 7 Jan - 14:06, édité 1 fois
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(#) Lun 6 Jan - 17:01



Par tous les dieux, qu'a t-elle fait ? Elle ne voit, ni n'envisage. Il n'y a que Fënyr, à ses pieds, qui se tord de douleur. Une douleur qu'elle a causé, qui ne ressemble en rien aux coups portés par la dague, le poignard et toutes les armes qui épousent sa main. Il y a de l'horreur et de l'effroi dans leurs entrailles. Ca y est. Elle comprend. La magie, cette putain qui fit de leur amour un holocauste, celle-là même est en train de le dévorer. Hel, qu'as-tu fait... Car jamais elle n'aurait convoquée seule son ennemie la plus farouche. Elle l'aurait entaillée de ses mots, de ses voeux et même de sa lame, mais cela... « Qu'est-ce que tu m'as fait ! » Il hurle et sa terreur à elle grandit. Cette chose, cette chose qu'il y a en elle, qu'il y a en eux tous. Leur faut-il cela pour comprendre l'ignominie ? « Je n'ai rien fais... » murmure t-elle comme une enfant. Ses yeux s'envolent, de sa main autour de sa cheville jusqu'à sa propre peau. Son bras. Elle touche, griffe. Est-elle toujours là, est-elle toujours humaine ? Elle ne respire plus que par saccades. Comment peuvent-ils tolérer ces choses ? A présent, le viol est achevé. Comme tes injures étaient douces, je ne savais pas...

« Putain ! Sale... sang-mêlée ! » Elle voudrait le rejoindre, là, sur le sol où ils se savent en sécurité. Elle ne craint pas qu'il la blesse à son tour ou qu'il la repousse ou qu'il l'injurie encore, elle sait qu'il le fera. Non, c'est autre chose qui la retient. Ses muscles refusent de lui obéir. Paralysée par la peur. Il demande encore les détails de sa mutilation. Elle voudrait pleurer, comme les femmes se le permettent, mais son corps le lui défend aussi. Elle le toise, impuissante et plus aucune rage, plus aucun éclat, plus aucune peau ne saurait la rassurer. La sienne, peut-être, mais il se meurt de douleur.

« N'essaye plus jamais de me toucher. » souffle t-elle enfin, après l'infâme silence, quand il trouve assez de force pour soutenir son regard. Et ce n'est pas une menace, ni même un avertissement. Une douce supplication. Hel a tranché. Si tu n'aspires plus au sacré, alors ce sera une autre vie, en parallèle du destin.
 

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Fënyr Viggrinirr
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(#) Mar 7 Jan - 14:39

Il la hait si fort, il est si furieux, qu'il en oublie un temps qu'il l'aime. Et quand il se redresse vaguement, sur le flanc d'abord puis sur les genoux, il ne pense plus qu'à la tuer. La blesser, sinon. Et cela mortellement. Ni Hel ni Thor ne lui en tiendraient rigueur, semble-t-il – car il ne croit pas qu'aucun des deux mages ancestraux se penche encore sur leur sort. « N'essaye plus jamais de me toucher, souffle-t-elle. » Alors, pensez-vous... La première chose qu'il fait, c'est encore de se jeter sur elle. Il se traîne pour autant qu'il le peut et la renverse au passage. Dans leur chute, il bride sa débâcle et plante un poing rageur dans ses côtes. L'heure n'en est pas encore au meurtre. C'est d'abord du désir. Des choses qu'on tient pour des années. Et ce sont des siècles qui se sont nichés ici-bas, là où la douleur le dévore si puissamment qu'il siffle et grogne au moindre des frottements. Il refuse, il refuse vaillamment son sort, mais il semble que plus il est près de Solvej, plus il est prêt, et plus la souffrance s'embrase. Un châtiment. Une punition. Une magie puissante, en tous les cas. La blessure s'essoufflera, bientôt, un jour, mais, pour l'instant, elle lui tenaille les entrailles et le fait vomir jusqu'au sang. Alors ils se trouvent, battus et débattus, à rouler dans le rejet, et la boue et le sang. Il tente chaque fois de maîtriser la créature, mais elle n'est pas à la docilité. Alors il redouble, il dégaine sa lame. Mais c'est pour la jeter. Un temps, bien entendu, il croit pouvoir la saigner. Mais non, ce sont ses mains qui se referment sur la gorge. La peau est fine, et pâle. Bientôt rougie par l'entrave qu'il y inflige.

Fënyr, les femmes qu'il a tuées, ce n'est pas tant le nombre que la façon dont il s'y prend. C'est toujours personnel, les mains pour asphyxier. Ce n'est pas comme un homme. Un homme, ça se transperce, ça s'écorche. Ça se tue presque d'un coup bien net, bien propre, comme une sorte d'honneur. Mais les femmes... C'est une ode à la mort, la sale, la crasse, celle qui ternit l'intérieur et qui mange le courage. Il a peur. Chaque fois que ses doigts se crispent de la sorte, il craint comme un revers. Il n'imagine jamais qu'il vient de lui, il est tout à son œuvre. Mais il sait, profondément, intensément, que ce qu'il fait est plus mauvais, plus impur, et plus vil, que lorsqu'il met un terme à l'existence d'un homme.

Pourtant, il ne relâche jamais. Il tient. Il étouffe. Il serre aussi fort qu'il le peut, et il enfonce sa paume au plus profond. Briser la trachée, et ce sera fini. Alors pourquoi la force lui manque-t-elle ?... Si, là. Il relâche. Ou alors il n'insiste plus. Qu'importe, mais sa prise est mauvaise. C'est peut-être que ce n'est pas une femme. C'est peut-être que c'est elle, que c'est Solvej. Il est certain de ne pouvoir faire montre d'aucune violence supplémentaire, cependant. Mais elle ne meurt pas. Car ses mains faiblissent, et tremblent à l'usage. Il essaie, il recommence, mais il voit bien qu'il n'y peut rien. C'est vain. Il ne peut pas.
C'est qu'il a peur. Voilà, là, tu le réalises, Viggrinirr. Tu sens cette chose infâme qui remonte ta colonne et qui inonde ton crâne ? La peur. La crainte. L'impuissance. Et, tandis que son ironie lui sourit, sarcastique, il déverse ce qu'il peut, et larmes et mots infâmes : « Tu devais, tu devais être ma femme... »
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Solvej
Solvej

Crédits : caf-pow
Avatar : adrienne wilkinson
Ici depuis le : 01/01/2014
Messages : 13

Âge du personnage : trente ans
Ascendance : sang-mêlé
Statut : chasseuse de primes
Points : 0

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(#) Lun 27 Jan - 17:00



Elle le laisse venir. Bientôt, il la pousse, lui fait perdre l'équilibre. Ses omoplates s'écrasent sur la terre sans pitié de leur Jutland. Dans ses rudesses de mâle, elle discerne tant et tant de choses. Elle n'a pas peur de mourir, quand bien même elle se débat comme mille bêtes sauvages. C'est autre chose qu'elle craint. Leur deux corps joints, désireux d'une toute autre lutte à jamais proscrite, éveilleront Hel et sa colère. Elle la sent déjà poindre. Alors il lui faut lutter, mais elle n'a rien connu de plus difficile. Il est si ridicule d'être femme en cet instant. L'équilibre de leur forces si injuste... Il lui semble que chacun de ses muscles menace de lâcher, l'un après l'autre, à tout instant, quand lui se contente de jouer. L'issue demeure encore incertaine, une seconde de plus, et puis il est au dessus à nouveau et pour de bon. Foutu corps, traître qui l'abandonne. Ses propres doigts effleurent les siens, les siens qu'enserrent la gorge vaincue. Un instant Solvej s'imagine mourir ainsi, dans la jeunesse de l'âme, l'innocence des corps et le déshonneur des actes. Mourir de ses mains, et puis l'oubli. Elle invente un autre destin, pour déguiser l'humiliation de son renoncement. Est-ce que ça aurait un sens, mon amour, de me tuer quand tu me hais ? Dans la boîte crânienne, plus que des lambeaux d'oxygène...

C'était un peu court pour perdre connaissance. Lorsqu'elle retrouve la vue, ses mains sont toujours là, elles font toujours aussi mal. Mais elle ne va pas mourir. Elle le dévisage comme dans un rêve. Il y a du sang, au bord de ses lèvres, qui sort de nulle part. Et des larmes, de loin les plus obscures. « Tu devais, tu devais être ma femme... » Elle va pour toucher ce sang irréel, avant de lui préférer sa bouche. Tout son être est gelé. Ainsi allongés, ils ont l'air de se dire au revoir. Et ils savent que c'est le cas. « C'était avant. C'est terminé. » souffle t-elle. Et les mots lui arrachent la moindre parcelle de chair, du coeur jusqu'à la gorge.
 

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Fënyr Viggrinirr
Fënyr Viggrinirr

Crédits : Moriarty.
Avatar : Charlie Hunnam.
Ici depuis le : 10/12/2013
Messages : 60

Âge du personnage : Vingt-neuf ans.
Ascendance : Sang-pur.
Statut : Botteur de cul.
Points : 15

Feuille de personnage
LOCALISATION : Dans le Noregr.
JE COMPÉTITIONNE POUR :
INVENTAIRE :

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(#) Lun 27 Jan - 23:42

On peut tuer l'objet de son amour, de sa passion, mais le briser, c'est encore autre chose. C'est un peu l'arme des femmes. C'est tout un arsenal, qu'elles polissent, qu'elles sanctifient aux lueurs de la lune. Elles lissent les épieux, elles affûtent les couteaux. Et quand les lames lèchent, soudain, la peau, c'est un beau sacrifice. Et si Fënyr ne croit pas à la beauté sublime des femmes, il croit en leur violence. Elles sont plus fourbes, plus viles. Mieux protégées. Elles n'exhibent pas leurs failles à l'audace des assauts. C'est comme de la sagesse bâtarde, dispersée à travers le monde, ayant finalement fait le choix d'un hôte impropre, impur. Face à cela, il n'a qu'à s'en trouver désœuvré. Solvej le vaincrait sans avoir à l'atteindre. Elle le tuerait sans le toucher. C'est cette horreur qui se diffuse, qui le déchire, là, tout en bas.

Elle le touche, tout à coup. Il frémit. C'est fugace, c'est furieux, et cela réveille autant de douleurs que de souvenirs. S'ils se sont jamais aimés, il le sait, à présent. Et, cependant, il est trop tard. Il n'y a plus rien à sauver. Elle a tout enchaîné au même brasier. Il a tout regardé brûler. Lequel a commencé, l'Histoire ne saurait le dire, mais c'est ainsi que tout doit se finir. « C'était avant. C'est terminé. » Il sent bien que sa main voudrait revoir la gorge, et l'enserrer, qu'elle ravale tout, tout de suite, et qu'elle se taise jamais. Qu'il vénère son silence. Qu'il aime son silence. Quand elle ne peut commettre nulle impiété contre son être. Quand elle n'a le choix d'être que ce qu'il souhaite. C'est stupide. C'est naïf, et c'est encore cette intelligence incroyablement morte avant d'être née. Pensez-vous qu'il faille un discernement plus expert que le bras... Le Père, perché, plus haut, ne lui en a rien inculqué. Alors, peut-être est-ce simplement cela : il ne sait rien des choses qu'il faut savoir en temps de paix. C'est un jeu, comme un art, inutile, de femmes et d'autres incapables, lâches et triviaux entre tous. Qu'importe d'autre, aux Viggrinirr, que la guerre et ses subtilités ? Aussi, et comme on se vautre dans le trop-familier, il se dégage, se redresse, le sang ravalé à la hâte qui l'étouffe. « C'est à cause de toi. » Entendez comme il pleurniche encore. Le pauvre, le misérable, Fënyr Viggrinirr. « Tu devais le savoir. » La souillure le dégoûte, et elle est toute imprégnée chez cette femme. Pénétrante. Répugnante. « J'avais le droit de savoir. » Rien n'eut été aussi différent qu'il voulait bien l'admettre. Mais c'est une trahison, bien sûr. Comme de son sang. Comme d'une certitude. Comme d'une vérité millénaire qu'on ne peut renier, même à la constater. Et toute cette magie, nichée dans un pareil écrin, n'est toujours pas pour le convaincre. C'est affreux de se le voir cracher, encore et encore, inlassable, au visage. « Tu m'as offert un choix maudit par ta famille... alors je t'ai donné une réponse honorée par la mienne. » Il siffle, il tousse. Il grogne, aussi. Les mots filent avec le sang : « Je n'ai pas eu le choix. Tu entends ?... je n'ai pas eu le choix, mon amour. »
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