Région d'origine ● Née dans les Wends, bien loin d'Helluras et de son port, bien loin de Skuli, à la limite des terres scandinaves, près du royaume de France. Date de naissance ● Dans la douceur retrouvée du mois de Harpa 1252, même si Carina n'a toujours connu sa date de naissance que selon le calendrier latin: elle est née le 18 avril. Âge ● 43 printemps Nature du sang ● Le plus pur. Peut-on attendre moins d'une Heill? Particularités magiques ● Aucune. Elle n'en a pas besoin, Carina est une Heill de son mariage et fait partie des familles les plus riches de toute la Scandinavie. Elle leur est supérieure, pourquoi aurait-elle besoin de prouver cela par des talents magiques hors du commun? Métier/études ● Femme au foyer, épouse de Jarl, mère de Rolf et Rosa Heill.

Son prénom, Carina, a été choisi pour rendre hommage aux origines latines de sa mère. Sa signification? Pure. Pure comme son sang, pure comme l'ascendance de sa famille, pure comme la journée qui l'a vu naître, au milieu du printemps. ◊ Elle parle parfaitement le latin et la langue d'oïl, langue des riches marchands du royaume de France avec qui sa famille a des affaires. Le norrois reste sa langue maternelle, malgré sa naissance dans le St-Empire Romain Germanique. ◊ Très douée en duel à Dürmstrang, elle a conservé de cette pratique de grands réflexes et une capacité à analyser très rapidement n'importe quelle situation. ◊ Ayant grandi dans une famille soudée où elle était l'aînée, elle est férocement protectrice de tous les membres de celle-ci. Même sa nièce, qui pourtant a le don de l'horripiler dès qu'elle ouvre la bouche. ◊ Gâtée par ses parents durant toute son enfance, habituée à un univers de luxe et de richesse, elle ne supporte pas la pauvreté et le fait de se salir les mains elle-même pour obtenir quelque chose. Quelqu'un d'autre peut toujours le faire à sa place. ◊ Elle est belle, et elle le sait. Elle en joue, même, de cette beauté hautaine et immuable, qui fait courir les plus folles rumeurs. Comment se fait-il qu'elle ait toujours l'air aussi jeune, elle qui a bientôt 45 ans? Les mauvaises langues assurent qu'elle ne supporte pas de se voir vieillir, ce qui n'est sûrement pas tout à fait faux. ◊ Doucereuse comme une chatte dès qu'elle désire quelque chose, froide comme la glace dès que son interlocuteur n'a plus d'importance pour elle. Ses intérêts sont tout ce qui l'intéresse. ◊ Si la rumeur court qu'elle n'est pas au courant des infidélités de son mari, Carina n'est pas si bête. Elle le sait, que Jarl n'est pas fidèle, et cela a été un coup dur lorsqu'elle s'en est rendu compte. Néanmoins, elle en a pris son parti: elle reste la favorite, et elle prévoit d'utiliser à son avantage ce trait, si besoin est.  ◊ Dans Skuli, on dit parfois qu'elle est l'instigatrice de nombreux plans de Jarl, et certains vont même jusqu'à penser qu'elle est plus dangereuse que lui. En public, néanmoins, le couple parait uni et solide, et ne donne aucune preuve à aucun de ces racontars. ◊ Altière, menteuse, hypocrite, protectrice, doucereuse, précieuse, diplomate, hautaine et chaleureuse en fonction des situations, orgueilleuse, avide d'argent et de luxe, distinguée, rusée, intéressée, jalouse, exigeante, enjôleuse, aimante, calme, dédaigneuse, rigide, protocolaire, cultivée, intrigante, patiente, méticuleuse.

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Et vous, la pureté du sang, vous en pensez quoi ?

Carina n'est qu'une pièce rapportée dans la famille des Heill, et son opinion est sur ce point contrastée par rapport à celle de la famille qu'elle est venue à considérer comme la sienne: la pureté de son sang est importante, il est symbole de son rang social, de son importance dans la société viking, et elle en est immensément fière. Son prénom ne le rappelle-t-il pas?
Néanmoins, elle est fille de riches marchands: si elle sait qu'elle leur est supérieure par sa naissance et sa richesse, elle se rend bien compte que sans les sang-mêlés et les braells, une grande partie des richesses de sa famille s'effondrerait: déjà parce qu'ils constituent la main d'œuvre, ensuite parce qu'ils achètent les produits créés par l'entreprise familiale. Si en épousant Jarl et en quittant sa ville des frontières, elle s'est éloignée de cet état d'esprit et a pris la place et les mentalités d'une des premières femmes de la communauté scandinave, Carina n'oublie pas ses origines.
Elle ne vit pas sur le même plan d'existence qu'eux, n'est en rien leur égale, mais elle reconnait leur existence et leur place importante dans la société.

Si vous ne deviez jurer que par un seul mage ancestral, ça serait lequel ?

Carina répondra en premier lieu que jurer n'est l'apanage que des plus faibles, incapables de contenir leurs émotions de manière convenable. Néanmoins, dans ses moments de doutes, c'est le plus souvent vers Loki qu'elle se tournera. Qui d'autre qu'un maître de la ruse pour comprendre une intrigante, qui d'autre que l'agent du Chaos pour lui permettre d'arriver à ses fins?
Si elle laisse le côté fourbe à son époux – quoique beaucoup diront qu'elle n'a rien à lui envier de ce point de vue – la plupart reconnaisse que l'appellation aux mille visages définit parfaitement la Heill. Qui sait mieux qu'elle utiliser toute son intelligence, toutes ses capacités, pour se faire voir de la manière dont elle le veut? Chaleureuse envers ceux qu'elle aime, faible envers ceux qu'elle veut tromper, forte face à ceux qu'elle veut impressionner, plus froide que la neige scandinave face à ceux qu'elle veut voir disparaître.

Cependant, d'autres pensent que c'est plus à Freyja qu'elle ressemble. Dans son amour pour sa famille, pour ses frères, pour ses enfants, qui la pousserait à faire n'importe quoi, ou presque. Dans sa grande beauté, également. Dans sa férocité, également, même si celle-ci est bien cachée. Dans ses liens avec d'autres cultures, avec les sorciers de France avec lesquels sa famille a des liens commerciaux, avec les sorciers germains chez qui elle a grandi.

Quant à savoir comment des mages possédant des caractéristiques si différentes peuvent se retrouver les protecteurs d'une seule et même femme, Carina garde là-dessus le mystère.

Quel souvenir avez-vous du labyrinthe de Dürmstrang ? Ou ça vous fait envie ?

Si Carina n'est pas sortie dans les premières du labyrinthe, elle s'est tout de même honorablement bien classée, et a été remarquée pour une particularité: hormis quelques égratignures sur ses mains, quelques accrocs dans ses vêtements, quelques traces de boue sur ses chaussures, rien ne portait à croire que la jeune fille s'était aventuré les deux journées précédentes dans un redoutable Labyrinthe d'où beaucoup ressortaient traumatisés par d'immenses bêtes terrifiantes, par leurs rencontres avec des monstres dont ils n'avaient aucune idée.
Non, Carina avait simplement décrété très tôt qu'il était hors de question qu'elle ressorte touchée d'une quelconque manière de cette épreuve. Durant les deux années qui avaient précédées, en même temps que de commencer à apprendre quelques bases avec sa mère, elle avait sans avoir eu l'air d'y toucher amassé quantité d'informations sur le Labyrinthe: auprès de jeunes gens qui rentraient de Dürmstrang, auprès de son père, auprès de marchands qui s'arrêtaient chez eux… Avec un grand sourire et de grands yeux illuminés d'admiration montés vers eux, elle apprenait, emmagasinait et retenait tout ce qui pourrait lui être utile. Et lors de l'entrée dans le Labyrinthe, bien loin de se précipiter comme tous ses camarades, elle avança doucement, écoutant tout, suivant parfois certains de ses camarades qui allaient se jeter dans la gueule du loup à sa place.
Après deux jours à avancer sans bruits, à se tailler des passages dans les ronces des parois du Labyrinthe, elle trouva la sortie, grâce à ses connaissances, mais surtout en suivant les bruits de cavalcade des autres enfants.
Quant à y retourner, Carina s'y est toujours refusé. Si elle n'a aucun problème avec la Labyrinthe en tant que tel, quel est l'intérêt d'aller se perdre dans un lieu clos, rempli de bêtes sauvages? Les gens civilisés n'ont aucunement besoin de cela.

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Une grande prairie verte, une forêt, un peu plus loin. Des animaux, des fleurs, des plantes. Et au centre, une immense ville, bruyante, chaleureuse, bondée. Remplie d'hommes et de femmes qui crient, s'interpellent, qui rient, qui pleurent, qui s'aiment et se déteste, sous la chaleur du soleil d'avril. Parce qu'on a tendance à oublier, à Skuli, que Carina Heill n'y a pas toujours habité. Parce qu'on a tendance à oublier que pour elle, les mois de l'année ne s'appelait pas Harpa, Sólmánuður ou Ýlir. Parce qu'on a tendance à oublier que derrière le visage de glace, la beauté immuable, il y avait autre fois une petite fille.
Aînée des Asmund. Sœur d'Aylid et de Laurens. Fille d'Alvin et Laetitia Asmund, deux riches marchands des Wends. Gamine polyglotte, calme, obéissante, mais déjà beaucoup trop intelligente pour son propre bien.

Elle, qui, un jour d'été, vit rentrer à la maison son plus jeune frère avec un œil au beurre noir, le visage fermé, à qui elle dû extorquer l'histoire de son altercation par d'innombrables demandes. Et, quelques jours plus tard, sans aucune explication, le garçon d'une autre famille, plus renommée que la leur et jalouse de leurs richesse, n'apparut plus dans les rues de la ville. Dans les rues, on chuchotait qu'il refusait de sortir, trop effrayé. Par quoi, nul ne le savait, et les plus folles rumeurs courraient. En l'apprenant, Carina eut juste un léger sourire, avant de se repencher sur la tapisserie qu'elle avait commencé avec sa mère. Pas de surprise dans ses yeux foncés, pas un signe de regret sur son visage qui déjà annonçait sa future grande beauté. Et à partir de ce moment-là, un accord tacite se mit en place: on ne touche pas aux enfants Asmund. Parce que même si rien n'a jamais pu être prouvé, tous surent après plusieurs incidents similaires qu'on ne s'attaque pas impunément à ceux dont Carina était proche. Jamais.

Très tôt, trop tôt selon certains, son père l'emmena avec elle dans ses négociations. Ils n'étaient qu'une petite famille, et malgré leurs richesses, malgré sa beauté qui se profilait, malgré sa grande intelligence, son père ne s'attendait pas à ce qu'elle fasse un beau mariage.
Elle et Aylid furent élevés en héritiers, dans la perspective d'un futur où ils régneraient ensemble sur la fortune familiale, libres de la dépenser comme ils le voudraient. Si les interlocuteurs de leur père, français, germains, italiens, voir venant même de pays qu'aucune d'eux ne pouvaient imaginer, haussaient d'abord un sourcil sceptique en voyant ces deux enfants assis sérieusement aux côtés de leur père, ils changèrent bien vite d'avis.
Alors qu'ils les pensaient incapable de les comprendre, Aylid ou Carina s'immisçait parfois dans la discussion, ajoutant une phrase dans un latin ou un français parfaitement maîtrises. Alors qu'ils les pensaient complètement aveugles à la valeur de l'argent et des affaires, Carina jeune adolescente était parfois plus dure que son père lorsqu'on en venait aux négociations.
D'autres ne furent jamais détrompés de leurs premières impressions. La jeune fille regardait, observait, et ne laissait jamais rien au hasard. Si elle sentait qu'elle devait parler, elle le faisait. Si elle sentait qu'elle devait se taire, elle le faisait. Si elle sentait que son interlocuteur serait plus prompt à laisser passer des informations essentielles en croyant avoir affaire à une débutante, elle jouait la fille de bonne famille émerveillée par les exploits qu'ils lui racontaient.
Ils ne connaissaient pas la pauvreté, ne connaissaient pas une vie où l'abondance était absente, ne connaissaient pas la peur du lendemain. Mais au contraire de ses frères, Carina avait un sens pointu de l'argent, de la richesse. C'était à cause de cela qu'elle prenait autant de plaisir à dépenser, à négocier, à charmer pour arriver à ses fins. Elle a grandi entourée d'adultes, amis et contacts de ses parents, tous marchands venant d'horizons diverses. Elle a grandi aux contacts d'enfants du même monde, qu'ils soient scandinaves ou étrangers.  Les braells, les sangs-mêlés… tout cela lui semble loin.

Et enfin, il y eut Dürmstrang. Elle avait treize ans, et c'était la première fois qu'elle quittait sa famille. Elle qui passait tout son temps avec ses frères et sa mère, entourée d'amour et de luxe lorsqu'elle était à la maison, ou en voyage avec son père lors des grandes foires de la région ou de ses différents voyages d'affaires, elle se retrouve seule, sans ce cocon familial auquel se raccrocher et sur lequel elle peut compter sans une seule arrière-pensée.
Elle est plus intelligente, plus mature, plus attentive que la plupart, mais très peu préparée à la rigueur de l'école, à la morsure du froid sur ses mains et ses joues, aux us et coutumes de certains de ses camarades, qu'elle trouve barbare et arriérés. Elle est scandinave, elle est de sang-pur, mais elle qui a toujours vécu dans cet univers cosmopolite, chauffé, confortable… Elle a du mal à accepter que la place privilégiée qu'elle avait dans sa ville natale et qu'elle a toujours considéré comme acquise, elle doit la regagner.
Alors, elle regarde autour, elle écoute, elle observe. Comme elle l'a toujours fait.
Elle se fait apprécier de tous, désamorce les ennemis qu'elle pourrait avoir. Choisit comme meilleure amie une jeune russe, issue du même monde qu'elle, qui comprend ce qu'elle traverse. Mais Ielena Dostosvski est dépendante de sa brunette d'amie, qui elle parle le norrois, qui malgré ses différences comprends les jeux d'influences des familles scandinaves, qui brille en cours, et parviens d'un seul regard à faire taire toutes les rumeurs.  Oh, elles sont proches, elles s'apprécient, elles sont amies. Mais dans cette relation déséquilibrée, c'est Carina qui garde l'ascendant.

Elle grandissait, Carina. Elle qui était déjà jolie étant petite devint cette ébauche de femme à la beauté éclatante, au sourire envoutant, aux yeux d'ébènes mystérieux et charmeurs. Les regards changeaient, sur elle. Mais pour tous, elle semblait inaccessible. Par son intelligence, par son habilité connue en duel qui la rendait dangereuse, par sa mémoire faramineuse qui lui avait permis de conserver quantité d'informations sur tous ses camarades. Aucune personne ne pouvait se permettre d'être l'ennemie de Carina Asmund, ou d'une des personnes dont elle était proche. Ses amis profitaient de cette aura, ses deux jeunes frères qui l'ont rejoint aussi, même si eux avait tendance à trouver cette grande sœur trop brillante bien trop étouffante.
Carina s'épanouissait. Elle n'était pas comme beaucoup de ces camarades, celle qui cherchait forcément un bon parti. Elle avait été élevée dans l'idée qu'elle ne ferait pas de grand mariage, de toute manière, car sa famille était bien trop obscure. Pour elle, il était clair qu'elle laisserait Aylid reprendre l'affaire familiale, pour ensuite l'aider dans l'ombre. Il était nécessaire que ce soit un garçon pour traiter avec les étrangers, mais toute la famille était consciente que des deux, c'était Carina la plus fine stratège.

Mais les Normes ne sont jamais loin.
Je crois qu'il te regarde.
C'est une phrase, lâchée par Ielena au détour d'un repas. Carina hausse un sourcil, sans vraiment comprendre ce que viens de chuchoter son amie d'un air excité.
De quoi tu parles?
Le fils Heill. Il ne t'a pas lâché des yeux depuis tout à l'heure.
Elle se retourne, croise le regard sombre du plus âgé, assis un petit peu plus loin. Tous connaissent Jarl Heill, ici. Comment ne le peuvent-ils pas? Depuis la mort de son père, c'est lui l'hériter du clan, c'est lui qui portent toute la famille sur ses épaules, avec son frère. Elles connaissent Lennart, qui a leur âge, et qui finalement a quitté Dürmstrang quelques temps auparavant. Il s'est même marié, si ce que Carina a entendu est juste. Avec une indienne, qui plus est.
Carina se retourne la blonde, hausse les épaules. Jarl Heill peut très bien la fixer tant qu'il veut, jamais cela ne sera plus que cela. Pourquoi, alors qu'il est considéré comme l'héritier des plus grandes familles des Wends, poserait-il les yeux sur elle? Elle est belle, elle est riche, mais elle n'a aucun intérêt politique, elle le sait. Il faut bien être réaliste.
Cela lui passera.

Une de rares fois où son instinct lui fit défaut. Car Jarl Heill ne la lâcha plus. Et finalement, elle qui pensait avoir une vie toute tracée devant elle se retrouver à avoir un destin autrement différent. Elle a dix-sept ans lorsque Jarl demande sa main à son père, qui n'en croit pas ses yeux. Et qui repousse, d'abord, trouve des prétextes. Ils sont trop jeunes, ils ne savent pas ce qu'ils font, disent ses parents. Ils ont peur, car pourquoi cet homme arrogant, chef de son clan, s'intéresserait-il à la petite famille Asmund? Pourquoi vient-il leur prendre leur aînée? Quelles sont ses idées?
Carina écoutait, et comprenait  les doutes de son père. Elle aussi avait du mal à y croire, lorsqu'elle y réfléchissait bien. Mais elle voyait le monde qui s'offrait à elle, si elle épousait Jarl, le monde d'une femme du chef d'un des plus importants clans de Scandinavie, une vie de luxe et d'intrigues. Une vie qu'elle n'avait jamais imaginée, même dans ses rêves les plus fous. Alors elle fait ce qu'elle sait le mieux: elle joue à la petite fille chérie, elle souffle dans les oreilles de son père des raisons que le marchand qu'il est ne peut ignorer. Au bout de quelques jours, ils acceptèrent enfin. Et ce fut en tant que Carina Asmund, fiancée de Jarl Heill, qu'elle retourna à Dürmstrang, auréolé d'un nouveau prestige.

Et après son mariage à Jarl, tous oublient qu'elle n'a pas toujours été une Heill, et qu'elle aurait très bien pu n'avoir aucune importance. Elle s'est parfaitement acclimatée à cette atmosphère de tromperie, de dissimulation et d'intrigues que lui promettait son époux, le secondant dans ses entreprises de son sens inné pour les affaires et la compréhension des autres. Elle pour qui la famille a toujours été un pilier devient un des éléments protecteurs de Heill: elle seconde sa belle-sœur, Nasrin, sa presque sœur comme elle aime l'appeler. Elle qui viens aussi d'une culture différente, même si la sienne est beaucoup plus lointaine. Elle qui donne naissance à sa fille Kaya en même temps qu'elle donne le jour à Rolf, son fils.
Fils qu'elle adore, qu'elle couve et couvre de cadeaux, qu'elle enfouit dans une tendresse maternelle sans doute étouffante. Elle est stricte, comme mère, la famille a un rang à tenir et les enfants doivent le suivre également. Mais dans l'intimité, Rolf grandit entouré de sa mère, de sa tante et de sa cousine, entouré d'affection et d'amour. Rien ne lui est jamais refusé, copie de ce qu'elle a vécu durant son enfance.

Elle a dix-huit ans lorsqu'ils quittent Helluras pour Skuli. Carina est ravie, ravie de ce changement d'air, de statut social qui les rend encore plus important et consolide leur richesse. Elle porte dans ses bras Rolf, âgé d'un an, lorsqu'ils passent pour la première fois la porte de leur maison dans la ville la plus importante de Scandinavie. Et là, les intrigues recommencent. Jarl est celui qui prend les risques, et Carina semble être uniquement la douce mère de famille, complètement obnubilée par son fils. Mais rien n'est plus faux. Elle est là, encore et toujours, aide Jarl à construire son image par d'habiles rencontres avec les familles les plus influentes. Elle conseille, critique, aide, toujours dans l'ombre. Et l'ascension de son époux dans Skuli est rapide, bien trop rapide au goût de certains. Mais Carina a pris soin d'assurer les arrières, retenant tout ce qui pourrait lui être utile, dans le but de l'utiliser contre les gêneurs.
C'est à ce moment-là qu'elle découvre les tromperies. Si elle a d'abord dédaigné les rumeurs comme étant juste des racontars de jaloux, Ielena a un jour, au détour d'une conversation, mentionné avec croisé Jarl alors qu'il avait assuré à sa femme être parti quelques jours dans les Wends. Cela aurait pu ne pas prêter à conséquence, mais Carina commence à devenir méfiante. A chercher les détails. Et au bout de quelques temps, elle en est sûre: Jarl marche sur les traces de Bartram Oddi. Si elle est blessée dans son amour-propre, elle ne laisse d'abord rien paraître. Des insinuations, des mots lâchés sans paraître y toucher, des petites phrases. C'est suffisant. Elle sait, et Jarl sait qu'elle sait. Et qu'elle l'utilisera si besoin est.
Deux époux manipulateurs, c'était tellement prévisible.
Leur relation se transforme alors en un jeu de chassé-croisé. Carina commence à tirer toujours plus sur la corde raide qui tiens son mariage, à utiliser ses charmes et ses beaux yeux pour arriver à ses fins. Rien ne put être prouvé. C'est un statut quo qui s'établit: elle reste la favorite, et il ne se passera rien.

Une petite fille rejoint la famille, dix ans après la naissance de Rolf. C'est Carina qui choisit son prénom, en l'honneur de sa mère qui tissait des roses dans les robes qu'elle portait, des années auparavant. Sa fille, Carina l'idolâtre autant que son frère: elle la couve, répond à ses moindres désirs, l'initie aux belles choses et à la connaissance qu'elle tient au-dessus de tout. Ses deux enfants, ce sont ses deux fiertés, et elle voit les mêmes sentiments dans les yeux de Jarl. L'amour qu'ils n'ont jamais éprouvé l'un pour l'autre, il se retrouve dans leurs enfants. Qui grandissent, bien trop vite au goût de la  belle, qui elle se sent vieillir. Son fils arrive à Dürmstrang, sort premier du Labyrinthe – car non, l'ex-aequo avec sa cousine n'est pas valable, quoi qu'on en dise. Rosa grandit, s'embellit toujours aux yeux de sa mère. Qui secrètement, s’inquiète et se regorge de fierté face à la malice dont sa fille est capable. Elle est sa fille et celle de Jarl, à quoi d'autre pouvait-on s'attendre?
Rolf quitte l'école au moment où Rosa y entre. Et Carina ne peut s'empêcher d'être remplie de fierté en entendant sa fille lui raconter ses deux passages du Labyrinthe. C'est bien sa fille, pour être sortie sans une égratignure et indemne, en aussi peu de temps. Même son deuxième passage ne supprime pas cette impression.
Maintenant, ses deux enfants sont grands, et n'ont plus besoin d'elle. Elle qui leur a accordé toute son attention, mais qui n'a jamais totalement délaissé Jarl, Jarl et sa carrière, Jarl et ses plans qu'elle soutient et crée avec lui. Si la plupart ont pensé au début que Carina n'était qu'une jolie jeune femme, parfaite dans son rôle de potiche, les opinions ont changé. Personne ne sait réellement quel est son rôle, ce qu'elle est capable de faire. Et pour le moment, cela lui va très bien. Ainsi, personne ne sait ce qu'elle fera si jamais elle décide de laisser libre cours à ses capacités.