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Au plaisir de vous y voir The cold never bothered them anyway ♣ VYRO & SIRI 2743646593


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 The cold never bothered them anyway ♣ VYRO & SIRI

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Vyro
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Âge du personnage : Vingt cinq longs hivers gelés.
Ascendance : Sang-mêlé
Statut : Bourreau, authentique et unique.
Particularités : Bourreau cruel et sans pitié ♣️ Sang-mêlé ♣️ Casse des objets lorsqu'il devient enragé ♣️ Ne sort jamais sans arme ♣️ Considère sa soeur Hella comme sa propriété ♣️ Pratique l'inceste comme le lancer de hache ♣️ Tueur sans remords ♣️ Responsable de la disparition de son père ♣️ Ne fait pas confiance aux grandes familles ♣️ Travaille pour la famille Heill ♣️ Vend ses talents au plus offrant ♣️ N'aime pas les portails magiques ♣️ Voyage énormément ♣️ Forge des armes de qualité ♣️ Est parfois accompagné d'une meute de chien ...
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(#) Dim 15 Déc - 13:50



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The cold never bothered them anyway


Participants • Siri Freknur & Vyro
PNJ ? Pas un chaton
Statut du sujet • Privé
Date, mois, année • Quelque part en Ýlir ♣ 1295.
Lieu • Grönland
Moment de la journée • Fin de matinée
Météo • Nuageux et venteux, quelques éclaircies de temps à autre.

Je souhaite que les Nornes interviennent dans ce sujet
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Vyro
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(#) Dim 15 Déc - 14:49



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Les terres glacées étaient son univers, son royaume, son monde entier. Né dans les îles glacées, il y avait établi son enfer personnel, une hutte d'une renommée tellement immense qu'elle dépassait les frontières de l'Islande. Tous les vikings avaient entendu parler de cette Hutte des Horreurs, comme ils se plaisaient tous à l'appeler. La plupart de ces gens savaient que partout où allait Vyro, la mort suivait. Mais son quartier général, son domaine revendiqué et incontesté, se trouvait au coeur de l'Islande gelée. Il en connaissait chaque recoin dans les moindres détails, il savait où étaient les pièges et les ressources utiles, les dangers et les merveilles à voir.

Mais voilà qu'il avait dû quitter son île pour en rejoindre une autre et il découvrait, presque émerveillé, les neiges éternelles du Grönland. Après un long et pénible voyage sur les eaux inhospitalières de la région, il avait finalement été relâché au hasard sur les berges de ce territoire qu'il ne connaissait pas encore. Accompagné de ses cinq chiens enragés, de véritables bâtards aux airs de loups mais aussi noirs que la neige était blanche, il cheminait laborieusement dans les terres, se repérant aux étoiles et à la position du soleil lorsque ce dernier donnait signe de vie. Jour après jour, il découvrait de nouveaux paysages, de nouveaux univers. Ses chiens, dressés pour lui obéir au doigt et à l'oeil, vagabondaient en liberté autour de lui, explorant en éclaireur le chemin hasardeux qu'il suivait. Stratégiquement, il avait décidé de s'enfoncer un peu dans les terres mais sans jamais perdre la côte de vue, préférant longer la mer jusqu'à trouver un port ou un pâté de fermes où il pourrait demander son chemin.

Il avait été appelé ici pour faire régner la justice, il n'en savait guère plus. Un des chefs du coin avait décidé de faire appel à un bourreau officiel plutôt que de régler les choses à sa manière et Vyro avait répondu à son appel. Sauf qu'il ne savait absolument pas où se trouvait ce Jarl. Alors il attendait de rencontrer quelqu'un pour demander la direction à suivre.
Avec un peu de chance, il n'était pas encore connu ici et les locaux ne lui claqueraient pas la porte au nez. Dans son monde, il était craint. Beaucoup trop. Il ne pouvait pas compter sur les autres pour obtenir des informations. Peut-être à l’exception relative de Ingrid Lokabrenna, la tenancière étrange de la taverne la plus populaire de Skuli. Elle lui donnait les informations souhaitées sans qu'il n'ait besoin de faire preuve de persuasion ou de force, c'était inédit. Il se doutait bien qu'un jour, il devrait lui donner quelque chose en échange mais pour le moment, rien ne s'était encore passé.

La neige et la glace ralentissaient considérablement sa progression mais comme il n'était absolument pas pressé, il profitait du voyage. Hélas, ces conditions météorologiques avaient un inconvénient majeur ... le gibier se faisait assez rare. Or, nourrir cinq chiens et un voyageur vigoureux demandait des ressources de viande conséquentes. Tous les soirs, il tentait de distribuer équitablement ses vivres mais les chiens n'avaient pas assez à manger et il le savait. Maigres, sous leur pelage luisant, ils étaient spécialement affamés pour les séances de torture mais Vyro savait que ce voyage risquait de lui coûter la vie de ses précieux compagnons, s'il ne trouvait pas de gibier plus conséquent et plus nourrissant que les quelques bêtes qu'il avait chassé jusqu'ici.

La nuit, il dressait un campement sommaire et rapide, dans un endroit un peu épargné par les températures insupportablement basses qui tombaient encore plus au lever de l'astre nocturne. Pour avoir un peu plus chaud, il dormait avec ses chiens, lové dans la chaleur protectrice des cinq bêtes à moitié sauvages. Mais une nuit, il se réveilla brusquement. Le froid mordait sa peau, à travers les épaisses couches de fourrures qu'il portait pourtant. Il était seul. Ses chiens avaient disparus. Les cinq. « Par le marteau de Thor », jura-t-il en se relevant. La lune éclairait de temps à autre le campement qu'il avait dressé mais même sans ça, grâce à la blancheur immaculée de la neige, Vyro y voyait très clair. Attrapant ses armes, il se harnacha rapidement et parti à la recherche de ses cinq monstres en se demandant ce qui avait bien pu provoquer ce départ silencieux et inopiné en pleine nuit. Il avait lui-même dressé chacun des chiens, à la dure. Ils lui étaient entièrement dévoués, tous. Il avait dû se passer quelque chose de grave.

Il marcha longtemps, n'avançant pas assez vite à son goût mais ne pouvant guère presser le pas. La neige et l'obscurité étaient sans conteste des freins importants et il ne tenait pas à se fouler la cheville en posant le pied dans un trou caché. Parfois, il osait appeler ses chiens, ne se risquant pas à hurler cependant. Thor seul savait ce que la nuit pouvait cacher. Mais de Heill en Oddi, l'aube se leva sur le Grönland et il n'avait toujours pas mit la main sur sa meute de monstre. Un nouveau juron passa ses lèvres «  Que je sois avalé par Jörmungand, où sont-ils passés !? ».

La matinée passa sans qu'il ne retrouve ses chiens. Il allait abandonner la recherche et repartir sur son objectif lorsqu'il entendit des aboiements caractéristiques. En plissant les yeux, il discerna un groupement de bâtiments au loin, dans la distance. Il lui fallut presque deux heures avant d'atteindre la première ferme et ce qu'il vit le fit grogner de colère. Le cadavre éventré de ce qui avait dû être un mouton trônait sur la neige couverte de sang et de morceaux de chair déchiquetée. Les cinq chiens étaient allongés sur le sol autour de l'animal mort, en train de ronger des os et de manger les restes. « Que Hel vous emporte, maudits cabots ! » Il aurait dû s'en douter. Les chiens étaient bien trop affamés pour pouvoir résister à une telle provocation. Rien qu'à voir le chemin parcouru pour arriver jusqu'ici, il devinait que c'était un geste désespéré. Mais ce que lui voyait, c'était un mouton mort. Ce genre d'animal ne traînait jamais dans la nature, il avait dû appartenir à quelqu'un et cette personne remarquerait très vite sa disparition ...

 


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Siri Freknur
Siri Freknur

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Ascendance : Sang roux, euh, pur.
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(#) Lun 16 Déc - 9:18

Siri acheva de compter les bêtes en fronçant légèrement les sourcils. Dans l’immense grange, arrangée et agrandie par ses soins –elle faisait désormais penser à un morceau de la plaine dans laquelle les moutons paissaient durant les beaux jours, à l’exception faite de l’herbe fraîche, du soleil de sumar et de la fraîcheur de la brise-, la bergère prit de la hauteur et recommença son manège ; c’était d’abord l’absence d’équilibre entre les toisons de couleur, avec une prédominance de bleus, de verts, de rouges et d’ocres, qui avait attiré son attention. Les pourpres lui étaient ensuite apparus, disséminés parmi leurs congénères, mais son œil entraîné, habitué à absorber une certaine quantité de taches de couleurs dans son troupeau, avait trouvé la source du problème. Et le constat fut le même au deuxième comptage, qu’elle avait réduit au groupe des ors : soixante-six têtes, et sept jaunes seulement.

Depuis le dernier incident, qui lui avait coûté trois bêtes, ses effectifs avaient été réduits à soixante-sept. Soixante-sept, pour huit jaunes. « Par le marteau de Thor. », siffla-t-elle en redescendant de son perchoir, avant de se diriger d’emblée vers la porte, cette même porte qu’elle avait trouvée entrouverte en y entrant un peu plus tôt. Comment pouvait-elle se montrer aussi négligente ? Elle ne pouvait que blâmer son manque de vigilance, peu convaincue qu’une tierce personne soit intervenue pour lui dérober une bête ; les runes gravées dans la poutre de sa demeure étaient restées muettes jusqu’au matin. Elle se jura de réparer cette maudite porte, qu’elle barricada avec les moyens du bord, et avec le maigre espoir de retrouver le fugueur, elle s’élança dans le froid du Gröenland.

De longues minutes, les appels s’élevèrent dans le désert de glace, sous la forme de ce sifflement mélodieux qu’elle réservait au troupeau ; elle tendait l’oreille à chacun de ses pas, qui s’enfonçaient immanquablement dans le lit de neige, mais n’obtenait pour réponse que la longue plainte du vent. Ses yeux perçants ne discernant qu’une immensité blanche sur toute la plaine, elle choisit de franchir la colline qui abritait sa ferme ; ses joues s’enflammèrent d’une chaleur d’autant plus vive que les températures peinaient à se réchauffer après la nuit précédente, glaciale à en tuer un Draugr. Elle n’eut pas à marcher longtemps pour apercevoir, au détour de la butte, ce qu’elle avait redouté. Ce fut d’abord la silhouette noire qui attira son regard, puis les cinq formes sombres qui étaient allongées près d’une mare de sang.

Le sang de Siri ne fit qu’un tour ; elle connaissait bien ce genre de scénario, et haïssait en conséquence plus les chiens que les loups. Si ces derniers avaient la fâcheuse tendance de rôder autour de son troupeau, les autres attaquaient sans hésiter, aussi assoiffés de sang que ces crétins d’Oddi. Sans attendre, et sans même engager avec l’inconnu quelconque forme de dialogue, Siri s’approcha et, de ses phalanges repliées, asséna un violent direct sur le nez rougi de l’étranger. « Que Hel vous emporte, toi et tes sales cabots ! », hurla-t-elle de toute sa rage, alors que les chiens, excités par le sang et la blessure qu’elle venait d’infliger à leur maître, commençaient à grogner. « Es-tu incapable de tenir tes chiens ? Sale bêtes ! », pesta-t-elle devant les cinq animaux, peu impressionnée par les crocs dévoilés et les risques qu’elle encourait, avant de constater qu’il ne restait de son mouton que des os rongés et quelques lambeaux de chair. La toison jaune pissenlit était maculée d’un sang presque noir, et elle dut inspirer pour ne pas rouer le responsable de coups plus violents encore.

Elle choisit plutôt de planter son regard iceberg dans celui de l’autre, dont le visage ne lui inspirait qu'une hargne sans nom ; elle n'avait jamais vu ces yeux-là à Skuli ni ailleurs, tout au courant qu'elle fût. « Tu me dois une bête, étranger. » Sa voix tremblait de colère, car elle n’avait d’autre choix que de réclamer une compensation pour le mouton perdu, sans pouvoir restituer l’affection qu’elle vouait à chacune des têtes laineuses, le soin qu’elle mettait à les élever, et l’acharnement avec lequel elle les protégeait de l’extérieur. Elle avait légèrement relevé le menton, le toisant avec une lueur de défi dans l'oeil ; c'était à lui de pallier la perte, et à lui de trouver une compensation adéquat au meurtre.
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(#) Lun 16 Déc - 11:31



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Il ne fallut pas longtemps avant qu'une silhouette ne se dessine à l'horizon, ombre mouvante sur la neige éclatante. La première chose qu'il nota, seule touche de couleur dans ce décors en monochrome, ce fut les cheveux du personnage. « Que je sois avalé par Jörmungand, un Raudi ! » , jura-t-il entre ses dents. Il ne pensait pas voir un tel sang-pur dans les environs. A vrai dire, il s'était jusqu'ici très bien débrouillé pour éviter cette famille, réputée pour avoir le sang aussi roux que leurs cheveux. En observant la silhouette dévaler la butte en haut de laquelle elle était précédemment juchée, il jura de nouveau. « Par le cul de Loki, une femme ... » Il darda sur ses cinq monstres un regard furieux avant de relever la tête pour regarder la nouvelle arrivante s'approcher.

Un craquement sonore et une violente douleur dans le nez lui apprit que la réputation des Raudi était tout à fait méritée. Prit de court, il ne pensa même pas à jurer. Il regarda les quelques gouttes de sang voler jusqu'au sol, maculant la neige déjà recouverte de morceaux de mouton mort. Cette femme avait plus de force que certains hommes qu'il lui avait été donné de rencontrer par le passé, songea-t-il en portant une main à son nez. Ses chiens se redressèrent sur leurs pattes, prêts à déchiqueter cette intruse comme ils l'avaient fait avec le mouton. « Que Hel vous emporte, toi et tes sales cabots ! » lança l'inconnue dans un hurlement furieux. Il décida de l'ignorer pour le moment, ayant quelque chose de plus urgent à faire. Inspirant un grand coup, il le poussa brutalement pour le remettre en place, sans qu'un gémissement ne passe ses lèvres. Avant de devenir le bourreau, Vyro avait été la victime. Désormais, la douleur, quelle qu'elle soit, n'avait plus de secret pour lui. Il l'apprivoisait comme une alliée, il ne la craignait plus, il y avait même développé une certaine insensibilité. «Es-tu incapable de tenir tes chiens ? Sale bêtes ! » Elle poursuivait sans même remarquer que son adversaire ne l'écoutait que d'une oreille distraite. Il s'éloigna de quelques pas pour aller ramasser de la neige et en fit une boule compacte et solide avant de l'appliquer sur son appendice nasale. La morsure glaciale contre son nez en feu lui fit serrer les dents mais il ne broncha pas, reportant finalement son attention sur la furie rousse qui vociférait comme une Oddi. 

Il croisa enfin le regard glacé de son étrange interlocutrice. Elle avait les yeux d'un vert limpide, deux billes de colère dans un visage parsemé de tâches de rousseur et éclairé d'une auréole rousse. Ainsi, c'était à cela que ressemblait un Raudi. Au moins, ils n'étaient pas laids. Enfin, pas tous. Il ne cilla pas, affrontant la joute visuelle sans faire mine de céder. La rage sembla redescendre un peu et, d'un ton plus gelé que la banquise, elle déclara « Tu me dois une bête, étranger.» Le ton était sans appel, tenant plus de l'ordre que du constat.
La scène avait quelque chose d'assez incongru, pour un regard extérieur. Un homme sombre comme un corbeau, entouré de cinq chiens plus noirs que la nuit et faisant face à une furie rousse au dessus du cadavre déchiqueté d'un mouton. La tache rouge sur la neige s'élargissait encore, tout doucement. L'attaque était encore fraîche mais les chiens étaient tellement affamés qu'ils n'avaient pas fait de beaux restes. Il ne restait plus grand chose du stupide animal que la Raudi réclamait à grands cris. 
Arquant un sourcil, Vyro marqua un mouvement menaçant de la tête. Il n'était pas question qu'il rachète un mouton à cette gueuse de Raudi. Elle n'avait qu'à mieux garder ses bêtes au lieu de laisser traîner le gibier. D'un ton hargneux et glacial, il grogna « Que Hel t'emporte, Raudi de malheur ! » Il siffla un seul coup, bref et retentissant. Automatiquement, ses chiens vinrent s'aligner à ses côtés en montrant les crocs, prêts à bondir.  « Tu n'as qu'a savoir garder tes bêtes. Par Loki, laisser traîner des moutons en cette période, à la portée de n'importe quel Fenrir, c'est une idée digne d'un Oddi. » Posant sa main libre sur la tête de son animal le plus proche, il asséna d'un ton cassant  « Je ne te dois rien, Raudi. Absolument rien.»  Elle avait du culot, cette étrangère. Encore une qui se croyait née de la barbe d'Odin, songea-t-il. Réclamer une bête au bourreau des Heill, tout ça pour un stupide mouton ayant eu le malheur de croiser le chemin de sa meute. Non contente de lui avoir pété le nez, elle exigeait en plus réparation. C'était bien une sang-pur, à ne pas en douter. Ils étaient tous les mêmes au fond, à croire que le monde entier devait leur obéir à la hache et à l'oeil. 

 


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Siri Freknur
Siri Freknur

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(#) Ven 20 Déc - 9:41

Parmi ses hurlements, un sombre craquement se fit entendre ; Siri, la colère montante, n’eut qu’un plissement d’yeux réprobateur en voyant l’inconnu se remettre le nez de lui-même. Elle se fichait autant de lui avoir cassé le nez que de son absence étonnante de réaction –après tout, c’était un Viking, et il semblait être aussi tendre qu’un bloc de glace. Tout ce qui lui importait, c’était la mort d’une de ses bêtes, qui remplissait désormais le ventre des cinq bâtards aux babines retroussées. Un ordre de leur maître, et ils lui bondiraient dessus. Mais Siri, désireuse d’obtenir réparation pour sa perte, en plus du poing qu’elle lui avait envoyé au visage avant toute chose –une manière comme une autre de lui montrer son mécontentement-, ne voyait d’autre choix que de faire valoir ses droits au détriment de quelques égratignures. Quelques égratignures qui auraient pu lui coûter la vie, mais si elle se frottait possiblement à un dérangé, elle n’en restait pas moins assez alerte –et courageuse- pour en sortir vivante. En vingt ans de métier, elle ne comptait plus le nombre d’individus mal attentionnés qui s’étaient présentés sur son chemin –et un nombre presque aussi important de voleurs, tueurs, dévoreurs de moutons, quand il suffisait simplement de lui demander un repas chaud.

Mais à celui-là, Siri n’avait envie d’offrir qu’une bonne paire de claques. Les Raudi, il avait insulté les Raudi ? Plus que son ego de sang pur, ce fut l’affection qu’elle portait au clan de rouquins qui pâtit de l’injure. Sur le territoire des Freknur, il était encore plus terrible de verser son fiel sur la famille dans laquelle elle avait grandi, dans son enfance. Il avait rassemblé ses troupes en un sifflement autoritaire et elle faisait désormais face à six bestioles menaçantes –dont une déjà amochée par son courroux. Cherchait-il à manger ses phalanges jusqu’à ce que mort s’ensuive ? Déterminée à ne pas se laisser faire –en plus de trente-huit sumar, pas une seule fois ne s’était-elle laissé marcher sur les pieds, et ce n’était pas un chef de meute au culot démesuré qui allait faire exception-, elle ne montra aucun signe de reddition, les deux bottes plantées dans la neige encore fraîche. Elle cultivait au contraire sa colère comme certains cultivaient l’asphodèle. Elle, ne pas savoir garder ses bêtes ? Elle, comparée à une Oddi ? Ses oreilles sifflèrent à l’affront, car non seulement Bartram n’était pas le plus éclairé qui fût, ce qui était de notoriété publique, mais l’offense concernait également sa cousine Sunhilda, Raudi ralliée à la cause des Oddi par les liens du mariage.

Ses doigts se refermèrent sur ses ciseaux à tondre, et elle s’avança dans le froid coupant du Groenland. « Tu me dois une bête, étranger. », répéta-t-elle en sifflant, sur un ton péremptoire qui ne souffrirait aucun autre refus. Un pas de plus vers lui, ses yeux rivés aux siens. Elle avait sorti ses ciseaux et les tenait comme on tient une lame forgée pour le combat. « Tu aurais tort de me croire incapable de me défendre, aussi acérés soient les crocs de tes bâtards.  Souhaites-tu mourir au nom d’une simple querelle ? » Une querelle qui risquait de dégénérer au moindre mouvement, elle le savait. Elle le savait, et pourtant elle s’était approchée autant que la présence des cabots le rendait possible, le visage figé par une rage glaciale. « Tu as le choix. Lâcher ta meute de chiens affamés et perpétuer le massacre. Me suivre et discuter d’un arrangement qui nous conviendra à tous les deux. » Elle détailla brièvement son regard de glace, cherchant à calmer la pulsion qui lui hurlait de lui briser le crâne, et, du menton, indiqua son nez mal en point, dans un ultime signe de paix. « Je peux aussi te réparer ça, avant que ta cervelle ne se vide de son sang. » Conciliante, elle l’était à l’excès pour qui la connaissait un tant soit peu –surtout dans cet état de colère qu’elle se forçait à apaiser, pour initier la fin des hostilités. Il avait l’air épuisé, et affamé sans aucun doute, comme ses bêtes. Si elle n’avait pas eu affaire à un étranger dont elle ne savait rien d’autre qu’un entêtement digne d’un Öfugr, les négociations auraient été menées d’une manière sensiblement différente.

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(#) Sam 21 Déc - 15:07



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Il aurait pu la gifler en pleine face, elle n'aurait pas eu une autre expression. Il venait de l'insulter et il n'en attendait pas moins d'elle, de toute manière. Il pensait même qu'elle aurait réagi comme l'exigeait sa réputation, en cognant à nouveau. Il n'attendait que ça pour lâcher ses monstres sur elle mais contre toute attente, elle garda son calme. L'exploit était tellement extraordinaire que Vyro écouta ce qu'elle lui dit. « Tu me dois une bête, étranger. » Il serra les dents et se renfrogna de nouveau. Il venait de lui affirmer le contraire, pourtant. Finalement, elle ne dérogeait pas à la règle; Raudi un jour, Raudi toujours. La différence était que cette fois, elle avait sorti un instrument bizarre pouvant s'apparenter à une arme. Deux lames liées ensemble, il en avait déjà vu mais il n'en possédait pas. Il en devinait l'utilité au regard du cadavre sanguinolent étendu sur la neige mais autrement, il s'en serait méfié. Cependant, accompagné de ses cinq chiens, chargé de vraies armes, il ne craignait rien. En tout cas, pas une maudite Raudi. « Tu aurais tort de me croire incapable de me défendre, aussi acérés soient les crocs de tes bâtards. Souhaites-tu mourir au nom d’une simple querelle ? » Il arqua un sourcil, cette fois intéressé. Elle marquait un point incontestable, en soulevant la vacuité de cette querelle. Il en avait déjà assez et n'aspirait qu'à reprendre la route, à laisser ce facheux incident derrière lui. Mais quelque chose lui soufflait que ça ne serait pas aussi simple qu'elle ne le sous-entendait.

« Tu as le choix. Lâcher ta meute de chiens affamés et perpétuer le massacre. Me suivre et discuter d’un arrangement qui nous conviendra à tous les deux. » Cette fois, il claqua des doigts et les chiens cessèrent de montrer les crocs, s'asseyant dans la neige sans broncher. Il était intéressé, indéniablement. S'il y avait moyen de s'en sortir sans perdre plus de temps, il prenait. Il se foutait totalement de perpétuer un massacre, comme elle l'avait souligné, il voulait juste quitter les lieux au plus vite. Elle n'aurait pas proposé d'alternative, il l'aurait tué là sur le champ et il aurait fait un festin de ses moutons, pour la route. Mais sa raison vacillante lui soufflait d'écouter les propos sensés qu'elle lui tenait.

Comme si elle avait deviné le cours de ses pensées, elle proposa alors « Je peux aussi te réparer ça, avant que ta cervelle ne se vide de son sang. » Il lui adressa un regard noir. Sous-entendait-elle qu'il était faible ? Il savait parfaitement se soigner tout seul, ce n'était point la première fois qu'il avait à gérer un nez cassé. Elle ne pourrait pas se vanter d'avoir été la première. En revanche, d'aussi loin qu'il se souvienne, aucune femme n'avait jamais levé la main sur lui, en dehors des tentatives de défense de ses victimes. Mais il ne la laisserait pas s'approcher plus. D'un ton bourru mais pas menaçant, il répliqua « Je me débrouille seul. Ne touche pas à mon nez, tu as fait assez de dégât comme ça. » Jetant un regard en arrière, sur sa meute sage et patiente, il reprit d'un ton à peine plus engageant « Ouvre le chemin, on te suit. » Il lui signifiait ainsi qu'il était prêt à faire l'effort de négocier avec elle. Qu'elle ne s'y méprenne pas cependant, cela ne signifiait pas qu'il acceptait de lui donner cette bête qu'elle réclamait à corps et à cris.

Lentement, il se mit en route pour la suivre, claquant deux fois des doigts pour que ses chiens suivent le mouvement. Dociles et très bien dressés, ils restèrent derrière lui. Si la Raudi attendait des excuses, elle risquait de mourir avant de les avoir entendu, songea-t-il. Il ne comptait pas se laisser faire par une femme, aussi séduisante soit-elle. Parce qu'il devait bien admettre que pour une Raudi, elle avait un certain charme. Elle n'était pas vraiment son genre mais il ne se serait absolument pas gêné, en d'autres circonstances. Il avait toujours beaucoup aimé les femmes en colère, c'étaient même ses victimes favorites. Les briser n'en était que plus jouissif. En silence, il suivit la Raudi jusqu'à cet endroit plus calme qu'elle avait suggéré.

 


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Âge du personnage : 38 ans.
Ascendance : Sang roux, euh, pur.
Statut : Éleveuse de moutons multicolores, péteuse de nez à mi-temps.
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(#) Mer 25 Déc - 11:59

Elle ne baissa les yeux qu’un bref instant, pour constater que les chiens, soumis à un claquement de doigt autoritaire, avaient cessé de montrer les crocs ; les oreilles rabattues et l’arrière-train dans la neige, ils n’avaient pas l’air plus effrayant que des cabots que l’on aurait abandonnés dans le froid du Nord. Il fallait avouer que leur obéissance était impressionnante ; si ses propres bêtes avaient été aussi bien dressées que ces bâtards –et moins stupides, surtout-, elle aurait certainement souffert un nombre de pertes réduites. Parmi les moutons, les fuyards étaient légions. Siri revint à l’inconnu, et dans d’autres circonstances, des circonstances où les restes d’une de ses bêtes ne gisaient pas à ses pieds et où elle n’aurait pas été fraîchement menacée de mort, elle se serait prêtée à sourire. Il acceptait en grognant, semblable aux cinq formes noires qui attendaient patiemment les ordres suivants, et son entêtement n’avait rien à envier à celui des Raudi. Néanmoins habituée à négocier avec les bourrus, elle ne s’inquiétait pas pour la suite ; pour l’heure, elle se contenta de repasser ses ciseaux à sa ceinture, et de se détourner pour ouvrir la marche vers la ferme, à quelques centaines de mètres de là.

La chaleur du foyer lui sauta au visage lorsqu’elle poussa la porte de bois ; les runes luisirent sitôt qu’elle eut mis le pied à l’intérieur et, pour outrepasser l’aura protectrice de ces dernières, elle dut se tourner vers son obligé et ses cinq suivants, alors qu’elle défaisait le col de sa cape. « Entre. Avec les chiens. », fit-elle en les regardant tous les six, visiblement peu rancunière, préférant surtout avoir la meute sous sa surveillance, et ce même après avoir enchanté sa grange, de sorte à ce que les prédateurs en tout genre –ivrognes affamés, chiens errants, loups égarés- ne puissent y pénétrer sans son concours. Elle ne craignait pas non plus de voir les yeux de glace donner l’ordre fatal de lui sauter à la gorge ; elle avait eu presque vingt ans pour graver dans les poutres de sa demeure des combinaisons runiques prohibant toute forme de violence physique –sans pourtant chercher à annihiler totalement la violence verbale, malgré la lueur apaisante de Nautiz. Pour mettre des claques en toute impunité, elle devait d’abord traîner les impudents à l’extérieur ; une peine qu’elle se donnait bien volontiers pour tirer les oreilles de Dagmar Raudi, ou pour corriger son irresponsable de frère, quand celui-ci se rappelait miraculeusement de l’existence de sa sœur aînée.

Siri lui fit signe de s’asseoir sur l’une des banquettes garnies de peaux, alors qu’elle se débarrassait de sa cape que les flammes de Kennaz rendaient superflue. Après s’être affairée sans paraître se soucier de sa présence, là où elle ne l’avait pas quitté des yeux derrière la butte, elle vint s’installer en face de lui. « Mange. » En reposant le regard sur le visage pâlichon du chef de meute, elle avait poussé jusqu’à lui un bol de ragoût encore fumant, devinant sans peine que si les chiens étaient allés jusqu’à lui dévorer une bête, leur maître ne devait pas être bien plus rassasié. « Quel est ton nom ? », demanda-t-elle enfin, évitant d’aborder tout de go la question qui, pourtant, ne tarda pas plus, peu amatrice de moyens détournés et de parades de séduction intéressées. « Je ne te demanderai rien en échange du ragoût, mais j’exige toujours réparation pour la bête que les tiennes ont dévorée. », continua-t-elle en réprimant une autre question, curiosité naturelle qui puisait sa source dans son envie de savoir ce qui se tramait hors de sa ferme –et plus particulièrement sur son territoire. Que faisait-il dans les parages ? On ne venait pas dans ces contrées pour une simple promenade de santé. « Tu es sur mes terres, je ne peux pas te laisser t’en aller sans avoir reçu quelque chose en échange. », ajouta-t-elle sur un ton autrement plus posé que celui qu’elle avait adopté un peu plus tôt à son égard, aidée par ce que les autres ne voyaient que comme un caractère de lunatique et ce qu’elle considérait comme un revirement diplomatique nécessaire à l’entretien de bonnes relations.
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Vyro
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(#) Ven 27 Déc - 10:53



Now, they know

The cold never bothered them anyway




Suivant en silence la rouquine à la langue aussi acérée que ses ciseaux, Vyro fit craquer ses doigts pour en évacuer le froid qui s'insinuait dans ses os. Il ne bougeait pas assez, la glace s'infiltrait partout. C'était une des raisons qui l'avaient poussé à écouter la Raudi, elle avait sous-entendu une discussion dans un lieu plus confortable que la plaine gelée et enneigée. Les chiens suivaient, dociles.
Il les avait eu peu de temps après avoir assassiné son père, les trouvant dans un recoin de la hutte des horreurs qu'il n'avait jusqu'alors pas eu l'occasion d'explorer. Ils n'étaient que des chiots, maigres et laids, prisonniers du cadavre de leur mère. Elle était morte d'épuisement et de faim, à nourrir ainsi sept petits. Seuls cinq avaient survécu, ceux que Vyro gardait près de lui lorsqu'il ne voulait pas voyager seul. Il avait passé de très longues heures à les dresser, se montrant étrangement juste en dépit de son incroyable caractère. Il félicitait ses animaux à coup de douceur et de viande, lorsqu'il était fier, mais il assénait des torgnoles inouïes pour punir la désobéissance. C'est ainsi qu'il s'était constitué une meute, fidèle et dévouée, aimante même. Il ne s'était jamais senti jugé, par ses chiens. Ils l'aimaient incontestablement, comme il était. Personne d'autre n'était capable de ça. Pas même Hella.

En arrivant devant une grande de taille impressionnante, la première chose qu'il remarqua fut les runes gravées au-dessus de la porte. Il savait précisément ce que cela voulait dire, aussi n'entra-t-il pas sans permission. Il n'était pas un grand partisan de la magie, préférant de loin les méthodes radicales et simples. Un coup de hache, quelques têtes sur des piques et plus personne ne viendrait se risquer à entrer sans autorisation, cela avait fonctionné pour lui. Sa hutte des horreurs était entourée de répulsifs naturels. « Entre. Avec les chiens. » Il hocha la tête une fois, signifiant qu'il avait entendu. Prudemment cependant, il entra dans la grange avant de claquer des doigts pour que ses chiens le rejoignent. Il faisait incroyablement bon, dans la grange. Les chiens semblèrent se détendre, face à la chaleur, Vyro ne pouvait pas les blâmer. Ils éraient dans le froid depuis longtemps. Son regard fut cependant attiré par un mouvement d'étoffe. L'inconnue venait de retirer sa cape, confirmant ce que Vyro avait pensé d'elle au premier abord. Mince, gracieuse et un peu féline, elle était définitivement très belle. Il n'avait pas l'habitude de regarder réellement les autres femmes, surtout pas les rousses, mais il devait admettre que celle-là était fort attirante. Il ne broncha pas, cependant, peu désireux de se faire éventrer d'un coup de ciseau. Quelque chose lui disait que cet endroit était empreint de magie et qu'il ne serait pas véritablement libre de ses mouvements. Il détestait ça, cette impression d'être prisonnier sans l'être. Il l'éprouvait assez au quotidien en servant les Heill et autres sangs-purs.

Installé sur une banquette en peau, ses chiens sagement assis non loin de lui, il observa la rouquine s'affairer. Elle dégageait quelque chose d'énergique et de brute, malgré ses formes clairement féminines. Il ne pouvait pas s'empêcher de laisser son regard s'égarer, malgré son peu d'affinité avec la famille Raudi et avec les femmes en général. Il releva cependant très vite les yeux lorsqu'elle fit mine de se retourner, récupérant l’écuelle qu'elle lui tendait d'un air méfiant. « Mange » Il n'obtempéra pas immédiatement, se demandant si elle l'avait empoisonné pour se venger de la perte de son mouton. « Quel est ton nom ? » Il fronça les sourcils, sur la défensive. Qui était-elle, pour n'avoir jamais entendu parler du bourreau de Skuli, de l'homme de main des Heill ? Il n'aimait pas ne pas savoir à qui il s'adressait, lui non plus. Mais elle reprit sans attendre « Je ne te demanderai rien en échange du ragoût, mais j’exige toujours réparation pour la bête que les tiennes ont dévorée. » Vyro se renfrogna, ne touchant toujours pas à son ragoût fumant. Il en crevait d'envie mais il ne voulait rien devoir à cette rousse, si agréable à regarder fut-elle. « Tu es sur mes terres, je ne peux pas te laisser t’en aller sans avoir reçu quelque chose en échange. » En cela, il reconnut bien le sang-pur qui coulait dans les veines de la rousse. Ils étaient toujours très possessifs. Leurs terres. Leurs bêtes. Leur honneur. Tout leur appartenait. Vyro grogna, peu enclin à céder. Ce n'était pas en étalant sa pureté et sa supériorité qu'elle obtiendrait de lui quoi que ce soit.

Ne touchant pas au ragoût, il jeta machinalement un regard sur ses chiens. Il était attaché à chacune des bêtes, malgré ce qu'on disait de lui. Il les avait élevés, dressés, nourris ... Il aimait chaque animal noir, malgré leurs vices et l'utilisation qu'il en faisait. Peut-être que c'était pour cela, qu'elle exigeait à ce point réparation. Elle avait beau avoir plus de mouton que de cheveux roux, elle devait les aimer, tous autant qu'ils étaient. La différence avec lui étant qu'il tuerait sans sommation le premier qui oserait toucher à ses bêtes. Si l'une d'entre elle venait à mourir de la main d'un homme, ce dernier souffrirait au délà de son imagination, Vyro s'en chargerait personnellement. Un peu moins grognon, il reposa son regard sur la rouquine avant de grogner « Je m'appelle Vyro » Peut-être avait-elle déjà entendu ce nom. Il ne prêta pas vraiment d'attention à la réaction, reprenant dans un grognement toujours « Je suis le bourreau de Skuli. » Il préférait se présenter de cette façon plutôt que d'admettre qu'il était à la solde des Heill. Ici, il était en mission pour quelqu'un d'autre. Nul besoin de lier ce nom maudit au sien. Son estomac émit lui aussi un grognement et il décida de tenter sa chance avec le plat encore fumant. Lentement, méfiant mais affamé, il attira l'assiette à lui et commença à manger. Il fut surprit par les saveurs qui émanaient du plat mais il ne fit aucun commentaire, il n'était pas ici pour la cuisine. Il acheva entièrement son écuelle avant de s'essuyer la bouche avec un bout de sa cape, qu'il n'avait pas retiré. Il commençait d'ailleurs à avoir chaud mais il n'était pas certain que le geste soit bien vu, s'il commençait à se dévêtir un peu. Dans le doute, il ne bronchait pas.

A la place, il demanda d'un ton bourru, peu engageant « Je peux payer, pour ton mouton. » L'idée de gaspiller ses précieuses économies pour quelque chose d'aussi ridicule qu'un stupide mouton le faisait saigner mais il s'efforçait de le voir de son point de vue. Si quelqu'un avait tué un de ses chiens, il aurait demandé vengeance et ne se serait pas contenté d'argent. Mais elle avait des moutons à ne plus savoir qu'en faire, lui n'avait que cinq chiens. Son estomac gronda encore, pas totalement rassasié. Il n'y prêta pas attention, observant la rouquine bien en face, de ses yeux givrés. Il connaissait assez les sangs-purs pour savoir que la discussion ne s'arrêterait pas là, qu'elle exigerait plus que ça. Il avait beau être prêt à faire quelques efforts, il n'était pas non plus de ceux qu'on abuse avec pour étendard; la pureté du sang. « Combien tu veux ? », grogna-t-il sans conviction.
 


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Siri Freknur
Siri Freknur

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(#) Sam 28 Déc - 10:12

Durant le bref silence qui suivit ses propos, Siri eut tout le loisir de remarquer qu’il ne mangeait pas. Un détail qui lui fit froncer les sourcils et, en le voyant détourner les yeux pour observer les cinq cabots, immobiles à ses pieds, elle se demanda s’il croyait vraiment qu’elle était assez rancunière pour verser du poison dans son bol. Mais après tout, comment aurait-il pu le savoir ? La réputation du clan n’était au final garant de rien : sa propre cousine, toute Järnsida fût-elle avant son mariage avec un Raudi, excellait dans l’art des potions, et Solveig elle-même ne se défaisait jamais de la bague meurtrière ceignant son doigt. S’il avait mieux connu la Freknur, il aurait pu savoir que gâcher du ragoût n’était pas dans ses habitudes, et qu’empoisonner autrui l’était encore moins ; ses colères avaient beau être réputées comme terribles, elle ne souhaitait la mort de personne. Elle préférait les garder vivants pour leur coller des baffes, comme l’attestait le nez de l’individu, qui allait bientôt tourner au pourpre, avant de prendre des couleurs d’aurore boréale.

Et cet individu eut bientôt un nom, un nom qui tira un instant la bergère de ses considérations culinaires, pour mieux la pousser à détailler ce visage qui se parait d’une facette inédite : Vyro, le bourreau de Skuli. La prenait-il pour une idiote, recluse dans sa ferme aux confins du royaume de glace, ignorant tout de ce qui se jouait dans le Sviar ? C’était l’erreur de beaucoup de ses visiteurs, qui se sentaient souvent obligés de lui expliquer ce qui se passait au-delà de la bergerie. Seulement, Siri, le contact facile et dotée d’une curiosité de Heill, se trouvait parfois mieux informée que les badauds du village, appuyée par une flopée de connaissances, auxquelles une armée de corbeaux la reliait. Vyro, sang-mêlé, propriétaire de la Hutte des Horreurs dans un coin d’Islande, issu de la lignée asservie par les Heill. Elle comprenait mieux sa réaction virulente, la facilité avec laquelle il avait accueilli la douleur, le froid qui régnait dans ses yeux.

Elle avait en face d’elle un danger qui prenait toute sa forme en un simple nom ; et pourtant, le danger lui apparaissait présentement comme un  gamin bourru et ronchon, mort de faim –il mangeait enfin- et prêt à négocier pour la perte de sa bête. C’était tout ce qui lui importait pour le moment : l’impureté de son sang ne changeait rien, et ses vices ne la concernaient que peu, au sein du foyer gardé par les runes. « Siri Freknur. », répondit-elle pour lui retourner la faveur qu’il lui avait faite de son prénom, sans savoir vraiment s’il serait à même de faire le lien avec les cousins Raudi qu’il avait insultés à l’extérieur. Elle ne se faisait pas d’illusion : même certains sangs-purs ignoraient la parenté entre leurs deux familles, tant la sienne était insignifiante.

Le ragoût fut avalé goulûment, jusqu’à ce que le bourreau se montre conciliant. Ce n’était pas réellement l’image qu’elle s’était faite du cinglé à l’initiative de la Hutte ; s’il était aussi secoué que sa réputation le laissait entendre, ne l’aurait-il pas assassinée sur-le-champ, au lieu de rester tranquillement assis, et visiblement mal à l’aise, au cœur de sa modeste maison ? « L’or ne m’intéresse pas. », fit-elle en récupérant l’écuelle vide, avant de se lever pour retourner auprès du feu, interrompant brièvement leur conversation pour mieux lui revenir, quelques secondes plus tard, avec une seconde ration, et un godet d’un liquide ambré, fumant lui aussi. « Réglons ça autrement. Qu’as-tu à me proposer qui puisse m’être utile ? » Elle s’était rassise, la mine impassible, typique de son masque de négociatrice. Elle attendait un troc, un échange en bonne et due forme qui serait plus accessible à sa condition de sang-mêlé qu’une poignée de pièces d’or qui l’encombrerait plus qu’autre chose. « Tu pourrais toujours m’aider ici, pendant quelques jours. », proposa-t-elle sans préciser quand, ni comment ; la simple perspective de ravir le bourreau de Jarl Heill quelques temps renforçait la détermination de Siri à l’avoir dans sa ferme. L’avoir, et non pas l’employer ; avec la famille de roublards, Vyro devait avoir eu sa dose de soumission.
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Vyro
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(#) Dim 29 Déc - 1:43


Il observa son interlocutrice d'un air peu amène, se demandant quel prix exorbitant elle allait réclamer pour son stupide mouton. Mais lorsqu'elle ouvrit la bouche, ce ne fut pas pour réclamer de l'or mais pour décliner son identité. « Siri Freknur. » Vyro fronça les sourcils d'un air à la fois méfiant et perplexe. Impossible. Avec une chevelure pareille, elle devait forcément avoir un lien quelconque avec les Raudi. Puis il se souvient d'une phrase de Jarl Heill, lors d'une interminable réunion dont il ne se rappelait plus vraiment le sujet. Il se souvenait simplement d'avoir entendu son employeur parler des Freknur comme une branche dérivée des fameux rouquins. Ainsi, il ne s'était pas trompé, c'était bien une Raudi, indirectement. Il tenta, en vain, de replacer le contexte de cette discussion mais il abandonna très vite lorsque la rouquine reprit la parole.

« L’or ne m’intéresse pas. » Cette fois, réellement méfiant, Vyro se tendit de tous ses muscles et sa méfiance se communiqua automatiquement aux animaux, qui relevèrent la tête d'un air inquiet. Si elle ne voulait pas d'argent, elle voulait autre chose, que Vyro ne serait probablement pas enclin à céder. Il estimait déjà s'être montré assez conciliant, jusqu'ici. Ce n'était pas dans sa nature d'accepter de discuter et encore moins de négocier. Pourtant, conscient qu'il était sur les terres de cette étrangère qui semblait régner en maîtresse des lieux, il avait préféré ne pas faire de vague. Mais un coup de hache bien placée et elle n'avait plus de tête, s'il parvenait à l'attirer hors de cette grange ensorcelée. Ce serait réellement dommage, songea-t-il en osa un regard sur le reste de la silhouette rousse. Elle était fort belle. Plus il l'observait, plus il en arrivait à cette étrange conclusion. Elle semblait plus âgée que lui et il n'avait pas pour habitude de regarder les femmes qui n'étaient pas dans sa tranche d'âge immédiate. Peut-être était-ce pour cela, qu'il l'avait suivi sans trop broncher. Il ne savait pas exactement, ses relations avec la gent féminine n'étaient que limitées et jamais vraiment consenties.

Ce fut la voix de la Freknur qui le ramena au présent, le tendant un peu plus. Elle lui tendit une nouvelle ration de ragoût et malgré sa fierté, il ne pu empêcher son estomac de trahir sa faim, à nouveau. « Réglons ça autrement. Qu’as-tu à me proposer qui puisse m’être utile ? » Du troc. Il se détendit un peu, pas certain que ce soit un choix judicieux mais rassuré quant au fait qu'il pourrait peut-être arriver à un accord avec elle. Du coin de l'oeil, il vit ses chiens se recoucher correctement, la tête sur les pattes avant et le regard doré braqué sur l'étrangère. Hochant imperceptiblement la tête, il engagea son interlocutrice à continuer sur sa lancée. Il y voyait un moyen honnête et avantageux pour lui de dédommager la rouquine sans avoir à payer en or sonnant et trébuchant. Comme si elle avait comprit, elle reprit d'un ton encourageant « Tu pourrais toujours m’aider ici, pendant quelques jours. » Vyro arqua un sourcil un peu étonné. Ce n'était pas cher payé, pour un mouton. Il s'était attendu à quelque chose d'un peu plus consistant, ce qui était ironique étant donné le prix ridicule que lui même accordait à ce stupide animal éventré sur la neige. Il contempla ses options d'un air pensif. Il n'était pas réellement pressé, sa mission n'était pas de toute urgence et de toute manière, il n'était pas attendu pour tout de suite. Certes, rester ici à jouer les esclaves de la Raudi ne l'enchantait guère mais si cela lui permettait de ne rien avoir à débourser pour le mouton mort ...

Vaguement intéressé, il se pencha un peu en avant et grogna d'un ton bourru « Je t'écoute. » Il voulait en savoir un peu plus sur ce qu'elle entendait lui faire faire, avant d'accepter correctement la proposition. Il avait assez servi les sangs-purs toute sa vie pour se faire une fois de plus exploiter. Certainement pas par une Raudi. « Qu'entends-tu par ... aide. » Un concept nouveau, aux yeux du bourreau de Skuli. Il n'aidait pas, ce n'était pas son rôle, sa finalité. Lui, il appliquait les dernières lignes de la loi, il donnait la mort. Il doutait fortement que la dénommée Freknur en face de lui ait besoin de ce genre de talent. Mais il était fort et résistant, si elle voulait faire quelques travaux, il pouvait peut-être s'en charger. L'interrompant dans ses pensées, son estomac gronda de nouveau, plus faiblement cette fois. Il avait encore faim. Terriblement faim. Le gibier s'était fait trop rare, ces derniers temps. Si ses chiens s'étaient repus d'un mouton, lui n'avait rien avalé de plus que les proies qu'il avait réussi à attraper, qu'il avait de plus partagé avec ses animaux.
Ayant fait un sort à la portion de viande et à la boisson, il sembla hésiter un moment. Il avait encore faim mais un éclat de lucidité lui intimait de ne pas abuser de la nourriture de la Freknur. Préférant écouter son instinct, il ne réclama pas et se contenta de s'installer un peu mieux sur la banquette, prêt à écouter son hôte. 
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Siri Freknur
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(#) Ven 3 Jan - 15:05

Siri jeta un coup d’œil aux chiens qui, à un mouvement nerveux de leur maître, avaient redressé la tête, les oreilles rabattues.  Elle ne leur accorda pas plus d’attention et, sans même adresser un regard au bourreau qui restait sagement assis à sa table, elle avait vaqué à ses occupations d’hôte accomplie, pour mieux lui revenir avec une seconde ration –et entrer dans le vif des négociations. Elle avait en tête une idée bien précise, qu’elle ne tarda pas à lui exposer : elle considérait qu’il était aisé pour un homme de verser quelques piécettes de métal précieux et de reprendre sa route sans même se soucier de la perte qu’il causait à la bergère. Minime, si l’on comptait le nombre de têtes qui composaient son troupeau, mais chaque mort lui apportait un dégât matériel insoupçonné –toute l’énergie qu’elle avait déployée pour élever cette bête, tout le temps qu’elle avait perdu à la tondre, la soigner, la marquer de runes comme les autres.

Il y avait aussi un attachement sentimental qu’elle ne pouvait nier, amoureuse des créatures comme elle l’était ; mais ici, elle souhaitait simplement que Vyro donne de lui-même pour repayer la bête perdue, afin de mesurer toutes les conséquences de sa négligence –même si elle commençait à envisager un malheureux hasard, ce même coup des Nornes qui avait cassé la porte de sa grange et ainsi rendu sa barrière protectrice obsolète. Heureusement pour elle, aucun prédateur autre que les cabots n’avait rôdé assez près de sa ferme pour y perpétrer un massacre. Il y avait toujours cette pointe d’appréhension lorsqu’elle se levait, au matin, pour aller retrouver les moutons. Elle craignait encore d’avoir à retrouver les deux tiers de son troupeau éventrés sur la paille, comme elle l’avait fait des années plus tôt. Et quand il ne s’agissait pas d’un véritable génocide, un crétin prenait toujours le soin de lui tuer quelques têtes. Falko Laguz lui était ainsi éternellement redevable.

Un nouveau grognement lui confirma qu’il était plutôt enclin à se plier à sa demande, là où son regard maussade hurlait le contraire. Une ambivalence qu’elle ne pouvait que comprendre : toute sa vie, il avait dû servir les Heill –et pas n’importe lequel d’entre eux- et toute sa vie, il avait dû accumuler une rancœur découlant de cette servitude forcée. Il devait ainsi accéder à la requête de Siri sans broncher, comme on le lui avait toujours appris –c’était ce qui l’avait poussée à l’accueillir chez lui et à lui servir ce qui lui restait de ragoût. Un sang pur habitué au faste de sa condition aurait probablement hérité d’une superbe raclée dans le froid mordant, avant de se faire cueillir, plus tard, par la bergère rancunière. Jamais elle ne l’aurait laissé mettre un pied chez elle, foi de Freknur.

Un léger sourire manqua d’envahir ses lèvres, encouragé  par l’influence de Nautiz dans le chambranle. Siri avait l’impression de se confronter à un enfant que l’on met pour la première fois en face du monde extérieur. C’était probablement de cette manière qu’on l’avait élevé : avec des œillères et l’esprit orienté vers toujours cette seule et même idée, servir les plus forts. Était-ce cette éducation contrainte qui l’avait conduit à commettre de telles horreurs ? «  Il y a quelques travaux à faire dans la ferme, il faut s’occuper des bêtes, et effectuer d’autres petites choses que tu découvriras en temps et en heure. », répondit-elle en lui épargnant la longue liste de toutes les corvées qu’elle devait endurer quotidiennement –et dont elle pourrait se délester pour mieux aller vaquer à certaines occupations hors des Îles Glacées. « Tu pourras dormir dans la grange, à la condition que tu y tiennes tes chiens », ajouta-t-elle sans regarder les bâtards, énonçant ses conditions sans se départir de ce ton qu’on lui connaissait en affaires. Maintenant qu’elle savait qui il était, et qu’elle n’aurait aucun mal à le retrouver en cas de problème, elle lui faisait assez confiance pour le laisser auprès des bêtes –et auprès d’elle, de surcroît. « Tu pourras partir quand je jugerai que tu as remboursé ta dette. », acheva-t-elle, avant de reprendre sans lui laisser le temps d’intervenir : « Je peux savoir où tu te rendais, maintenant ? »
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Vyro
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(#) Mar 28 Jan - 18:39


Un calme étrange s'était installé dans la demeure enchantée de la Freknur. Une chaleur diffuse flottait dans l'air qui semblait danser sous la lueur du feu de cheminée, troublé uniquement par le ronflement et les craquements irréguliers des bûches. Vyro songea aux couches de neige qui recouvraient les alentours et se surprit à sentir un léger soulagement pointer dans ses entrailles. L'idée d'une grange dans laquelle il pourrait dormir avec ses chiens était plus que bienvenue et il évita donc de grimacer en entendant la liste des tâches qu'elle comptait lui faire exécuter. Le regard lumineux de la jeune femme flamboyait comme les gerbes de feu qui se mouvaient dans la cheminée, lui donnant un air farouche mais paisible, une aura tranquille. Il aurait tort de la sous-estimer, il le percevait sans peine. Pareille à la rivière, parfois calme et parfois torrentielle, elle semblait être ce genre de femme capable de tordre à mains nues le cou d'une de ses bêtes.

La voix, ferme mais plutôt cordiale, le ramena au présent «Tu pourras partir quand je jugerai que tu as remboursé ta dette. » Il leva un regard sombre et colérique vers cette rouquine de sang-pur mais il retint à temps la réplique cinglante et instinctive qui lui resta en travers de la gorge. Les habitudes avaient la vie dure et en dehors de Jarl Heill, les sang-pur se prenaient de sa part des répliques sarcastiques et sans gêne, destinées à démontrer qu'il n'avait pas peur d'eux. Le Heill, il ne le craignait pas non plus mais il avait la présence d'esprit de s'en méfier et d'éviter de s'y frotter de trop près. La fourberie des Heill n'était point qu'une vaine légende de Scalde, ça non, et le Jarl en était la preuve vivante. Elle ne lui laissa cependant point l'occasion de réagir, enchaînant d'un ton curieux « Je peux savoir où tu te rendais, maintenant ? » Un peu méfiant mais surtout interloqué, Vyro fronça les sourcils et grommela d'un ton peu amène « Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? » Il n'avait aucun compte à lui rendre, malgré la dette qu'il était d'accord pour payer. Il était ici en mission et elle n'était personne, pour avoir le droit de savoir. Mais il eut un éclair de lucidité, songeant que s'il la rembarrait trop fort et trop souvent, elle se laisserait et il n'aurait plus d'abris pour la nuit à venir. Il n'était plus assez solide pour supporter de nouveau de camper dans la neige et la glace.

Bourru, il haussa les épaules et poursuivit d'un ton moins cinglant « Je suis venu faire appliquer la loi, pour le compte d'un Jarl du coin. » Sa mission était un peu plus brutale que ce qu'il avait annoncé mais elle devait s'en douter. Il n'avait ni la tête, ni l'aura, ni la niaiserie éhontée d'une sainte nitouche comme Matilda Raudi, elle devait savoir qu'il n'était pas là pour lire un texte de loi. Reprenant d'un ton toujours peu engageant, il ajouta « Tout ce qu'il y a à savoir, c'est que je ne suis pas attendu avant quelques jours, encore. »D'un geste un peu brusque, il fit racler son banc sur le sol et se releva souplement, ses chiens suivant le mouvement comme un seul homme. « La grange, c'est la bâtisse sur la droite en sortant, j'imagine. Je vais y déposer mes affaires. » Comme à son habitude, il ne demandait pas, il ne posait aucune question. Il supposait et il affirmait en même temps. Sans attendre de réponse ou de réaction, il claqua des doigts et quitta les lieux en emportant tout son barda jusqu'à ce qu'il pensait être la grange dans laquelle elle le plaçait pour la nuit. Il pourrait s'occuper ensuite de ce qu'elle comptait lui faire faire. Il n'avait jamais rechigné à travailler, ce n'était point le problème. Ce qu'il détestait faire, c'était travailler pour des sang-pur qui le prenaient tous pour acquis. Force des choses, il ne pouvait guère les contredire. Mais il n'aimait pas cela pour autant.

Les chiens sur les talons, il quitta la bâtisse d'un pas assuré et se retrouva presque paralysé par la température extérieure. Installé pendant trop longtemps auprès du feu, il en avait oublié où il était et à quel point il pouvait faire ... froid. « Par le cul de Loki » jura-t-il en hâtant le pas, des veloutes de buée sortant de sa bouche et de son nez à chaque expiration.
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Siri Freknur
Siri Freknur

Pseudo : fried tofu (tiff)
Crédits : moneyhoney.
Avatar : Sienna Guillory.
Ici depuis le : 27/11/2013
Messages : 201

Âge du personnage : 38 ans.
Ascendance : Sang roux, euh, pur.
Statut : Éleveuse de moutons multicolores, péteuse de nez à mi-temps.
Dédoublement de personnalité : ségère & mini-Odinn.
Points : 82

Feuille de personnage
LOCALISATION : Gröenland.
JE COMPÉTITIONNE POUR : Dürmstrang.
INVENTAIRE :

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(#) Dim 16 Fév - 9:28

Il protégeait ses intérêts avec virulence, crachant sa haine au visage d’une Siri qui eut tout juste un froncement de sourcils ; ce dernier s’évapora quand le bourreau reprit avec un peu plus de mesure, comme s’il se rappelait qu’après lui avoir cassé le nez, elle lui avait généreusement proposé de réparer ses torts. Elle n’insista pas plus sur la raison de sa présence sur ses terres –sur les terres des Freknur, qui s’étendaient du portail jusqu'aux collines de l’Est-, respectant sans pour autant approuver ce voile de mystère dont les sorciers de passage s’entouraient à chacune de leur visite. A les entendre, tous faisaient escale dans sa ferme au nom de sombres conflits à régler plus en avant dans le Groenland, d’histoires politiques dont les enjeux échapperaient très certainement à une modeste bergère recluse dans les îles glacées. Certainement plus agacée qu’impressionnée par les secrets relatifs à sa mission –un autre avait bien vite compris qu’il était inutile de s’en embarrasser en sa compagnie, elle l’avait laissé échapper à sa curiosité maladive, non sans le targuer d’un regard qui en disait long sur ses intention : elle parviendrait à ses fins durant les quelques jours qui allaient suivre, convaincue du pouvoir de ses mots et, surtout, de la force de son entêtement hérité de générations de rouquins revêches.

« Installe-toi rapidement, il y a du travail. » Il ne lui avait pas fallu plus que le temps d’un Raido pour le rejoindre dans la grange magique et, en le regardant déposer ses affaires à côté d’un de ses enclos, jetant un bref coup d’œil aux cabots qui, rassasiés, n’avaient que peu d’intérêt pour ses bêtes, elle attendit patiemment qu’il s’exécute afin de lui lister les besognes à faire dans la journée. Vyro se contenterait d’effectuer les travaux les plus insignifiants pour qui ne connaissait rien à la vie fermière, sous la surveillance étroite de la maîtresse des lieux –elle n’était pas particulièrement méfiante, mais elle voulait savoir si elle avait eu raison de lui faire confiance, en l’accueillant sous son toit. Elle serait surprise en constatant l’ardeur, malgré la mauvaise volonté sensible du sang-mêlé, que ce dernier mettrait en effectuant les tâches jugées ingrates par un grand nombre, volontairement déléguées par Siri pour voir si le bonhomme était fait de fer d’Islande –et lui faire payer, accessoirement, le véritable meurtre commis par ses cabots. A la fin de la journée, sans pour autant vendre le trésor du Draugr en chassant tous ses doutes, elle lui avait accordé le luxe d’un bain chaud –et d’un onguent pour sa blessure-, le laissant s’y prélasser pour mieux achever de s’occuper de son troupeau, sous l’œil attentif des bâtards noirs. Qui surveillait qui, désormais ? Elle s’était demandé, un bref instant, si parmi l’un d’eux ne se trouvait pas un Animagus –celui qui la suivait du coin de l’œil, lors des allers-retours qu’elle effectuait derrière la barrière- mais, en se rappelant les gestes typiquement impurs qu’avait eu Vyro pour se soigner, elle avait rapidement oublié cette hypothèse grotesque.

Quand Vyro en eut terminé avec ses ablutions, elle referma l’enclos d’où les regardaient les moutons, amassés autour du foin qu’elle venait de leur dispenser, abattant le loquet comme pour mettre un terme à leur journée. « C’est bon pour aujourd’hui. », fit-elle en lui accordant son attention, avant de reporter son regard clair sur les chiens, venus faire la fête à leur maître, soudain transformés par l'apparition du sang-mêlé. De meurtriers sanguinaires, ils passaient à chiots pendus aux basques de leur protecteur, autant de changements qui intriguaient naturellement la rousse. « D’où viennent-ils ? », demanda-t-elle sans prendre le peine d’une transition, et toujours sans pour autant approcher les bêtes, malgré cette affection indicible pour les créatures de tout poils –à l’exception peut-être des lycanthropes, par trop humains pour la bergère. D'où viennent-ils, ou plutôt, quelle est votre histoire, sembla-t-elle l'interroger en relevant les yeux vers le bourreau à la réputation entachée de sadisme et de cruauté ; sur l'instant, elle ne voyait pourtant qu'un gamin que sa mère avait envoyé se décrasser.
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