Région d'origine ● Groënland. On se les pèle, mais au moins on y est tranquille. Date de naissance ● Quelque part en 1270. Âge ● Vingt-cinq ans. Nature du sang ● Pur, pur et pur. Pour les Lokabrenna, il ne vaut pas mieux que de la crotte de dragon ; ils sont simplement de trop mauvaise foi pour reconnaître l’indiscutable pureté de son sang. Particularités magiques ● La particularité, c’est qu’il n’en a pas. Si dans la famille, on vient habituellement au monde avec le don de métamorphomagie, un malheureux hasard a fait que lui, Sejer Utanlands, a autant de chance de se transformer que Bartram Oddi de se trouver une cervelle. Métier/études ● Chasseur de gibier, troisième larron du trio d’enfer, loser à temps plein et fervent admirateur de Kaja Heill. Un jour, elle l’épousera.

Détient le plus grand nombre de bagarres à Dürmstrang (comme quoi ces choses-là, ça commence très tôt) ● Hait l’ensemble des Lokabrenna, pédants cousins dont le mépris l’agace –et aussi le reste des Utanlands, comme ça, pas de jaloux ● Excellent combattant, il manie les armes avec une adresse qu’on ne peut que lui reconnaître ● Possède une méchante cicatrice dans le cou, comme beaucoup de ses contemporains –sauf que la sienne a tout l’air d’une ancienne brûlure que l’on aurait soignée trop tard ; un malheureux accident survenu durant une querelle ● Il ne rêve pas vraiment de voyages, plutôt de reconnaissance au sein de leur communauté –mais pour Kaja, il est prêt à aller jusqu’au bout du monde ● Kaja dont il est, si vous ne l’aviez pas encore compris, profondément amoureux ; ce petit manège dure depuis sa première année à Dürmstrang, et il est depuis dans une féroce compétition avec Esben, qui se trouve également être son plus fidèle compagnon. Relation malsaine ? Vous ne croyez pas si bien dire. ● Sur lui, il porte toujours une amulette sur laquelle est gravée Dagaz, qu'il a arrachée à sa mère avant que Dita n'en hérite ; peut-être se rattache-t-il au don de métamorphomagie dont il n'a pas hérité, mais en tout cas, la rune lui rappelle constamment, et avec une ironie folle, qu'il n'est qu'un paria au sein de sa propre famille. Il est aussi : bourru, ronchon, discret, rancunier, fidèle, bagarreur, crédule, autonome, peu avenant, froid, impulsif, violent, en quête de reconnaissance, méprisant, négatif, hargneux, amoureux, jaloux, possessif, têtu, téméraire, revanchard, combattif.

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Et vous, la pureté du sang, vous en pensez quoi ?

Les sang-mêlés et les sans-pouvoirs, moi j’en vois, mieux je me porte : on a rien à voir avec ces erreurs de la nature –les braell, n’en parlons même pas. Les réduire à l’esclavage ou les abandonner, c’est un sort encore trop clément pour eux. Et puis la pureté du sang, c’est le dernier privilège qu’il me reste, même si les Lokabrenna font semblant de pas comprendre. Pour eux, voyez, faut non seulement être un sang-pur, mais aussi savoir jouer au changelin ; le reste, c’est de la fiente de margygr. Quelle tronche ils auraient tiré si mes ancêtres avaient batifolé avec des sangs impurs.

Si vous ne deviez jurer que par un seul mage ancestral, ça serait lequel ?

On se moque de moi quand j’invoque Baldr, parce que lui et moi on est comme summar et vetr ; mais moi, je vois seulement que c’est un grand guerrier, adroit au combat et aussi courageux que les autres. Je suis peut-être pas le plus brillant –les racontars, on finit toujours par les entendre à Sulki, mais on peut au moins m’accorder que dans le domaine, je fais partie des meilleurs. D’après Kaja et Esben, celui qui me correspond le mieux, c’est Höd. J’aime pas cette comparaison, et je finis toujours par casser un truc quand on me le fait remarquer, parce que j’ai rien à voir avec cet abruti aveugle qui attire le mauvais œil sur qui prononce son nom, absolument rien à voir.

Quel souvenir avez-vous du labyrinthe de Dürmstrang ? Ou ça vous fait envie ?

Le labyrinthe, ça a été une révélation. Des créatures dans tous les coins, de la plus inoffensive à la plus terrible, des sangs-purs en pleurs et des bastons de partout. Moi contre le monde ; c’est un concept qui  m’a immédiatement parlé. J’crois que quand j’en suis sorti, c’était la première fois qu’on me regardait avec ce qui ressemblait à de l’admiration –apparemment, on est pas beaucoup à avoir fait la peau à une créature. On m’a aussi demandé comment j’ai réussi à m’en sortir sans une égratignure ; c’est en voyant sortir ceux d’après que j’ai compris l’exploit que j’avais accompli. Le labyrinthe, ça m’a permis de voir qu’au final, je valais pas moins que les autres. Au contraire.

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Tout commence au Groënland. Depuis que Gunnar Lokabrenna a fauté avec une sang-pur lambda et ainsi endommagé le don de métamorphomagie de la lignée, les Utanlands hantent les côtes des îles glacées. Sejer ne fait pas exception : né dans le même village côtier que son père, grand-père, et probable arrière-grand père, il n’en a pas bougé, à l’exception de quelques excursions sur le continent, jusqu’à ses treize ans. Il faut dire que son absence de don, caractéristique de décennies de croisements avec d’autres lignées de sang-pures, pousse son père à ne pas vouloir l’exhiber auprès des Lokabrenna ; mais comme tout se sait au sein de la famille, malgré plus d’un siècle de séparation, la crème des vikings l’apprend et se désespère un peu plus de ces parias auxquels ils sont pourtant liés. Le père lui en veut, et l’absence d’une mère, trop occupée à jouir de son indépendance et oublier qu’elle a un fils, qui aurait pourtant pu panser ses blessures et ses humiliations, le pousse à montrer les crocs. « Sejer, paraît qu’t’es pas capable de te transformer ? » « On raconte qu’ta mère a partagé la couche d’un sang-mêlé ! » Aux sourires goguenards et aux provocations gratuites, il répond de poings ravageurs qui achèvent de lui forger une réputation de teigne ; il lui manque la patience et l’esprit pour pouvoir répliquer autrement. Il commence à en vouloir à tout le monde : à son père trop exigeant, à sa mère qui n’en est pas une, à sa petite sœur fraîchement pondue qui a laissé croire à l’espoir d’une famille unie ; mais les vrais coupables, ce sont bientôt les Lokabrenna.

Dürmstrang le libère d’un huis-clos qui le rend maboul, de la ferme croyance qu’il ne vaut pas mieux qu’un sans-pouvoir. Quand il sort du labyrinthe, il se sent transformé. C’est lors de sa première année qu’il rencontre Kaja Heill, déjà calculatrice et enjôleuse, et Esben Brandr, lui aussi issu d’une branche mineure ; très vite, l’improbable petit trio devient inséparable. Très vite, Sejer tombe amoureux de Kaja et comprend que son rival ne sera autre qu’Esben, qui est devenu son meilleur ami –ils sont comme le jour et la nuit, mais un quelque chose d’indestructible, au-delà de la Heill et de leur amour pour la violence, les lie l’un à l’autre. Les rapports se resserrent et se tendent mais jamais ne se brisent. Kaja peut créer la tempête et l’apaiser aussitôt : elle a eu l’intelligence de choisir deux naïfs à la loyauté sans égale. Les années passent et le talent de Sejer pour la bagarre s’affirme : il est désormais à l’origine des provocations –quand on touche à Kaja ou Esben- et abandonne le vain espoir de se démarquer par sa pratique de la magie. Il n’est même pas bon en métamorphose, là où sa petite sœur commence déjà à manifester les signes du don dont il a été privé. De toute façon, il ne sert à rien d’aller contre le destin qui visiblement lui en veut.  

« Kaja t’épousera jamais. » « Toi et elle ? Mon pauvre vieux, autant apprivoiser une magygr. » Ce genre de choses, il les entend régulièrement ; il faut croire que le regard qu’il a pour Kaja trahit tout ce qu’il espère à l’avenir –à moins que ce ne soit à force de beugler de rage qu’il sera le premier et le dernier à rafler le cœur de la belle, mais tout à sa colère, il ne s’en rappelle pas. Il regarde son visage éclairé par la lumière du feu : les éclats rouge et or qui s’y reflètent ne font que souligner sa beauté souveraine. Pas un instant, il ne regrette de l’avoir suivie jusque loin de chez lui. Esben aussi n’a pas voulu faire faux bond au trio : ensemble, ils forment une équipe de chasseurs hors-pair. Ils sont presque trop bons pour pister le lièvre et dépecer du renne, mais tant qu’il est avec Kaja, Sejer se fiche de s’atteler aux pires corvées du monde.